Notre hypothèse de travail: la République, non le rattachisme

La revue TOUDI émane de la longue durée du mouvement wallon et, en particulier, des luttes ouvrières et socialistes. L'un de ses textes fondateurs est le Manifeste pour la culture wallonne.

Nous partageons avec la France une langue et une culture dont l'usage s'est cependant déployé au long de deux histoires très distinctes jusqu'ici, qui rendent cette langue et cette culture de France et de Wallonie infiniment proches et différentes. D'autres en Europe, Afrique, Amérique, Asie vivent un paradoxe identique: parler le français sans être des Français.

La plupart des Wallons qui aspirent à la réunion à la France ne souhaitent d'ailleurs pas voir leur différence biffée d'un seul trait et rejettent un « rattachement » pur et simple.

D'autres, presque tous ardents francophiles, souhaitent cependant que la Wallonie aille avec Bruxelles jusqu'au bout de la souveraineté qui se constitue sur les dépouilles de l'État belge.

Même si ce voeu d'indépendance nous semble plus conforme à l'idéal républicain de s'assumer pleinement comme Cité en Europe unie et dans le Monde, nous donnons régulièrement la parole aux « rattachistes ». Car la société wallonne n'a pas encore choisi entre l'indépendance et la réunion à la France. Le débat se poursuit. Et TOUDI veut contribuer à alimenter ce débat prégnant d'une synthèse possible.

Car ce qui fonde toute souveraineté, toute indépendance et toute nation est, en même temps, ET ce qui garantit les identités, ET ce qui les ouvre vers l'Universel.

Soit un régime laïque, travaillé par le débat en vue d'un projet de liberté et d'égalité.

Celui que s'est donné la France, Genève, l'Italie, la Hollande du 16e siècle, les monarchies nordiques qui ont réduit leur monarchie à un pur décor (chose difficile en Belgique), les USA de 1776, l'Irlande, Rome et Athènes, celui qui fait de l'identité citoyenne, à côté de la vie privée, l'autre part indispensable de l'identité humaine (menacée de mort par le néolibéralisme).