Un mot d'Adam Hochschild

Toudi mensuel n°42-43, décembre-janvier 2001-2002

À travers l'Atlantique, je salue la revue TOUDI à l'occasion de son numéro spécial 1. Je suis heureux d'apprendre que vous allez consacrer une part de vos travaux au colonialisme au Congo. Le pillage de l'Afrique par le colonialisme européen se manifeste encore dans l'existence quotidienne de beaucoup de nos contemporains. Ses ravages sont sous-jacents aux problèmes de l'Afrique d'aujourd'hui.

Il n'est facile pour aucun pays d'assumer une part hontyeuse de son passé. Dans mon propre pays, quand j'étais enfant, les manuels scolaires, les musées, les films et les romans étaient peu loquaces à propos de l'esclavage qui est une part si importante et si pénible de l'histoire américaine. C'est très spectaculairement différent aujourd'hui. Cette évolution est le résultat de la lutte pour les droits civiques des années 60, durant laquelle des millions d'Afro-américains et leurs supporters se sont battus en vue de l'exercice plénier de leurs droits de citoyens.

Il n'y a pas de mouvement social comparable obligeant les Européens à examiner de plus près leur passé de colonisateurs, ce qui fait que la pression doit venir d'intellectuels, écrivains, professeurs, et de toute personne qui se préoccupe des droits de l'homme.

Il est encourageant que depuis peu d'années quelques Belges, Flamands et Wallons, examinent plus étroitement ce passé colonial: à travers des livres, des articles, des expositions dans des musées, le théâtre, Internet. Il y a surtout, pour moi, l'historien Jules Marchal qui depuis plus de 25 ans a scrupuleusement enquêté sur ces aspects du passé colonial que tant de ses compatriotes préfèrent ignorer. Son oeuvre a valeur de modèle pour chacun d'entre nous.

Adam Hochschild est l'auteur de Les fantômes du roi Léopold II, Paris Belfond, 1998


  1. 1. Les faces cachées de la dynastie belge.