Le tournant de l’identité wallonne (1)

Toudi mensuel n°56-57, juin 2003

Voir Le nouveau débat sur l'identité wallonne (ajout du 5 mars 2010)

[Nous publions ici un extrait du mémoire – inédit - d’Anny Dauw intitulé De Waalse identiteit en het integratiebeleid in Wallonië, présenté durant l’année académique 2001-1002 à la Faculté de Philosophie et Lettres de l’Université de Gand sous la direction du Professeur Verlot. On ne peut qu’être frappé par l’attention extrême et la bonne connaissance avec laquelle les réalités wallonnes peuvent être étudiées en Flandre. Alors que parfois, dans le monde académique francophone, traiter d’un tel sujet amène des haussements d’épaules. On ne regrettera qu’une chose c’est le fait qu’ici soit adopté le schéma inexact – mais malheureusement adopté par une certaine historiographie souvent antiwallonne - d’un mouvement wallon qui aurait été d’abord la défense du français par des élites jusqu’à l’année 1960 et que se serait seulement alors mué en mouvement populaire. C’est dire à nouveau la responsabilité que nous avons de nuancer cette historiographie, de la critiquer et de la faire connaître du mieux qu’on pourra en Flandre, y compris en apprenant le néerlandais. Le combat wallon se gagnera aussi en Flandre. Anny Dauw introduit en outre plusieurs éléments nouveaux permettant de comprendre la Wallonie. Nous publions ici la première partie de l’extrait de son mémoire consacré au manifeste pour la culture wallonne.

Les notes relatives à des ouvrages et articles sont entre parenthèses et renvoient à la bibliographie ci-dessous.]

Dans cette partie de mon travail, la recherche se concentre sur toutes les informations obtenues grâce à mes sources et sur les réponses aux interviews que j'ai conduites. Je traite de l'identité wallonne et de l'intégration comme d'éléments narratifs. Je choisis ce terme parce que, de cette façon, l'accent est mis sur l'action en tant qu'elle donne sens.

Je traite de l'« identité wallonne ». D'abord, je donne une idée globale de la construction de cette identité, ensuite vient une discussion sur les deux discours opposés à l'intérieur de l'identité wallonne : le communautaire et le régional.

Bien que le terme « discours » puisse être interprété de manière large (comme : un texte littéraire, un tract, un emblème, un film, un monument...), j'effectue la recherche sur les discours adoptés principalement en retournant aux interviews. Les extraits que j'ai retenus sont très clairement utilisés pour rendre compte de ce qui est spécifique de certains conceptions et opinions liées à la question au centre de ma recherche.1

L'identité wallonne

L'identité est un concept-clé dans cette thèse. J'utilise ici la théorie de l'identité de Pinxten et Verstraete (1998).

Il y a plusieurs optiques sur l'identité et sa formation. Dans l'optique essentialiste, l'identité est une propriété par définition immuable et inaliénable, comme si c'était génétiquement déterminé. En d'autres termes, on fait comme si l'identité était un ensemble donné, avec des caractéristiques essentielles qu'on peut définir, qui peuvent se distinguer clairement d'autres identités.

Les constructivistes, en revanche, ne voient jamais l'identité comme quelque chose de donné. L'accent mis sur le devenir de l'identité est associé chez les constructivistes à une façon de souligner fortement son caractère dynamique et anti-essentialiste. Le fait de mettre l'accent sur le caractère dynamique de l'identité a comme conséquence claire et immédiate que les contextes politiques, sociaux et historiques sont d'une grande importance au cœur de chaque démarche entreprise en vue d'étudier les problèmes d'identité (Pinxten et Verstraete 1998 : 36-38).

Que les dynamiques identitaires propres à la période que vit présentement la Wallonie aient quelque chose à voir avec la réalité institutionnelle, c'est ce qu'illustre la proposition d'Anderson (1991)2 selon laquelle le nationalisme et les entités nationales peuvent être élaborées dans le cadre de ce que les êtres humains se représentent et dont ils font l'expérience.3

Verstraeten (1993 : 71), insiste sur le fait très important que la notion d'identité culturelle est liée autant à un aspect matériel qu'immatériel (l'expressif, le symbolique). L'aspect matériel de l'identité culturelle4 se constitue à partir des éléments concrets, matériels du monde vécu d'une communauté déterminée. La culture est en effet l'expression d'une expérience du monde particulière. Il est également important de dire que le concept d'identité culturelle n'est pertinent que s'il se fonde sur une manière de penser ouverte et évolutive. L'identité culturelle d'une communauté ne prend jamais consistance dans un isolement artificiel : au contraire, elle ne prend forme qu'au contact d'autres cultures.

J'utilise dans le premier paragraphe de ce chapitre plutôt descriptif, la technique de l'analyse par thème. Les thèmes sont extraits d'un corpus d'éléments par lesquels une identité peut être (ré) inventée ou construite. La question se pose de savoir en quoi finalement consiste la composante autour de laquelle se forme telle nouvelle identité, celle à laquelle ses tenants se réfèrent. Cela peut se construire à partir de tout ce qu'on voudra: la langue, l'histoire, la religion l'origine, la culture, le vivre ensemble dans une communauté étatique.... Tous éléments qui sont constitutifs de la socialisation. Au cours de l'analyse, il apparaîtra que seuls un certain nombre de thèmes possibles se sont fortement dégagés, et de ceci j'ai aussi parlé en détail.

Je me ne suis pas intéressée seulement à ce qui était dit, mais aussi à la façon dont les personnes interviewées parlent de l'identité wallonne. Quelques interviewés mettent plus l'accent sur certains facteurs que d'autres. Cela est lié à des intentions implicites qui sont sous-jacentes. J'essaye, aussi souvent que possible, de rendre ces intentions explicites. À partir tant des messages explicites que des messages implicites, j'ai dégagé un certain nombre de thèmes.

Je désire poser quelques questions: « Comment sont définis les projets communs ? Quels moyens sont à mettre en œuvre pour les concrétiser ? Par quel mécanisme et à la suite de quelle initiative cette identité est-elle advenue ? Quelles sont ses caractéristiques essentielles ? Ou, plus concrètement : dans quelle mesure la politique de la Région wallonne s'est-elle mise à la recherche d'un projet politique cohérent qui pouvait lui procurer légitimité et cohérence ? Et, en même temps, qui mettait en place une dynamique rassembleuse ?"

Dans cette partie de mon travail, j'oriente mes recherches sur la construction de l'identité wallonne en devenir. Cela se fait en différentes étape: d'abord, je donne le contexte historique, ensuite, je mène une discussion sur le Manifeste et ensuite viennent les thèses des communautaristes et des régionalistes et la conclusion.

Le contexte historique (1970-1983)

Chronologiquement, la formation de l'actuelle identité wallonne est à situer par rapport à différentes étapes historiques importantes à noter. En 1970, la Wallonie fut englobée, au plan culturel, dans la Communauté française par l'amalgame de Bruxelles et de la Wallonie à la Communauté culturelle française (à qui échut comme compétence la culture et les médias audiovisuels ; et depuis 1989 également l'enseignement).5

À l'intérieur de la Communauté française, c'est à peine si l'on fit place à la reconnaissance d'une identité culturelle wallonne et d'une identité wallonne. La Wallonie perdit une bonne part de sa spécificité culturelle et devint totalement dépendante des décisions prises à Bruxelles. La part du lion des investissements culturels par exemple alla à Bruxelles. L'intégration à la communauté culturelle française a donc signifié pour les Wallons une régression pour leur conscience de soi et leur spécificité.

Quand la Wallonie fut reconnue comme entité régionale autonome en 1980, elle fut, du fait de la formation de la Région, plus forte sur le plan politique qu'elle ne l'avait jamais été. Cela ne s'opposant pas à un recul sur le plan économique et industriel. Peut-être que ce contexte de crise fut précisément le sol nourricier du développement d'une stratégie d'ancrage de l'identité wallonne. Selon Guido Fonteyn, e.a. (1984 : 66), la crise économique a conduit à une nouvelle familiarisation avec ce qui se vivait souterrainement dans l'espace propre aux Wallons. En 1980, il y eut une prise de conscience politique, sociale et économique, mais il y manquait une conscience culturelle wallonne. À cause de la participation de la Wallonie aux différentes composantes de la civilisation française et à cause de son absence dans le rayonnement de la culture belge à l'extérieur, les aspects culturels wallons spécifiques avaient été rarement reconnus comme tels selon Fontaine (Fonteyn e.a. : 1984 : 65).

Le Manifeste

1983 est un moment-clé pour la conscience culturelle en Wallonie. Le 15 septembre de cette année, une minorité active d'intellectuels wallons propose le « Manifeste pour la culture wallonne »6. Le but des signataires du Manifeste était de signaler aux hommes politiques wallons qu'il ne suffisait pas d'avoir une autonomie politique et économique. Il fallait qu'à l'autonomie politique et économique corresponde aussi une autonomie culturelle. La Wallonie était selon eux freinée dans son développement du fait d'un blocage culturel et cela avait comme conséquence un handicap à l'esprit d'entreprise ne dynamisant pas assez l'économie. La culture était envisagée comme une réponse à la crise :

Nous croyons pourtant que l'accession de la Wallonie à sa personnalité de peuple et à sa maturité politique n'aura pas lieu si un projet culturel ne va pas de pair avec un projet économique (Manifeste 1983).

Mais le Manifeste c'est d'abord une quête de l'identité spécifique et la volonté de préserver la Wallonie d'une extinction culturelle.

Nous sommes et nous nous sentons être de Wallonie (Manifeste 1983).

Le « sentiment » joue un rôle important. Vous vous sentez wallons, vous ne le raisonnez pas.

Quelque quatre-vingts intellectuels wallons et artistes font connaître à la population belge l'existence d'une culture wallonne spécifique. Ils voulaient que la culture wallonne (notamment aussi vis-à-vis de l'extérieur), soit présentée comme wallonne et non comme belge. Les artistes et les intellectuels soulignent et argumentent la spécificité de cette culture. Le but, en diffusant le Manifeste et en le faisant lire, c'est qu'effectivement une identité wallonne s'inscrive dans l'esprit du plus grand nombre possible de personnes. Une identité, une culture n'existent en effet que dans la mesure où les gens s'y associent.

Le premier moment de cette initiative, c'est le moment artistique/culturel. Les signataires du manifeste considèrent la « culture » comme se situant de manière privilégiée au sein du processus de création. La production culturelle comme le théâtre, le film, la littérature, la musique, le chant et la danse devaient se développer de manière typiquement wallonne, se fonder sur l'histoire wallonne singulière et donner vie à la représentation de la Wallonie. La « culture » a ici un contenu dynamique, sans que soit oublié ce qui a été produit dans le passé :

Sans renoncer à ce patrimoine qui fonde notre identité, nous voulons aujourd'hui construire une Wallonie moderne qui renoue avec l'Histoire et la conscience de soi, qui renoue avec ses paysages ses manières d'être et ses symboles (Manifeste 1983).

Les signataires du Manifeste appellent plus loin les politiques à lier politique et culture. Dans un deuxième moment, moment politique, la conscience culturelle sera vue comme un tout : création, style de vie et manière de penser. Les signataires du manifeste demandent à l'élite administrative de réfléchir à la « wallonité » de la Région. L'élite politique ne devrait pas seulement s'occuper de gestion économique et sociale, mais aussi de la culture au sens large. Cette politisation de la culture, il est permis que les acteurs politiques s'en servent pour légitimer la politique de la Région wallonne.

Les anthropologues critiques comme Wright et Shore indiquent que les élites politiques utilisent souvent la culture pour conserver et accroître leur contrôle social (Verlot, 2001 : 19). C'est de cette façon que l'identité culturelle acquiert une force directrice dans l'histoire politique. Ainsi, l'identité culturelle wallonne deviendrait une idéologie qui servirait les intérêts politiques.

Le Manifeste fut effectivement au départ de l'intérêt pour le concept d'identité culturelle dans les cercles politiques et intellectuels en Wallonie. Les sympathisants du Manifeste considérèrent la reconnaissance de la culture wallonne comme un processus émancipateur qui conduirait à la solidarité : la culture comme génitrice de l'identité régionale (Van Dam 1996 : 58). La lutte politico-économico-culturelle fut représentée comme un tout indispensable, la lutte pour l'autonomie culturelle pouvait commencer. Dubois7 le formule comme suit :

Si la Wallonie dispose désormais de son destin économique, un secteur lui échappe toujours, celui de la culture, le seul à pouvoir stimuler la conscience identitaire des gens (Dubois 1992 : 13).

Suivant les signataires du Manifeste, les Bruxellois continuent à l'emporter dans la Communauté française et la Wallonie y est traitée en parente pauvre. Ils critiquent aussi la politique culturelle qui n'est pas assez attentive aux problèmes spécifiques wallons. L'intelligentsia bruxelloise francophone devient l'adversaire. Quelques Wallons exigent aussi le transfert des matières culturelles à la Région wallonne (et bruxelloise) et rejettent la Communauté française comme institution et concept.

Lorsque, en février 1989, pour la première fois un homme politique - José Happart - souscrit aux idées des intellectuels wallons, cela provoque une réaction très dure dans les milieux bruxellois hostiles (Fontaine 1995 : 77).

Le texte du Manifeste a déclenché beaucoup de réactions. C'est avec lui que commence un débat entre les communautaristes (partisans de la Communauté française) et les régionalistes (partisans de la région wallonne).

L'identité wallonne : les différents discours

Sur l'identité culturelle wallonne, toute une série de polémiques sont menées depuis deux décennies. Pour ne pas nous étendre trop sur le sujet, nous avons mis l'accent sur la tension entre d'un côté les « constructeurs » d'une identité culturelle wallonne et, de l'autre, la Belgique francophone (principalement Bruxelles), qui place (ou plaçait) la Wallonie dans une position subordonnée.

Il est impossible de donner un aperçu complet de la variété kaléidoscopique des projets et propositions concrètes autour des mots « Identité "culturelle" wallonne ». Le moins que je puisse en dire c'est que c'est un concept qui est utilisé dans de multiples acceptions.

Les militants qui s'attachent à l'identité wallonne et les autres qui s'en distancient adoptent des points de vue opposés. Il faut donc prendre en compte le fait que la plupart des visions reflètent l'engagement de l'auteur. Les réponses des interviewés ne sont jamais neutres. La subjectivité des interviewés correspond indéniablement à leur foi - ou leur absence de foi - dans le processus de formation de l'identité wallonne.

D'après les principes posés au départ par Pinxten et Verstraete (1998), « le Wallon » n'existe pas, parce que l'identité culturelle n'est pas une donnée statique, mais une construction dynamique, changeante et susceptible d'être modifiée. Une identité n'est donc jamais achevée et jamais tout à fait stable. Une identité n'est par conséquent jamais non plus une « donnée » naturelle qui serait incontournable. La réalité sociale est une construction.

Leupen8, partage le point de vue de Pinxten et Verstraete. Selon lui, les « identités sociales » sont marquées comme imaginaires. « Imaginaire » ne signifie pas qu'elles ne seraient pas réelles, mais simplement qu'elles sont construites et ne peuvent pas « naturellement » (biologiquement) être considérées comme des données (Leupen 2002 : 19). Van Dam9 part d'une conception semblable :

L'identité collective n'est pas un donné statique, mais est formée à travers l'histoire d'un groupe, c'est un processus dynamique. Dans le cas d'un groupe lié à un territoire il existe aussi des dimensions liées à l'espace qui sont à prendre en compte. Le temps (le passé, le présent, l'avenir) et l'espace apparaissent donc comme des éléments importants pour le développement d'une identité collective. (Van Dam : 1996 8). L'identité culturelle est fonction du sentiment de l'identité régionale et de l'attitude vis-à-vis de la culture, de la langue, des mentalités, de l'économie et des frontières (Van Dam : 1996 43). (Notre traduction)

Aussi, pour Moureaux, ministre de la Communauté française, un adversaire du régionalisme, il n'y a pas essentialisme, mais constructivisme. L'essence du peuple wallon n'existe pas, mais est construite :

Sur les deux tiers de sa longueur, ce document est aussi un plaidoyer pour l'identité wallonne qui affirme que la Wallonie doit d'abord exister dans les esprits. Il est vrai que pour remonter le courant, il faut d'abord que l'on sache ce que l'on est (Fonteyn e. a. 1984 : 71).

Avant d'en arriver à une discussion détaillée sur les discours des régionalistes et des communautaristes, je signale pour commencer, encore, deux théories qui éclairent les arguments utilisés à propos de la formation de l'identité d'une communauté. La première est celle des « lieux de mémoire » tels que l'historien français Pierre Nora les décrit en 1986, la deuxième est celle de l'historien britannique Hobsbawm sur les « inventing traditions ».

L'histoire et le souvenir sont deux choses distinctes selon Nora et ne sont pas synonymes, et, bien plus encore, ils s'opposent. L'histoire est la reconstruction toujours problématique et incomplète de ce qui a été. Le souvenir est toujours actuel, un lien vécu avec un présent immémorial.

La disparition rapide de notre mémoire nationale m'avait semblé appeler un inventaire des lieux où elle s'est électivement incarnée et qui, par la volonté des hommes ou le travail des siècles, en sont restés comme les plus éclatants symboles : fêtes, emblèmes, monuments et commémorations, mais aussi éloges, dictionnaires et musées (Lambert 2002 : 13).

Selon Hobsbawm, les hommes sont à la recherche d'éléments dans le passé pour éclairer le présent ou le légitimer. Le but en est toujours de démontrer une continuité entre le passé et le présent. Quand celui-ci n'existe pas, il est « créé », quand la tradition n'est pas disponible, elle est «créée ». Hobsbawn a lancé ici l'expression « invented tradition » (Lambert 2002 : 13-14). La tradition c'est quelque chose qui est construit. Cette lecture n'est pas incontestée.

Suivant Sahlins (Journal of the Royal anthropological Institute (NS) 5 : 399), les traditions ne sont pas seulement inventées, mais peuvent par elles-mêmes être créatives. Les traditions ont aussi un impact, ont aussi des fonctions déterminées. C'est ce qu'il nomme « inventiveness », la force inventive de la tradition.

Le discours des communautaristes

Après la publication du Manifeste en 1983, un discours explicitement antiwallon voit le jour, il est tenu par les partisans de la Communauté française. Selon Fontaine (1998)10 le discours antiwallon exprime la négation de l'identité wallonne. La Wallonie serait tombée dans le morcellement, elle serait seulement un ensemble de sous-régions, une terre de nostalgie excessive et de folklore, et le discours sur l'identité serait surtout engendré par le repli sur soi et le narcissisme. Elle est marquée, stigmatisée. Dans leur thèse, les communautaristes se taisent sur la Wallonie, la passent sous silence, n'en veulent rien savoir ou la voient comme économiquement, politiquement et symboliquement subordonnée. Le fait que José Happart ait approuvé politiquement l'idée d'une identité culturelle wallonne (voir plus haut), ne trouve pas grâce aux yeux d'Yvan Ylieff, alors ministre de la Communauté française. Le 27 septembre 1989 Ylieff déclare que la Wallonie n'a ni art, ni langue ni culture (Fontaine 1995 : 77). Que cette façon calculée de s'exprimer ait pu se manifester le jour même de la fête nationale de la Communauté française renforça encore la négation d'une identité wallonne.

De telles déclarations visant à dénigrer l'existence d'une culture wallonne (rien d'autre qu'un morcellement, seulement des cultures sous-régionales), est en contradiction avec ce que Quévit11, un régionaliste, avait déclaré quelques années auparavant. En 1985, il disait entre autres :

Être wallon, c'est d'abord être très diversifié (Quévit, 1992 : 213)

Il doit donc y avoir diversité pour que l'on puisse parler d'une identité wallonne. En outre, le Wallon peut se situer au cœur d'une identité plurielle:

On peut se trouver dans la Francophonie et avoir une identité, une référence spécifique (Quévit 1992 : 212)

Mais, encore en 2001, Béatrice, une interviewée appartenant au monde académique bruxellois, met en garde:

L'identité wallonne ? Honnêtement, il n'est pas possible de s'y retrouver! Elle est définie et exprimée politiquement. Et il y a plusieurs définitions : il y a les essentialistes, les constructivistes. (Notre traduction)

Pour les théories essentialistes, je renvoie à la discussion que j'ai menée. Les constructivistes peuvent se référer à « Invention of Tradition » d'Hobsbawm (voir aussi plus haut) et Ranger (1983). Ils soulignent que la formation nationale est un processus « artificiel » dans lequel certains groupes d'intérêt font croire aux gens que les nations sont des « sociétés naturelles » (De Wever 2002 : 23). Cela se développe notamment à travers la mise en valeur de facteurs unificateurs comme la langue et l'histoire, l'institution de symboles nationaux sous la forme de lieux de mémoire, drapeaux et monuments (voir aussi plus haut, la citation de Nora). Les communautaristes reprochent aux régionalistes leur constructivisme aussi bien que leur essentialisme. Cela apparaît aussi dans les interviews (voir plus loin).

En général les communautaristes qui répondent à mon enquête décrivent l'identité wallonne comme n'existant pas, ou alors seulement dans la marge ou rien que pour une minorité. Éric, un haut fonctionnaire attire l'attention sur quelques points de friction dans la partie francophone du pays où il y aurait seulement une minorité de régionalistes:

Pour moi la Wallonie n'est pas authentiquement wallonne : la langue est le français, la culture est française et il y a une orientation vers la France. La majorité des Wallons n'ont pas intérêt à se replier sur la région, la province. C'est seulement une minorité qui y pousse. La Wallonie existe au travers d'une mosaïque d'options : certains veulent former une identité wallonne à partir du passé, d'autres veulent la former à, partir de l'avenir, d'autres encore veulent la réunion à la France - ce sont les rattachistes - et d'autres se sentent belgicistes. Chez certains il y a un sentiment républicain qui domine. (Notre traduction)12

De plus, Éric voit l'« identité culturelle wallonne» comme l'expression du folklore, comme une exaltation du particularisme. L'idée du patrimoine culturel est popularisée pour manifester la grandeur de la région. Par là, on veut attirer l'attention de la majorité silencieuse :

En ce qui concerne la culture wallonne, je parlerais plutôt de "patrimoine"dans lequel on envisage avec quelque nostalgie la richesse régionale. Cela s'exprime à travers l'utilisation des langues régionales pour l'écriture de la poésie, le développement de représentations théâtrales, l'édition de livres sur l'architecture, l'organisation de musées et la tendance à réécrire les livres d'histoire. (Notre traduction)

Adamo, un fonctionnaire du secteur de l'immigration, se demande où et comment un sentiment d'appartenance collective ou quelque critère d'une caractéristique commune pourrait être trouvé pouvant définir une identité régionale. Il se demande si le morcellement n'est pas justement une preuve que l'identité wallonne n'existe pas. Cet interviewé décrit le peuple wallon comme inexistant.

Sur quoi se fonde cette identité wallonne ? Je ne saurais le dire. Les différentes sous-régions sont très différentes et rivales. Ainsi, par exemple, les aéroports sont en concurrence. Ainsi il y a les querelles politiques. Chaque sous-région veut son ministre. C'est pourquoi il y en a tant. Songez seulement : trois rien que pour l'enseignement. Et voyez le partage des compétences et le morcellement de l'argent : Namur reçoit le Parlement et la compétence politique, Mons la culture, Charleroi le social, Liège l'économique. Le sous-régionalisme wallon se manifeste, sur le plan culturel lui-même, aussi fortement que sur le plan politique et économique, songeons à Liège et Charleroi. On ne peut pas fonder un projet culturel global sur la base d'un si grand nombre de sentiments subrégionaux. (Notre traduction)

« Quelle histoire et quel passé partagent les Wallons ? » se demande Adamo :

Le rôle que joue le passé ? Ils ont seulement l'industrialisation du 19e siècle et les luttes sociales en commun. Parce que dans le passé il n'y a jamais eu de nation wallonne, il ne peut y avoir de nostalgie d'un passé grandiose. (Notre traduction)

Pour Demelenne également, il n'y a pas d'histoire wallonne commune :

La Wallonie mythique qui est célébrée par la nouvelle classe politique, lui apparaît comme une construction artificielle. Avec tout le respect que je dois aux historiens qui s'efforcent de réécrire l'histoire, je dois le dire : les Wallons n'ont pas d'histoire commune. Je souhaite beaucoup de plaisir aux leaders wallons qui veulent construire une identité wallonne et qui veulent montrer que la culture wallonne se différencie de la culture française. (Demelenne 1998 : 85). (Notre traduction)

Selon Demelenne il y a un lien étroit entre nationalisme et régionalisme. Ce que les militants de l'identité wallonne présentent comme du régionalisme, il le définit comme l'exaltation de son groupe particulier et l'identifie comme du nationalisme wallon. Voir tout à travers des lunettes wallonnes équivaut selon lui à une position nationaliste.

Naturellement, il n'existe pas de nationalisme wallon. Les militants wallons ne sont pas honnêtes quand ils veulent vendre cette marchandise. Ce qu'ils présentent comme un régionalisme de bon aloi, c'est le nationalisme classique . (Demelenne 1998 : 94). (Notre traduction)

Avec l'approche d'une « identité wallonne », avec le concept de nationalisme on arrive sur un terrain glissant. Cette notion de « nationalisme » sensibilise fort les régionalistes qui se présentent comme « universalistes ». La question-clé reste celle de la compatibilité entre particularisme et universalisme.

Le discours des régionalistes

Chez les régionalistes, les positions à l'égard du sentiment régional se différencient en fonction des éléments sur lesquels ils insistent dans la perspective de la construction identitaire. Je cite ici brièvement seulement quelques thèmes sur la dynamique de la construction identitaire wallonne telle que les régionalistes l'argumentent contre le parti pris des communautaristes.

Le mouvement wallon13

Une question qui peut être à juste titre posée dans le contexte wallon c'est celle-ci: « Est-ce que le mouvement wallon a joué un rôle dans la formation de l'identité ? » La réponse est à chercher dans l'évolution de ce mouvement.

Le Mouvement wallon est né à la fin du 19e siècle comme un mouvement linguistique de défense du français en Flandre et à Bruxelles, où les francophones se sentaient menacés. Ce fut longtemps un mouvement de cols blancs. Jusqu'en 1960 ce mouvement n'est qu'une minorité agissante.

Dans les années 60, le mouvement wallon s'intègre au mouvement ouvrier socialiste sous la direction d'André Renard, au coeur de la grève contre la loi unique et à l'occasion de la fondation du MPW. Depuis, son profil sociologique ne fut plus jamais ce qu'il avait été.

Le mouvement wallon devient un mouvement de masse. La classe ouvrière wallonne revendique le fédéralisme et des réformes de structures économiques. Les intérêts économiques croissent en importance. Quand la Région wallonne, à partir de 1980, devient une réalité, elle absorbe une partie des militants du mouvement wallon.

En 1986, la plupart des grandes figures historiques qui avaient animé le mouvement wallon après la Deuxième guerre furent rassemblés par José Happart, pour le projet d'une Wallonie région d'Europe (Destatte 1997 a : 367)14. Le concept d' « identité culturelle » n'a commencé à faire partie du vocabulaire des militants wallons qu'après le Manifeste de 1983. En mettant l'accent sur l'identité culturelle, le projet socio-politique s'estompe au profit d'un projet plus intuitif. En proclamant que la notion d'identité est une dimension importante de la Wallonie, le Mouvement wallon s'est précipité lui-même dans une polémique violente.

"Identité culturelle " est une expression forte qui évoque des sentiments déterminés et en appelle à une échelle de valeurs bien précise.(Van Dam 1996:194) (Notre traduction)

Les modèles nationaux français et allemand

Afin de mieux comprendre l'interprétation wallonne de l'identité culturelle, nous devons tout d'abord esquisser les deux visions opposées sur la formation d'une nation : le modèle allemand et le modèle français15.

La première vision a été expliquée déjà au XVIIIe siècle par Herder. Pour lui la nation est une entité répondant à la volonté de Dieu qui se distingue des autres nations par sa culture. L'élément le plus important de cette culture est la langue. Dans ce modèle prévaut l'affirmation « La langue est le peuple dans sa totalité ». C'est avant tout la tradition intellectuelle allemande qui est marquée par cette conception.

La deuxième vision a été développée par JJ Rousseau également au XVIIIe siècle. Dans celle-ci c'est la volonté de l'homme qui est centrale. La nation existe par lefait des individus qui expriment leur volonté d'appartenir à un État-nation. Cela appartenait à une tradition intellectuelle française. Viennent s'ajouter à ce qui précède la très forte influence d'E.Renan et le volontarisme. On connaît surtout son essai « Qu'est-ce qu'une nation ? » présenté le 11 mars 1882 à la Sorbonne. C'est une attaque contre le déterminisme ethnique16. Ni la race, ni une langue commune, ni un territoire partagé, ni une religion commune ne sont des conditions pour que se développe une cohésion nationale. Selon Renan, la nation est une âme ou un principe spirituel. Cette âme possède deux éléments liés de manière indissoluble : le passé et le présent. Le passé, c'est le fait d'avoir en commun une tradition riche (on pourrait dire : une mémoire collective), le présent est la volonté de vivre ensemble dans un même État et de valoriser l'héritage commun accumulé au cours de l'histoire, c'est-à-dire d'avoir un projet commun. Pour Renan, la nation est un plébiscite de chaque jour. Spitaels pense que ce concept de Renan vaut toujours car :

L'identité est ce plébiscite qui pose constamment la question : voulons-nous vivre ensemble et avons-nous des choses à mettre en commun ? (Destatte : 1995 a : 16)

Cela signifie pour la Wallonie (qui s'inscrit dans la tradition intellectuelle française), qu'il ne peut être question d'une identité culturelle de type ethnique où l'accent serait mis soit sur une histoire commune, soit sur une langue commune soit encore sur un caractère commun. Il s'agit d'une identité culturelle où l'accent est mis sur la « volonté » des personnes. Car ce qui est important dans la tradition française, ce n'est pas ce que les gens sont, mais ce qu'ils veulent.

Le vocabulaire du Mouvement wallon est imprégné des valeurs des Lumières (XVIIIe siècle) et de la Révolution française telles que démocratie, solidarité, universalité, droits de l'Homme (Van Dam 1996, 195). Le langage utilisé par les régionalistes wallons qui construisent l'identité wallonne est semblable à celui utilisé par le Mouvement wallon.

Parce qu'en Wallonie la catégorie « nation » est remplacée par les mots « identité culturelle », s'engage une réflexion sur l'identité culturelle en relation avec le pouvoir et l'oppression... La politique culturelle, l'enseignement et les medias audiovisuels étant aux mains de la Communauté française, il n'est dès lors pas anormal qu'il y ait une polémique entre la Région Wallonne et la Communauté française. Le pouvoir politique existe pour donner forme à la vie en commun, pour oeuvrer à réaliser une société meilleure. Pour certains Wallons, la Communauté française ne répond pas à cette attente.

En résumé on peut affirmer : pour son interprétation du concept « identité culturelle » le Mouvement wallon a trouvé son inspiration dans le modèle français de la Nation qui met l'accent sur l'importance de la « volonté commune ». Celui-ci se différencie d'une manière très nette du modèle allemand qui lui met l'accent sur un caractère collectif et un passé commun.

Ce texte a été traduit par la rédaction de TOUDI et Anny Dauw a bien voulu le revoir.

Voir suite Le tournant de l’identité wallonne (2)

Bibliographie

  • Anderson, B. (1991) Imagined Communities, Reflections on the Origin and Spread of Nationalism, London.
  • Demelenne, C. (1998) Bestaaat er een Waals nationalisme ? in : Morelli A. (e. a.), Racisme : een element in het conflict tussen Vlamingen en Franstaligen ? Berchem, EPO : 92-103.
  • Destatte, P. (1995) Ce nationalisme wallon. In : Destatte (ea) Nationalisme et postnationalisme. Actes du colloque qui s'est tenu à Namur le 30 avril 1994. Namur : Presses universitaires de Namur, 13-22.
  • Destatte, P. (1997) L'identité wallonne. Essai sur l'affirmation de la Wallonie aux XIXe et XIXe siècles, Charleroi : Institut Destrée.
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  1. 1. La traduction des textes en néerlandais est celle proposée par TOUDI.
  2. 2. Voir par exemple son ouvrage Imagined communities - Reflection ont the Origin and Spread of Nationalism (1991 : Londres : Verso).
  3. 3. Pendant que je rédigeais ce travail, j'ai eu une conversation personnelle avec Miroslav Hroch de l'Université Charles à Prague. Hroch a développé un schéma théorique pour l'étude des petites nations (1985). Hroch distingue en une première phase la naissance d'un mouvement culturel littéraire ou folklorique, dans une deuxième phase la naissance d'une « minorité militante» qui exprime les revendications politiques et dans une troisième phase la naissance d'un mouvement de masse qui soutient les revendications des nationalistes (Kesteloot 1999 : 161). J'avais pensé pouvoir utiliser la troisième phase de ce schéma théorique, dans mon enquête sur la construction de l'identité wallonne, mais selon Hroch son modèle vaut seulement pour la construction nationale au 19e siècle et son schéma ne convient pas à l'évolution de la conscience régionale wallonne.
  4. 4. À l'intérieur du discours politique l'identité est parfois exprimée en termes de culture. Si l'on combine culture et identité, on parle d'une « identité culturelle ».
  5. 5. Il est significatif que dans les interviews le pouvoir des médias soient rarement nommés.
  6. 6. Manifeste pour la culture wallonne (1983) Pour éviter la répétition je désigne le « Manifeste pour la culture wallonne » par le « Manifeste »
  7. 7. Professeur de lettres honoraire. Co-signataire du Manifeste.
  8. 8. Piet Leupen est professeur émérite à l'université d'Amsterdam.
  9. 9. Denise Van dam est Première Assistante en sciences sociales aux Facultés universitaires Notre-Dame de la Paix de Namur.
  10. 10. José Fontaine est directeur de TOUDI. Il a obtenu son doctorat en philosophie à l'UCL enseigne la philosophie à l'Institut de Formation Sociale de Namur. Il est entre autres un collaborateur du livre Les faces cachées de la monarchie belge (1991), publia en 1995 Le citoyen déclassé. Monarchie belge et société et Le discours antiwallon en Belgique francophone, 1983-1998 (1998).
  11. 11. Michel Quévit est socio-économiste et professeur à l'UCL. Présentement, il est la cheville ouvrière du processus de construction de l'identité wallonne. Dans les conclusions de son livre Les causes du déclin wallon (1979), il donne un aperçu des stratégies que la Wallonie peut utiliser dans sa lutte contre la minorisation dans la société belge.
  12. 12. Il y a plusieurs périodiques qui reflètent cette vision des choses comme Solidarité française Wallonie. Bruxelles, Liberté Francité Dignité (Français, wallons, Bruxellois, tous Gaulois) édité par RE. Évrard ; Wallonie Française organe de diffusion du Mouvement wallon pour le retour à la France, édité par R.Swennen. Wallonie-France, expression libre, démocratique et pluraliste, éditeur Jacques-Yves Charlier.
  13. 13. Pour celui qui s'intéresse au Mouvement wallon, l'Encyclopédie du mouvement wallon (2000-2001, trois tomes, Charleroi, Institut Destrée) est incontournable.
  14. 14. On doit naturellement tenir comte du fait que le contexte politique à l'époque de Renard n'est pas le même qu'à l'époque d'Happart.
  15. 15. Pour cette description, je me fonde sur Bruno De Wever (2002 : 20-25).
  16. 16. Renan (1823-1892) est un écrivain français, philosophe et historien des religions.