Figures belges lors du centenaire en 1930

Toudi mensuel n°68, avril-mai-juin 2005

Les cérémonies du 175e anniversaire de la Belgique m’ont rappelé un ancien travail universitaire que j’avais consacré à l’analyse des figures héroïques belges de 14-18 à travers les livres francophones commémorant le centenaire de la Belgique en 1930. Les conclusions de ce travail que j’aimerais vous livrer ici devraient nous faire réfléchir au discours actuel de nos médias sur ces 175 ans d’État belge. Loin d’être sans effet sur la conscience collective, ce type de commémoration ne doit pas nous faire oublier quelques réalités régionales qui, comme le montrera cet article, furent souvent récupérées, occultées, voire niées dans ce contexte particulier de commémoration de la «Patrie». Ainsi, qui d’entre nous avait jusqu’à présent pris conscience que le panthéon héroïque belge en 1930 était presque exclusivement francophone et même wallon dans sa majorité ?

Il convient, avant de se plonger dans le cœur du sujet, de situer cet article dans le cadre des recherches sur la première guerre mondiale. Analyser les figures héroïques qui se détachent lors de ce conflit abominable ne peut se faire sans tenir compte du concept de culture de guerre. Celui-ci peut se définir comme le champ de toutes les représentations de la guerre forgées par les contemporains : de toutes les représentations qu‘ils se sont données de l’immense épreuve, pendant celle-ci d’abord, après celle-ci ensuite1. En effet, cette guerre, refusée avant et après le conflit ne le fut pas (sinon rares exceptions), pendant. Pourtant, des seuils de violence vont être franchis, et ce, avec le consentement de la majorité. Ces franchissements de degrés dans la violence trouvent leur source dans les systèmes de représentation des sociétés engagées dans ce conflit sanglant. Si les nations ont fait l’objet d’un tel investissement, c’est qu’elles étaient perçues comme porteuses d’immenses attentes positives, nourries d’espérances religieuses2. Ces attentes ne sont pas rencontrées après l’Armistice du 11 novembre 1918. Il en résulte une période d’attentes prolongées, une «brutalisation» du champ politique qui prend la forme d’idéologies concurrentes : nazisme et communisme3. L’application du concept de culture de guerre en Belgique s’articule autour du surinvestissement dans la Patrie : la Belgique vit les combats, les massacres de la population civile, les incendies de grandes villes, la déportation de main d’oeuvre en Allemagne. Les violences d’août 14 contre les civils confirment que l’ennemi est «un envahisseur venu de l’est», la Patrie va dès lors incarner la «civilisation» face à la «barbarie». Au sein de ce système de représentation apparaissent les héros nationaux. Ces figures héroïques, fruit d’une adéquation entre les personnes et les besoins de la société à un moment donné, incarnent et révèlent un système de valeur considéré comme idéal, tout en renforçant la cohésion sociale à un moment où elle est -plus que jamais- menacée. Mais le conflit s’enlise, l’image de la poor little Belgium est progressivement mise à mal. Après l’Armistice, les critiques commencent à pleuvoir : on reproche aux soldats belges de ne pas avoir participé aux grandes offensives coûteuses en vies humaines et on regrette la position d’Albert I, ne considérant les Alliés que comme les garants de la Belgique. L’opinion publique ne sait plus si les massacres de population perpétrés par les «Huns» sont réels ou le produit de la propagande alliée. Une fois tout danger écarté, la reconstruction du pays commence. La Patrie ne réclamant plus son lot de vies sacrifiées, les grandes figures héroïques perdent leur utilité mentale. En revanche, leur légende perdure dans l’entre-deux-guerres. Le premier conflit industriel de l’Histoire avait mobilisé les esprits de tous dans une période trouble ou l’identité belge était menacée de disparition. Que deviennent ces figures mythiques lorsqu’il s’agit, 12 ans plus tard, de mobiliser à nouveau les esprits pour, cette fois-ci, la glorification du centenaire de l’indépendance de la Belgique ? Quel sera le poids des quatre interminables années de guerre sur les 100 années de notre jeune État? Et quelles seront les figures héroïques qui seront réactivées lors de cet événement d’une portée symbolique majeure pour l’identité nationale dans une période de crise profonde et durable ?

Cet article se présente en deux parties complémentaires. La première est consacrée à la présentation du contexte historique entourant les fêtes du Centenaire. En effet, les années d’immédiate après-guerre sont caractérisées par une instabilité gouvernementale. C’est la période où émerge des mouvements d’obédience fasciste. Les problèmes liés à l’application tardive des lois linguistiques renforcent les tensions «communautaires». En outre, la crise économique et financière qui éclate aux États-Unis en 1929 commence à faire sentir ses effets en Belgique, s’accompagnant d’une chute de production et une hausse du chômage. Ces éléments permettront de mieux comprendre le message idéologique que ces publications veulent faire passer à travers leur préface, message qui ne manquera pas d’influencer la présentation des figures héroïques belges de 14-18.

La seconde partie s’attache plus particulièrement à exposer la façon dont les sources analysées présentent les héros. Quelles sont les figures qui reviennent le plus ? Comment sont elles présentées? Bref, cette partie est consacrée à la description et à l’analyse du discours héroïque lorsqu’il s’agit d’exalter l’identité belge dans une période de crise politique et économique latente. Ceci afin d’apporter -en dépit du caractère d’échantillon que constitue les sources analysées- un éclairage neuf sur le fonctionnement du processus d’héroïsation en Belgique, à travers les publications commémorant le centenaire de l’indépendance nationale.

Présentation critique des sources

Les sources analysées présentent quatre difficultés majeures. La première est due à l’intitulé peu précis de ces ouvrages. Si quelques-uns titrent explicitement sur le Centenaire, la majorité porte des titres divers dont seul la lecture de la préface permet de lever toute ambiguïté4. La seconde est due au caractère relativement précieux de certaines de ces publications. En effet, la plupart ne sont pas en accès direct dans les grandes bibliothèques. De plus, les photocopies à usage privé ne sont pas autorisées, et le poids plus que conséquent de quelques sources, obligent à une consultation sur place qui se révèle souvent longue et laborieuse. La troisième difficulté tient au caractère multiforme des sources. Il n’y a pas de belle homogénéité des documents: certains ouvrages richement illustrés font plus de 700 pages alors que d’autres n’en comptabilisent que quelques dizaines5. En outre, l’échantillon de livres francophones comprend des ouvrages à vocation «encyclopédique », présentant la Belgique au plus grand nombre, et citant succinctement quantités de personnages6. D’autres poursuivent des objectifs plus «orientés». Mais tous jettent un regard rétrospectif sur les cents premières années de la Belgique. La dernière difficulté est que les figures héroïques belges sont souvent citées sans autres formes de commentaires7. Cela est toutefois intéressant, car la simple évocation permet au lecteur de l’époque d’accéder à la constellation mythologique et à la somme des valeurs que représentent les figures. Mais cela complique singulièrement la tâche de l’historien actuel. Il est, en effet, quasi-impossible de présenter le schème biographique de l’héroïsation pour une série impressionnante de personnes -seul le vocabulaire utilisé pour les qualifier eux ou leur action permet de lever toute ambiguïté sur leur caractère héroïque8.

Noms

Fonction

Localisation

Iconographie et citation

Albert Ier

Roi

-

5/13

Mercier

Cardinal

Wallonie

4/10

Leman

Militaire

Wallonie

3/6

Élisabeth

Reine

-

3/6

de Dixmude

Militaire

Wallonie

2/6

Solvay

Civil

Wallonie

1/4

Max

Civil

Wallonie

1/4

Francqui

Civil

Wallonie

1/4

Petit

Civil(e)

Wallonie

4/3

Trésignies

Militaire

Wallonie

4/3

Michel

Militaire

Wallonie

1/3

Pirenne

Civil

Wallonie

1/3

De Witte

Militaire

Bruxelles

2/3

Thieffry

Militaire

Bruxelles

2/3

Nelis

Militaire

Flandre

1/2

Baucq

Civil

Bruxelles

3/1

Beraheim

Militaire

Bruxelles

2/1

Bertrand

Militaire

Wallonie

2/1

Coppens

Civil

Bruxelles

1/1

De Ceuninck

Militaire

Flandre

2/1

Collard

Église

Wallonie

0/1

Édith Cavell

Civil

Angleterre

1/0

Collard

Civil

Wallonie

2/1

Colson

Civil

Wallonie

-

Grandpré

Civil

Wallonie

-

Lefevvre

Civil

Wallonie

-

La Belgique centenaire !

Ce qui explique en grande partie le caractère d’échantillon que constitue les sources analysées.

Les anniversaires, fussent-ils ceux d’événements déplorables, se chargent au fil du temps d’une signification changeante, liée au contexte dans lequel ils sont marqués. La glorification du centenaire de l’indépendance de la Belgique est une formidable occasion d’analyser la façon dont les élites perçoivent et rendent compte du patriotisme belge. Le regard rétrospectif qui est jeté sur ce jeune État embrasse de nombreuses années. Toutefois, la boucherie de 14-18 hante encore les esprits, et occupe, de ce fait, une place importante dans les publications commémorant le Centenaire. Le contexte de l’entre-deux guerre est marqué par une crise générale de confiance dans les régimes parlementaires, et par la montée des mouvements fascistes. En Belgique, la principale cause d’instabilité gouvernementale est liée aux problèmes linguistiques, remettant en cause le caractère unitaire de l’État belge. L’analyse, d’une part, du contexte mental, politique, économique, et d’autre part, des préfaces des différentes publications permet de dégager les axiomes poursuivit dans la présentation — particulièrement subjective — de la Belgique, et à l’intérieur de celle-ci, de la Grande Guerre.

L’après-guerre en Belgique

L’après-guerre, va se caractériser par la réalisation progressive de réformes amorcées à la veille du conflit. La décision d’Albert Ier, après des consultations au château de Loppem, d’instaurer le suffrage universel pur et simple (masculin), a pour conséquence la perte de majorité du Parti Catholique aux élections du 16 novembre 1919. Jusqu’en 1950, le pays est dirigé par vingt-huit gouvernements de coalition successifs9. La promesse faite en 1918 de «fïamandiser» l’université de l’État à Gand se réalise très lentement. Celle-ci ne le sera qu’en 1930, après bien des débats qui sont générateurs de graves déceptions dans l’opinion flamande. Le «programme minimum» mis au point par le Katholieke Vlaamsche Landsbond en 1919, après avoir participé à l’union sacrée aux côtés du Roi et du gouvernement durant les années de guerre, vise principalement la néerlandisation de la Flandre par la réalisation de Funilinguisme dans l’administration, l’enseignement, la justice et l’armée10. Au sein du mouvement flamand, les «minimalistes» sont favorables à ce programme tandis que les «maximalistes» sont partisans de réformes plus radicales11. Les lois linguistiques adoptées de 1921 à 1928, conciliant la reconnaissance de régions linguistiques et la promotion du bilinguisme, sont des compromis laborieux. Elles sont d’ailleurs remplacées dix ans plus tard par une législation plus radicale. Toutefois, la question linguistique reste jusqu’en 1940 un facteur grave d’instabilité gouvernementale.

Au cours de cette période, plusieurs mesures prises constituent une lointaine préfiguration d’un système de sécurité sociale. La création du Fond national de crise en 1920 favorise l’action des caisses de chômage créées par les syndicats ; syndicalisation qui progresse rapidement dans les années suivantes. Les préoccupations de rationalisation dominent chez les dirigeants économiques, le mouvement de concentration des entreprises se poursuit, les secteurs les plus concentrés de l’économie belge restent, y compris en Flandre, sous l’influence de centres de décision localisés à Bruxelles et l’usage du français continue à y prévaloir. Cependant, en 1926, la première organisation économique régionale : le Vlaamsch Economisch Verbond, voit le jour et devient de plus en plus représentative12. La crise économique et financière qui éclate aux États-Unis par le krach en bourse de New York en octobre 1929 commence à faire sentir ses effets en Belgique vers la fin de 1930. Mais dès avant cette période, la révélation de scandales financiers, la chute de la production et la montée du chômage ont créé un climat favorable aux partis d’obédience fasciste.

Sur le plan international, la Belgique récupère les cantons de Saint-Vith, Eupen et Malmédy, les Allemands reconnaissent la souveraineté belge sur Moresnet. En outre, le royaume reçoit le mandat d’administrer les colonies allemandes du Ruanda et de l’Urundi. Une union économique et douanière avec le Luxembourg est également conclue. Toutefois, le problème de la sécurité des frontières reste posé. En effet, l’Angleterre refuse de conclure un traité d’alliance militaire similaire à celui signé entre la Belgique et la France13. Mais la Belgique «héroïque et martyre» doit également faire face à des critiques féroces. Durant toute la guerre, le roi Albert refuse d’aligner sa politique et sa stratégie sur celles des Alliés. Considérant ces derniers comme les garants de la Belgique, il s’oppose à la participation de ses troupes à des offensives comme celle de Verdun ou de la Somme qu’il qualifie de «boucheries inutiles»14. Plus grave, on en vient à mettre en doute les atrocités commises par les Allemands sur les populations civiles. Ainsi la diffusion du «bébé-belge-sans-mains», relayée par la presse française puis britannique, donne lieu, après la guerre, à une enquête menée par le cardinal Mercier qui ne trouve rien qui puisse corroborer ce récit atroce. De nombreuses autres investigations ne permettent pas de découvrir un seul cas de cette nature. Cette propagande avait certes permis de galvaniser l’opinion et de renforcer la détermination alliée d’en finir avec «l’ennemi de la civilisation», mais elle a aussi jeté un doute sur la Belgique, seul pays presque totalement occupé durant le conflit.

Le centenaire de la Belgique

Douze ans après la fin de la Grande Guerre, la Belgique célèbre avec faste et éclat son premier Centenaire. Le jour de la fête nationale, quelque 60.000 anciens combattants, invalides et veuves de guerre défilent sur la place des Palais. Durant l’année du centenaire, deux grandes expositions sont organisées à titre symbolique : celle de Liège avec pour thème dominant l’industrie et l’économie, alors que la seconde, qui se déroule à Anvers, privilégie la culture. Cette année-là, divers livres sortent de presse pour commémorer cet événement d’une portée symbolique non négligeable. On peut les grouper en deux types : les uns se rapprochent très fortement d’une encyclopédie, dont le but est de retracer, sous ses aspects divers, la vie de la nation au cours d’un siècle d’indépendance15. Les autres n’ont pas de prétention universelle et répondent à des objectifs politiques ou encore religieux16.

Dans le premier cas17, les préfaces font écho aux grandes préoccupations de la société belge de l’époque. A travers l’exaltation de la Patrie, s’esquisse un tableau des grandes interrogations de l’entre-deux-guerres. La question linguistique est très certainement le sujet qui obsède le plus les rédacteurs de ces livres. A un moment où on tente de réactiver le nationalisme «belge», les forces centrifuges -principalement le mouvement flamand- sont perçues comme des menaces et honnies au profit d’une «généralité»-, d’un bien commun18. L’objectif général est donc de présenter la Belgique sous son meilleur jour. Mais quel est, après 12 ans et des milliers de morts, le poids des quatre interminables années de guerre dans l’histoire de notre pays ? Assurément une place de choix, prépondérante même, en regard du poids des autres sujets traités. Ils consacrent un ou plusieurs chapitres à relater la période de guerre en prenant comme fil conducteur le récit des opérations militaires. Outre l’ambiance générale de l’écriture et du style qui imprègne l’ensemble de l’ouvrage et qui n’est pas quantifiable, la Grande Guerre représente 15% de l’ensemble des sujets abordés dans cette sorte de livre19. Poids qui s’explique, tout d’abord, par le fait que ni en 1830, ni même en 1870, la Belgique ne fut plus menacée de disparition qu’en 1914-18, Ensuite, les événements sont encore très présents dans les esprits, tellement que certaines figures héroïques célèbres -par exemple Gabrielle Petit20- ne font l’objet que d’une illustration sans autres formes de commentaires. Enfin, au cours de ces années de guerre, s’exprime un fervent patriotisme, une communion sans précédent du peuple belge investissant dans leur Patrie d’immenses espoirs. Patriotisme que les auteurs de ces encyclopédies aimeraient consciemment, et inconsciemment, voir remis au goût du jour. Comme nous le verrons dans le prochain chapitre, cela aura des conséquences sur leur façon de présenter les héros belge de 14-18.

Dans le second cas, la préoccupation linguistique continue d’alimenter les préfaces de ces publications, mais, cette fois-ci, une partie des sources, si elles visent toujours à glorifier l’État belge ou le caractère unis des Wallons et Flamands, commence à mettre en avant des idées plus progressistes -liées le plus souvent aux questions linguistiques- ou encore, à présenter l’histoire de Belgique en glorifiant une de ses composantes21. Kurth, dans La nationalité belge, vilipende ceux qui de divers côtés visent à ébranler l’unité nationale en fomentant des querelles de race, il ajoute même en fin de son livre un appendice sur la question flamande22. Un angle de vue différent -prudent, mais engagé tout de même- est celui du baron de Liehtervelde soulignant qu’après cent ans, il n’y a pas encore de vraie fête nationale23. Les seules festivités populaires en Belgique sont, selon lui, les fêtes locales. Mais il s’empresse d’ajouter que le régionalisme est, en vertu de la tradition, la seule base solide de l’attachement à la «généralité» et qu ‘il faut tout faire pour conjuguer ces deux forces24. Position qui, nous le verrons plus loin, peut servir de grille d’analyse des héros de 14-18. La Grande Guerre occupe, dans ce type de publication, une place moindre que dans les sources «encyclopédiques» (11%)25. La vocation n’est plus ici de faire connaître en priorité l’histoire belge au plus grand nombre, mais de reprendre certaines figures héroïques illustrant bien le message que l’on veut faire passer26. Ainsi l’objectif de L. de Paeuw est de montrer l’action bienfaisante de nos Rois à l’égard de la Patrie27. Il n’est dès lors guère étonnant de voir que le Roi Albert Ier est de loin la figure la plus importante dans son livre. Mais d’une manière générale, il y a nettement moins de figures héroïques citées dans ce type de sources que dans la première catégorie28. Celles-ci font assurément l’objet d’un choix orienté -voire partisan- de la part des auteurs. Ainsi les ouvrages se présentant comme «catholiques», sont ceux qui citent le cardinal Mercier le plus fréquemment29 (même si ils ne s’étendent pas forcement sur sa vie).

Les pays privés de légendes sont condamnés à mourir de froid

La Belgique «petite comme nation », mais «riche de grands caractères», selon l’expression de M. Brand Whitlock30. La Grande Guerre occupe une place très importante dans les livres sur le centenaire. Mais le nombre de figures héroïques reprises dans ces publications est très variable selon le type de source31. Les ouvrages plus engagés sélectionnent les héros qui vont leur permettre de faire passer leur message32. Quant aux publications à vocation généraliste, elles prennent le récit des opérations militaires -symbole de la puissance-comme fil conducteur du récit. Cela a des conséquences sur la façon de présenter les héros. Ainsi Solvay et Francqui sont très souvent repris dans un chapitre autre que celui consacré à la Grande Guerre33. Mais quelles sont les figures qui vont être mises en avant ? Selon quelles modalités? Ensuite, nous verrons quelles sont les grandes caractéristiques de la présentation des figures héroïques dans ce type de source particulière ?

Les grandes figures héroïques de 14-18

L’analyse s’étend sur les figures qui reviennent le plus dans les sources et les caractéristiques de celles-ci34. Il est possible de regrouper les figures héroïques majeures selon leur fonction symbolique35 : Roi (Albert 1er) ; Église (Mercier); Militaires (Léman, de Dixmude, Trésignies, Michel) ; Civils (Solvay, Max, Petit, Francqui)

Beaucoup de travaux ont déjà été consacrés au Roi-Chevalier36, c’est pourquoi ce article - s’il aborde la représentation que l’on donne du Roi dans les sources - n’en fait pas un point essentiel, et préfère se pencher sur les personnages ayant fait l’objet de peu de publications. Le Roi occupe une position primordiale dans le système de représentation de l’époque, Page de gloire synthétise particulièrement bien l’idée que l’on se fait de lui : «Nul (...) n’a jamais mieux synthétisé autant que lui en sa personne, toutes les admirables qualités qui valent au peuple belge les hommages de l’univers.»37 On assiste, en effet, dans les sources à une identification profonde entre la Nation et le Roi. Or, le Centenaire est l’occasion d’exalter la Nation. Dès lors, Albert Ier devient dans les sources un véritable symbole où toutes les vertus du peuple belge se trouvent condensées dans tout leur éclat38. Mais on ne peut nier une inflexion de son statut de chef. La Patrie ne réclamant plus son lot de vies sacrifiées, le rôle du Roi n’est plus, à l’époque de l’écriture, d’être le chef de guerre, mais bien de «guider les Belges sur le chemin du devoir patriotique, comme il [avait] guidé ses soldats, à l’heure du péril, sur le chemin de l’honneur.»39 Un tel glissement de signification est très certainement à l’œuvre dans les autres figures. Il est toutefois très difficile d’en faire état, car la mise en avant d’une telle chose n’est possible qu’en comparant avec des descriptions antérieures, ce qui n’est pas l’objet de ce article.

La figure la plus marquante, après le Roi, est le Cardinal Mercier40. Cardinal que la Belgique centenaire qualifie même de Roi non couronné de Belgique41. Son action au cours de la guerre lui vaut d’être considéré comme une grande figure héroïque. La façon dont est présentée sa vie, si elle n’entre pas - comme celle de Gabrielle Petit et du caporal Trésignies - dans le registre de l’Imitatio Christi, est néanmoins relatée sur le mode d’une parabole évangélique. En effet, le récit de sa vie qui nous est donné, est un récit de résistance à l’ennemi par les paroles. Son action est parée de quantités de qualificatifs relevant du répertoire religieux . Le Cardinal offre un modèle, fait de l’imitation un devoir à son égard, et devient l’inspirateur concret des attitudes religieuses à l’égard du Roi. Il incarne, en quelque sorte, l’attitude que doivent suivre les catholiques42. Son importance symbolique est telle que c’est une des figures les plus citées dans l’ensemble des sources43. Le schème héroïque de type descriptif est respecté. Le seul «tort» du Cardinal Mercier est de ne pas être mort comme un martyr. Si la plupart des sources indiquent qu’il a fait l’objet de funérailles nationales, Grandes figures de la Belgique va jusqu’à dire qu’il a eu une mort «sublime»44. Mais dans la majorité des cas, le «cardinal-patriote» Mercier est cité lorsque l’on aborde l’histoire de l’Église durant le siècle écoulé. Les ouvrages «encyclopédiques», le placent très souvent dans un autre chapitre que celui consacré à la guerre et ne se centrent guère sur cette période45, ou beaucoup plus rarement le présentent en portrait dans un chapitre intitulé Quelques belges46. L’Église, parce que située hors de Belgique, mais intimement liée à elle, semble permettre au cardinal Mercier d’apparaître comme un héros national à vocation «universelle»47. C’est la figure -après le Roi- qui, outre les citations, fait l’objet de plus de détails «biographiques» relevant du registre héroïque.

Le centenaire de l’indépendance de la Belgique ne peut que revenir sur les militaires qui ont su préserver cette indépendance par les armes. En outre, le récit des opérations militaires est repris comme point de départ à la présentation de la période dans les sources «encyclopédiques»48. On constate que les trois militaires les plus cités correspondent à trois grands moments où l’armée belge a du résister de toutes ses forces à I’envahisseur49 et où cette résistance a permis — selon les sources — aux armées alliées d’éviter une défaite écrasante. La valeur qu’ils incarnent est d’ailleurs la «résistance», la «défense héroïque», valeurs que l’on prête à l’ensemble de l’armée et à celui qui l’incarne, le Roi-chevalier50. L’autre figure militaire qui revient souvent est le caporal Trésignies51. Il est le plus souvent représenté via l’iconographie du lieu de son action héroïque52. Ce soldat est avec Gabrielle Petit le seul héros d’origine modeste qui revient si souvent sous cette forme dans les sources53. Les caractéristiques qui sont mises en avant sont, «l’honnêteté», le «dévouement», la «satisfaction qu’il donne à ses chefs»54. Sorte de vision fantasmatique d’une armée où les hauts-gradés ont une âme de chef, donnent les ordres et sont obéis aveuglement par des soldats dévoués.

L’analyses des héros civils est, elle, plus problématique. Outre le cas de Gabrielle Petit55, il est difficile de développer une analyse en profondeur. On constate que dans les cinq figures civiles revenant le plus, on trouve deux représentants du monde économique56. Mais Solvay et Francqui ne sont cités que pour parler du Comité national57. Bien souvent repris dans un chapitre qui ne concerne pas directement la guerre, rien dans la description ne laisse transparaître un vocabulaire héroïque58. Sur base du schéma d’Albert59, on peut dire que ce sont tout au plus de «grands hommes». La guerre ne fait, finalement, que confirmer leurs qualités remarquables60. Enfin, il est très surprenant de constater qu’Adolphe Max ne fait pas non plus l’objet de développements transcendants61. Une phrase tirée de La Patrie Belge résume le problème du traitement général de ce type de figure héroïque dans les sources : son courage civil nous dispense de présenter au public le premier magistrat de Bruxelles62. Son cas fera l’objet de développements au prochain paragraphe63.

Caractéristiques singulières des sources

Les principales figures héroïques de 14-18 dans les livres sur le centenaire ne sont pas les figures individuelles, mais bien les figures «globales» que sont «la Belgique», «l’armée» et «la population». Le schème descriptif de l’héroïsme décrit par Albert leur «colle» parfaitement64. L’épreuve qui va permettre l’héroïsation est, bien entendu, la guerre. Il est, en revanche plus difficile de voir la valeur ultime qui s’incarne en eux. On pourrait plutôt parler d’un complexe de valeurs65. Le fil rouge de la narration, dans les ouvrages encyclopédiques, est constitué par la description des opérations militaires. C’est au sein de cette présentation que le récit héroïque prend corps. On assiste également à un détournement du langage de l’héroïsme de l’individu vers celui du groupe qu’il représente, avec en dernier objectif d’exalter la Patrie. Ainsi, dans le discours du Roi lors du Centenaire, honneur est rendu à tous les bourgmestres et échevins qui ont défendu «souvent au péril de leur vie» le droit de leurs administrés. Max sert, ici, de prétexte pour glorifier toute une composante de l’État. Solvay et Francqui sont présentés comme ceux qui ont rendu possible le rôle du Comité National. Quant aux militaires -placés au centre de la narration- ils peuvent apparaître comme ceux qui rendent possible l’action héroïque de leurs soldats, reproduisant une sorte de calque à plus petite échelle du rôle de «tonique» du Roi sur l’ensemble de l’armée66. Le «martyr» de la population civile est évoqué dans la suite des combats. Souffrances qui valent au peuple belge «les hommages de l’univers». Les victimes civiles font l’objet d’un chapitre entier dans Pages de Gloire et dans La Patrie Belge67, mais le plus souvent elle se traduit par des iconographies de monuments aux morts, une série de chiffres de victimes, en insistant sur les enfants et les curés.

Le cas des figures héroïques féminines belges témoigne d’une double réponse au problème que pose la femme en tant que figure héroïque. Eriksen, dans son article68, écrit que pour perdurer, une Nation doit intégrer tous ses membres potentiels et leur fournir une identité signifiante. En d’autres mots : qu’elle inclue les hommes et les femmes. Une première solution est apportée par l’image de la Reine69. De haute naissance, Élisabeth incarne le modèle bourgeois des rôles sexuels. Tandis que son mari guerroie à la tête de son armée, elle incarne l’expert émotionnel du groupe70. A travers les descriptions teintées de vocabulaire religieux -ce qui lui permet d’ouvrir les possibilités d’action et de reconnaissance nationale- elle apparaît comme l’inspiratrice de l’organisation hospitalière du front. Elle est alors décrite comme la «mère des soldats», ou encore de «mère de son peuple» et également «d’ange tutélaire de la Nation». Un siècle de gloire va même écrire qu’elle symbolise par son existence et ses actions, la Belgique meurtrie et souffrante71. On trouve la solution inverse chez Gabrielle Petit. Personnage d’origine modeste, il n’est pas question d’en faire une sorte d’allégorie de la Nation comme pourrait l’être Élisabeth. La réponse qui semble donnée est de ne représenter Petit qu’à travers l’image de son monument érigé à Bruxelles. Toutefois, le phénomène qui permet au lecteur de l’époque d’accéder à l’univers de représentation qui symbolise cette iconographie joue pleinement. L’analyse des quelques descriptions permet de constater une intervention plus discrète du domaine religieux. En revanche, on met en avant des qualités qui ne se trouvent pas chez Elisabeth, mais bien chez les militaires. La mise en avant de ces qualités laisse à penser que Gabrielle Petit, tout en restant une femme, se pare d’éléments symboliques proprement masculins. Outre le fait d’être la seule femme citée dans le chapitre intitulé Défense nationale de Grandes figures de la Belgique indépendante, on met en évidence -comme c’est le cas des généraux Léman72, de Dixmude- son influence, son ascendant sur ses compagnons, son caractère fort et sa volonté. Plus loin, on parle même d’une intelligence remarquable et d’un courage viril73. La reine Élisabeth et Gabrielle Petit semblent particulièrement bien témoigner des tentatives d’intégration de l’héroïsme féminin dans l’histoire de la Patrie.

Un panthéon wallon et francophone…

L’origine géographique des différentes figures n’est pas toujours indiquée dans la description sommaire dont elles font l’objet. L’idéologie dominante des publications en langue française commémorant le Centenaire est profondément «unitariste». Toutefois, une constatation flagrante s’impose : le panthéon des héros belges de 14-18 est un panthéon francophone74. Sur les 26 héros sélectionnés seulement deux sont d’origine flamande (soit 8%). Mais pas un seul n’est présent dans les 12 figures qui reviennent le plus. 54% sont nés en Wallonie, 26% à Bruxelles75. Les deux Flamands — présentés dans une seule source — sont Nélis76, dont la gloire semble être due plus au fait d’avoir été le premier aviateur militaire, et De Ceuninck77, s’étant illustré sur le front de l’Yser. Mais alors que les militaires «francophones» sont mis en avant pour leur courage et leur résistance, on reconnaît à Nelis un dévouement au-dessus de tout soupçon78. Quant à De Ceuninck, il devient un exemple vivant de la servitude et de la grandeur militaire79. L’origine géographique des figures héroïques, lorsqu’elle est mentionnée, fait l’objet d’une double modalité de traitement visant un même objectif. Dans le premier cas, elle sert à souligner un point positif du caractère du héros qui lui permet d’encore mieux servir la Patrie. Ainsi le général Bertrand possède toutes les qualités de sa race : gaieté, vivacité de caractère, cœur chaud, tête dure, une verve gauloise mêlée d’un brin de poésie. Dans le second cas, l’origine géographique est mise en avant pour son caractère symbolique de trait d’union entre les deux communautés. Jacques de Dixmude revient très souvent de par son origine wallonne et son titre de noblesse en Flandre80. Quant au caporal Trésignies, il est né à Bierges, petite localité du Brabant, dont le savoureux patois apparaît comme le trait d’union entre nos régions de culture latine et les Flandres. Ces tentatives illustrent bien la volonté de gommer les traits trop régionaux pouvant faire obstacle à l’identification à la «généralité».

Conclusion

Les livres sur le centenaire nous donnent une «photographie», à un moment donné, de l’évolution de la représentation des figures héroïques. Photographie particulière, car elle s’inscrit dans un événement d’une portée symbolique très importante pour le patriotisme belge. De poids et de formes différentes, à vocation «encyclopédique» ou plus orientés, tous les ouvrages qui paraissent pour l’occasion condamnent unanimement ceux qui s’acharnent à distinguer Flamands et Wallons. L’objectif principal de ces publications est, en effet, de glorifier la Belgique -dans une période de crises latentes. La Grande Guerre occupe de ce fait une place très importante car ni en 1830, ni en 1870, la Belgique ne fut plus menacée de disparition qu’en 1914-18. A l’heure ou on tente de réactiver le patriotisme belge, la guerre renvoie également à cette période ou Flamands et Wallons, riches et pauvres, se trouvaient dans la même tranchée, la mort ne choisissant pas81. Vision rétrospective d’une sorte d’âge d’or de «l’union nationale ».Cela à des conséquences sur la présentation des figures héroïques. Que ce soit les sources «encyclopédiques» ou les autres, les descriptions liées aux héros individuels belges sont vraiment ténues. On va, en effet, héroïser en priorité des figures «globales» présentant l’avantage d’englober toute les composante de la population sans distinctions. On assiste dans la description des héros individuels à un glissement du vocabulaire héroïque de l’individu vers le groupe dont il est issu. Il est dès lors possible d’établir une sorte de hiérarchisation héroïque: les héros individuels regroupés en «civils», «militaires», permettent à travers eux la glorification de «la population» et de «l’armée». Ces dernières figures renforcent l’image du «Roi»-«Chevalier» (incarnation de la Nation) et de l’Eglise (intimement liée à la Nation). Figures qui elles-mêmes incarnent et renforcent l’image de «la Patrie»82. Celle-ci étant par excellence la figure héroïque placée au centre des publications sur le centenaire.

Ces sources témoignent également d’un univers de représentations en voie de structuration. Les deux figures héroïques d’origines modestes que sont Gabrielle Petit et le caporal Trésignies sont traitées en majorité sous forme d’illustrations sans autre forme de commentaires. Le rôle de la femme fait l’objet de deux tentatives différentes d’intégration dans la Patrie. Quant à l’origine géographique des protagonistes, elle pose le problème du passage de héros local à celui de héros national83. Or le panthéon des héros belges -presque exclusivement francophone- nuit à l’intégration de toutes les composantes de la Nation. La réponse apportée est le plus souvent de ne pas citer l’origine des héros84, et lorsqu’elle l’est, de montrer son caractère de lien symbolique entre «la région latine et les Flandres». Si la biographie des héros n’est presque pas évoquée - ce qui ne permet pas un long développement théorique sur le schème descriptif des héros - les valeurs sont, elles, identifiables, bien qu’elles deviennent multiples et de plus en plus difficiles à cerner. Bref, on remarque bien une réappropriation orientée des figures héroïques, mais le but avoué des livres sur le centenaire reste de glorifier la Patrie. À tel point que l’on peut se demander si la caractéristique belge du concept de culture de guerre -le surinvestissement dans la Patrie- ne doit pas être pris, dans ce cas, dans son sens le plus littéral. Seule la comparaison avec des publications antérieures et postérieures permettrait de voir si les livres sur le Centenaire s’inscrivent dans un processus de longue durée ou si, au contraire, ils marquent une exception singulière -liée au caractère symbolique du centenaire- dans l’évolution du processus d’héroïsation en Belgique.

  1. 1. BECKER A., 14-18 la très grande guerre, Paris, Le Monde Edition, 1994, p. 258.
  2. 2. Ibid, p. 261.
  3. 3. R1OUX J.-P. et SIRINELLI J.-FR., Pour une histoire culturelle, Paris, Seuil, 1997, p. 270.
  4. 4. Annexe II
  5. 5. Annexe II, voire notes de bas de page.
  6. 6. La distinction sera toujours spécifiée lorsqu’un élément d’analyse diffère entre les deux types de livre.
  7. 7. Les seules biographies de héros de l’échantillon analysé se trouvent dans LEBRUN G., Grandes figures de la Belgique indépendante. 1830-1930, Bruxelles, Veuve Monnom, 1930 et, pour quelques personnes seulement, dans La Patrie Belge, Bruxelles, Les Editions illustrées du «Soir », 1930.
  8. 8. Annexe III, l’historien est ici plus que jamais tributaire de ses sources.
  9. 9. DUMONT G. H., La Belgique, Paris, PUF (Que sais-je?, n°319 ), 1981, p. 83.
  10. 10. MABILLE X., Histoire politique de la Belgique. Facteurs et acteurs de changement, Bruxelles, CRISP, 1997, p. 231.
  11. 11. Ibid, p. 231
  12. 12. MABILLE X., Histoire politique de la Belgique, p. 236.
  13. 13. Toutefois, après le traité de Locamo, la Belgique aura le sentiment provisoire d’avoir assuré la sécurité de ses frontières.
  14. 14. DUMONT G. H., La Belgique, p.83.
  15. 15. LYR R., La Belgique Centenaire : encyclopédie nationale 1830-1930, Bruxelles, Les Editions nationales, 1930, pli.
  16. 16. Ainsi on peut lire dans LECLERC J., Notre patriotisme, Louvain, Edition Rex, 1930, p.7 : L‘action catholique peut quelque chose pour la Belgique (...) sommes nous, parce que chrétiens, de meilleurs patriotes, et comment et pourquoi ? et dans DE LICHTERVELDE L., Méditations pour le centenaire, Bruxelles, Librairie Albert Dewit, 1930, p. 11 : // est à souhaiter que les Belges consacrent quelques moments de réflexion aux problèmes de leurs destinée collectives. La Belgique indépendante est une réussite splendide qui nécessite une vigilance continue.
  17. 17. Annexe II : ces ouvrages sont, Un siècle de gloire, La Patrie Belge, La Belgique Centenaire, Grandes figures de la Belgique, Le livre d’or du centenaire.
  18. 18. La Patrie Belge, Bruxelles, Les Editions illustrées du «Soir», 1930, p. 8 :«Aujourd’hui encore, après l’élan magnifique qui pendant plus de quatre années leur permit de faire face à l’envahisseur, des forts avancés de Liège aux tranchées de l’Yser, il en est qui demeurent sceptiques quant à la manifestation souveraine d’un véritable tempérament national. C ‘est une excuse facile pour ceux qui s’attardent et s’obstinent dans les plus médiocre querelles politiciennes
  19. 19. Annexe II : moyenne des pourcentages des ouvrages suivant : Un siècle de gloire (25%) ; La Patrie belge (17%); La Belgique centenaire (9%) ; Les grandes figures de la Belgique (9%) ; Le livre d’or du centenaire (5%)
  20. 20. Petit Gabrielle (Tournai, 1893-1916), Résistante durant la première guerre mondiale (...) accepte défaire partie du service de renseignements britanniques en Belgique occupée (...) arrêtée le 2 février 1916 par l’occupant, fut condamnée à mort le 3 mars et exécutée le 1er avril au Tir National. LEGRAIN P., Le dictionnaire des belges, Bruxelles, 1981, p. 399.
  21. 21. VAN YPERSELE DE STRIHOU M., 1830-1930 centenaire de l’indépendance de la Belgique, Bruxelles, roma: cuggiani, 1930, p.4 : «Oui messieurs souhaitons ardemment, souhaitons de toute notre âme que la géographie des langues ne mette jamais en échec notre géographie nationale. Car Wallons et Flamands, que certains s’adonnent à distinguer les uns des autres, une union traditionnelle les a faits beaucoup plus proches qu ‘on ne veut le reconnaître. Le commun lien de la Patrie a soudé leurs affinités différentes. Ils sont tous belges.» Ibid, p. 18.
  22. 22. KURTH, G., 1830-1930. La nationalité belge, Bruxelles, Albert Dewit, 1930, p. III.
  23. 23. DE LICHTERVELDE L., Méditation pour le centenaire, p. 15
  24. 24. Ibid,p.l6
  25. 25. Ce type d’ouvrage n’est presque jamais illustré et est beaucoup moins volumineux que les livres «encyclopédiques»
  26. 26. Annexe II
  27. 27. DE PAEUW, L., Nos rois au service de la Patrie, Bruxelles, 1930, p. 6.
  28. 28. Annexe II, les figures qui reviennent le plus dans ce type de sources sont : Albert 1er, Mercier, Elisabeth, Leman
  29. 29. MERCIER Désiré-Joseph (1851-1926 ), Cardinal, seizième archevêque de Malines (...) Pendant la Première Guerre mondiale, son attitude patriotique très ferme vis-à-vis de l’occupant allemand lui valut des funérailles nationales. Tiré de DENOÈL, Dictionnaire, p. 106-107.
  30. 30. Consul américain à Bruxelles.
  31. 31. Voir Annexe II et notes supra.
  32. 32. Remarques supra
  33. 33. Un exemple parmi d’autres, ils sont repris dans le chapitre intitulé La Belgique économique dans La Patrie Belge. Alors que l’essentiel de la Belgique dans la Grande guerre est traité dans les chapitres : Les opérations de l’armée belge, Les victimes civiles de la guerre et Les déportation d’ouvriers belge en Allemagne.
  34. 34. Annexe I
  35. 35. Annexe I
  36. 36. Albert Ier (Bruxelles, 1875-1934) 3ème Roi des Belges (...) monta sur le trône en 1909 à la mort de Leopold II (...) figure légendaire et populaire de la première guerre mondiale (...) Pratiquant de nombreux sports, dont l’alpinisme, se tua à 59 ans à l’occasion d’une banale escalade solitaire à Marche-les-Dames. LEGRAIN P., Le dictionnaire des Belges, p. 11.
  37. 37. Page de gloire, 1830-1930, s.l. [ Bruxelles ], 1930, p. 94.
  38. 38. Une rapide comparaison des qualificatifs adossés à la «Belgique», la «population» et surtout «l’armée» avec ceux du «Roi» donne l’ampleur de ce rapprochement. Voir Annexe III
  39. 39. Voir biographie supra.
  40. 40. Un siècle de gloire. Bilan historique 1830-1930, Namur-Bruxelles, La Procure, 1930, p. 120.
  41. 41. Annexe III : bon, pieu, de nature pacifique, homme de guerre par amour de la paix, foi en Dieu, culte de la vertu, auréole, héros, soutien moral, mort sublime, ...
  42. 42. Annexe III : la valeur qu’il incarne est le «patriotisme».
  43. 43. Annexe II : les descriptions sont toutefois plus développées dans les livres «encyclopédiques».
  44. 44. LEBRUN G., Grandes figures de la Belgique indépendante. 1830-1930, Bruxelles, Veuve Monnom, 1930, p.76.
  45. 45. Page de gloire, p. 94.
  46. 46. Le livre d’or du Centenaire de l’indépendance belge, Bruxelles-Anvers, 1930, p. 88.
  47. 47. Annexe IV
  48. 48. Dans les autres sources, seul Léman et de Dixmude sont brièvement cités.
  49. 49. Léman à Liège ; de Dixmude à F Yser ; Michel à Namur ( même si la plupart du temps il est uniquement cité, il revient toutefois plus souvent que de Witte ou De Ceuninck )
  50. 50. Annexe III
  51. 51. Trésignies Léon ( 1886-1914) Ouvrier aux Chemins defer de l‘État. Incorporé comme milicien en 1906 chez les chasseurs à pied (...) Il mourut à Pont-Brûlé sur le canal de Willebroek alors qu ‘après avoir traversé le canal à la nage, il abaissa le pont basculant permettant le passage de sa compagnie. DENOËL CH., Dictionnaire des Belges, p.260.
  52. 52. Annexe I : Trésignies est cité dans 4 des 6 sources illustrées par des iconographies.
  53. 53. A tel point que l’on peut dire sans mauvais jeux-de-mots que ces deux héros, issus du registre de l‘imitatio christi, sont véritablement héroïsés sous forme «d’icône» permettant (outre le souvenir) le recueillement.
  54. 54. LEBRUN G., Les Grandes figures de la Belgique indépendante, p. 537-538.
  55. 55. Qui est par ailleurs citée comme «soldat de l’intérieur». Elle sera analysée dans le prochain paragraphe.
  56. 56. La Patrie Belge, p.543.
  57. 57. Solvay (Rebecq-rognon, 1838-1922 ) Chimiste et industriel. Homme politique libéral (...) ses recherches aboutirent à la découverte de la soude artificielle (...) fondateur en 1914 du Comité national de secours et d’alimentation. LEGRAIN P., Le dictionnaire des Belges, p. 461-2. Et, Francqui E. (Bruxelles, 1863-1935) Officier, consul, banquier, homme politique libéral (...)Fut en 1914-18, la cheville ouvrière du ravitaillement de la Belgique par le Comité national.
  58. 58. Ibid, p. 213.
  59. 59. Voir supra
  60. 60. Annexe III
  61. 61. ALBERT J. -P., Du martyr à la star. Les métamorphoses des héros nationaux, dans CENT LIVRES P., FABRE D., ZONABEND Fr., La fabrique des héros, Paris, 1998, p. 14.
  62. 62. Annexe III : la valeur qu’ils incarnent est plus difficilement identifiable.
  63. 63. Max A. (Bruxelles, 1869-1939) Homme politique libéral. Bourgmestre de Bruxelles en 1909-1939, député depuis 1919. Ministre d’Etat en 1918 (...) ferme et digne devant l’envahisseur son attitude lui valut d’être emprisonné dans la forteresse de Glatz jusqu ‘à la fin de la guerre. LEGRAIN P., Le dictionnaire des Belges, p. 351.
  64. 64. La Patrie Belge, p. 525-6.
  65. 65. Léman laisse aux forts la mission glorieuse de continuer à barrer la route à l ‘adversaire. La Patrie Belge, p 127. ; Michel permet à ses unités de contre-attaquer héroïquement. LEBRUN G., Les Grandes Figures de la Belgique indépendante, p.539-540 ; Jacques de Dixmude galvanise la défense, son 1 leme de ligne se couvre de gloire. LYRR., La Belgique centenaire, p. 291.
  66. 66. Page de Gloire, p.262-270. ; La Patrie Belge, p. 141-157.
  67. 67. ERIKSEN A., Être ou agir ou le dilemme de l’héroïne, dans CENTLIVRES P., FABRE D., ZONABEND Fr., La fabrique des héros, p. 150.
  68. 68. Elisabeth (Passenhofen, 1876-1965) Reine des Belges. Fille d’un ophtalmologue munichois, épousa le prince, futur roi Albert en 1900 (...) Mère de Leopold III, Charles et Marie-José (...) Infirmière et bienfaitrice des soldats en 1914-18. LEGRAIN P., Le dictionnaire des Belges, p. 194.
  69. 69. ERIKSEN A., op. cit., p. 152
  70. 70. Un siècle de gloire, p. 105-8.
  71. 71. LEBRUN G., Les Grandes figures de la Belgique indépendante, p.534 : elle vouait un véritable culte à sa mère décédée (...) elle rayonne de bonheur quand son fiancé l’emmène le dimanche à la messe de St Gudule.
  72. 72. Léman (Liège, 1851-1920 ) Officier du génie (...) remarquable professeur (...) Résistera à la tête de ses troupes jusqu ‘au 16 août 1914. Prisonnier des Allemands sera évacué en Suisse à la fin de 1917 et terminera la guerre en France. LEGRAIN P., Le dictionnaire des Belges, p. 317.
  73. 73. LEBRUN G., op. cit., p. 534-535.
  74. 74. Annexe I
  75. 75. Le Roi et la Reine représentent 8% et Édith Cavell est Anglaise ( 4% ).
  76. 76. Nélis (Haï, 1886-1929 ) Aviateur militaire (...) en 1911 dirigea la première école d’aviation militaire créée à Brasschaet et participa aux premier tirs de mitrailleuse depuis avion en 1912. LEGRAIN P., Le dictionnaire des Belges, p. 377.
  77. 77. De Ceuninck (Malines, 1858-1935 ) Officier (...) participe à la bataille de Steenstraete (...) il occupa l’Allemagne. LEGRAIN P., Le dictionnaire des Belges, p.120.
  78. 78. LEBRUN G., op. cit., p. 534-5.
  79. 79. 79. Ibidem
  80. 80. Ibid. p. 511-2 : enfant de Stavelot et baron de Dixmude ! Ces deux noms confondus par la guerre dans cet homme vaillant et bon, demeureront un gage de l’unité et de la grandeur de la Belgique, auxquelles il consacra sa noble vie.
  81. 81. Ibid., p. 521-2.
  82. 82. Ibid, p. 528-9.
  83. 83. Ibid, p. 528-9.
  84. 84. Elle ne l’est pas pour les deux Flamands.