Les Régions de France, en retard sur leur image
En relisant l'article de Bernadette Arnaud centré sur les Régions de France comparées à la Wallonie en termes de PIB/habitant, on s'est aperçu qu'en rigueur de termes la Wallonie devrait être (les chiffres pour 1998 qui nous semblent les seuls fiables et nous avons dit pourquoi), être située au 9e rang et non au 8e (sur 23 régions + la Wallonie elle-même). Merci à Joseph Bodart qui nous a signalé cette petite erreur qui ne modifie pas fondamentalement la constatation selon laquelle on est en présence du phénomène La Wallonie en avance sur son image, idée sur laquelle tout un numéro de TOUDI s'est bâti. Ce numéro a connu à nouveau un vrai succès de librairie soit 1574 ventes dans les kiosques auxquelles s'ajoutent 200 ventes au numéro (par nos soins), et nos 600 abonnés soit 2374 numéros achetés et selon la manière de compter habituelle en ce domaine, un lectorat de deux à trois fois ces 2374 exemplaires achetés soit entre 4500 et 7000 lecteurs, ce qui est énorme étant donné l'aridité du sujet.
Si la Wallonie est en avance sur son image, les Régions de France sont en retard sur leur image. Mais revenons un instant au classement reproduit le mois passé.
Des chiffres encore meilleurs, l'absence d'une métropole
Le PIB/habitant est une manière de situer non pas les revenus des habitants d'une Région ou d'un pays, mais son potentiel économique et humain. À cet égard, les chiffres fondés sur le seul territoire wallon doivent être, à coup sûr, encore augmentés. Parce que nombre d'entreprises de toutes sortes, les administrations, les médias, les écoles, les navetteurs wallons (20% de la population active à Bruxelles), ne pourraient y survivre sans la Wallonie. Il ne faut pas oublier en effet que la prédominance du français à Bruxelles donne à cette région centrale un maximum de possibilités de développement et d'emplois axés sur la Wallonie. Il ne faudrait pas oublier non plus que de très nombreuses sièges sociaux d'entreprises wallonnes importantes sont également installées à Bruxelles ce qui minimise de toute façon les résultats wallons.
De ce point de vue, la Wallonie - nous l'avions déjà fait remarquer dans le numéro de TOUDI de février 1999 déjà consacré (au sens figuré) à une «Wallonie en avance sur son image » - pâtit d'une situation qui détériore en quelque sorte artificiellement les chiffres de ses performances. En effet, lorsqu'on la compare à bien d'autres régions d'Europe, la Wallonie - malgré Liège et Charleroi qui n'atteignent pas la dimension de Lille, Lyon ou Marseille - n'a pas une véritable métropole sur son territoire proprement dit. Mais elle permet (de même que la Flandre évidemment qui elle-même « possède » Anvers), à Bruxelles d'exister. Or la Flandre (avec Anvers), le Nord-Pas-de-Calais (avec Lille), la région Rhône-Alpes (avec Lyon), la région Provence-Alpe-Côte d'Azur (avec Marseille), l'Alsace (avec Strasbourg), sont dans la situation d'être polarisées et donc aussi dynamisées par des métropoles importantes. De même que la Catalogne (Barcelone et ses 3 millions d'habitants), la Bavière (Munich et ses 1,2 millions d'habitants), ou la Rhénanie Westphalie (avec Cologne et son million d'habitants). Certaines de ces régions comme les grandes Régions allemandes que nous venons d'évoquer développent une haute image d'elle-même, soit liées à la prospérité allemande et sa réputation en général (Rhénanie), soit par fierté particulariste de notoriété universelle (la Bavière), soit parce qu'elle est la région dominante (comme la Catalogne en Espagne). Il est évident que la Wallonie marquée par tout un discours sur le déclin qui se voulait mobilisateur au départ ne bénéficie pas de ce regard positif sur elle-même. On ajoutera même que la ville censée la polariser et la valoriser, Bruxelles, parce qu'elle est elle-même francophone et doit une part immense de son rayonnement à la Wallonie, ne joue pas ce rôle. Et au contraire, Bruxelles tend à minimiser sans cesse la Wallonie, même si cette tendance s'est heureusement nuancée ces derniers temps. Bruxelles en effet, ne peut pas s'inscrire aussi naturellement dans le projet national ou régional wallon que Barcelone dans le projet catalan ou Lille dans le projet du Nord-Pas-de-Calais.
On pourrait en dire autant des villes plus petites des Régions françaises qu'elles polarisent comme Dijon et la Bourgogne, Rennes et la Bretagne, Montpellier et le Languedoc qui sont des villes de l'importance de Liège n'ayant pas dans les environs une ville plus grande leur portant en quelque sorte ombrage.
L'Institut Destrée en 1998 : vision subjective des Régions françaises et de la Wallonie
Pour les Régions de France, avec qui nous poursuivons la comparaison entamée dans le numéro précédent avec Bernadette Arnaud, les situations que nous venons de décrire ont des conséquences capitales sur la façon de se considérer. Ainsi à la question « Diriez-vous que le qualificatif «plutôt riche» s'applique bien ou mal à votre région ? », 25% des Wallons acquiescent mais en moyenne 58 % des habitants des Régions de France. À la question «Diriez-vous que le qualificatif "plutôt préservée de la pollution" s'applique bien ou mal à votre région », 33% des Wallons acquiescent contre 61% des habitants des Régions de France. À la question du dynamisme c'est 48% des Wallons contre 73% des Français. À la question du bon placement dans le développement européen c'est 40% des Wallons contre 63% des Français.1
Comme on le voit les écarts sont significatifs pour un sondage, ce que même les auteurs les plus critiques vis-à-vis de telles enquêtes consentent à considérer comme significatif. Les écarts sont respectivement de 33 points, 28 points, 25 points et 23 points. Or, rappelons-nous les tableaux du PIB/habitant des Régions de France pour 1998 (année à laquelle l'enquête dont nous parlons a été réalisée). Pour une moyenne européenne = 100, la Wallonie est à l'indice 88 c'est-à-dire très proches (et probablement fait-elle mieux compte tenu de Bruxelles), de l'Aquitaine (indice 89/100), de la Bourgogne (indice 90/100), de la Provence-Alpes-Côte d'Azur (indice 90/100), du Centre (91/100), de la Haute-Normandie (91/100), de la Champagne-Ardenne (92/100). Et elle n'est pas vraiment très distancée (compte tenu du rapport à Bruxelles, elle ne l'est sans doute pas), par Rhône-Alpes (101/100) et l'Alsace (104/100). On pourrait ajouter que, sur les chiffres de 1998, Midi-Pyrénées, la Franche-Comté, les Pays de la Loire, la Basse-Normandie, la Picardie, la Lorraine, la Bretagne, l'Auvergne, le Limousin, le Poitou-Charentes, (les indices vont de 87/100 à 80/100) et même le Nord-Pas-de-Calais et la Corse (respectivement 79/100 et 77/100), sont quasiment au même niveau que la Wallonie ou pas trop en retrait.
Une énorme bizarrerie dans cette enquête
Il y a dans cette enquête de l'Institut Destrée qui entretient l'idée, encore aujourd'hui, notamment dans les milieux réunionnistes, que les Régions de France outre cette image positive d'elles-mêmes (aspect subjectif), ont aussi une meilleure connaissance de soi (aspect objectif), qui confirme en quelque mesure les résultats subjectifs meilleurs.
À la question « Quel est le nom de la région où vous habitez ? », seuls 21% des Wallons répondent correctement contre 52% des Français.2
Mais voici cette énorme bizarrerie qui ne remet pas en cause le sérieux de l'enquête mais qui amènera à s'interroger. À la question posée sur la capitale de la région, 58 % des Français donnent une réponse correcte, certes, contre 37 % des Wallons3. Mais il ne faut pas être grand mathématicien pour voir qu'une confusion s'est ici glissée. Comment seulement 21% de Wallons peuvent-ils donner le nom exact de leur Région alors qu'ils sont 37% à donner le nom exact de sa capitale ? C'est évidemment que le mot «région » n'a pas le même sens en Wallonie qu'en France. Il faut considérer que lorsque l'on demande à un Wallon le nom de sa région, il aura tendance à dire le Borinage, Liège, Charleroi, l'Ardenne, la Gaume ou le Brabant wallon ou le Centre. Qui en dépit de leur exiguïté, rapportées à la Wallonie (ou à la Belgique), sont effectivement ce que « Bretagne », « Alsace » ou « Provence» sont à la France : des « régions ».
C'est une hypothèse, mais qui a toutes les chances de se vérifier quand on s'attache simplement au sens que les mots revêtent dans la vie quotidienne. Pour des raisons géographiques, historiques, touristiques, les mots « Bretagne », « Alsace » ou « Provence » sont indispensables même dans la conversation quotidienne la plus banale, en France mais aussi hors de France. On peut en effet s'imaginer un Wallon, un Hollandais ou un Américain dire qu'il va passer ses vacances en Bretagne ou en Provence. Mais il est difficile (sauf pour l'Ardenne) ou, du moins plus difficile, d'imaginer un Français, un Américain ou un Hollandais dire qu'il s'en va en Gaume ou au Centre voire même dans la région de Charleroi, de Liège, du Borinage ou du Brabant wallon.
On vient de voir d'ailleurs que si 21% des Wallons « ignorent » (?) que leur région est la Wallonie, 37% peuvent dire qu'elle en est la capitale (et on le comprend puisque le Borinage ou l'Ardenne n'ont pas à proprement parler de « capitale », même au sens figuré).
Mais il y a plus extraordinaire. Si seulement 32% des Français peuvent donner le nom exact du Président du Conseil régional de leur région, 40 % des Wallons étaient (en 1998) en mesure de donner le nom de leur Ministre-Président4. On peut supposer que les réponses seraient encore plus sûres aujourd'hui que la visibilité de la Wallonie s'est fortement accentuée.
Et, déjà en 1998, un résultat frappait entre tous, c'est à la question fermée de savoir comment les wallons considéraient leur « Région » :
- « Comme une communauté humaine » ? 21% de Wallons choisissaient cette réponse contre 12% de Français ;
- « Comme un lieu de débat politique » ? 17% de Wallons choisissaient cette réponse contre seulement 4% de Français.5
D'une certaine manière, même si du point de vue matériel ou quantitatif (et en un sens aussi la vision qu'on en a, si on l'envisage de manière neutre), cette enquête est justifiée par rapport à ce qu'elle compare (Régions de France et Wallonie), elle montre aussi les très claires différences.
Une comparaison avec le Nord-Pas-de-Calais
Voilà une comparaison intéressante à faire aussi, en tout cas sur le plan économique, à certains égards sociologique. Car cette Région de France a été soumise aux mêmes problèmes que la Wallonie et a un profil industriel et sociopolitique comparable. La puissance du socialisme y est à rapprocher du socialisme wallon qui a sans doute eu une influence sur cette Région de France proche. Sinon le socialisme en France est très différent de ce qu'il est chez nous ou en Allemagne ou en Angleterre. Cela a bien été montré par Bergougnoux et Grunberg qui ont montré que le le socialisme en France contrairement à celui du SPD ou du Labour Party n'est (ne fut...), pas lié à une grande organisation syndicale, ce qui est bien (a été), le cas du socialisme en Angleterre, Allemagne et chez nous. Ce qui ne veut pas dire évidemment que les idées socialistes françaises n'auraient pas eu beaucoup d'influence dans le socialisme wallon à sa naissance comme celles de Proudhon ou Blanqui.
Dans les chiffres pour 1998, pour une moyenne européenne = 100, la Wallonie est à 88 et le Nord-Pas-de-Calais (NPDC) à 79. Pour 1999 (TOUDI a cependant montré avec Bernadette Arnaud que ces chiffres sont erronés, mais prenons les quand même puisqu'on n'en pourra pas tirer de conclusions exagérées en faveur de la Wallonie), les deux régions se situent au même indice: 78.
Le taux de chômage masculin est à peu près le même (mais il faut faire cette comparaison avec prudence car les taux de chômage ne sont pas calculés de la même façon, les régimes sont différents)..
Ce qui est très frappant donc c'est que les deux Régions sont à égalité (en 1999 chiffre contestable), ou que la Wallonie fait même beaucoup mieux en 1998. Et cela, compte non tenu ici du fait tout à fait important que le potentiel économique et humain de la Wallonie ne se mesure pas sur la seule base de la Wallonie étant donné que la Wallonie est dans Bruxelles (à 30, voire 40 %). Ceci n'est évidemment pas le cas du NPDC à Paris, bien entendu, ne serait-ce que pour des raisons de distance tout à fait importantes ici. Et de proportions.
Il y a donc égalité des performances économiques et cela en dépit du fait que le NPDC bénéficie d'atouts immenses dont ne bénéficie pas la Wallonie. Il y en a deux, énormes:
- les ports,
- la métropole lilloise.
Premier avantage du Nord-Pas-de-Calais sur la Wallonie : les ports
Les ports du NPDC (Dunkerque, Calais et Boulogne, port de moindre importance mais premier port de pêche français) représentent 40 % des performances des ports flamands. Cette proximité de la mer permet d'ailleurs à Usinor de garder ses chances d'avenir. Il y a à Dunkerque les activités industrielles ou économiques que l'on repère à Anvers, de même qu'à Calais.
Trafics des ports français du Nord-Pas-de-Calais comparés aux ports flamands, année 2000 (en millions de tonnes et millions de passagers)6
(TABLEAU)
79, 47 millions de tonnes de marchandises pour les 3 ports français, 194,31 pour les 3 ports flamands in Annales des Pays-Bas français qui vient de paraître (1). Parmi les vracs solides du port de Dunkerque, on a en tête les minerais pour la sidérurgie (13,8 millions de t), le charbon (7,5 millions de t) et les céréales. Les vracs liquides ce sont les pétroles et ses dérivés. Le port de Calais est le port du continent le plus proche de l'Angleterre et ses tonnages sont surtout des voitures, camions et leur cargaison. Boulogne, malgré sa modestie est le premier port de pêche en France, Dunkerque est le troisième port français après Le Havre et Marseille. L'industrie portuaire de Dunkerque est une des plus importantes zones industrielles de France avec 20.000 personnes occupées (acier, pétrochimie, agro-industrie...). La SNCB est présente à Dunkerque sous le nom d'une filiale « Inter Ferry Boats » et cette filiale est coactionnaire du terminal gazier de Zeebrugge et du terminal mer du Nord d'Anvers. Il y a une liaison directe du port à la voie ferrée et cette liaison est connectée au réseau ferroviaire de tous les ports hollandais et flamands. Le fret ferroviaire destiné à l'arrière-pays est collecté dans le hub ferroviaire de Muizen près de Malines en Flandre. Un «hub ferroviaire » est un centre de convergence de diverses lignes ferroviaires et maritimes et de groupages de cargaisons vers d'autres destinations. Dunkerque est donc bien intégré dans le « Delta d'or » regroupant (Hollande, Flandre, Wallonie, Rhin, Nord de la France), la « région » (au sens géographique) sans doute la plus riche d'Europe.7
Deuxième avantage : la métropole lilloise
Certes Lille n'a pas l'importance de Bruxelles comme concentration de services divers en raison de son rôle de capitale de la Belgique, mais c'est une population semblable (1,2 million d'habitants : il est vrai que l'agglomération de Bruxelles au sens large en compte au minimum le double), une université importante. Voici comment la Chambre de commerce et d'industrie de la métropole, présente les atouts économiques de Lille Place Financière à vocation européenne: « 100 millions d'européens, anglais, belges, néerlandais et français se trouvent à moins de 200 kilomètres de Lille. Lille, Eurocité, est la capitale d'une région comparable au Danemark par sa taille, sa population (4 millions d'habitants) et son poids économique. Lille est située au coeur de réalisations qui font l'Europe : le Tunnel sous la Manche, le Train à Grande Vitesse Nord Européen, le Centre International d'Affaires... Dans la Région, plus de 400 entreprises se sont ouvertes aux capitaux étrangers. Lille Place Financière est la volonté de traduire dans le domaine financier l'ambition d'une capitale régionale à vocation européenne. Lille Place Financière offre la diversité de services de 150 établissements de crédit. 0n y compte une soixantaine de banques disposant toutes d'une large autonomie. Des institutions financières spécialisées également dans l'ingénierie financière, le crédit d'équipement et le crédit à la consommation complètent ce dispositif fortement concurrentiel. Le financement des ventes à distance s'est particulièrement développé. Un pôle boursier en liaison avec toutes les grandes Bourses européennes et même mondiales. Lille Place Financière compte aussi 4 sièges sociaux de compagnies d'assurance et des sociétés de courtage de dimension nationale, qui en font le second centre d'assurance de France. »
On aura remarqué cette comparaison avec le Danemark, signe des ambitions régionales. Les textes sur la Wallonie sont quand même plus modestes alors qu'ils ne devraient pas l'être... Signalons que le port de Dunkerque investit de plus en plus dans les activités industrielles ou dans la logistique commerciale (25 millions d'EURO en 2000, 48 en 2001). Plusieurs sociétés ont pris possessions des sites adéquats pour la distribution en Angleterre des appareils ménagers, des jouets et le projet d'une plate-forme multimodale de 262 ha se concrétise à Lille.
La Wallonie ne bénéficie pas de ces deux atouts
Il faut toujours souligner face à cela que la Wallonie comme Région, souffre de deux handicaps ou deux non-chances par rapport à la Flandre ou au NPDC, c'est que:
- a) elle n'a pas d'accès à la mer
- b) elle n'a pas une très grande ville sur son territoire (sauf Liège qui est moins importante que Lille: 600.000 habitants pour l'agglomération) .
Mais, malgré cela, les performances de la Wallonie dépassent très largement celles du Nord-Pas-de-Calais qui a, avec ses 3,9 millions d'habitants, une histoire économique assez comparable à la Wallonie et a dû faire face aux mêmes défis que nous. Et moins bien que la Wallonie.
Ce que l'on doit souligner en disant cela, n'est pas que la France serait un pays détestable dont la Wallonie n'aurait rien à attendre. Mais qu'il ne faut pas se laisser prendre aux mirages français. La France est un grand pays, la 4e puissance économique mondiale etc. De sorte que tout ce qui est français nous impressionne et que spontanément nous nous disons que cela ne peut jamais être que meilleur que chez nous.
Mais cela procède d'une illusion ou d'une faute logique. Les performances d'ensemble de la France ne sont pas à projeter sur les parties de France (les Régions, il est logique de faire les comparaisons), qui peuvent être comparées à la Wallonie.
Quand on descend sur le terrain, on s'aperçoit que dans des conditions semblables, face aux mêmes défis, les Français ne font pas mieux que nous, voire, moins bien. Et qu'en tout cas, des différences profondes ne se marquent pas. Au contraire même, la situation économique de la Wallonie est meilleure, alors que le Nord-Pas-de-Calais, par rapport à la Wallonie, dispose des deux avantages dont la Flandre a su bien jouer en partie indépendamment de sa situation de force dans l'État belge. Comme la Flandre, mais avec moins d'habitants que la Flandre, le Nord-Pas-de-Calais bénéficie de l'accès à la mer (les ports, les zones portuaires, la sidérurgie maritime). Comme la Flandre, le Nord-Pas-de-Calais a le privilège d'avoir sur son propre territoire une ville importante, plus importante que Liège et plus importante qu'Anvers.
Le problème wallon est dans la tête des Wallons, dans leur propension à se dévaloriser eux-mêmes en raison des mutations douloureuses que les évolutions économiques leur ont imposées depuis un siècle. La Wallonie est passée du rang de deuxième puissance industrielle mondiale à un rang évidemment plus modeste. Elle doit en faire son deuil et mesurer ses atouts, non en regard de ce passé exceptionnel, mais des performances qui sont les siennes aujourd'hui et qui lui permettent manifestement d'être ce qu'elle commence à être pour la première fois : un vrai pays. Ce n'est pas rien. La République, c'est s'estimer. Quand nous serons vraiment libres et souverains, nous ne nous retournerons plus seulement sur le passé certes glorieux.
Parce que nous aurons conquis sur le plan moral et politique un avenir supérieur au présent.
- 1. Institut Destrée, Observatoire interrégional du politique (OiP), Point d'appui universitaire sur l'opinion publique et la politique (PIOP), La Wallonie et les régions françaises, Enquête 1998, p.p. 32, 34, 36, 38.
- 2. Ibidem, p. 17.
- 3. Ibidem, p. 19
- 4. Ibidem, p. 52.
- 5. Ibidem, p. 30.
- 6. Jan Blomme, Troeven en beperkingen van de Noord-Franse havens in De Franse Nederlanden, 28e année, Stichting Ons Erfdeel, 2003, pp. 9-36. L'article est rédigé également en français sous le titre Atouts et limites des ports français du Nord, comme la plupart des articles des Annales des Pays-Bas français.
- 7. Pour tout ceci voir l'article cité de Jan Blomme.