Sens des histoires belges
Publié le 15 septembre 2009
Simenon ne se sentait pas belge car à ses yeux cela ne signifiait rien (Pierre Assouline ce 15 septembre 2009 dans l'émission Bonjour quand même! RTBF, de 9 à 10h).
Yves Lacoste - Moi je ne comprends pas la vie politique allemande ou anglaise...
TOUDI - Mais vous comprenez par exemple le mot socialisme ?
Yves Lacoste - Si l'on veut, mais cela recouvre des idées différentes.
TOUDI - Mais enfin la gauche et la droite ce sont des concepts très universels, des clivages internationaux ?
Yves Lacoste - Je ne pense pas . Je crois que ce sont des idées qui n'ont de sens que dans un cadre national...
TOUDI - En tant que Wallons, nous sommes peut-être proches de la France, enfin, nous comprenons très vite les enjeux du débat politique français...
Yves Lacoste- La Wallonie est un problème géopolitique et je me pose depuis très longtemps la question : pourquoi la Wallonie, à tel ou tel moment, ne s'est pas rattachée à la France ? C'est un fait tout à fait étonnant. Alors que sue le plan de la culture, de la démographie il y a tant de choses très particulières qui leur sont communes. La réduction des taux de natalité apparaît très tôt en France par rapport à ce qui se passe dans le monde et en Wallonie aussi. Il y a une conception commune et si vous parlez à des Français de la Wallonie, ils vont vous raconter des histoires « belges » qui sont des histoires très péjoratives à votre égard. Je pense que ces fameuses histoires « belges » ont une fonction géopolitique, celle d'entretenir la séparation des Français et des Wallons. Autrefois, on racontait des histoires sur les Italiens des histoires teintées d'un très grand mépris parce que c'étaient des Etats différents... Quelle est l'origine des histoires « belges » ? Leur fonction est très claire (j'ai horreur des histoires « belges ») : elle consiste à considérer les Belges - c'est-à-dire en fait les Wallons - comme des imbéciles. Or pourtant, vous avez des artistes qui ne cachent pas le fait qu'ils sont belges ou wallons comme Hergé ou Simenon qui ont un énorme succès en France. Nous avons au fond un même milieu intellectuel : les Français ont beau savoir que chacun de ces créateurs est belge ou wallon, ils considèrent que ce sont des gens d'une très grande importance et ils en sont très fiers et, je le répète, tout en sachant leur origine... Les histoires belges ont comme fonction de faire en sorte que les Français soient indifférents à ce qui se passe en Wallonie.
NB : Ces propos ne sont pas des propos irréfléchis venus par hasard dans une conversation puisque la revue Hérodote a consacré un article sur lequel nous reviendrons) : Paul Tourret, La Quête identitaire wallonne, dans Hérodote, n° 72, p. 58- 75, Paris, janvier-juin 1994.
Voir aussi France
Voir également l' article Wallonia dans Wikipedia the free encyclopedia
et l'article, Wallonie dans la Wikipédia française, (passablement scandaleux par comparaison).