Y aura-t-il une "élection référendaire" au Québec
On sait qu'il y aura prochainement des élections au Québec. L'actuel Premier Ministre (PM) du Québec, Bernard Landry vient de remanier son gouvernement notamment en y faisant entrer un Québécois anglophone comme ministre de la santé.
Le PM québécois est un souverainiste convaincu qui, comme la plupart de ses prédécesseurs du PQ (le Parti Québécois fondé par René Lévesque), et comme n'importe quel homme politique au monde, a besoin du Pouvoir pour réaliser son projet. Pour accéder au Pouvoir il doit se montrer bon gestionnaire du Québec en tant que «province» et par là même, gérer ce Québec dans le cadre fédéral que lui impose un Canada dominateur.
Bernard Landry entend par «élection référendaire» une élection provinciale dont l'enjeu serait d'élire un parti s'engageant à organiser un référendum au meilleur moment des cinq années de la législature prochaine où il exercera le pouvoir.
Des Québécois plus radicaux voudraient qu'une «élection référendaire» soit une élection certes provinciale (l'État du Québec est appelé «province» mot qui ne vaut pas mieux que «région») dont l'enjeu serait de donner mandat au parti sorti majoritaire des urnes de proclamer l'indépendance du Québec.
Le problème c'est que le PQ a jusqu'ici échoué dans deux référendums, celui de 1980 où il obtient certes la majorité des votes francophones mais seulement 42 % des suffrages, celui de 1995 où obtenant 60% des votes francophones, le OUI rate de très peu (0,4%) la majorité absolue.
Tout est dans ces chiffres. Si le Québec est très majoritairement francophone, une minorité anglophone d'Anglais d'origine ou d'immigrés qui s'anglicisent possède au Québec même la possibilité d'y vivre en anglais, notamment en ce qui concerne l'enseignement avec un système allant de l'école primaire à l'Université. Cette minorité représente 20% de la population.
Il est certain que cette minorité anglaise est capable de bloquer l'indépendance du Québec dans la mesure où l'on voit difficilement celle-ci s'imposer autrement que par la voie référendaire. Mais en même temps cela rend l'enjeu du Québec passionnant.
Parce que si tous les pays modernes se veulent des pays fondés sur la volonté populaire, des nations contractuelles et non ethniques, ce consentement populaire a souvent été seulement supposé ou s'est imposé par le jeu des circonstances (guerres, révolutions etc.). Il n'y a aucun pays qui se soit institué par la seule voie d'un vote référendaire, tous les référendums décrétant l'indépendance de tant de pays (Algérie, Croatie, Slovénie, pays d'Afrique noire francophone etc.), n'ayant été, en fait que des référendums de ratification d'une indépendance imposée par les circonstances ou acceptée par le pays dominant (on songe à l'Algérie, mais même l'autonomie de l'Écosse a cette dimension).
On pourrait en dire autant de la tolérance de ces pays à une minorité étrangère qui est souvent brandie comme réelle mais n'a été au départ que très peu effective.
Bref, le Québec serait le premier pays du monde à accéder à la souveraineté par une vraie volonté de ses citoyens, authentifiée non par une supposition ou à la faveur d'une violence justifiée, mais par le simple travail du débat public qui précède une élection au référendum. Cette petite nation, dont la Wallonie est si proche à beaucoup d'égards va donc peut-être inventer une nouvel être-au-monde du Citoyen.