Nicole Malinconi (« Da Solo »)
Une voix de vieillard, sans voix et sans arête.
(Jules Renard, Journal)
Un homme, seul, parle. Dans sa tête. Dans sa tête de vieillard où insistent les souvenirs et le présent, impalpable, prompt à verrouiller toute forme de futur. La mémoire, parcimonieuse, pressée d'authentifier le chemin parcouru, draine des images: la colline de l'enfance toscane, les fascistes, l'émigration, la guerre, l'épouse morte, les visites de sa fille... Et calme cette angoisse: « Pourvu que je garde assez de forces pour continuer à penser selon mon raisonnement » , nécrosité sans laquelle on se disloque.
Par ses ressassements, ses trous, ses dérapages, Da Solo 1 fait écho à quelques textes « fin de partie » de Beckett ou de Robert Ringet ou à certaines partitions contemporaines - je pense par exemple, aux suites pour violoncelle seul de Benjamin Britten. Ici, comme dans ses autres ouvrages 2, Nicole Malinconi déploie une maîtrise discrète et efficace de la sensibilité, de l'attention et de la tension requises pour reconnaître et capter la vie dans ses écueils et retranchements. Une vie presque banale, presque réussie, presque ratée, presque rêvée, en attente des points de suspension finaux.