2. Implications politiques d'une approche globale de la culture en Wallonie (*)
1. Vivre ensemble sur un espace commun : d'une communauté de destin à une communauté de dessein
La Wallonie est caractérisée par une communauté de destin qui découle d'une certaine homogénéité d'ordre historique, culturelle, géographique et socio-économique ; elle confère à la population une nécessité de cohésion dans la poursuite d'objectifs et d'intérêts communs.
Avec le Congrès permanent des pouvoirs régionaux d'Europe (Conseil de l'Europe), nous affirmons que la réalité régionale comprend nécessairement trois espaces, trois champs à la fois indispensables, complémentaires et indissociables : le politique, l'économique et le culturel. Elle exige une action aux trois niveaux.
Aux compétences actuellement dévolues aux pouvoirs régionaux, il est indispensable d'ajouter la maîtrise de la politique de la culture.
Vouloir agir sur la culture, c'est notamment rechercher à relier des passés partiellement communs et des présents non partagés ; c'est le projet d'assumer en commun des histoires qui nous ont à la fois réunis et séparés, à partir desquelles nous dessinons des lendemains souhaitables et possibles.
L'enjeu culturel pour la Wallonie est notamment d'assurer ce passage d'une communauté de destin à une communauté de dessein, ouverte sur l'Europe et le monde, nouant avec les autres régions d'Europe et du monde des relations aussi fréquentes et intenses que possible, effaçant autant que faire se peut les divisions pour mieux donner libre cours à la diversité. Il s'agit aussi de faire en sorte que notre Région soit une de celles où les hommes et les femmes développent de manière optimale leur capacité de création (artistique, scientifique, entrepreneuriale) et trouvent du sens et de la saveur à la responsabilité citoyenne.
Cette question de l'identité - comme celle du lien social et d'une certaine cohésion par rapport justement à ce dessein dont nous avons à débattre - est centrale.
2. Quelle culture ?
« La culture n'est pas un territoire à conquérir [...] ou un domaine qu'il convient encore de démocratiser, mais elle est devenue une démocratie à mettre en marche » (UNESCO, Conférence intergouvernementale sur les politiques culturelles en Europe, Helsinki, 1972)
La culture exige une approche large : « dans son sens le plus large, la culture peut aujourd'hui être considérée comme l'ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l'être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances. [...] C'est elle qui fait de nous des êtres spécifiquement humains, rationnels, critiques et éthiquement engagés. C'est par elle que nous discernons des valeurs et effectuons des choix. C'est par elle que l'homme s'exprime, [...] recherche inlassablement de nouvelles significations et crée des œuvres qui le transcendent. » (Déclaration de Mexico sur les politiques culturelles, UNESCO, 1982). Cette définition, adoptée par la Communauté française, apparaît néanmoins aujourd'hui comme insuffisante et partiellement dépassée pour diverses raisons.
D'abord, elle ne dit rien sur le rôle de l'économie dans la culture ni sur les rapports des cultures entre elles et sur la pluralité des cultures dans les sociétés contemporaines.
Ensuite, elle néglige les questions de transmission et certains aspects partiellement négatifs comme la fonction de reproduction et les diverses formes d'instrumentalisation ou de marchandisation de la culture.
On voit que ce n'est qu'une approche partielle des questions de culture que le ministère de la Communauté française a pris en charge dans notre système où la scission des compétences fait office de définition de politique.
En outre, la culture se situe sur une trajectoire individuelle et collective puisqu'elle relève à la fois d'un héritage et d'une construction : la société contemporaine nous confronte aujourd'hui à la nécessité de construire notre culture en raison des recompositions sociales, économiques, culturelles et politiques auxquelles la société nous contraint. Plus largement encore, la culture participe réellement au travers d'un processus d'expressivité vivante et évolutive, au projet collectif du renouveau wallon global et du « vivre ensemble » en Wallonie.
Le développement d'une politique n'est donc pas simple : il s'agit de traiter de questions culturelles spécifiques tout en les articulant à une approche globale. Il s'agira notamment de développer les fonctions que devraient assurer les politiques culturelles publiques :
- Participer à la construction des identités individuelles et collectives ;
- Contribuer à l'élargissement de la démocratie ;
- Faciliter l'accès à la culture ;
- Reconnaître et soutenir les initiatives culturelles de citoyens, d'artistes, de professions et d'institutions et par là participer à leur légitimation ;
- Intégrer la culture dans les politiques de développement territorial ;
- Contribuer à la constitution des différents champs de la culture, garants de l'autonomie des différents secteurs qui la composent ;
- Garantir la formation aux métiers de la culture ;
- Permettre aux générations futures de disposer d'un patrimoine entretenu et enrichi ;
- Limiter les facteurs d'incertitude liés à la fragilisation de certains secteurs comme les langues, certaines formes de culture, les statuts professionnels et certains biens culturels.
Nous considérons que le registre de l'imaginaire et du symbolique n'englobe pas toutes les dimensions culturelles. Dès lors, dans le présent cadre, nous entendons au moins 6 acceptions du terme « culture » :
- la culture artistique,
- l'héritage linguistique, parmi lesquels le français, l'allemand et les langues endogènes (wallons, francique, picard, ...),
- les diverses formes d'expression, de création et d'innovation,
- la culture identitaire ou le sentiment d'appartenance et le lien social,
- la culture citoyenne en lien étroit avec la précédente,
- la culture technique et scientifique à laquelle on associe souvent la dimension recherche.
Cette conception conduit à une notion de transversalité et questionne les limites et champs de l'action culturelle.
C'est pourquoi, au départ d'une approche réellement anthropologique de la culture, nous voulons préciser qu'à nos yeux l'action culturelle se décline par la prise en compte de 3 champs :
- Le champ « restreint » correspond à la promotion et la diffusion artistiques, à la conservation et au développement du patrimoine culturel, aux pratiques de diffusion, plus globalement aux pratiques de la démocratisation de la culture.
- Le champ « large » correspond à la démocratie culturelle dans lequel un rôle central est donné à l'animation et à la participation, au renforcement de l'identité, de l'expression et de la créativité, à la reconnaissance de la pluralité des cultures, à l'interculturel. Il met en avant la culture du citoyen, englobe la vie associative en tant qu'espace public, de lieu d'exercice de la citoyenneté et cette forme d'éducation permanente que constituent l'action de ces associations et la dynamique sociale qu'elle permet.
- Le champ « ouvert » est caractérisé par la prise en compte des rapports étroits entre la culture et les autres composantes du développement : l'éducation scolaire et la formation, l'économie, l'action sociale, la communication de masse et les techniques d'information, l'environnement et le cadre de vie, le tourisme, ...
On ne peut évidemment ignorer ici la prise en compte du phénomène de la culture comme produit de consommation de masse ainsi que l'importance des industries culturelles - qualifiées aussi d'industries de l'imaginaire - et des industries de la connaissance.
3. Culture, région et développement
Au cœur du débat qui porte sur le rapport culture et développement, il y a la crainte d'une instrumentalisation étroite du culturel par l'économique, le politique ou le social. Le risque est réel : nous ne l'ignorons pas.
Mais par ailleurs, nous savons que toute production culturelle est liée à un état de développement de l'économie, et toute économie a des implications culturelles souvent inaperçues. Le même raisonnement peut être tenu pour le politique et le social.
Pour nous, la reconnaissance des interactions et de l'interdépendance des champs ne signifie nullement le refus ou la négation d'un nécessaire espace d'autonomie de la culture et de l'action culturelle. Au contraire, nous pensons qu'il faut une administration forte et autonome. Car les questions culturelles sont spécifiques mais se trouvent au cœur des questions de société : elles doivent avoir un traitement spécifique dans une administration spécifique et forte.
Mais, simultanément, elles doivent être articulées à un projet de développement qui est de la compétence régionale. Comme les économistes aiment à le souligner, nous considérons que certaines compétences sont indispensables à la mise en œuvre du développement sur un territoire : outre la culture et l'enseignement, il s'agit de la recherche, de tous les domaines liés à la qualité de la vie, de ce qui concerne la démocratie, la pratique citoyenne et la participation qui sont conditions de le dynamique sociale et de la créativité ainsi que bien évidemment l'économie et les infrastructures. Pas de développement sans culture, sans démocratie et participation. L'identité - entendez identité plurielle, offensive et projective - ne peut être abstraite d'un devenir collectif qui est de plus en plus fondé sur les Régions, sur l'Europe et le monde. Elle ne se construit aucunement contre ou en dehors de la solidarité interpersonnelle des travailleurs, transversale aux trois régions de l'Etat belge, ou de celle à construire en Europe.
C'est dans la ligne de cette double logique (autonomie du champ culturel et cependant articulation avec un projet de développement) et dans le cadre de cette approche transversale que nous revendiquons pour la Wallonie la pleine possession des compétences culturelles
4. La pleine possession des compétences culturelles
4.1. Brève analyse critique de l'approche communautaire de la gestion de la culture
C'est la Communauté française de Belgique qui a eu pour effets le recouvrement progressif de l'identité culturelle par le concept d'appartenance linguistique française, l'identification de l'espace d'appartenance à la francophonie, ainsi que sa réduction au sens étroit lié aux domaines artistiques et « personnalisables ». C'est à la fois totalisant et réducteur.
Si la culture de Wallonie ne s'est pas imposée dans la vie culturelle, c'est à cause de la Communauté française. Diverses anomalies peuvent être relevées dans le fonctionnement de la Communauté française qui expliquent ce phénomène.
Par exemple, dans les décrets budgétaires, elle a supprimé subrepticement les subdivisions instaurées lors de la communautarisation (accords Persoons-Dehousse) qui visaient à identifier et à mesurer la répartition des moyens et des flux financiers entre la Wallonie et Bruxelles mais aussi à permettre des politiques différenciées en fonction des spécificités régionales. On a supprimé ainsi un moyen d'évaluation, la possibilité de faire la clarté dans le rapport Wallonie-Bruxelles, et on nie les différences. Ainsi par exemple, la seule étude d'un centre indépendant existant (étude à paraître) portant sur des milliers de contrats d'artistes montre que le nombre de diffusions artistiques sur Bruxelles est quasiment une fois et demi plus important que sur la Wallonie toute entière.
En outre, cette approche ne tient aucun compte du fait qu'une part très importante du financement des politiques culturelles impulsées par la Communauté est, en réalité, portée par la Région via ses interventions dans les politiques d'emploi (APE). Dans certains secteurs, le financement régional est même supérieur à celui de la Communauté française de Belgique, sans pouvoir - paradoxalement - débattre des orientations.
La culture wallonne d'aujourd'hui, telle que formulée par les Manifestes de 1983 et 2003, a réussi de haute lutte à se faire une place dans la vie culturelle, mais elle n'en demeure pas moins une culture dominée, tout en étant, d'une certaine manière, dominante au sein de la population wallonne.
Ce statut de dominé est inscrit dans les mécanismes mêmes des diverses commissions existant dans le cadre de la Communauté française. Ces commissions instituées dans de nombreux domaines tels que le cinéma, la littérature, le théâtre, la musique, etc ... sont consultatives ; elles impulsent une politique de la culture au Ministre en charge de la Culture, qui s'aligne toujours sur les avis des commissions ; le contraire est très rare. Ces commissions sont composées de personnes nommées par le Ministre et se réunissent à Bruxelles. Ces institutions confient des subsides aux théâtres, aux réalisateurs de films, aux écrivains, etc ... ; elles encouragent la création par l'octroi de bourses, par l'envoi d'œuvres à l'étranger.
La composition des commissions d'avis qui orientent les décisions ministérielles sont à pointer : elles sont constituées à partir de critères qui tiennent d'une certaine interprétation de la loi du pacte culturel (17 juillet 1973) mais sans prendre en considération les équilibres régionaux et le respect des rapports de proportionnalité, nécessaires entre Bruxelles et la Wallonie.
On peut également relever le management bruxellocentré d'instances qui sont pourtant destinées au développement de la culture et des industries culturelles en Wallonie (les agences Wallonie-Bruxelles Images et Wallonie-Bruxelles Musiques, etc ...).
On pourrait multiplier les exemples d'anomalies et de déséquilibres.
4.2. Une refonte de la logique institutionnelle et organisationnelle
Répondre aux défis de la démocratie, du redéploiement et du développement culturel implique donc non seulement un transfert des budgets et des administrations, du niveau communautaire au niveau régional, mais également une refonte de leur logique institutionnelle et organisationnelle.
Outre le fait que le devenir collectif, qui est de plus en plus fondé sur les Régions, l'Europe et le monde, est masqué par l'institution communautaire, la parcellisation et la dissémination des compétences accroissent la difficulté, pour tous les acteurs, de tracer un cheminement cohérent de la citoyenneté individuelle à la démocratie participative. La multiplication et le cloisonnement des mécanismes de décision nuisent à la nécessaire convergence des politiques menées tant pour une approche globale et transversale des questions de développement que pour la satisfaction des besoins et droits politiques, sociaux, économiques et culturels des citoyens.
Il est par exemple pour le moins paradoxal que l'éducation permanente, qui a pour mission de développer chez tous les citoyens une attitude de participation critique, soit une compétence exclusive des Communautés (au sens des institutions politiques). Comment sortir de l'impasse ? Quel rôle la culture doit-elle jouer dans la construction de la citoyenneté en Wallonie ? Comment rétablir l'alliance entre l'individu, la société et le politique, entre l'intérêt individuel, les intérêts collectifs et l'intérêt général sans les compétences en matière de culture et d'éducation ?
L'administration de gestion et l'administration de mission à mettre en place devraient donc intégrer la double logique précitée (autonomie et articulation avec le développement).
Nous insistons sur l'administration de mission car nous pensons qu'à côté du mode de gouvernance basé sur la subsidiarité tournée vers le secteur des ASBL, il y a nécessité de développer un logique d'initiative publique dynamique et une pratique plus pointue de délégation de missions de service public à des institutions adéquates.
Elle devrait également mettre en place une approche transversale et une approche territoriale des politiques et de l'action culturelle et dépasser les seules approches sectorielles, cloisonnées et déterritorialisées : par exemple, entre les associations socioculturelles (actuellement subsidiées par la Communauté française) et celles subsidiées dans le cadre des politiques sociales ou environnementales de la Région wallonne, ou encore entre les agents de développement et les éco-conseillers, les exemples abondent dans nombre de secteurs.
La régionalisation doit être amorcée à brève échéance, dès la mise en place des prochains Parlement et Gouvernement wallons - avec les inéluctables discussions institutionnelles -, régionalisation portant immédiatement sur les compétences d'éducation permanente et des divers instruments d'intervention culturelle qui s'organisent selon une approche territoriale, visent au développement culturel des entités territoriales considérées et à la participation de tous les citoyens : citons pêle-mêle les centres culturels, les organisations d'éducation permanente mais aussi les télévisons locales, les bibliothèques et médiathèques, les centres d'art contemporain, les centres dramatiques, etc ...
5. Culture et économie
Nous l'avons dit, toute production culturelle est liée à un contexte économique, et toute économie a des implications culturelles trop souvent inaperçues. Le renouveau wallon ne pourra pas réellement prendre son essor sans s'appuyer sur l'interrelation étroite entre ces deux sphères d'activité.
On sait par exemple qu'il y a corrélation entre régions dynamiques et développement culturel : culture et développement régional vont souvent de pair. Les grandes reconversions réussies ont initialement investi beaucoup dans la culture (Gênes, Manchester, Bilbao, Johensuu en Finlande, Barcelone, «Cultures communes» 22 communes du Nord-Pas-de-Calais, ... : les exemples sont nombreux).
La question des interactions entre économie et culture peut se résumer ainsi : la culture comme outil de développement en ce compris de l'économie, telle que la culture ou, mieux, les cultures peuvent l'inspirer et la stimuler. Inversement, quelle économie pour un développement culturel démocratique et citoyen.
5.1. La culture comme secteur de l'économie
On sait aujourd'hui que la culture ce n'est pas « ce qui coûte », par opposition au sous-entendu « l'économie est ce qui crée de la richesse », mais est à la fois une finalité en soi, une condition de la dynamique sociale et un facteur de production économique particulièrement puissant sans lequel aucune économie performante au service de tous n'est possible, sans oublier son rôle dans des domaines comme la qualité de la vie ou le développement durable dans un monde fini.
Elle constitue un secteur important de l'économie privée et aussi de l'économie sociale. Plusieurs indicateurs mettent en évidence l'importance économique de la culture : pourcentage croissant des biens et services culturels dans le PIB des pays riches, premier poste des exportations américaines, secteur pourvoyeur d'un grand nombre d'emplois ... Il n'est pas inutile de rappeler les derniers chiffres connus de l'Union Européenne (pour l'Europe des 15) : la culture, c'est trois fois l'automobile (qui représente 300 milliards d'euros), un emploi en croissance constante (plus ou moins 12% l'an alors que dans l'automobile l'emploi décroît d'environ 7% par an et ce avant la crise de 2008).
A cela il faut ajouter l'emploi culturel proprement dit, les productions culturelles, les industries culturelles ainsi que les secteurs connexes comme le tourisme culturel ...
Relevons cependant qu'aujourd'hui le financement souvent coûteux de la création et de la culture passe par des montages qui s'alimentent aux sources les plus diverses. Toute production d'un film de qualité aujourd'hui en appelle aux subventions publiques, au soutien des chaînes de télévision, à l'investissement privé, à des formes de sponsoring. C'est typiquement d'une économie mixte qu'il s'agit. Par ailleurs, il faut bien voir que, dans les dernières décennies, le statut de la production culturelle a beaucoup évolué. Celle-ci occupe désormais des secteurs entiers de ce que l'on appelle l'économie sociale.
Le transfert à la Région wallonne des compétences qui touchent aux domaines des industries culturelles et des industries de la connaissance est évidemment indispensable (notamment : cinéma, audiovisuel, multimedia et moteurs de recherche, édition littéraire et scientifique, ...). Il y a également lieu de mettre en place une société wallonne d'initiative publique chargée du développement des entreprises culturelles.
5.2. La culture « facteur économique »
Plusieurs économistes relèvent que l'économie de production fait de plus en plus place dans nos pays à une économie d'invention. Aujourd'hui, l'économie et la culture reposent de plus en plus sur des pratiques intellectuelles et technologiques semblables si bien que leur collaboration prend d'elle-même une allure interdisciplinaire. L'une comme l'autre se rencontrent sur l'importance de la communication et de son informatisation, sur le rôle croissant de tout ce qui est image, sur une certaine conception de la créativité et de l'incessante nécessité du changement.
La culture est un facteur de production en ce sens qu'elle est un facteur de cohésion sociale et qu'elle constitue un système structurant manières de penser, de sentir et d'agir plus ou moins communes à une population. C'est ce qui, de manière à la fois objective et symbolique, permet d'affirmer le « nous », de constituer une collectivité. En ce sens, l'action culturelle dépasse certains affrontements stériles par des actions qui légitiment les valeurs et les modèles d'intégration et d'émancipation potentiellement porteurs de solidarité.
La culture est aussi facteur de production en tant que vecteur identitaire : elle peut fonder une image interne mobilisatrice et donc approfondir le sentiment d'appartenance. Une dynamique culturelle forte possède un caractère emblématique à effet interne à la région concernée. Elle est ainsi facteur de projection et de mobilisation collective.
La fonction emblématique externe et attractive est évidemment importante également : donner une image de marque à l'extérieur. La culture constitue également un support complémentaire d'attraction pour les investissements, arrêter l'exode, développer le tourisme culturel. La culture vient en deuxième position pour le choix d'implantation des entreprises
Conclusion
Nous revendiquons la fin des compétences culturelles de la Communauté française, et leur transfert aux pouvoirs régionaux ; c'est dans le cadre exclusif des compétences régionales que l'ensemble de la culture, sous ses diverses et multiples acceptions, doit être assumé, promu et géré, en respectant bien évidemment, - au sein même de ce cadre régional (wallon, d'une part, bruxellois, de l'autre) - la nécessaire distinction entre les champs d'autonomie pure, d'une part, et les champs de synergie, d'autre part, ressortant du domaine global de la culture.
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