Laurette Onkelinx par un admirateur

5 September, 2010


Souvent dans ses interventions, comme par exemple lorsqu'elle souligne que Rudy Demotte ne s'est pas illustré « seulement en Wallonie », Laurette Onkelinx nous semble multiplier les gaffes. Voici ce qu'en dit son père :

« Lorsque Laurette a voulu déménager à Bruxelles, je lui ai fait sentir que je n'approuvais pas. Comme Président de la section sérésienne du Parti socialiste, j'ai même convoqué une assemblée générale où elle a dû justifier son départ. Je lui ai passé le micro et j'ai dit " Explique une fois aux gens pourquoi tu les laisses tomber." Elle parlé deux minutes tout au plus, puis elle s'est tue. Avec des larmes dans les yeux, elle m'a demandé de la délivrer de son supplice. Seraing l'a formée. Si vous voulez comprendre ce qu'est l'action politique, vous devez venir chercher la réponse ici, dans ces vieux quartiers ouvriers. Lorsque je suis devenu bourgmestre, j'ai commencé par bien gagner ma vie, mais dans les années qui ont précédé, avec six enfants, nous étions souvent à l'étroit. Pourtant, je n'ai jamais voulu m'endetter. Nous avons toujours habité une maison ouvrière, que nous avons remboursée en dix ans. L'unique autre crédit que j'ai jamais dû rembourser, c'était notre première télévision : 601 francs par mois. Ma femme n'est jamais allée sans argent au magasin Elle devait attendre la fin de la semaine que je reçoive ma paye. Le vendredi, je recevais un acompte et, toutes les deux semaines, ma quinzaine. Nous ne sommes jamais partis en vacances. Le pécule et la prime de fin d'année ont servi à acheter un frigo ou une machine à laver. Laurette ne l'a pas oublié. En fait, elle est exactement comme moi : une socialiste. Ou mieux une socialiste de gauche. »

Pascal Verbeken qui a recueilli ces paroles poursuit :

« Onkelinx parle un néerlandais irréprochable avec de temps à autre un mot de wallon ou de français. Je me suis posé la question toute l'après-midi : « Est-il Wallon ou Flamand ? »

« J'ai passé vingt ans de ma vie en Flandre et cinquante-cinq ans à Liège. Je suis Wallon, non ? Mais j'ai toujours été fier de savoir parler le néerlandais. Une prestation, comme je le dis moi-même. Mon père et ma mère sont morts il y a plus de vingt ans, mon frère il y a treize ans. Il n'y a qu'avec ma soeur et ma belle-sœur que je parle encore un peu flamand. L'an passé, j'ai donné à Hasselt une conférence intitulée "Comment un ouvrier flamand devient-il bourgmestre d'une importante ville industrielle wallonne ? J'ai parlé une heure, sans papier. J'ai simplement raconté ma vie et conclu mon exposé par un poème de René de Clercq. » 1

Il réfléchit quelques secondes le temps de se rafraîchir la mémoire.

« Voilà, j'y suis : "Mijn klakke vanachter, mijn hoofd immer recht/Zo dien ik om duiten en terrop mijn toer./Ik ben van den buiten./ Ik ben van den boer." » (La casquette en arrière, la tête toujours haute, je gagne ma vie et fais la fête à mon tour, je suis de la campagne, je suis paysan.)

Pascal Verbeken , La Terre promise, Flamands en Wallonie, Le castor astral, Bruxelles, 2010, pp. 226-227.

Voir Critique : "La Terre Promise. Flamands en Wallonie" (Pascal Verbeken).

  1. 1. Poète flamand et activiste flamand de gauche en 1914-1918 (né en 1877, mort en 1932, il termina sa vie en exil en Allemagne : une rue de Deerlijk porte son nom et un musée peut y être visité. Il s'agit d'une figure importante de la littérature flamande.)