Les gemellités européennes : I Irlande / Angleterre

Les définitions de la culture en Irlande jusqu'à l'indépendance
Toudi mensuel n°34, décembre 2000
24 December, 2010

Ce débat a des similitudes avec le nôtre: il oppose artistes de sentiment irlandais ou britannique (ne voulant pas se séparer de la grande culture anglaise à la manière des lundistes chez nous par rapport à la France). Il oppose aussi une conception instrumentaliste (nationaliste) de la culture et une conception ne refusant pas l'enracinement mais attachée à la liberté de l'art. Différences et ressemblances aussi: qu'il s'agisse de la défense de la langue locale ou du rapport avec la langue et la culture du grand pays voisin. TOUDI

Famine, immigration, anglicisation, déchirements politiques au 19e siècle

Pourquoi l'Irlande connut-elle, à la fin du XIXe siècle, une effervescence culturelle aussi brillante qui enrichit considérablement le patrimoine culturel européen et universel? Cette renaissance culturelle fut le produit de la crise d'identité et du blocage politique secouant l'Irlande depuis la mort en 1891 du leader nationaliste Charles Parnell.

En 1886, le parti libéral (whig) mené par Gladstone se divise sur le degré d'autonomie interne à accorder à l'Irlande, le départ des libéraux-unionistes entraîne le rejet par la Chambre des communes du premier projet de Home-Rule (autonomie) et la chute de la majorité libérale. Les nationalistes irlandais vont quant à eux se déchirer sur la question du maintien à leur tête de Parnell, dont le ménage adultérin qu'il forme avec l'épouse d'un de ses députés lui vaut d'être cloué au pilori par la bonne société victorienne, ces même gens bien-pensants qui enverront Oscar Wilde à la prison de Reading quelques années plus tard.

L'unité des nationalistes ne survivra pas à cette épreuve, trois partis politiques vont désormais prétendre représenter l'Irlande «autonomiste». Les libéraux, revenus au pouvoir en 1892, vont réussir à faire adopter en 1893 leur deuxième projet de Home-Rule par la Chambre basse du parlement. Mais celui-ci fut massivement rejeté par une Chambre des Lords largement contrôlée par les Conservateurs. En 1895, ces derniers reviennent au pouvoir, ils y resteront jusqu'en 1905, bloquant ainsi toute perspective d'autonomie irlandaise.

La double crise d'identité de l'Irlande trouve son origine première dans la grande famine (un million de morts entre 1845 et 1850) et l'émigration massive (deux millions d'émigrants entre 1845 et 1855) qui ont accéléré l'anglicisation de l'île.

La propriété paysanne et le passage de l'agriculture d'auto-subsistance à la production pour le marché britannique ont changé, voire détruit les habitudes de vie de la majorité de la population ; à cela, il faut ajouter l'industrialisation de l'Ulster et, à un moindre degré, celle de Dublin.

La Nation irlandaise se remémore alors les propos du dirigeant de la «Jeune Irlande» Thomas Davis qui affirmait qu'un peuple sans langue nationale n'était qu'une demi-nation, l'identité irlandaise était-elle sur le point de disparaître?

L'autre crise d'identité est celle de l'(ex)ascendancy protestante, le désétablissement de l'Église d'Irlande en 1869, qui cessa ainsi d'être la religion d'État, les premiers Land Acts de Gladstone qui organisent le transfert de la propriété des terres aux paysans irlandais, lui font comprendre que sa suprématie est entrée dans la phase terminale de son déclin. Le gouvernement britannique n'hésitera pas à sacrifier les privilèges de ces quelques protestants si cela peut contribuer à la pacification de l'Irlande. D'un autre côté, cette élite sociale est rebutée par un nationalisme irlandais s'identifiant implicitement avec le catholicisme, elle va donc essayer de trouver un passé immémorial permettant au nationalisme de briser ce lien particulier1.

Certains de ces protestants «regardèrent donc vers le monde légendaire des sagas irlandaises et trouvèrent là les sources d'une civilisation ancienne pouvant diminuer les différences contemporaines (...) que ce soit sous leurs formes religieuses ou sous leurs formes culturelles» 2.

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Construction d'une Irlande immémoriale et celtique

L'ouvrage fondateur de la renaissance culturelle irlandaise fut le livre de Standish O'Grady The History of Ireland : the heroïc Period publié entre 1878 et 1880. O'Grady n'est nullement un nationaliste, il «ne veut pas éveiller une conscience nationale parmi le public mais bien réveiller au sein de la classe moribonde des landlords un sens de la noblesse et du devoir»3. Il va mêler science et littérature, son oeuvre est une «reconstruction imaginative»4, il ignore toutes les sources qui ne soutiennent pas sa vision, il «va réécrire les mythes celtiques pour sa propre satisfaction»5.

Les trois grandes sagas qu' O'Grady évoque (The Gods, The red Branch, The Fianna) ne sont pas, dans leur forme originale, un matériau naturel pour inspirer la ferveur contre l'occupant anglais. «Il n'y a aucune suggestion d'une unité nationale et quand les étrangers sont mentionnés, ils le sont sans hostilité.»6 Parmi ces trois sagas, O'Grady insiste sur celle de la «red branch» d'où il va isoler le personnage de Cuchulain. Celle-ci est la plus violente des trois ; on y voit des «splendid men, living recklessly for honour's sake and dying without complaint»7. L'oeuvre d' O'Grady est inspirée par celle de Richard Wagner, la vie de Cuchulain devient ainsi un drame cosmique commençant quelques instants après la création du monde. Elle expose une vision non chrétienne du monde, on est dans le mystique voire le messianisme pur, «Cuchulain devenant le modèle de la vertu aristocratique (...) très loin de l'homme vulgaire, commercial, ignoble du monde industriel moderne»8.

La mort de Parnell en 1891 et les querelles intestines sans fin des nationalistes vont détourner de nombreuses personnes de la politique. Ces personnes, principalement des intellectuels au sens large du terme, vont essayer de revitaliser la communauté «en invoquant la mémoire de la nation comme celle d'une civilisation ancienne et unique»9. En faisant retourner «les Irlandais vers leur vrai héritage, ils pouvaient unir les groupes discordants et propulser l'Irlande vers une nouvelle étape sur la route du progrès. (...) Le retour à l'histoire, prêché par les nationalistes culturels fournissait (...) un moyen pour catapulter la Nation irlandaise de son déclin présent vers une étape plus élevée de l'évolution sociale qui inclurait la synthèse de la tradition et de la modernité»10. Les mythes qu' O'Grady a été le premier à présenter en langue anglaise vont permettre au mouvement culturel de générer ces propres valeurs, «le passé contre le présent, la communauté agraire contre l'individualisme industriel, une petite Nation morale contre un grand Empire décadent, l'intuition contre la raison (mais aussi) le Gaël contre l'anglais»11.

Le gaélique contre la langue anglaise (Douglas Hyde)

Les deux anglo-irlandais qui vont lancer le mouvement de renouveau culturel sont Douglas Hyde et William Butler Yeats. En mai 1892, ils fondent la National literary Society qui a pour but principal la publication de la littérature, des légendes, du folklore irlandais. Ces deux protestants issus de la classe moyenne supérieure vont cependant rapidement s'éloigner l'un de l'autre. Yeats veut «créer un nouveau mouvement littéraire qui utiliserait des thèmes du passé irlandais mais qui ne se contenterait pas simplement d'embaumer ce qui a été fait par les générations précédentes»12. Il veut créer une littérature ayant un impact dans toute l'Europe, par conséquent ce sera une littérature en langue anglaise. Hyde affirme quant à lui, dès 1892, la nécessité de «dé-angliciser»l'Irlande. Selon lui il faut puiser dans la langue, les coutumes, les vêtements gaéliques si l'on veut sauver l'identité irlandaise 13.

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Il veut faire «revivre et restaurer l'irlandais en tant que langue et littérature vivantes afin qu'une identité distincte (de celle de la Grande-Bretagne) soit préservée»14. Hyde, inspiré par le jeune historien catholique Eoin Mac Neill, créa le 31 juillet 1893 la ligue gaélique qui se donna pour buts la préservation du gaélique en tant que langue parlée, l'étude et la publication de la littérature gaélique existante, la création d'une littérature moderne en gaélique15. Ces deux approches mettent en lumière une question fondamentale : Quelle doit être «la relation entre une littérature nationale choisissant des thèmes irlandais et l'idée que la seule vraie littérature nationale est celle qui trouva son expression par l'intermédiaire de la langue irlandaise? (...) Peut-il y avoir une littérature irlandaise qui ne soit pas écrite en irlandais?»16 Hyde et ses amis répondirent par la négative, on ne peut pas résister à l'érosion de l'identité irlandaise à l'aide de la langue de l'Anglais, le conquérant, celui qui est tenu pour responsable de la disparition de cette identité17. Hyde tenait à ce que la ligue gaélique soit a-politique et a-religieuse, mais comme le but de celle-ci est de séparer culturellement l'Irlande de la Grande-Bretagne, elle va devenir une pépinière de séparatistes «une école de la rébellion et un appareil liant certaines sections des "middle and lower middle classes" des villes au sein d'une association quasi politique»18. Bien malgré elle, la ligue va fournir «un dogme et un réseau d'organisation au républicanisme radical»19.

Celle-ci ne décolla réellement qu'après 1900, elle comptait plus ou moins 100.000 membres en 190620, ce qui prouve qu'elle fut essentiellement une minorité agissante qui obtint quelques succès concrets tel le bilinguisme de l'enseignement primaire dans les régions où le gaélique était toujours parlé par une majorité de la population. Hyde va mener sa croisade pour la destruction de la culture anglaise en Irlande (dont il est pourtant issu), grâce à des lectures publiques, à la presse, à la musique et aux sports gaéliques régénérés depuis la création de la Gaelic Athletic Association (GAA) en 188421. Le grand succès de la ligue gaélique fut d'avoir vu passer dans ses rangs les futurs dirigeants de l'Irlande indépendante (tel Collins et de Valera mais aussi Pearse, Ceannt, etc) et surtout d'avoir exercé dans les milieux lettrés une influence telle que tout un chacun devait se positionner par rapport à celle-ci22.

Affirmation de la culture irlandaise mais en anglais (W. B. Yeats) et réactions

Yeats va employer une toute autre démarche que celle de Hyde, il va puiser son inspiration dans le monde légendaire que lui a révélé l'ouvrage d' O'Grady. Bien vite, autour du Maître se constitue un petit groupe (Lady Gregory, George Moore, Edward Martyn) qui fonde en mai 1899 L'Irish Literary Society, celle-ci présenta comme premières créations une oeuvre de Martyn The Heather Field et une de Yeats lui-même Countess Cathleen.

Yeats considérait alors son théâtre comme le moyen de forger l'unité culturelle de l'Irlande et donc de restaurer l'âme nationale23. Countess Cathleen va susciter des réactions violentes de la part de la presse et du public; plus d'une fois de véritables émeutes eurent lieu lors des représentations. La raison de cette violence tient au fait que l'héroïne, qui symbolise plus ou moins volontairement l'Irlande, accepte de vendre son âme au diable afin de sauver ses paysans de la famine24. Yeats aurait dû se méfier, ce n'était qu'un maigre avant-goût des années à venir ; sa volonté de choisir les pièces jouées uniquement en fonction de leurs valeurs esthétiques et artistiques risque à tout moment de susciter la colère des héritiers de Davis (les nationalistes littéraires). Ceux qui sont prêts à sacrifier les standards artistiques et littéraires sur l'autel du nationalisme, ceux qui voulaient sauver l'héritage culturel de l'Irlande non pour des raisons artistiques mais bien parce qu'il peut faire avancer la cause nationaliste25; ceux «habitués à considérer l'art comme de la propagande et incapables de l'imaginer comme quelque chose d'autre que subordonné au nationalisme»26.

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Mais l'affrontement n'est pas pour tout de suite. En 1902, Yeats monte sa pièce la plus nationaliste Cathleen ni Houlihan interprétée par la passionaria du républicanisme Maud Gonne. Cathleen se réfugie dans une ferme du Comté de Mayo en 1798 où elle appelle les garçons de la famille à sacrifier leurs vies pour l'Irlande, le peuple se souviendra alors à jamais de ce sacrifice. Après la pièce, un spectateur déclara «que les pièces de ce genre ne devraient être jouées que si les acteurs étaient prêts à tirer ou à se faire tirer dessus»27.

En 1903, Yeats monte une pièce en gaélique de Hyde ; un jeune étudiant dublinois nommé James Joyce trouva cela d'un provincialisme ridicule! L'explosion se produit la même année lorsqu'il décida de monter la pièce d'un jeune dramaturge John Synge. In the Shadow of the Glen va susciter une rage qui ne sera égalée que lors d'une autre pièce de Synge 4 ans plus tard. La fureur de certains nationalistes est provoquée par le fait que l'héroïne de la pièce, une simple paysanne, abandonne son vieux mari, fruit d'un mariage imposé, pour aller courir les routes avec un vagabond. Imaginer qu'une femme irlandaise (qui très souvent n'est qu'une métaphore de l'Irlande), puisse abandonner son foyer, c'était rompre avec certains stéréotypes nationaux (et nationalistes). Arthur Griffith, principal dirigeant du premier Sinn Fein, voyait dans cette pièce une adaptation d'une tragédie grecque. Il fustigea violemment le cosmopolitisme de Synge, considérant que le cosmopolitisme «n'a jamais produit un grand artiste ou un homme juste (...) si le théâtre de Yeats cesse d'être national, il cessera d'être artistique car la nationalité est l'essence de l'art» 28; Yeats et ses amis peuvent faire du théâtre d'art, mais alors qu'ils n'aient surtout pas l'impudence de la baptiser «théâtre national irlandais».

Ce dernier va réagir avec intelligence aux multiples attaques dont sa ligne artistique fait l'objet, il n'est nullement prêt à faire de la propagande nationaliste déguisée en littérature. Ainsi, il écrit en octobre 1903 dans l'United Irishman, le journal de Griffith: «Literature is always personal, always one man's vision of the world, one man's experience, and it can only be popular when men are ready to welcome the vision of others. A community that is opinion-ridden, even when those opinions are in themselves nobles is likely to put its creative minds into some sort of prison»29. La rupture entre Yeats et le nationalisme sera consommée en 1907 suite à la présentation de la nouvelle pièce de Synge The Playboy of the Western World, celle-ci racontant l'histoire d'un jeune homme Christy Mahon devenant le héros d'un petit village de la côte ouest après avoir, selon ses dires, tué son père30.

Le premier soir de la pièce, celle-ci est interrompue par le public dès le 3e acte; pendant une semaine il y aura des incidents à chaque représentation, la police intervient plus d'une fois pour expulser les spectateurs les plus enragés. Les paysans et marins de Synge sont réels tout en étant romanesques (et inversement) mais ils ne sont certainement pas idéalisés31, ce sont «des êtres beaucoup moins dignes et respectables que l'utopie nationaliste ne se les imaginait. C'étaient des êtres humains avec leurs vices et leurs vertus soumis à des émotions violentes, parlant et agissant de façon parfois primaire. (...) Cette image ne correspondait pas à celle d'un peuple mûr pour l'autonomie que les nationalistes voulaient vulgariser»32. Selon Terence Brown, «Les nationalistes avaient le sentiment que (Synge) exploitait les aspects de la vie irlandaise qu'eux, en tant que membres d'une classe (petite) bourgeoise montante voulaient oublier (tels la violence paysanne, le sous développement de l'ouest rural). (Yeats) ne semblait pas s'intéresser à la nouvelle Irlande des commerçants, cafetiers, prêtres, gros fermiers et partisans du Home-Rule, tous gens respectables.»33

L'historien irlandais Francis Lyons partage cette vue, Yeats réagit avec morgue à l'étroitesse d'esprit des professionnels du nationalisme, le nationalisme conservateur de la classe moyenne symbolisé par Redmond et son parti réunifié depuis 1900 étaient dans une courbe ascendante34. Yeats et Synge ont donc heurté le nationalisme établi et les valeurs bourgeoises qui souhaitent avant tout lire ou voir des pièces renforçant ses préjugés, ses stéréotypes et donc son bon goût à toute épreuve. Il faut noter que l'historien américain William Thompson propose une autre interprétation que nous ne partageons pas entièrement; selon lui les émeutiers du «play-boy» sont les futurs héros du soulèvement de Pâques 1916. Ils n'ont pas la distance nécessaire pour rire de leurs idéaux. De plus, l'esthétique pieuse de l'époque ne peut accepter l'idée que le mal existe en Irlande, excepté bien sûr celui introduit et propagé par l'occupant anglais35. Par la suite, l'Abbey theatre proposa surtout des pièces proches du réalisme social, ce qui désespérait Yeats qui produisit en réaction des pièces de plus en plus hermétiques et avant-gardistes36. Pourtant Yeats se reconnut partiellement dans le soulèvement de 1916, dont il tira quelque uns de ses plus beaux poèmes, le nationalisme irlandais ne l'abandonnera pas si facilement que cela...

Europe littéraire avant 1914, renaissance culturelle et soulèvement de Pâques 1916

L'historien britannique Martin Williams a raison lorsqu'il écrit que les thèmes abordés par les trois poètes de 1916 (Pearse, Mac Donagh et Plunkett) «n'ont pas dû directement influencer de nombreuses personnes à prendre les armes mais leurs tons et leurs styles donnèrent une qualité épique à l'ensemble de la lutte nationale»37.

L'attitude, l'approche, développée dans la prose et la poésie issues du cercle gravitant autour de Yeats se retrouve dans toute la littérature européenne «moderne» d'avant 1914. La littérature est appréhendée comme un vecteur de subversion par son scepticisme à l'encontre des terminologies acceptées, par sa préférence pour la recherche personnelle de la sincérité au détriment des truismes consacrés et par son recours au principe du «vitalisme»38. L'idée était aussi répandue parmi les intellectuels que la violence sanglante allait purifier un monde trop vieux, épuisé et décadent. La guerre rédemptrice et purificatrice est célébrée, le vieux monde déclinant doit être achevé39.

L'historien français André Guillaume cite comme représentants de cette école : Georges Sorel, Charles Peguy, Rupert Brooke, Thomas Hardy, on pourrait y ajouter, entre autres, les précurseurs Friedrich Nietzsche et Henrik Ibsen, les futuristes italiens autour de Marinetti, les «vorticistes» britanniques tels Ezra Pound et T.S. Eliot, Maurice Barrès, et tous ces intellectuels qui firent de l'individu, dans toute sa subjectivité, la base de toute expérience et référence (voir le culte du moi barrèsien). Pour ce qui est de l'Irlande, Williams considère qu'à partir de 1900, les légendes celtiques découvertes par O'Grady sont récupérées politiquement. De nombreux auteurs considèrent qu'elles pouvaient «être très appropriées au nationalisme "insurrectionnel" si elles étaient acceptées littéralement . L'aspect lyrique de ces légendes fut supprimé, il ne restait que la dureté et la violence»40. Des dizaines d'ouvrages vont tourner autour des trois thèmes dégagés de ces légendes: «Le combat qui culminera dans la victoire ultime, la Rédemption qui peut survenir grâce au sacrifice personnel, l'héroïsme qui est l'attribut d'individu solitaire accomplissant leur destin sans l'aide ou la sympathie du reste du monde.»41

La mort n'est plus seulement quelque chose de noble, dans certaines circonstances elle devient désirable. Pearse et les deux autres poètes que l'on retrouve dans le soulèvement de 1916 (Plunkett et Mac Donagh) ne sont nullement des phénomènes littéraires uniques. «Leurs idées et leurs (styles) sont dérivés et répercutés dans la littérature de leur époque (...). La glorification du combat, du sacrifice personnel et de l'héroïsme dans les travaux et les réflexions de certains des leaders de 1916 n'étaient pas confinés à eux seuls. Ils étaient le sommet et l'apothéose d'un large mouvement au sein de la pensée et de la littérature irlandaises.»42

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Nous pouvons admettre sans difficulté que les poètes de 1916 «rejettent dans leurs écrits un univers parfaitement ordonné, rationnel et mécanique, leurs passions tumultueuses ne correspondaient pas à ce monde. Ils choisirent donc de se représenter en héros sacrificiels issus des anciennes mythologies»43. Tous considéraient la subjectivité individuelle comme le fondement de la Nation et comme ayant la préséance par rapport aux autorités établies tant dans le domaine du nationalisme, de la science que de la religion. De manière similaire, ils firent de l'émotion patriotique individuelle une sorte de croyance religieuse. Ce qui constituait une démarche éminemment déstabilisante et transgressive, la conscience individuelle variant et évoluant constamment, à l'opposé des dogmes, du savoir structurellement établi par l'État, l'Église, les structures politiques, culturelles et académiques; toutes obstacles à la pleine expression de la subjectivité individuelle. Pearse et ses compagnons rejetèrent le savoir dit « établi» et le système rationnel avec ses inclusions et exclusions, apparaissant ainsi comme des individus très (post)-modernes. Il est d'ailleurs significatif que les trois poètes de 1916 prirent le parti de Yeats et Synge contre les professionnels du nationalisme et l'establishment culturel. Il faut en tout cas tenir à l'esprit que le contexte socioculturel de cette époque, qui a rendu possible l'insurrection de 1916, fut aussi celui qui nourrit l'Ulysse de James Joyce44.

Bilan de la renaissance culturelle

Quelle appréciation porter sur l'ensemble du mouvement culturel? En premier lieu, les protestants d'Ulster restèrent totalement indifférents à la bataille entre l'Irlande («anglaise») de Yeats et celle («gaélique») de Hyde. Cette communauté ne se considérait pas comme irlandaise, l'idée de créer une identité culturelle (et donc nationale) irlandaise n'intéressa nullement ces citoyens de l'Empire britannique prêts à défendre à tout moment leurs privilèges sociaux et économiques et leur vision de l'Empire. Ensuite, «les anglo-irlandais n'ont pas seulement fourni aux nationalistes irlandais des précédents et des préceptes politiques, ils ont aussi après 1890 aidé l'Irlande à se doter d'une identité culturelle distincte, d'un sens de la singularité de la Nation irlandaise avec ses caractéristiques sociales, linguistiques, (ethniques) propres»45.

Ces anglo-irlandais, issus principalement de la classe moyenne et de la gentry protestante et presque exclusivement implantés en dehors de la province d'Ulster, ont été symbolisés par Hyde et Yeats, tous deux ayant rêvé «d'un monde pré-matérialiste, pré-moderne, libéré de la monotonie, de l'appauvrissement culturel, de la vulgarité (moderne)»46. Ils étaient des conservateurs utopistes cherchant à restaurer des valeurs perdues depuis longtemps, non seulement en Irlande mais aussi dans tout le monde occidental et industrialisé47. «Yeats voulait que son mouvement littéraire crée un sens de l'unité au sein des Irlandais; Hyde espérait que sa ligue gaélique offrirait un moyen d'oublier l'histoire sectaire de l'Irlande en forgeant un sens de la race basé sur un passé éloigné (...) mais cette conscience de soi qu'ils voulaient provoquer a seulement renforcé et augmenté les divisions sectaires et politiques existant en Irlande.»48 Dans l'Irlande moderne, la culture était plus un facteur de division que de réconciliation, on se trouvait au sein d'une bataille entre trois civilisations, «toute initiative culturelle, toute expérience artistique, toute littérature devaient être jugées selon un unique critère: est-ce qu'elles aidaient ou entravaient la rupture avec l'Angleterre?».49

Yeats qui espérait fusionner les cultures anglo-irlandaise et gaélique au sein d'une littérature contribuant au patrimoine européen était quasiment condamné à l'échec politique avant même d'avoir entamé son oeuvre. En déclarant n'avoir d'autre volonté de propagande que celle de l'art, il choquait certains Irlandais ultrasensibles qui ne pouvaient accepter l'autocritique et la dérision, ces nationalistes ayant avant tout besoin d'avoir confiance en eux, ce fut l'opposition entre la dignité du faible face à l'aristocratique Yeats50.

Les quelques lignes ci-dessus donneraient à penser que c'est le mouvement de «l'Irish Ireland» qui l'a emporté. Pourtant, on peut considérer que c'est la ligue gaélique qui fut le plus grand perdant. Elle resta tout au long de son existence une minorité qui ne parvint nullement à stopper le déclin continu de la langue gaélique. Le politologue britannique David Georges Boyce va jusqu'à considérer que «c'est en anglais que le nationalisme irlandais est devenu une réalité (...), l'anglicisation de l'Irlande n'a nullement détruit l'Irlande nationaliste, elle a permis sa création»51. Selon lui, tant le mouvement de Yeats que celui de Hyde ne touchèrent que quelques citadins issus de la classe moyenne; la littérature dominante au sein de la population, c'était la littérature issue de Davis et de la Jeune Irlande de 1848, c'est-à-dire une littérature sentimentaliste et romantique pour «un peuple sensible, conservateur et éprouvant un attachement profond à son localisme»52.

La Jeune Irlande, essentiellement active de 1842 à 1850, a en effet laissé un héritage idéologique important au nationalisme irlandais. Thomas Davis et ses compagnons ont essayé de créer une identité nationale embrassant toutes les confessions et toutes les classes sociales de l'île, ils réussirent surtout à faire du collectif et du passionnel des éléments clés du discours politique irlandais. Influencée par le romantisme allemand et français, la Jeune Irlande élabora une vision de l'Irlande opposée au monde industriel moderne. La «Nation irlandaise» va être définie par sa culture ce qui signifie, pour Davis, son histoire, sa littérature, ses monuments et par-dessus le tout et englobant le tout, sa langue. Cette dernière est le véhicule de la mémoire historique des nations, le gaélique devient une barrière contre le monde moderne et fournit sa vitalité à l'âme nationale. Pour la Jeune Irlande, une Nation doit présenter un caractère unique sinon elle ne peut réclamer le droit d'être une Nation. Or ce qui caractérise la société irlandaise, ce sont ses origines pluralistes (gaéliques, anglo-normandes et vikings, etc.). Davis, qui est lui-même issu d'une famille anglaise et parle mal le gaélique, développe le principe de l'unité de tous les Irlandais quelles que soient leurs croyances, leurs ethnies et leurs classes. Les concepts raciaux qu'apprécie le romantisme allemand ne peuvent s'appliquer qu'aux relations entre l'Irlande et l'Angleterre. En Irlande même, il élabore un nationalisme de lieu et non de sang, l' «Irishness» est le produit de l'environnement et non de la race. La Nation irlandaise sera réalisée non pas par la politique mais par le régénération culturelle et par la glorification d'un passé commun à tous les Irlandais. Elle ne trouvera pas son salut dans le monde moderne industrialisé mais bien dans les régions d'Irlande qui sont restées «faithfull and romantic»53, le paysan de l'Ouest personnifiant tout ce qui est noble dans le caractère irlandais.

La Nation, entité spirituelle telle qu'énoncée par la Jeune Irlande était exigeante pour l'individu, le romantisme et l'idéalisme de celle-ci mettant l'accent sur le groupe plutôt que l'individu, sur l'instinct et l'émotion plutôt que la raison, sur la libération culturelle plutôt que la libération politique, sur un concept subjectif et créatif de l'indépendance plutôt qu'un concept essentiellement formel, juridique et négatif54. Un autre aspect important de la Jeune Irlande est sa volonté d'éducation politique de la population.

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Ils tentèrent de créer une opinion publique éduquée et informée grâce à des journaux, des lectures publiques, la constitution d'une «bibliothèque» irlandaise composée de livres à bas prix accessibles à toutes les bourses. Ils sont convaincus qu' «une légion d'écrivains est plus puissante qu'un millier d'hommes bardés de fer»55. La volonté d'utiliser l'écrit pour promouvoir le sens de la «nationalité» au sein du peuple conduit logiquement à la subordination de la littérature au nationalisme; cette littérature bon marché du point de vue du prix et du style privilégiant les sentiments par rapport à la recherche littéraire, les sensations par rapport à la réflexion (55). Cette littérature glorifiant l'héroïsme du petit peuple56 était l'ennemie de la ligue gaélique car écrite en anglais, mais aussi l'ennemie de Yeats car de propagande. Cette idée est séduisante: il faut la compléter sur un point. Dans l'Irlande d'aujourd'hui, même si la ligue gaélique est toujours active, la langue gaélique n'a pas reconquis le terrain perdu depuis 1845, Yeats et Synge, en ayant refusé de sacrifier l'art aux idées politiques dominantes de l'époque sont devenus de véritables auteurs classiques du patrimoine culturel irlandais (ainsi qu'européen). Le théâtre tragi-comique de Synge est l'annonce d'un genre où vont exceller les futurs dramaturges irlandais tels O'Casey, Behan, Beckett. Leur défaite ne fut que temporaire et non définitive comme le fut, d'une certaine manière, la défaite de la ligue gaélique.

Désenchantements de l'indépendance et nouveaux départs

S'il faut qualifier l'Irlande indépendante d'après 1922, nous sommes tenté de reprendre le titre du premier chapitre de l'ouvrage du sociologue irlandais Terence Brown After the revolution, conservatism and continuity57. Les 26 Comtés composant l'État Libre d'Irlande retrouvèrent une société similaire à celle d'avant les années révolutionnaires (1912-1923). L'émigration reprend son cours tranquille, les éventuels jeunes radicaux sont ainsi «exportés». La campagne va doucement compléter et consolider le transfert de propriété qu'elle a connu depuis le début du siècle. L'Église catholique qui, grâce à la complicité du pouvoir britannique, contrôle depuis le milieu du XIXe siècle quasiment tout le système éducatif irlandais revient à l'avant-plan. Après une relative discrétion pendant les années de trouble, elle exerce à nouveau sa puissante influence auprès des dirigeants irlandais.

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Dès 1923, les films sont soumis à une censure cléricale préalable; en 1925 le divorce est aboli58. En 1929 la censure est étendue aux oeuvres littéraires59, toute forme de contraception «artificielle» est bannie en 1935. La vie culturelle brillante depuis la fin du XIXe siècle sombre dans une léthargie profonde. En 1926, l'Abbey Theatre monta la nouvelle pièce de Sean O'Casey The plough and the stars60. Sa vision ironique des événements de 1916 va susciter une émeute comme on n'en avait plus vu depuis les pièces de Synge. Une des scènes qui va le plus susciter la colère du public est celle où une prostituée se plaint des effets néfastes de la guerre et de la révolution pour son petit commerce, les hommes ayant l'esprit ailleurs! Profondément dégoûté par l'étroitesse d'esprit de ses compatriotes, O'Casey prendra le chemin de l'Angleterre.

Yeats fut nommé sénateur de l'État Libre. Il continua à écrire des poèmes très modernes qui lui valurent le prix Nobel de littérature tout en professant, pendant quelques années, des idées politiques proches des divers fascismes en plein développement sur le continent européen. La vie culturelle entra jusqu'aux années 40 dans un profond sommeil qui poussa, notamment, le jeune Samuel Beckett à s'installer à Paris où il retrouva un James Joyce qui avait rompu avec Dublin depuis 1904. Cette léthargie s'explique en grande partie par l'immense désenchantement qui s'abattit sur l'île après la fin de la guerre civile (1922-1923), qui vit les membres de l'IRA s'entre-tuer sur la question de l'appartenance à l'empire britannique de l'État libre d'Irlande et sur la division de l'île en deux entités politiques distinctes.

L'Irlande d'après l'indépendance continua en effet à se développer culturellement et même économiquement d'une manière similaire à celle d'avant 1914. «L'indépendance changea certaines choses mais le changement ne fut pas d'un genre ou d'un degré correspondant à celui ardemment désiré par les séparatistes. Longtemps après 1922, les vétérans de l'IRA furent conscients de ce fait, leurs efforts n'arrêtèrent pas ce qu'ils considéraient comme l'anglicisation de l'Irlande (...), aucune révolution spirituelle ou culturelle authentique, encore moins une révolution sociale ne suivit la révolution politique.»61 Parmi ceux qui participèrent à la révolution irlandaise, un grand nombre redoutait les conséquences politiques et morales du matérialisme, leur radicalisme était abstrait et «moral». Tout en rejetant l'exploitation capitaliste anglaise, ils envisageaient un futur très frugal pour la population d'une Irlande indépendante; la restauration culturelle, l'honneur national, l'indépendance et une existence droite valaient bien le prix de la prospérité62. «Le gouffre existant entre leur Irlande idéalisée et la réalité était quelque chose qu'ils ne pouvaient facilement combler (...). Beaucoup furent incapables de faire face à la réalité, ils s'étaient trop émotionnellement investis dans cette vision.»63

De nombreux nationalistes ne vont pas supporter de voir l'Irlande indépendante préférer les compromis réalisables à un absolu hors d'atteinte. Cette différence entre le rêve et la réalité permet d'expliquer le cynisme et le désabusement qui va s'emparer des élites culturelles irlandaises face à cette nation de «petits commerçants, d'employés et de fermiers»64.

L'arrivée au pouvoir d' Eamon de Valera en 1932 va empêcher le glissement définitif de l'Irlande vers une version insulaire du salazarisme ou du franquisme. La constitution de 1937 embrassa les conceptions de l'Église catholique sur la famille, la place de la femme dans la société, le divorce. Pourtant, de Valera veillera et réussira à ce que l'Irlande ne franchisse jamais la marge étroite séparant une république semi-confessionnelle d'une république cléricale, le protestant et fondateur de la ligue gaélique Douglas Hyde étant élu en 1938 premier chef de l'État irlandais par le Parlement. Même si de Valera voyait l'Irlande «all west coast», il fut aussi l'homme politique qui entama l'industrialisation de l'Irlande, c'est sous son long gouvernement (21 ans entre 1932 et 1959!) que les secteurs secondaires et tertiaires dépasseront le secteur primaire; son parti le Fianna Fail symbolisant encore aujourd'hui ce curieux mélange de modernisation et de nostalgie65. La crainte de certains de voir disparaître l'identité ou la nation irlandaise s'est avérée peu fondée; entrée de plein pied dans le monde industriel, la République d'Irlande contemporaine a su conserver sa spécificité historique et culturelle au sein du grand ensemble européen, et a permis l'éclosion de nouveaux artistes.

  1. 1. Oliver Mac Donagh, States of Mind, a Study of the Anglo-irish Conflict, George Allen et Unwin (publishers) ltd, London 1983, pp.106-107
  2. 2. Ibidem, p.107
  3. 3. William Irwin THOMPSON, The Imagination of an Insurrection, Dublin Easter 1916, Harper & Row publishers, New York, 1972 (1ère parution 1967), p. 24
  4. 4. Martin WILLIAMS, Ancient mythology & revolutionary ideology in Ireland 1878-1916 in The Historical Journal, vol 26, n° 2 (1983), p.310
  5. 5. M. WILLIAMS, art cit, p.311
  6. 6. M. WILLIAMS, art cit, p.309
  7. 7. M. WILLIAMS, art cit, p.309
  8. 8. W.I. THOMPSON, op cit, p.23
  9. 9. John HUTCHINSON, Cultural nationalism, elite mobility and nation building : communitarian politics in modern Ireland in British journal of sociology vol 38, n° 4, (1987), p.482
  10. 10. J. HUTCHINSON, art cit, p.484
  11. 11. W.I. THOMPSON, op cit, p.58
  12. 12. Francis Steward Leland LYONS, Culture and Anarchy in Ireland 1890-1939, Oxford University Press paperback, Oxford 1982, (1ère parution 1979), p.39
  13. 13. Les propos de Hyde sont analysés dans FSL LYONS, Ireland since the Famine, 2nd edition, Fontana paperback, Glasgow 1989, (1ère parution 1973), p.228
  14. 14. FSL LYONS, Culture & Anarchy..., p.42
  15. 15. FSL LYONS, Ireland since... p. 229
  16. 16. David George BOYCE, Nationalism in Ireland, 2nd edition, Routledge, London 1991, p. 235
  17. 17. Ibidem, p. 236
  18. 18. O. Mac Donagh, States of Mind, op cit, p. 112
  19. 19. Ibidem, p. 113
  20. 20. Robert Kee, The green flag, vol 2, Penguin books, London 1989, (1ère parution 1972), p.135
  21. 21. FSL LYONS, Ireland since..., pp.226 et 227, D Greene Michael Cusack and the Rise of the GAA in Conor Cruise O'Brien (éd.) The Shaping of modern Ireland ,Rotledge paperback, London 1970, (1ère parution 1960), pp.74-84
  22. 22. DG BOYCE, Nationalism in Ireland, p.240
  23. 23. Voir FSL LYONS, Culture & Anarchy, pp.48 et 49
  24. 24. Voir FSL LYONS, Culture & anarchy, p. 50 et Ireland since..., p. 238
  25. 25. DG BOYCE, Nationalism in Ireland, p. 231
  26. 26. FSL LYONS, Ireland since..., p. 237
  27. 27. FSL LYONS, Ireland since..., p. 241, Terence BROWN, L'Abbey theatre : un souffle d'épopée in Dublin 1904-1924 réveil culturel, révolte sociale, révolution politique : un patriotisme déchiré, collection mémoire, Editions Autrement, Paris 1991, p.230
  28. 28. FSL LYONS, Culture & anarchy..., p. 67
  29. 29. FSL LYONS, Ireland since..., p. 243
  30. 30. T. Brown, L'Abbey Theatre, ..., pp. 236-237, FSL LYONS, Ireland since..., p. 244 et 245, FSL LYONS, Culture & anarchy..., pp. 68-71
  31. 31. FSL LYONS, Ireland since..., p. 241
  32. 32. T. BROWN, L'Abbey Theatre..., art cit, p.234
  33. 33. Ibidem, p.236
  34. 34. FSL LYONS, Ireland since..., p. 243
  35. 35. W.I. THOMPSON, op cit, pp. 68-74
  36. 36. T. BROWN, art. cit., p. 237
  37. 37. M. Williams, art cit., p. 323
  38. 38. Gal Gerson, Cultural Subversion and the Background of the Irish «easter Poets» in Journal of Contemporary History, Vol 30 (1995), p. 343
  39. 39. A. Guillaume, L'Irlande, une ou deux nations?, Presses Universitaires de France, Paris 1987, p. 63
  40. 40. M. Williams, art cit, p. 315
  41. 41. M. Williams, art cit, p. 315
  42. 42. M. Williams, art cit, p. 321. L'auteur cite de nombreux exemples de cette littérature, pp. 316-321
  43. 43. W.I. Thompson, op cit, p.139
  44. 44. G. Gerson, art cit., p. 345.
  45. 45. DG BOYCE, One last Burial : Culture, Counter-revolution and Revolution in Ireland 1886-1916 in DG Boyce (ed) The Revolution in Ireland, 1879-1923, Mac Millan education ltd, London 1988, p.117
  46. 46. Ibidem, p.133
  47. 47. Ibidem, pp. 131-32
  48. 48. FSL LYONS, Culture & Anarchy..., p. 82
  49. 49. DG BOYCE, Nationalism in Ireland, p. 245
  50. 50. Ibidem, p. 254
  51. 51. Ibidem, p.252
  52. 52. Ibidem, p. 169
  53. 53. Oliver Mac Donagh, The Life and Time of Daniel O'Connell, Weidenfeld paperback, London 1991, p. 310
  54. 54. DG BOYCE, Nationalism in Ireland, p. 159
  55. 55. Ibidem, p. 162
  56. 56. DG BOYCE présente quelques exemples de cette littérature dans Nationalism in Ireland, pp. 248-254
  57. 57. T. Brown, Ireland, a social and cultural History 1922-1985, 2nd edition, Fontana paperback, Glasgow 1985
  58. 58. Le divorce n'existait que d'une manière limitée en Irlande. Il fallait adresser les requêtes de divorce à un comité spécial du parlement britannique. Celles-ci, une fois acceptées, prenaient la forme d'un «Private Act of parliament». Environ 270 cas furent acceptés entre 1570 et 1858 en ce qui concerne l'Angleterre et le Pays de Galles, la loi de 1858 légalisant le divorce ne fut pas étendue à l'Irlande. L'irlande du Nord se vit imposer par Westminster l'extension de cette loi sur son territoire en 1939. Le divorce est légal en Ecosse depuis 1560.
  59. 59. T. Brown, Ireland, a social and cultural History, pp. 67- 78 ainsi que Dermot Keogh, The catholic church and the Irish Free State 1922-1932 in History Ireland, Vol 2, n° 1, pp. 47 et s.
  60. 60. O'Casey, issu du prolétariat protestant de Dublin, fut en 1913 le premier chef d'Etat-major de l'Irish Citizen Army, bras armé du principal syndicat irlandais (ITGWU). Il quitta Connolly suite au rapprochement de ce dernier avec les républicains à partir d'août 1914.
  61. 61. Tom Garvin, The Anatomy of a nationalist Revolution: Ireland 1858-1928 in Comparative Studies of Society and History, vol 28 (1986), n° 3, p.475.
  62. 62. Ibidem, p.495.
  63. 63. Ibidem, p. 498
  64. 64. T. Garvin, Great hatred, little Room : social Background and political Sentiment among revolutionary Activists in Ireland 1890-1922 in DG Boyce (ed) The Revolution in Ireland 1879-1923, op cit, p. 114
  65. 65. T. Garvin, The anatomy of a nationalist revolution : Ireland 1858-1928, art. cit., p.470. Voir aussi son excellent livre, Nationalist revolutionaries in Ireland, 1858-1928, Clarendon Press, Oxford 1987.