Silence - autocritique impossible
Bien entendu, la «revue de la presse belge» diffusée, chaque matin vers 8H15 par la RTBF (radio) ne peut pas reprendre de façon exhaustive tout ce qui a été publié dans la presse écrite !
Pourtant, nous devons bien constater que les deux titulaires de cette rubrique n'ont pas choisi de relever de façon trop précise les remarques de la presse écrite, en ce qui concerne la médiatisation par la RTBF du bonheur princier !
Le 3 décembre
Ainsi, Henri Sonet met en évidence, dans sa revue de presse du 3 décembre 1999, le dossier sur la monarchie publié par l'hebdomadaire Le Vif/L'Express. À propos de celui-ci et d'autres articles parus dans la presse du jour, le journaliste de la RTBF souligne qu'il n'y a «aucune note discordante», d'autant plus que Le Matin a choisi, ce jour-là, de se taire sur ce sujet et de célébrer St Nicolas.
La revue de la presse de la RTBF nie ainsi l'existence même de cet article sur lequel il est impossible de ne pas s'arrêter si l'on parcourt le dossier du «Vif/L'Express»! Son titre: Médias: la Mathildemania. Le chapeau (de l'article, bien entendu !) publié en lettres grasses est pourtant limpide: «Les reportages sur l'événement princier donnent une image plutôt obséquieuse de la Belgique. Le sens critique serait-il soluble aux marches du palais?» Ainsi, est passée aux oubliettes l'enquête fort détaillée, principalement consacrée à la RTBF, de Dorothée Klein qui tentait de démontrer que la Mathildemania audiovisuelle pouvait se comparer à une «politique de la pensée, pardon, de l'image unique».
Le 6 décembre
Le 6 décembre 1999, beaucoup de quotidiens mentionnent que la foule annoncée n'était pas au rendez-vous. Dans son éditorial publié en première page du «Soir», Guy Duplat parle même de «couac». Rien de tout ceci ne figure dans la revue de presse de la RTBF réalisée par Michel Lagase.
Le journaliste de la RTBF reprend pourtant l'extrait suivant de l'éditorial de Fabrice Jacquemart, le rédacteur en chef du «Matin» (ex-administrateur de la RTBF) : «Ce mariage n'est pas un des événements du siècle. Sauf sur un point, la surexploitation qui en a été faite.»
L'auditeur de la RTBF qui s'interrogera sur le type de surexploitation dont il est question dans cet article... devra acheter Le Matin. Ainsi, il découvrira quelques fleurons qui n'ont pas franchi le seuil de la sélection de la revue de la presse de la RTBF : «On a trituré la hiérarchie des informations pour inculquer quelques idées et en camoufler d'autres... Le Palais a, c'est de bonne guerre, utilisé l'événement pour affermir la position de la couronne dans la société... On a franchement quitté, cette fois, les rives du journalisme (on sélectionne ce qu'on juge important) pour celle du marketing (on ne sélectionne l'information que si elle est susceptible de plaire)... Et tout ça donne en passant une intéressante idée de l'estime dans laquelle est tenue le citoyen.»