Le tournant de l’identité wallonne (2)
Le hasard fait bien les choses. Au moment où nous songions à fêter le 20e anniversaire du Manifeste pour la culture wallonne de 1983 1(ce qui a donné finalement le Manifeste pour une Wallonie maîtresse de sa culture, de son éducation et de sa recherche,) paraissait à l’Université de Gand un mémoire d’Anny Dauw intitulé De Waalse indentiteit en het integratiebeleid in Wallonië. Avec tout un important chapitre consacré à une analyse du Manifeste de 1983 justement. Nous avions commencé la publication de cette analyse dans le numéro de juin de TOUDI 2 et nous en publions ici la deuxième partie. Dans la première partie, Anny Dauw insistait sur le fait que le Manifeste pour la culture wallonne refusait toute conception essentialiste de la culture ou de l’identité. Elle faisait part également des objections des adversaires de ce texte (appelés « communautaristes ») qu’on peut ramener à deux grandes séries d’argumentations selon Anny Dauw : 1) la Wallonie n’existe pas ou du moins, il n’existe pas de culture wallonne ; 2) bien qu’ils s’en défendent, les signataires du manifeste pour la culture wallonne sont nationalistes. Nous publions ici la deuxième partie de la traduction (de TOUDI, (revue par l’auteure et avec la collaboration de Jean Bosmans). Il s’agit du chapitre du Mémoire d’Anny Dauw consacré cette fois au point de vue des régionalistes tel que l’interprète Anny Dauw. Par « ragionalistes », Anny Dauw désigne seulement ceux qui préfèrent la région à la Communauté, ou la Wallonie à la Belgique francophone.
Le discours socio-économique
Parmi les racines de l’identité wallonne on cite avec insistance un passé wallon constitué de luttes sociales lié au concept économique. Il faut chercher bien avant 1980 l’origine de l’identité wallonne affirme Georges, un journaliste.
Selon moi, le facteur de loin le plus important est que la société wallonne était une société industrielle qui était une société ouvrière. C’est une société qui est née de l’industrie d’extraction. La Wallonie c’est un concept neuf. Puisqu’il s’agissait d’une société ouvrière, cela a eu des conséquences politiques. Ainsi il y a toujours eu une forte présence des socialistes. À cela il faut ajouter la lutte des classes. Dans les années 60, une grande partie de la classe ouvrière considérait que le fédéralisme était un moyen important pour faire aboutir des réformes de structures économiques. Maintenant, la crise est là. La Wallonie se retrouve dans une position sociologiquement minoritaire. Le capital et la direction de l’industrie wallonne étaient à Bruxelles et cela rendait la crise encore plus grave. Pour ces raisons, la demande se situait au plan économique : le tout à la région. Avec l’Institut Destrée3, le professeur Quévit met l’accent sur l’économie.
Jules, un autre journaliste, rapporte de façon très émotionnelle l’importance de l’intégration de la classe ouvrière dans la formation de l’identité :
Un facteur dans la formation de l’identité est généralement oublié: la dynamique des luttes sociales et la conscience de classe qui agitaient déjà la classe ouvrière dans le courant du 19e siècle. Trop souvent ces luttes sociales sont tues. Nous ne connaissons pas cette histoire. Il faut pourtant relier à celle-ci et la vision future de la Wallonie, l’identité wallonne. Nous avons à construire une société nouvelle. On en a pris conscience dès les années 80. Le slogan d’alors était « Projet-Société-Identité ». Et c’est à cela que nous oeuvrons.
Il y a une forte inquiétude quant à l’avenir économique de la région. Le passé industriel est considéré comme une sorte de garantie pour le développement futur de la Wallonie. Un sentiment identitaire wallon est en d’autres termes un outil du développement économique de la région et un moyen pour sortir de la situation (actuelle) de crise.
L’accent est mis sur la vision d’avenir, ce qui suppose un changement dans le présent, et sur la faculté de faire des projets. On réfléchit à la possibilité de créer des emplois.
L’identité culturelle est gérée comme réponse à la crise, comme quelque chose où puiser assurance et confiance en soi. C’est lorsqu’un groupe veut atteindre collectivement un but que l’identité se confirme.
Une construction politique ?
Se situant dans le monde académique wallon, Nathalie, une des personnes interrogées, regrette qu’une partie de la population wallonne prenne ses distances par rapport au sentiment identitaire. La Wallonie ne peut pas compter sur le soutien de la classe dirigeante.
L’élite, la classe dirigeante donne l’impression de vivre à l’extérieur du Mouvement wallon. Les bâtisseurs de l’identité culturelle wallonne n’ont pu compter sur le soutien de ces personnes chez qui le sentiment national identitaire wallon est peu présent.
Par contre Adamo, un interviewé qui travaille dans le secteur de l’immigration,
estime que les « élites dirigeantes » se sentent concernées par la construction d’une identité régionale :
L’identité wallonne ? Elle « fonctionne » via des institutions telles que l’Institut Destrée et un discours. La politique wallonne s’y active sciemment et volontariste. Il existe une cellule gouvernementale qui doit créer une « identité wallonne ».
Les hommes politiques wallons bâtiraient donc consciemment l’identité wallonne. Le fait que l’identité wallonne est une construction de groupes d’intérêt, qu’il s’agit d’un processus où différents groupes d’intérêt font croire que la Région wallonne est une communauté de destin spontanée : ce n’est pas démenti par Clément, historien wallon, mais plutôt nuancé :
Le fait que l’on impute à Collignon, actuellement président du Parlement wallon, la constitution d’une « cellule identité wallonne est exacte, mais cela est grossi par les adversaires. Ce n’est pas vraiment un coup politique, il n’y avait qu’un historien à mi-temps dans son cabinet. La Région wallonne fut dès le début un point de rencontre de tous les partis politiques wallons. Certains voient dans l’option en faveur de la régionalisation de la culture un coup politique. C’est vrai, le PS soutient la région. En 1991, un congrès du PS a soutenu le point de vue des régionalistes. La Région wallonne est un concept lié à l’histoire. Dans les années 80 la région a été placée au même niveau qu’une « société ». Qui est Wallon ? L’habitant d’un territoire, de la Wallonie, donc toute personne qui y habite, également les Turcs …
La processus de formation de l’identité wallonne n’est pas en effet un processus neutre. Destatte4 exprime cela très clairement. Depuis la fin des années 80 les régionalistes ont eu l’opportunité de faire connaître leurs idées lors de quelques congrès et de consolider la construction de l’identité wallonne : en octobre 1987 s’est tenu notamment le congrès « La Wallonie au futur ».
Les 17 et 18 octobre 1987 plus de 400 leaders d’opinions avec des profils culturels, philosophiques et politiques différents se réunirent pour mettre en chantier un nouveau paradigme pour l’avenir de la Wallonie : La Wallonie au futur (…)
Le rapport général (de ce congrès, A.Dauw) écrit par Michel Quévit, adopta le titre plein de signification Wallonie, une société en projet . Cela se référait successivement au projet économique, technologique, et scientifique ainsi qu’au projet éducatif et culturel. Ce dernier point, qui occupa la place centrale dans les débats lui permit d’exiger fortement l’existence d’un programme culturel spécifique pour la Wallonie. Néanmoins ce programme devait se construire avec les autres objectifs, en particulier l’objectif économique(…)
Le Congrès La Wallonie au futur (avait) aussi comme projet de renforcer l’identité culturelle wallonne distincte d’un nationalisme étroit mais aussi d’une tendance excessive à l’uniformité (…)
Le premier Congrès La Wallonie au futur a eu un impact énorme, non seulement sur les intellectuels, les chercheurs et les professeurs mais aussi sur les hommes politiques. Depuis, tous les ministres-présidents de Wallonie (M.Watelet, B.Anselme, G.Spitaels, R. Collignon) ont défendu les idées qui ont été présentées au Congrès.
En 1991, un deuxième Congrès fut tenu à Namur. Cette fois il se tenait sous le thème « Le défi de l’éducation ». Au moment ou se tint le Congrès la Wallonie avait subi des changements profonds à cause des nouvelles réformes institutionnelles de 1988 et 1989..Avec comme conséquence que les compétences et les moyens financiers de la région wallonne avaient doublé, bien que la Wallonie n’était pas ,encore compétente pour sa propre politique culturelle ou son système d’enseignement. (Destatte 1999 : 257-259)
Ces congrès ont renforcé le sentiment régional chez beaucoup de Wallons. Mais le fait que les compétences culturelles pour la Wallonie restent dans les mains de la Communauté française est toujours vu par certains Wallons comme étant un frein pour l’expansion culturelle de leur région. Cette situation conflictuelle sera traitée dans le paragraphe suivant.
Le conflit entre la Région Wallonne et la Communauté française
L’existence de la Communauté française est critiquée par les régionalistes, remise en question, voire absolument rejetée. La déclaration suivante du journaliste Georges, nous met d’emblée dans le climat dominant de ces discussions :
La Région wallonne se distancie très clairement de la Communauté française. Van Cauwenberghe , Ministre-président de la Région wallonne, prêche le « tout à la région », donc le rejet de la Communauté française et certainement de Bruxelles ! Même les rattachistes ne savent pas ce qu’ils doivent faire de Bruxelles. Ils (les Wallons) demandent leur autonomie pour l’enseignement et la culture.Toutefois, en ce qui concerne la culture, désormais on tient plus compte de la Wallonie.
Cette position est déjà partagée par Nathalie, une interviewée du monde académique. Il y a un changement dans la politique culturelle de la Communauté française, mais avec une certaine réserve. La Wallonie est identifiée comme telle, voire même choyée.
On remarque une évolution positive. Alors que vers 1990, la Wallonie était du point de vue culturel un territoire périphérique par rapport à Bruxelles, il n’en est plus de même en 2000. La Wallonie possède beaucoup d’atouts avec certains aspects de la culture tels que le cinéma, le théâtre et elle s’en sert. Mais l’impression demeure que l’on est dominé par Bruxelles et la Communauté française. L’argent va vers Bruxelles et non par exemple vers Les Beaux-Arts de Charleroi. «Notre » richesse culturelle n’est pas reconnue. On ne tient pas compte de la Wallonie, d’un peuple concret . Mais la Wallonie existe. Et elle aspire à l’autonomie culturelle.
Il existe en Wallonie une production culturelle qui ne s’identifie plus avec la « civilisation française », mais qui tend à s’affirmer comme authentiquement wallonne. Après une longue période de latence, d’une richesse culturelle wallonne sous-jacente, on assiste maintenant à une tentative de revalorisation qui devrait aboutir à une identité wallonne. Jules (un journaliste) ne veut clairement pas que la culture wallonne reste invisible à cause d’un « gel » par la Communauté française. L’utilisation du « Je » indique une implication personnelle de l’interviewé. La Région wallonne est un territoire avec lequel il s’identifie de manière sensible.
Je plaide pour la régionalisation de la culture wallonne et pour la disparition de la Communauté française qui occulte l’identité wallonne et lui dénie son droit à l’existence. Nous désirons tous être wallons en Wallonie. Ceci ne peut être considéré comme un réflexe nationaliste wallon. Cela n’a rien à voir avec le sentiment d’exclusion qui caractérise certaines formes de nationalisme, mais c’est l’affirmation: Nous, les Wallons!
Clément (un historien wallon) hausse le ton ; il ne « plaide » plus pour la régionalisation de la politique culturelle mais il l’« exige »:
La Communauté française est liée à la langue, le français. La Communauté française doit cesser d’exister. Et cela pour deux raisons : tout d’abord en raison des subsides, d’autre part en raison de programmes tels que ceux de l’enseignement, de la culture…
Dans cette partie de mon travail, il est clair que certains Wallons veulent se percevoir avec une identité culturelle différente dans la Communauté française. Les artisans de l’identité wallonne tentent de régionaliser la culture afin d’utiliser celle-ci pour la construction d’une identité wallonne.La Région wallonne va se distinguer en tant qu’identité culturelle de la Communauté française.
La langue
Les discours qui suivent traiteront d’une part de la satisfaction de certains Wallons de parler le français, qui est une langue internationale et qui en outre donne accès à la culture française, et d’autre part du sentiment de fierté d’autres Wallons de mener une politique linguistique offensive afin de conserver et diffuser l’usage des dialectes wallons.
La langue est souvent considérée comme un facteur unificateur pour la détermination d’une identité communautaire (Blommaert et Verschueren 1992 : 22). Pour les régionalistes, la langue n’est pas un élément déterminant de la construction de l’identité wallonne.
Contrairement aux définitions des dictionnaires « La Wallonie, région linguistique de la Belgique », la Wallonie culturelle ne se laisse pas appréhender selon des critères strictement linguistiques (Rosier 1992 : 229).
Le journaliste Georges marque son accord à ce propos :
En Wallonie, la langue est moins importante pour la constitution de l’identité. L’accent est mis sur l’utilisation d’un dialecte wallon, mais il n’y a pas un dialecte homogène. Dans le Hainaut par exemple, on parle beaucoup le français.
Adamo, qui travaille dans le secteur de l’immigration, ne voit pas de solution au problème linguistique :
Il n’existe pas de consensus en Wallonie à propos de la langue. Certains Wallons rejettent le français et veulent une sorte de langue unique wallonne, mais quel wallon ? Choisir un des dialectes ? Cela ne réussira jamais ! Un wallon artificiel alors ?
Selon l’historien Clément, les régionalistes sont réticents devant un modèle tel que celui de la francité :
La francité ? Elle existe mais ne s’exprime guère. Avant (lors des congrès de la francité) on parlait des « communautés ethniques de la langue française », mais cela dérangeait la Wallonie, aujourd’hui il s’agit des « conférences des peuples de la langue française ». L’ethnicité, non, impensable.
Les régionalistes estiment significatif que la Wallonie a su conserver son caractère roman, malgré l’influence politique française. Il est important qu’une palette de dialectes soit respecté. On plaide pour une utilisation plus large des langues régionales, même à l’école.
Le wallon à l’école, c’est la redécouverte de nos racines culturelles profondes, c’est l’affirmation de notre différence dans la francité, c’est un outil pédagogique (La Wallonie au futur 1989 : 205)
L’enseignement
Selon les régionalistes l’avenir de la Wallonie dépend d’une conscience wallonne plus forte.
L’enseignement est le moyen par excellence pour offrir au citoyen un langage au moyen duquel il peut parler de lui-même. Mais cet enseignement est aux mains de la Communauté française. Selon les régionalistes, cet enseignement ne donne aucune chance aux Wallons de comprendre leur personnalité propre. C’est pour cette raison que le transfert de l’enseignement de la Communauté française à la Région wallonne est pour eux prioritaire.
Quant au contenu, c’est spécifiquement le cours d’histoire qui doit être adapté, car la représentation du passé est importante. Dans les cours d’histoire, il est actuellement beaucoup question de la « culture française » mais il n’y a aucune mention du passé wallon. Le problème culturel de la Wallonie n’est pas qu’elle serait sans culture ou sans passé culturel, mais que l’on en soit conscient (Van Dam 1996 :19). Voilà une tache primordiale pour l’enseignement.
Bâtir un pays, c’est construire son éducation (Destatte 1996 : 223)
On ne peut aimer que ce que l’on connaît. L’enseignement et plus spécifiquement les leçons d’histoire, doivent pousser à l’étude de sa propre région. La connaissance et la compréhension de la région peuvent constituer un levier pour un meilleur avenir pour la Wallonie. Le sort de la Wallonie se trouve entre les mains de l’enseignement.
Si la Wallonie reste ignorée ou mal aimée des Wallons eux-mêmes, il y a peu de chances qu’elle en vienne à se dynamiser et à devenir attractive (Pirotte 1998 :25).
Histoire et mémoire historique
Les éléments narratifs en rapport avec l’histoire et la mémoire sont plus ou moins contenus dans les autres thèmes qui furent traités ici dans les pages précédentes. C’est pour cela que ce paragraphe ne contiendra aucune citation (des interviewés) mais plutôt des considérations théoriques.
Bien que les régionalistes soient mécontents du fait que la Communauté française nie l’histoire de la Wallonie, ils ne tenteront que rarement à légitimer l’identité wallonne en la cherchant au travers d’un passé commun. D’ailleurs, rechercher les racines de l’identité wallonne dans le passé lointain d’une origine commune est une entreprise dangereuse (Pavy1999 :275).
Selon les théories de Pinxten et Verstraete les constructeurs de l’identité wallonne utilisent des marqueurs d’identité. Ceux-ci constituent un instrument dans la construction et la continuation du sentiment identitaire du Wallon. Un marqueur d’identité catégorise et fonctionne comme référence par rapport au monde extérieur et par rapport à soi-même (Pinxten et Verstraete 1998:14,34). Un exemple concret de ceci est le nom qui est donné à la collectivité. La dénomination « Région wallonne » est soumise à modification. Bien qu’elle semble importante, elle peut être remplacée ou s’affaiblir. L’essence d’un marqueur est donc d’être seulement utile temporairement d’un point de vue symbolique pour entre autres déterminer les frontières de la collectivité . Exemple de concrétisation du concept de Région :
C’est un lieu où existent certaines formes de socialisation et où il fait bon vivre(…) C’est également le lieu où le pouvoir est exercé, d’un façon déterminée par des personnes déterminées ( Pinxten et Verstraeten 1998 :34).
Les symboles font appel à l’imaginaire, à la force de conviction et à l’émotion pour donner une structure à une collectivité. Ils assurent la solidarité nécessaire et soudent la collectivité. Ainsi, en Wallonie, la composition d’un hymne wallon, le choix d’un emblème (le coq de Paulus) et l’installation du Parlement wallon à Namur - et non à Bruxelles!- sont des symboles politiques wallons visibles. L’hymne régional et l’emblème sont également le résultat de la quête des racines de l’identité wallonne dans le passé. À côté de cela, les fêtes de la Wallonie doivent prouver également la fierté du peuple. La rédaction d’une Constitution wallonne dans un futur proche devrait en être le point d’orgue (Van Cauwenberghe 1998 : 200, 201).
Le facteur territorial
Au cas où la langue et une histoire commune ne seraient pas considérées comme des ingrédients formant l’identité wallonne, l’élément rassembleur pourrait être le facteur territorial. La plupart des Wallons ne considèrent pas la Région wallonne comme un territoire monolithique mais comme un territoire constitué de sous-régions ou de terroirs qui ne sont cependant pas un obstacle au sentiment d’appartenance, un sentiment identitaire.
Nathalie, une interviewée du monde académique, donne une image positive sans réserve et décrit la mosaïque territoriale comme une richesse. Elle confirme la théorie de Pinxten et Verstraete (1998) sur les identités multiples:
Géographiquement la Wallonie est une mosaïque. Mais les Wallons s’expriment de façon positive à propos des sous-régions, des terroirs. Cela fait partie de la singularité wallonne. Chaque sous-région présente une richesse particulière. De plus les Wallons acceptent facilement une double identité : ils sont habitants de Namur et wallons, également habitants de Liège, Charleroi, Virton et wallons... Cela est rendu possible en ne parlant que d’une seule voix de la culture. Le Manifeste fut une étape essentielle pour la naissance en Wallonie d’une identité collective. De plus un lien solide entre les sentiments sous-régionalistes et identité a vu le jour au cours des dernières décennies. Pour les Wallons, culture signifie sociabilité, participation de chacun. Grâce à la culture les gens ont le sentiment « d’appartenir à». Les manifestations culturelles qui rassemblent les habitants de tous les coins de la région sont la pierre angulaire d’un véritable sentiment de cohésion.
Dans la logique régionale, la culture équivaut au bien-être du terroir. Ce qui importe, c’est que la population de l’endroit participe à la culture locale. Cela serait typiquement wallon. Il est cependant évident qu’il y a une différence entre ce que les Wallons eux-mêmes considèrent comme typiquement wallon et ce que « l’Autre » estime être wallon. Georges, le journaliste, le confirme:
L’unité wallonne ? Il s’agit là d’une réinterprétation ! Le territoire se composait de la principauté de Liège et de quelques comtés et duchés.
Le nom est utilisé pour la première fois au 19ème siècle par le poète Grandgagnage et sa signification politique lui est donnée par Mockel.
La fête de la Wallonie, une fête officielle… il y a une grande fête à Namur, mais à d’autres endroits des fêtes ont également lieu. Ces fêtes existaient déjà depuis longtemps, mais sont devenues officielles maintenant.
Pour l’autre journaliste, Jules, les fêtes de Wallonie illustrent l’unité dans la diversité:
Les fêtes de la Wallonie, c’est au pluriel. Une fête unique, célébrée en divers endroits. C’est cette diversité que j’aime. Cette diversité est signe de dynamisme.
Collignon aussi insiste sur le côté positif de cette diversité interne.
La Wallonie doit rester plurielle, avec ses spécificités. Surtout pas de nationalisme. (Destatte 1995a :18)
Pas de nationalisme
Collignon en fait déjà mention : les régionalistes wallons rejettent le nationalisme. Ils se sentent plus proches du modèle français de nation et des idées de Renan (voir la première partie de l’article d’Anny Dauw in TOUDI, juin 2003, p. 28). Spitaels, par exemple, a explicité son rejet du nationalisme en renvoyant à la pensée de Renan. Comme Renan, Spitaels estime que
L’identité nationale ne se fonde pas sur une langue et certainement pas sur une appartenance ethnique, mais bien sur une manière et une volonté de vivre ensemble. Il n’y a, chez nous, en Wallonie aucun nationalisme si ce terme suppose une agressivité envers un autre groupe ethnique ou linguistique. (Destatte 1995 a :16).
Il n’y a donc pas d’exclusivisme en Wallonie. Ceci apparaît dans l’argumentation des communautaristes : relier la construction de l’identité wallonne avec le nationalisme est impossible selon les régionalistes. Destatte a une attitude militante dans son rejet du nationalisme
Ce que veulent le gouvernement et le Parlement wallon est la création d’une nation wallonne sans nationalisme. La classe politique wallonne tente de construire une identité wallonne qui aurait uniquement des caractéristiques civiques, d’une identité nationale (Deprez en Vos 1999:24)
<Clément, l’historien, plaide avec insistance pour un rejet du nationalisme:
Ethnie et nationalisme sont des mots suspects pour celui qui est soucieux de la construction de l’identité wallonne. Il y a un rejet manifeste du nationalisme. Le nationalisme est connoté de façon péjorative et est d’emblée rejeté. L’identité wallonne est incompatible avec toute tentative de construction nationaliste.
Selon Destatte, une attention particulière va vers certaines valeurs qui sont considérées comme «essentielles » à la construction de l’identité wallonne:
<Voilà un certain nombre de valeurs : l’attachement à la démocratie, l’universalité, etc, pour construire une identité. Celle-ci ne sera pas idéaliste, mais concrète parce qu’elle détermine un certain nombre de valeurs positives. Cette identité, nous allons essayer de la cultiver tout en sachant bien qu’elle est artificielle mais nécessaire (Destatte 1995b :80)
Ceci apparaît également dans la réflexion de Nathalie :
La Wallonie est associée à un rejet du nationalisme . Nous parlons « des Wallonies », au pluriel donc, autant en ce qui concerne la composition de la population que pour le territoire. La Wallonie est un assemblage de terroirs. Le sentiment « Wallon » , le sentiment d’identité passe par une identification de « l’appartenance» à un terroir propre. C’est ainsi que la fête «nationale» se célèbre en plusieurs endroits, à des moments différents.
Georges arrive à la conclusion suivante : habiter en Wallonie et respecter les valeurs de la citoyenneté fait de quelqu’un un Wallon.
Les Wallons font la comparaison avec la France ? On est Français, dit-on de sa « propre volonté » et en Wallonie on dit : « Sont de Wallonie tous ceux qui y habitent»(…) Et ceci est d’application Les Wallons se comparent à la France. La France met l’accent sur la citoyenneté. En Wallonie est citoyen celui qui y réside. Les idéaux de la Révolution française y sont certainement d’application.
En guise de conclusion
Je vous propose encore deux textes qui apportent un éclairage complémentaire à ce chapitre consacré à la régionalisation. Il y a tout d’abord celui d’Yves de Wasseige et ensuite celui de Denise Van Dam.
La Wallonie a la chance d’avoir une identité forte et la malchance de ne pas s’en rendre compte. Cette identité s’est formée dans les luttes sociales et les luttes politiques. Elle s’est aussi construite face à l’ignorance et au dédain des classes dominantes à l’égard de la culture wallonne, des traditions populaires et des solidarités dans le travail, dans les quartiers urbains et dans les bourgades rurales. En fait, l’identité wallonne s’est construite sur les valeurs républicaines : liberté, égalité, fraternité (de Wasseige 1998 :144).
Actuellement la conscience culturelle est uniquement l’oeuvre d’une minorité active qui, paradoxalement, voit son audience augmenter grâce à la médiatisation des réactions négatives de l’intelligentsia bruxelloise. Comme dans chaque combat où des dominés tentent de prendre leur destin en main, les « dominants » se sentent menacés dans leur position dominante. Qu’il s’agisse de relations entre pays colonisés et pays colonisateurs ou entre État fédéral et régions ou encore entre la capitale et l’arrière-pays, chaque revendication pour plus d’autonomie du plus faible s’accompagne d’une réaction défensive du plus fort. Paradoxalement, les dominés tirent souvent leur force de l’attitude méprisante des dominants. « Parler » des choses donne vie à celles-ci. C’est le cas de la Wallonie qui continue sa lutte sociale-démocrate et qui par celle-ci intègre une nouvelle dimension, à savoir la culture (Van Dam 1998 : 44,45).
Une autre constatation importante est l’engagement de certains Wallons qui, au moyen de la construction de l’identité wallonne, cherchent à faire émerger une nouvelle société wallonne où l’on vive mieux.
Sentiment d’appartenance à renforcer, nécessité de recentrage culturel sur la Wallonie elle-même, nouveaux relais à forger de manière endogène, diffusion d’un passé et d’un patrimoine trop méconnus, nouveau sens de la collectivité à proposer. Face à ces défis, une véritable stratégie de reconstruction identitaire doit être formulée (Van Cauwenberghe 1998 : 187).
Être Wallon, c’est le savoir, le faire savoir et le partager (Van Cauwenberghe 1998 :198).
Et pour terminer pourquoi ne pas laisser le dernier mot à Louis Michel6. Il nous livre dans son ouvrage Objectif 100 ; La Wallonie, j’y crois, pour ainsi dire, une synthèse de ce chapitre.
L’image de la Wallonie n’est pas seulement tributaire de la beauté de ses paysages et de l’éradication des sites industriels désaffectés et des chancres urbains. L’image d’une région est également affaire d’identité, c’est à dire de lisibilité de sa spécificité culturelle.
D’aucuns ont à ce propos tendance à considérer que la culture wallonne est un sous-produit de la culture française. S’il est vrai que la Wallonie possède avec la France une langue commune voire une culture et un passé communs, limiter ainsi notre région participe du fatalisme sinon du défaitisme ambiant.
Notre région a un passé, une culture, voire des cultures, qui lui sont propres et qui doivent être rappelés. C’est pourquoi, l’émergence de l’identité wallonne doit être encouragée par les manifestations y afférentes.
Il s’agit bien entendu de la Constitution et de l’hymne wallon mais aussi, par exemple, de la création de cours de l’histoire de la Wallonie dans les écoles.
Cette recherche d’identité de ses signes visibles ne peuvent et ne doivent cependant pas constituer un ferment de repli. Ils doivent au contraire constituer un socle sur lequel tous les habitants de la Wallonie envisageront leur avenir en adhérent à des valeurs communes : acceptation de la diversité, fierté de la tolérance et ouverture sur l’extérieur (souligné par A.D.). (Michel s .d. :153)
Au même titre que les autres secteurs, la culture doit être considérée comme outil de développement et de dynamisation de la Wallonie. La culture mérite qu‚ on s’intéresse à elle, non seulement en tant qu’instrument de formation et d’épanouissement personnel, mais également en tant que moyen de redéploiement économique (Michel s.d.:154).
Louis Michel croit dans la construction d’une identité wallonne et il voit cette identité comme la pierre d’angle pour « tous les habitants de la Wallonie » en route vers un meilleur vivre-ensemble.
Conclusion
Dans ce chapitre j’ai traité de l’identité en tant que donnée fluctuante et malléable, comme une construction. J’ai recherché quand a commencé la construction de l’identité wallonne, quels en sont les acteurs, quel est le but de la construction de cette identité et quelles sont les caractéristiques de cette identité. Pour ce faire, j’ai opposé deux discours : le communautariste (qui nie l’identité wallonne) et le régionaliste (qui s’efforce de légitimer cette identité).
Les réformes successives de l’État avec la création des communautés et des régions furent des moments importants dans l’histoire des deux discours. Les discours communautariste et régionaliste suivent une évolution parallèle à celle de l’opposition entre la Communauté française et la Région wallonne. Le Manifeste de 1983 a été une impulsion venant des régionalistes pour l’interprétation culturelle de l’identité wallonne.
Les communautaristes
Selon le discours des communautaristes, la Région wallonne est souvent considérée sous l’angle d’une majorité comme inférieure à l’intérieur de la culture française de Belgique. Les communautaristes dénigrent haut et fort la culture wallonne dite « folklorique ». Ils soulignent tous les éléments du morcellement qui pourraient construire une identité wallonne de façon négative et comme étant une preuve que celle-ci n’existe pas. Pour eux la Wallonie n’a pas une culture qui lui est propre et ceci est pour eux la preuve que ce que l’on appelle la culture wallonne est une construction artificielle. Pour les communautaristes, la Belgique francophone fait partie de la francité. De plus la Wallonie n’a pas un passé commun et toute forme de régionalisme wallon a pour eux des relents de nationalisme. Dès lors les régionalistes sont très vivement critiqués par les communautaristes.
Les régionalistes
A l’origine l’attention s’est portée sur l’identité wallonne d’un point de vue socio-écomique (pendant les crises des années septante). Le point de vue s’est ensuite déplacé vers le monde culturel (avec le Manifeste de 1983) et vers la scène politique. Actuellement politique, économie et culture s’entrecroisent fortement dans la construction de l’identité wallonne.
Les régionalistes réfutent quelques arguments des communautaristes ou encore les retournent en leur faveur.
Les régionalistes rejettent avec fermeté tout nationalisme. Il ne peut être question d’une identité culturelle de type ethnique (paradoxalement ceci prouve l’influence de la tradition intellectuelle française sur les régionalistes wallons). On est Wallon lorsque l’on se conforme au modèle français de la nation, où les valeurs interpersonnelles telles que la démocratie, la volonté du peuple, la solidarité, sont importantes et non l’ethnie ou le passé du peuple. Ils refusent de considérer l’absence d’une histoire commune comme étant une faiblesse : cela n’est pas essentiel pour la construction de l’identité du Wallon. Il en est de même pour eux quant à la langue . Le maintien de la diversité des dialectes wallons (par rapport à l’uniformité du français) est considéré comme important. Il est à remarquer que les régionalistes utilisent la diversité comme élément structurel de l’identité wallonne : la diversité est typiquement wallonne. Ce n’est pas parce qu’il y a diversité qu’il n’y aurait pas d’unité (point de vue communautariste) mais l’inverse, lui, est vrai : la diversité fait l’unité.
Le territoire ( la Région wallonne) est un facteur déterminant de l’unité. On est Wallon par le fait d’habiter sur le territoire de la Région wallonne. Même si la Région est une mosaïque de sous-régions, les habitants ont une identité plurielle : chacun a l’identité de sa sous-région et l’identité wallonne qui coiffe celle-ci.
Il n’est pas tout à fait vrai de dire que les Wallons n’ont pas une histoire commune. Ce qui les unit ce sont les luttes sociales de la classe ouvrière au cours des 19e et 20e siècles. Cette dynamique est maintenant encore incluse dans la construction de l’identité wallonne avec pour objectif une nouvelle dynamique wallonne qui doit aider à sortir l’économie wallonne de son impasse actuelle.
L’identité wallonne est donc bien une construction due à différents groupes d’intérêt dans le but de renforcer le sentiment régionaliste. Les régionalistes ne nient pas cet argument des communautaristes, mais ne le considèrent pas comme négatif parce que artificiel ou non naturel. L’identité wallonne est construite par des dirigeants en fonction d’un projet d’avenir pour une Wallonie économiquement plus forte. Cette construction identitaire n’était pas à l’origine un produit de l’action politique. Une partie de l’intelligentsia et des artistes avaient déjà enclenché le processus.
Les régionalistes s’affirment contre la Communauté française où Bruxelles a une position trop dominante qui désavantagerait la Wallonie.Il faut cependant signaler qu’au cours de ces dernières années l’héritage culturel wallon est revalorisé dans la Communauté française. Malgré cela, les régionalistes exigent la suppression de la Communauté française ou tout au moins un transfert de certaines compétences, tels que l’enseignement et la culture, vers la Région wallonne. La mission de l’enseignement (et plus spécialement l’enseignement de l’histoire) est d’ailleurs très importante dans la construction d’une identité.
L’identité wallonne
En résumé on peut affirmer : l’identité wallonne est pour les régionalistes une construction qui mise sur le futur, inspirée du modèle français de la nation, où l’on favorise la diversité et où habiter sur le territoire wallon est la condition principale pour être considéré comme Wallon; une langue commune, l’ethnie ou l’histoire ne jouent aucun rôle ou à peine.
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Errata
Anny Dauw nous fait remarquer que dans la traduction de son mémoire Le tournant de l’identité wallonne (1) (TOUDI n° 56-57), à la p. 26, deuxième colonne, il a été publié « …les hommes sont à la recherche d’éléments dans le passé pour éclairer le présent ou le légitimer. Le but est toujours de démontrer une continuité . Quand celui-ci n’existe pas, il est « créé », quand la tradition n’est pas disponible, elle est « créée ». » Il fallait lire « Quand celle-ci n’existe pas, elle est créée, quand la tradition n’est pas disponible, elle est « créée ». » Le mot créé aurait pu être mieux traduit par « inventé » (mais ce mot a une nuance péjorative en français).
À la p. 28, première colonne, nous citions Claude Demelenne : « naturellement il n’existe pas de nationalisme wallon. » C’est évidemment l’inverse qu’il fallait lire : « naturellement il existe un nationalisme wallon » (dont C.Demelenne dit ensuite qu’il est maquillé en régionalisme). Le problème (de fond qu’on peut rappeler ici), c’est que le mot « nationalisme » est de toute façon péjoratif en français alors qu’il ne l’est pas en anglais et moins en néerlandais.
La référence exacte de l’article de B. DE Wever est la suivante : De Wever B. (2002) Naties en nationalisme : twee eeuwen theorievorming. In Hermes, Tijdschrift voor geschiedenis (maart 2002) : 20-25.
- 1. Manifeste pour la culture wallonne (1983)
- 2. Le tournant de l’identité wallonne (1)
- 3. L’ Institut Jules Destrée est un centre pluraliste d’éducation permanente, situé à Charleroi et à Namur. Il fonctionne sur (1) le pôle « recherche », 2) le pôle « information », 3) le pôle « citoyenneté », 4) le pôle « prospective ».
- 4. Destatte est le directeur de l’Institut Jules Destrée. Il a été président de Commission pour les programmes d’histoire et chef de cabinet-adjoint du ministre de la politioque scientifique. Comme directeur de l’Institut Destrée, il a fonfé le Centre d’Histoire de la Wallonie et du Mouvement Wallon. Il a publié entre autres L’identité wallonne. Essai sur l’affirmation politique de la Wallonie (1997).
- 5. Les mythes, qui le plus souvent sont nommés d’un seul mouvement avec les souvenirs historiques et font partie également du narratif n’interviennent pas dans les discours. Je n’ai trouvé qu’un seul exemple d’une mention des premiers habitants de la Wallonie dans un ouvrage littéraire. Naturellement nous ne pouvons pas oublier l’ouvrage d’Anne Morelli Les grands mythes de l’histoire de Belgique, de Flandre et de Wallonie (1995). Plusieurs contributions du livre suscitèrent de vives critiques surtout la façon dont Jules Destrée était présenté comme s’il était un antisémite. Venant de l’Institut Destrée, il y eut une réaction de Philippe Destatte avec une Lettre ouverte à tous ceux qui colportent des mythes éculés sur les Wallons et leur histoire.
- 6. Pour l’instant, ministre fédéral des affaires étrangères. Le point de vue mis en avant est récent. Il y a une dizaine d’années son attitude vis-à-vis de la Wallonie était toute autre. (Fontaine 1998 : 42)