Belgique et belgification (Trotsky)
Les Belges sont l'archétype d'un peuple totalement commercialisé, d'un peuple digne, industrieux, stable certes, mais d'un peuple qui a renoncé à toutes les visions, à tous les rêves, à tous les idéaux nationaux; d'un peuple dont l'ambition presque universelle est devenue la richesse et le confort individuels. Dans ces conditions, ce peuple, en quelque sorte, a renoncé. Il a renoncé parce qu'il a subi trop de désastres, d'humiliations, de défaites, d'occupations ennemies, d'armées étrangères foulant son territoire. Dans ces conditions, ce peuple est définitivement marqué par sa propre impuissance à forger son destin. ses esprits les plus hardis et les plus énergiques eux-mêmes ont tendance à choisir le confort personnel et la sécurité à tout prix. En politique, ils ne sont plus ni de droite ni de gauche, ni progressistes ni réactionnaires, ni nationalistes ni internationalistes: ils sont belgifiés.
(Trotsky)
(Cette citation de Trotsky est résumée par John Stratchey, dans La fin de l'impérialisme, Laffont, Paris, 1961 pp. 155-156).
Une "carte blanche" du journal Le Soir du 26 février 1993 y faisait étrangement écho sans que son auteur ne s'en rende compte:
Je ne suis ni francolâtre ni néerlandophile, ni wallingant ni flamingant, ni d'extrême droite ni d'extrême gauche, ni unitariste ni séparatiste, ni fédéraliste ni confédéraliste, ni nationaliste ni rattachiste... je suis belge.
Ces deux textes sont l'exergue du livre Le citoyen déclassé