Parmi les touches du clavier verbal

Toudi mensuel n°17, mars-avril 1999

Assurément, la revue Sources émanation de la Maison de la Poésie de Namur, porte bien son nom: elle ressource (en abondance et qualité) et cultive le pluriel. Des poètes majeurs d'aujourd'hui (Jacques Ancet, Philippe Jones, Yves Peyré, Fernand Verhesen,...), y sont accueillis par Éric Brogniet et ses complices qui, à des textes inédits et à la transcription d'entretiens ayant eu lieu intra-muros, ajoutent des commentaires rigoureux et pertinents, toujours orientés vers l'Ouvert; cela génère cohésion et - osons ce mot cher à Michaux (lui-même et pour cause, cher aux amis namurois) - complétude. Le titre de cette livraison - Poésie, Réel, Réalité - est davantage un corps conducteur qu'un thème. Éric Borgniet l'explique ainsi:


«Comme le précisait Jacques Ancet lors d'une rencontre que nous eûmes avec lui en octobre 1996, il existe, selon lui, une différence entre réalité et réel, la première étant l'ensemble de ce qui est donné pour acquis, de ce qui nous environne, tandis que le second terme fait appel à une vision plus consciente de l'homme, vision attentive et critique, discriminative, qui conduit à dépasser une vision fragmentaire, ou peu attentive: l'inconnu n'est pourtant pas le fantasmagorique; il existe au sein même du connu, souvent à travers un ensemble de rapports ou de relations que, par pragmatisme, indifférence ou manque de curiosité, nous n'établissons pas; que par manque de contemplation ou d'attention, nous ne voyons pas. Se centrer sur le réel, c'est aussi, par voie de conséquence, habiter l'instant, l'habiter pleinement, en jouir sans distraction.» (p.106) 1

On ne peut certes pas parler de tarissement à propos de revue Écrits vains qu'anime, depuis son phalanstère callipontois, l'incontrôlable Éric Dejaeger. Seulement voilà, ce dernier a décidé d'arrêter les frais et les défrayements de chroniques pour se consacrer corps et âme à son oeuvre personnelle qui envahira dans les décennies à venir, les librairies les plus reculées, je n'en doute pas une fraction de seconde. Donc le n° 25 d' Écrits vains sera, snif, le dernier. «Sera» car il est tout juste en chantier et, si la plume vous en dit, vous pouvez y collaborer en envoyant un texte de maximum une page (format A 4) sur le thème de «La fin» à Éric Dejaeger, Écrits vains, Launoy 4, Pont-à-Celles.Le même Dejaeger, retour de vacances en Camargue, a soumis à un petit éditeur français, quelques textes pondus pendant les moments où il ne buvait pas en compagnie des moustiques, flamants roses et autres Dupont-Lajoie de son camping d'élection. Autant dire que le manuscrit est court. Les poèmes le sont aussi:

Dans la caravane/ sept fenêtres ouvertes/ plus la porte/

Les courants d'air / parviennent encore / à faire/ du surplace.

À noter que l'auteur s'adjoint une fois encore les services de son «illustrateur» attitré, un brave gars, borgne et trotskiste. Disons, pour ne pas être cruel, qu'en regardant ses «dessins», on ne s'aperçoit pas qu'il sympathise avec la Quatrième Internationale, mais on est sûr qu'il n'a qu'un oeil (et moins sûr que ce soit le bon). Enfin, passons.

E.Dejaeger: Instants puisés au soleil de Camargue, Éditions CIRPAS (M.Chinonis, rue de la plume F-12520 Aguessac)

  1. 1. (Sources, Rue Fumal 28, 5.000 Namur, 081/22 53 49)