Albert Ier à l'origine de la question royale de 1940-1950
Histoire de la monarchie belge
Neveu de Léopold II, Albert Ier, à la faveur de la Première Guerre mondiale, fait opérer à la monarchie une remontée fantastique en prestige moral et pouvoir. Henri Pirenne écrira dans l'Encyclopédie française que ''L'autorité morale du souverain lui permet d'user plus largement que ses prédécesseurs de ses pouvoirs constitutionnels'' 1. En vingt ans de règne, Albert Ier se permet de démissionner deux Premiers Ministres, autant que ses deux prédécesseurs. La lecture de ses Carnets de guerre (1914-1918) (édité par Marie-Rose Thielemans, Duculot, Gembloux, 1991), révèle que c'est lui qui gouverne. Luc Schepens, important historien flamand, va jusqu'à écrire d'Albert Ier, confirmant en un sens les propos de Pirenne : "Les deux grandes victimes de la guerre 14-18 en Belgique semblent être la Constitution et la démocratie parlementaire. Et cela n'alla pas sans conséquences. Pendant la suite du règne d'Albert Ier, et également sous celui de Léopold III, le roi a exercé au sein du pouvoir exécutif un rôle hors de proportion avec ce qui avait été de coutume avant la Première Guerre mondiale (...) Ce n'est qu'après que cette situation s'est normalisée. 2 Le point de vue du roi, tel qu'il apparaît nettement dans ses carnets de guerre, c'est qu'il tente de se distinguer sans cesse de la cause des Alliés et considère que la Belgique fait la guerre par respect des Traités européens garantissant la Belgique neutre, non pour elle-même en quelque sorte ni par patriotisme, un sentiment qu'Albert Ier n'éprouvait guère. Dans un autre contexte, Léopold III accentuera encore cette vision des choses, d'où la capitulation de mai 1940 3 à la Bataille de la Lys
- 1. Tome VI, Paris, 1933, n° 10, 68, p. 12.
- 2. Luc Schepens, Léopold III et le gouvernement Broqueville, Duculot, Gembloux, 1983, p.230.
- 3. Leopold III of Belgium