Antoine Vanniesbecq

Toudi mensuel n°21-22, septembre-octobre 1999


Officier du génie devenu militant wallon dans l'entre-deux-guerres. Né à Vilvorde le 16 novembre 1893, aîné de sept enfants, Antoine Vanniesbecq passe la plus grande partie de sa jeunesse en Flandre, au gré des mutations de son père Gustave, officier de carrière né à Liège et marié à une Tournaisienne, Louise Dechaux.À 16 ans, il s'engage comme volontaire et entre au Régiment du génie le 22 novembre 1909. Pendant la guerre, il est commissionné officier auxiliaire du génie en 1915 et nommé sous-lieutenant l'année suivante. Devenu lieutenant, il est détaché au Congo en 1917 pour une durée de deux ans.

Nommé capitaine en mars 1923, il est mis à la retraite le 1er octobre 1926. Antoine Vanniesbecq a obtenu huit chevrons de front et sept distinctions honorifiques, dont la Croix de guerre pour son courage et son dévouement au front, ainsi que la Croix de feu.Au cours des années trente, il prend fait et cause pour le mouvement wallon et collabore bientôt à l'hebdomadaire La Wallonie nouvelle, dirigée par l'abbé Mahieu. Bien au courant des problèmes militaires, lisant couramment la presse flamande, le commandant Vanniesbecq dénonce l'attitude de bon nombre d'anciens combattants flamands et critique la politique officielle de neutralité de l'État belge qui, selon lui, constitue une trahison à l'égard de la Wallonie.

L'organisateur et le tacticien se révèlent dans ses articles et ses activités. On le voit aux côtés de l'abbé Mahieu, dans les Gardes wallonnes, puis, après l'échec du Parti wallon indépendant du même abbé Mahieu, il est parmi les fondateurs du Parti nationaliste wallon.Vanniesbecq se montre un partisan acharné du rattachement de la Wallonie à la France, ce qu'il considère comme un retour à la grande nation gauloise. Emprisonné en 1941 par les autorités d'occupation pour avoir publié et diffusé des imprimés non autorisés, il cogite un projet de manuscrit ayant pour thème le problème national. Il y envisage notamment la création d'un mouvement «national-humanitaire gallo-wallon», et il le conçoit même dans le détail.

Autodidacte, Antoine Vanniesbecq accumule une masse de documentation et remplit de notes de cahiers entiers. Après la guerre, il se lance dans la rédaction d'un important manuscrit sur la «trahison» du gouvernement belge, en raison de sa politique de neutralité avant la guerre. L'ouvrage devait comprendre plusieurs parties: une étude de l'évolution politique et diplomatique dans l'entre-deux-guerres et l'attitude de la Belgique à cet égard; ensuite, des considérations militaires et stratégiques, notamment à propos de la défense de la Wallonie, pendant la période allant jusqu'à la guerre; enfin, une dernière partie intitulée Après le drame comportait des conclusions et un hommage aux défenseurs de la Wallonie. L'ensemble était bien documenté mais partial et sévère jusqu'à l'outrance à l'égard des responsables de notre politique militaire. A.Vanniesbecq avait terminé son manuscrit en septembre 1948, mais il ne pourra le publier, la mort venant le surprendre pendant un séjour dans une clinique bruxelloise, le 13 décembre 1948.

R.F.