Vérité et réconciliation
La Flandre veut assumer son passé. Nous avons critiqué les responsables wallons et francophones de ne pas le reconnaître. Nous saluons donc la Flandre. Il n'y aura d'Europe des nations que conscientes et assumant leur passé. À ce courage démocratique répond la lâcheté morale de responsables wallons, d'une certaine presse.
Ces gens voudraient une réconciliation avec la Flandre sur la base d'une histoire qui serait la même en Wallonie et en Flandre. Or, en ordre de grandeur, la Flandre compte moins de 60% de la population, Bruxelles moins de 10%, la Wallonie un tiers (cela depuis 50 ans). MAIS,
- sur les 6.200 militaires belges tués du 10 mai au 30 juin 1940, 51,3% furent wallons, 8,8 % bruxellois et 39,9% flamands;
- jusqu'en mars 1941, 106.000 prisonniers de guerre flamands furent autorisés à rentrer dans leur foyer tandis que 65.000 Wallons furent maintenus en captivité jusqu'en 1945;
- 60,3 % des prisonniers politiques furent wallons ou bruxellois francophones;
- 79 titres de journaux de Résistance sur 95 furent de langue française;
- 81,7 % des résistants pour la presse furent wallons;
- 89,3% des évadés de Belgique occupée vers l'Angleterre furent francophones;
- 70% des officiers volontaires de guerre en 1944 furent francophones;.
- 80 % des sabotages commis entre janvier 43 et la Libération l'ont été en Wallonie.
[Références: Livre d'or de la Résistance belge, Ouvrage publié par la Commission historique de la résistance instituée par le Ministère de la Défense nationale (sd) - Hervé Hasquin, Historiographie et politique, Institut Destrée, Charleroi, 1996 - Ladrière, Meynaud et Perin, La décision politique en Belgique, Crisp, Bruxelles, 1965 - Étienne Verhoyen, La Belgique occupée. de l'an 40 à la Libération, Bruxelles, De Boeck, 1994 - Paul Delforge (directeur) Le vent de la liberté, catalogue de l'exposition de Welkenraedt, IJD, 1994]
On est muet sur l' effort de mémoire pour la Dynastie. MAIS Léopold III fut l'homme considérant partis et syndicats comme irresponsables, Gutt comme un de ces Juifs d'où nous sont venus «tous nos ennuis», Hitler un homme tel «qu'il en existe un tous les mille ans» etc. Dès mai 45 l'opinion patriotique l'avait condamné. Le nationalisme belge le réhabilite (in Le Monde cité dans ce numéro pp. 4-5). Heureusement, La Libre Belgique, honnête, a donné la parole à J.Stengers (voir ce n°, p. 16).
[Référence principale Velaers et van Goethem, Leopold III, De Koning. Het Land. De Oorlog, Lannoo, Tielt, 1994.]
On réunit Clijsters et Hénin autour du roi. On nie les différences Flandre/Wallonie. Tout ce qui peut signifier l'unité belge est approuvé. Mais la Wallonie abandonnée un demi-siècle, sa mémoire patriotique niée, la Communauté française écran entre elle et son peuple, elle et le monde, on s'en fout. Du fait de l'abandon du droit de veto flamand à Bruxelles (accord dit du Lombard), d'énormes possibilités s'ouvrent pour une communauté politique entre les 19 communes et la Wallonie autour de Namur et pour la République (non contre la Flandre). Alors que la solidarité Wallonie-Bruxelles a des chances de se concrétiser, ses chantres se sont soudainement tus.
En vue de détruire la racine de ces tromperies, c'est-à-dire la monarchie et la Dynastie, la revue TOUDI lance une opération «Vérité» à l'automne (voir p.7).