Scène 12 Tableau historique
Docteur Gebhardt, médecin particulier de Hitler
Général Van Overstraeten, aide de camp du Roi Léopold III
DOCTEUR GEBHARDT - Soyez sûr qu'il n'est qu'une considération qui vaille la peine aux yeux du Führer, c'est l'estime du soldat pour le général Léopold III.
Voici quelques grands problèmes que le Führer ne manquera pas de poser au cours de son entretien avec le Roi Léopold III.
La question des prisonniers est complexe. Il s'y mêle, en effet, en essence première, le problème raciste.
GENERAL VAN OVERSTRAETEN - Que voulez-vous dire, docteur Gebhardt ?
DOCTEUR GEBHARDT - Mon général, nous entendons créer un immense espace vital homogène de race et économiquement viable.
S'il n'y avait eu que des Flamands dans l'armée, nous serions entrés en Belgique sans tirer un coup de fusil. Vous savez, le souvenir de la Guerre 14-18, les Flamands l'avaient perdu.
Les Wallons, non : ils l'avaient gardé vivace.
GENERAL VAN OVERSTRAETEN - Vous insinuez que la majorité des Flamands ont accepté l'invasion sans se défendre ?
DOCTEUR GEBHARDT - Général Van Overstraeten, non !
(Un temps)
Il y a eu des exceptions, bien sûr. Le soutien allemand aux nationalistes flamands est une constante. Dès 1936, nous avons tout fait pour empêcher la participation des Flamands à une guerre contre l'Allemagne. Nous avons envoyé, par émetteur radio, des slogans anti-français et défaitistes avant et pendant la guerre.
Nous voulons reprendre la Flandre dans notre giron.
(Il rit)
Les Belges se méfient plus du communisme que du nazisme. Tous ceux qui s'opposent au roi Léopold III sont rapidement assimilés à des communistes.
(Un temps).
Nous voulons détruire à fond la puissance militaire française, exterminer le dernier de ses soldats, faire que la France n'ait plus d'enfants.
Himmler aime beaucoup la Belgique. Avec lui, vous verrez, il n'y aura plus que des Wallons et des Flamands.
Vous avez l'air consterné, mon général. Indigné par mes propos ?
GENERAL VAN OVERSTRAETEN - Vous voulez dépecer la Belgique avec une joie qui me surprend.
DOCTEUR GEBHARDT - Je ne suis pas grand-chose dans le concert des grands. Je ne suis que le médecin particulier de Hitler. Mais je connais bien le Führer. Tenez, un élément intéressant à verser au dossier : Hitler considère les Wallons comme un peuple irrémédiablement décadent, une minorité de Latins dégénérés.