La crise d'octobre de 1970
5 octobre 1970
Le Front de Libération du Québec (FLQ) kidnappe le diplomate britannique James Richard Cross. [Font partie du groupe : Jacques Lanctot, Marc Carbonneau, Louise et Jacques Cossette-Trudel, Yves Langlois.]
6 octobre 1970
- Le Secrétaire d'État aux affaires extérieures, Mitchell Sharp, refuse de céder aux conditions du FLQ pour la libération de James Richard Cross;
- publication dans les journaux du texte du Manifeste du FLQ ;
- libération des prisonniers politiques (militants du FLQ) ;
- réemploi des 400 ex-employés de la compagnie Lapalme (transport du courrier) par le ministère des Postes par suite de leur mise à pied.
- Le ministre Mitchell Sharp déclare : « I am hopeful that these criminals will be apprehended and that the diplomat will be released. That's our purpose. » [« Je suis confiant que ces criminels seront appréhendés et que le diplomate sera relâché. C'est ce à quoi nous nous affairons. »]
7 octobre 1970
Lecture du Manifeste du FLQ à la radio de CKAC.
8 octobre 1970
Lecture du Manifeste du FLQ à la télévision de Radio-Canada.
(Nous publierons ultérieurement ce texte d'une étonnante vigueur violente et dont le style direct est encore relevé par le ton neutre sur lequel il fut lu par un speaker classique à la télé)
10 octobre 1970
- 18 h 00 : Le ministre de la Justice, Jérôme Choquette, déclare en conférence de presse que le gouvernement refuse toute négociation avec le FLQ.
- 18 h 18 : Le Front de Libération du Québec [Francis Simard, Paul Rose, Jacques Rose, Bernard Lortie] kidnappe le ministre du Travail et de la main-d'œuvre du Québec : Pierre Laporte.
11 octobre 1970
Robert Bourassa, Premier Ministre du Québec laisse croire qu'il accepte de négocier avec le FLQ.
15-16 octobre 1970
nuit du jeudi 15 au vendredi 16 octobre 1970 [4 h 00 du matin] Pierre Elliott Trudeau, Premier Ministre du Canada décrète la Loi des mesures de Guerre (War Measures Act).
16 octobre 1970
État de siège :
- l'habeas corpus est suspendu,
- l'armée canadienne prend le contrôle complet du Québec
- et procède à 457 arrestations de citoyens considérés suspects (comédiens, chanteurs, poètes, écrivains, journalistes, syndicalistes, etc.).
- L'armée s'installe pour assurer la protection des quartiers riches et des édifices gouvernementaux.
17 octobre 1970
On découvre le cadavre du ministre Pierre Laporte, assassiné par le FLQ.
Épilogue(s)
Le diplomate anglais fut libéré finalement et les responsables de la prise d'otage purent se réfugier à Cuba
Toute la lumière n'a pas été faite sur ces événements qui, dans un pays occidental de vieille tradition démocratique, étonnent par leur extrême brutalité bien mise en évidence par le film de Michel Brault Les Ordres . Il semble qu'on ne doive plus exclure la possibilité d'une manipulation des événements par Ottawa et le Premier ministre Trudeau qui visait ainsi aussi à se débarrasser du Parti Québécois (PQ) de René Lévesque. Celui-ci avait réussi une première percée cette année avec 23% des suffrages et devait remporter les élections québécoises en 1976.
L'idéologie du FLQ était clairement socialiste et tiers mondiste, comme cela a pu être aussi le cas de trois autres mouvements qu'on a parfois tendance à rapprocher : le mouvement national basque et le mouvement national irlandais.
S'amorçaient alors les tentatives jusqu'ici sans résultats des Québécois pour forcer l'indépendance ou une quasi indépendance: référendum de 1980 (le OUI emporte un peu plus de 40% des voix), accords du Lac Meech (en 1990) qui échouent également (et comportaient la reconnaissance du Québec comme « société distincte»), échec du référendum de 1995 (mais cette fois de justesse : la majorité indépendantiste manquant de 20 à 30.000 suffrages). Le PQ a gouverné le Québec encore jusqu'à cette année, mais a été battu aux élections du 14 avril dernier, tout en conservant une base électorale très large et un nombre important de sièges au Parlement de Québec.
En fait, rien n'est tranché dans la question nationale au Canada. Andrée Ferretti , qui fut une militante active du RIN (Rassemblement pour l'indépendance nationale), nous a permis de publier l'extrait du roman où elle exprime ses sentiments face à la crise d'octobre telle qu'elle l'a vécue.
Elle a elle-même tenu à rédiger l'introduction événementielle à cette nouvelle qui recoupe ce que nous en disons ici sèchement dans notre chronologie.