Le NON à l'UE de Jean-Marc Ferry

Le Reich néolibéral européen

Il est évident que Jean-Marc Ferry est un partisan résolu et réfléchi de l'union des Nations européennes. Mais celui qui observe l'Union européenne d'un regard critique depuis des décennies, dont nous avons fait la connaissance en juillet 1992 pour ne plus pouvoir jamais nous en défaire, a admirablement résumé (de manière non médiatique), tout son travail réflexif. Chaque mot est bien pesé et ouvre à tout un monde qui n'est pas celui de l'actuelle Union européenne.

Peut-être la Wallonie a-t-elle enclenché, les 20 et 21 octobre 2016, 71 ans après le Congrès national wallon de 1945 à Liège, la Révolution des esprits et des coeurs contre le néolibéralisme en train de perdre l'Europe à cause d'un travail de sape qui dure depuis la CECA.

La raison profonde du rejet du CETA n'est rien d'autre que ce que nous pouvons lire chez lui.

« A l'aube du XXIe siècle, le vent du néolibéralisme rencontrait les adhésions d'une classe dirigeante qui, crédule ou cynique, engagea un mouvement de privatisation générale : de l'économie, de la monnaie, de la régulation administrative et de la politique elle-même, pour autant qu'au niveau des relations interétatiques intracommunautaires son jeu dominant se déploie sur le schéma de négociations diplomatiques fermées, plutôt que suivant le style démocratique des délibérations ouvertes, tandis que pour la routine des consultations préparatoires aux décisions communautaires, le principal se déroule sur le mode du lobbying, consultations semi-privées et tractations avec des groupes d'intérêts non parlementarisés. C'est comme si les supposés « Pouvoirs publics » de l'Union avaient capté la puissance des Etats membres pour en effectuer la réversion à des pouvoirs privés. Il s'ensuit que les citoyens se voient privés d'un point de référence pour leurs réclamations1.

1. 1. Jean-Marc Ferry, La Raison et la foi, Pocket, Paris, 2016