"Jeanne au coeur fou"

Toudi mensuel n°44, février-mars 2002

Jeanne au coeur fou d'Annik Solière va bientôt paraître aux Éditions de l'Acanthe (7900-Leuze). C'est la longue narration, entre poème en prose et roman, genre qui est peut-être très typique d'une écriture féminine (voyez par exemple Nicole Malinconi), d'une initiation.

Il s'agit de la découverte par une jeune femme de la misère en laquelle la vie peut parfois vous conduire.

Annik Solière qui est une de nos lectrices et qui a soumis son manuscrit à quelques uns d'entre nous écrit elle-même, non que ses yeux se sont ouverts, mais que les événements lui ont «arraché les paupières». C'est aussi un texte étrange qui dit la relation d'une femme avec un homme. Mais cet homme n'est ni un fils ni un ami ni un père ni un amant, mais un être, au fond peu présent dans la littérature, un frère, un «grand» frère profondément aimé (on pourrait en dire autant de présence de la soeur dans la littérature).

Avec l'exception d'Antigone qui brave les lois du jour au nom des lois de la nuit pour enterrer son frère, aussi. Le livre d'Annik Solière participe d'une révolte différente mais dans laquelle on sent vibrer la colère qui naît de voir la Cité humaine trop souvent défigurée. Ce livre bouleversant, en conscience et connaissance de cause, nous le recommandons à nos lecteurs.

La Wallonie a besoin de ce type d'écriture: féminine, juste, mordante, aimante, tout sauf luxueuse et petite-bourgeoise: passionnée et insurgée.