Wallonie, deuxième puissance industrielle mondiale (1790-1910)

15 August, 2009

Locomotive "Le Belge" première locomotive construite sur le continent par John Cockerill

Histoire de Wallonie

Le tableau ci-dessous est intitulé Hiérarchie des grandes puissances industrielles (1810-1910) (Classement par niveau de développement industriel)

Source Jean-Pierre Rioux, La révolurion industrielle, 1780-1880, Seuil, Paris, 1989 (Coll. Points qui cite P.Bairoch, Niveaux de développement économique de 1810 à 1910, in Annales (Economies, Sociétés, Civilisations), Novembre décembre, 1965, pp 1091-1117.)

Jean-Pierre Rioux souligne que le niveau de développement est établi à partir des indices de consommation de coton brut, de fonte, de houille, de force motrice et du développement ferroviaire (JP Rioux, op. cit., p.103), dont certains tableaux sont publiés dans son ouvrage. Dans ces domaines, tant en matière de production que de consommation la Belgique occupe de manière constante les premiers rangs, parfois le premier en termes relatifs. En réalité comme nous allons le voir bientôt le mot « Belgique » doit y être remplacé par le mot « Wallonie ». Nous allons le voir dans un instant.

Rang

1810

1840

1860

1880

1900

1910

1

Royaume-Uni

Royaume-Uni

Royaume-Uni

Royaume-Uni

Etats-Unis

Etats-Unis

2

Belgique

Belgique

Belgique

Belgique

Royaume-Uni

Royaume-Uni

3

Etats-Unis

Etats-Unis

Etats-Unis

Etats-Unis

Belgique

Belgique

4

France

Suisse

Suisse

Suisse

Suisse

Allemagne

5

Suisse

France

France

Allemagne

Allemagne

Suisse

6

Allemagne

Allemagne

Allemagne

France

France

France

7

Suède

Suède

Suède

Suède

Suède

Suède

8

Espagne

Espagne

Espagne

Espagne

Espagne

Espagne

9

Italie

Italie

Italie

Italie

Italie

Italie

10

Russie

Russie

Russie

Russie

Russie

Russie

11

Japon

Japon

Japon

Japon

Japon

Japon

La « Belgique » occupe aussi le deuxième rang en matière de production de charbon de 1790 à 1860 environ, le quatrième rang (après le Royaume-Uni, les USA et l'Allemagne), en matière de production d'acier, par exemple en 1913 et l'un de ces rangs en matière de production de fonte, au courant du 19e siècle. Mais ce tableau mesure en réalité le rang de la Wallonie et cela selon de très nombreux auteurs comme Herbert Lüthy cité par Maurice Besnard expliquant que la Belgique en sa partie wallonne fut le premier pays à devenir un pays industriel après l'Angleterre, ce qui amène Luthy à mettre en cause la théorie de Max Weber sur le lien entre capitalisme et protestantisme, puisque la Wallonie était un pays catholique 1 Philippe Destatte écrit que la Wallonie fut « la seconde puissance industrielle du monde proportionnellement à sa population et à son territoire » 2. Hervé Hasquin pense « que le développement des régions industrielles wallonnes contribuèrent à faire de la Belgique l'une des principales puissances industrielles en Europe sinon dans le monde. » 3 Philippe Raxhon écrit à propos de la période qui suit 1830 : « Ce n'est pas de la propagande mais la réalité que les régions wallonnes devinrent la seconde puissance industrielle du monde après l'Angleterre... » 4.

Marc Reynebaud dit la même chose dans Histoire belge, 1830-2005 5 Michel De Coster, Professeur à l'université de Liège note que : « Les historiens et les économistes disent que la Belgique a été la seconde puissance industrielle du monde proportionnellement à sa population et son territoire (...) Mais ce rang est celui de la Wallonie où se concentraient les mines de charbon, les hauts fourneaux, les fabriques de zinc et de fer, l'industrie lainière, l'industrie du verre, l'industrie de l'armement... 6 Michel De Coster souligne que la confusion possible à cet égard entre Belgique et Wallonie est l'une des difficultés de l'identité wallonne. Il y a de multiples autres références à l'appui de cette thèse comme le site anglais de l'AWEX (agence wallonne de l'exportation) : « The Walloon iron and steel industry came to be regarded as an example of the radical evolution of industrial expansion. Thanks to coal (the French word "houille" was coined in Wallonia), the region geared up to become the second industrial power in the world after England. In fact, despite the protectionism of neighbouring states, in 1833 Belgian industry boasted 5 times more steam machines per inhabitant than a country such as France. It also exported them to over 25 countries. » 7. On lit également sur un autre site rédigé en anglais : « Le seul centre industriel en dehors des charbonnages et des hauts fourneaux de Wallonie c'était? gand, l'ancienne cité de l'industrie textile. » 8


  1. 1. Philippe Besnard, Protestantisme et capitalisme. la controverse post-wébérienne. Armand Collin, Paris, 1970, pages 27-31.
  2. 2. Philippe Desttate, L'identité wallonne, Institut Destrée, Charleroi, 1997, pages 49-50.
  3. 3. Hervé Hasquin, La Wallonie, son histoire, Pire, Bruxelles, 1999, page 172.
  4. 4. Philippe Raxhon, Le siècle des forges ou la Wallonie dans le creuset belge (1794-1914), in B.Demoulin and JL Kupper (directeurs), Histoire de la Wallonie, Privat, Toulouse, 2004, pages 233-276, p. 246.
  5. 5. (traduction du néerlandais par by S.Delsart, Racine, Bruxelles, 2005, p. 48.
  6. 6. Michel De Coster, Les enjeux des conflits linguistiques, L'Harmattan, Paris, 2007.
  7. 7. L'industrie wallonne du fer et de l'acier peut être considérée comme une illustration de l' évolution radicale que représenta la révolution industrielle. Grâce au charbon (le mot français "houille" vient de Wallonie), la région se préparait à devenir la seconde puissance industrielle du monde après l'Angleterre. En 1833 la Belgique pouvait se targuer de posséder cinq fois plus de machines à vapeur par habitant qu'un pays comme la France. Elle en exportait vers 25 pays. » Wallonia Foreign Trade and Investment Agency (AWEX)
  8. 8. « The sole industrial centre outside the collieries and blast furnaces of Walloon was the old cloth making town of Ghent. » European Route of Industrial Heritage