Espace lotharingien et espace wallon en Europe

Toudi annuel n°6, 1992

La banane bleue

On pourrait commencer l'histoire de l'espace « wallon » bien avant la conquête romaine. Il s'agit bien d'un « espace », non pas d'une population. Et cet espace sera mis parfois entre guillemets ou désigné comme « l'espace correspondant à la Wallonie d'aujourd'hui ». Inutile de rappeler que César fait la conquête de la Gaule en 57 avant Jésus-Christ et que la « Belgique » qu'il conquiert, s'étendant du Rhin à Paris n'a pas du tout le même sens que la Belgique d'aujourd'hui. Le célèbre « fortissimi sunt Belgae » voulant d'ailleurs dire aussi que les « Belges » sont peu civilisés.

L'Économie-monde de l'empire romain

Cet Empire romain rassemble l'ensemble des terres situées sur le pourtour de la Méditerranée. Au-delà des limites de l'Empire romain,il peut y avoir des échanges importants: avec la Perse l' Inde voire même la Chine et jusqu'au milieu de l'Afrique noire (l'un des premiers convertis au christianisme, dans les Actes des Apôtres, est un Ethiopien).Il semble que l'influence de Rome n'aille pas beaucoup au-delà du Rhin (1).Très vite, mais alors dans le sens inverse, les tribus germaniques ont régulièrement envahi l'Empire romain. On ne peut pas dire que tout d'un coup vers le 4e ou 5e siècle, les frontières de l'Empire auraient brusquement cédé. Il y a eu des vagues successives d'invasions plus ou moins bien maîtrisées (2).

Les routes romaines et leur fonction

Les Romains ont construit des routes sillonnant toute la Gaule.

Ces routes en Wallonie - observez simplement celle qui traverse les champs à Liberchies près d'un ancien vicus - ne ressemblent pas à nos routes ordinaires. Elles n'épousent pas les mille plis du territoire - dépressions,vallées importantes ou secondaires, défilés, versants de la Meuse ou de la Sambre, escarpements divers - , elles sont au contraire construites sur des chemins de crête (3). Elles ne sont pas conçues pour relier des parties de la Wallonie entre elles mais pour permettre aux légions de se porter rapidement sur le Rhin. En ce sens leur fonction ressemble à celle de l'autoroute de Wallonie qui relie ben plus France et Allemagne que les grandes villes wallonnes entre elles. C'est d'ailleurs une des choses qui devraient conduire les pouvoirs publics de Wallonie comme un grand livre à l'air libre, à même d'apprendre notre pays aux millions d'Européens qui y circulent chaque année. Être une région de transit a ses handicaps et ses avantages. Au demeurant, le transit servirait ici à montrer que le pays wallon a une existence, aussi, par lui-même.' Invasions germaniques et différences Nord/sud

Les terres, au sud de l'actuelle frontière linguistique, sont riches (Hesbaye, zone limoneuse). Qui dit terres riches dit population plus nombreuse. Malgré les invasions germaniques, le latin ne recule pas en Wallonie. C'est même ici que l'on peut fixer fe manière sûre le phénomène wallon en tant que phénomène humain si l'on veut: phénomène de langue latine, puis wallonne ou picarde (sans oublier notre rameau lorrain en Gaume et notre brindille champenoise non loin de Bouillon), et ensuite française jamais entamé depuis. Ce qui correspond à l'actuelle Wallonie (qui ne s'appelait pas comme cela à ce moment et qui n'avait même pas de nom), représente une excroissance, une sorte d'excentricité.

L'arc de cercle

Le quasi arc-de-cercle de la frontière entre parlers romans et germaniques au Nord et à l'Est de la Gaule ancienne

La frontière actuelle de la France avec la Belgique puis le Grand-Duché, puis l'Alsace-Lorraine jusqu'à la Suisse forme un arc de cercle de Dunkerque à Bâle et c'est aussi la frontière en Europe entre les parlers romans et les parlers germaniques (5). Certes, cet arc de cercle était moins généreux au départ pour les parlers romans. La frontière reculait en France jusqu'à Boulogne. La situation a été indécise, longtemps, de part et d'autre de l'actuelle frontière linguistique. Mais ce qui suit reste exact et même l'était plus encore aux premiers siècles qui suivent les invasions germaniques. Il n'y a qu'au niveau de la Wallonie actuelle, que cette figure de l'arc de cercle que dessine la frontière, se rompt (6). La Wallonie est une enclave des pays de parlers latins s'enfonçant profondément dans les territoires de parlers germaniques. L'Eglise a joué son rôle également à cet égard (elle vite tenté de rechristianiser la plus nombreuses population présente sur le territoire actuelle de la Wallonie et l'influence de l'Eglise voulait dire, à ce moment, influence du latin, ce qui ne sera plus le cas après): » Les bonnes terres appelaient une population plus nombreuse. Par conséquent, c'est sur ces terres que l'Eglise s'est installée d'abord, là où il y avait le plus de gens à conquérir. Les premiers monastères s'y sont établis. Ils y ont d'ailleurs trouvé une zone mieux travaillée et y ont vite obtenu de riches dotations: ils n'y ont guère défriché qu'à leurs débuts: les moines de Montalembert sont une exagération. Ils y ont propagé la foi chrétienne et maintenu l'influence latine...(7)

La Germania Secunda et le diocèse de Liège

Les régions qui composent l'actuelle Wallonie ont été très vite regroupées dans les provinces de l'Empire romain: la plus grande partie correspondant à la Wallonie actuelle dans la « Germanie seconde » le triangle Ath-Mons-Tournai dans une province du de « Belgique seconde » et ce qui correspond à la Gaume actuelle dans une « Belgique première ». Deux faits sont à remarquer à cet égard.

Lorsque va naître le christianisme, l'Eglise va s'organiser en calquant son oraniosation propre sur l'organisation civile. C'est ainsi qu'un diocèse de Tongres puis de Liège va s'étendre sur la Germanie seconde. Le nord de ce diocèse est peu peuplé. Lors des invasions germaniques, la population au nord de la frontière linguistique actuelle, population plus clairsemé, s'est laissée assimiler par l'envahisseur germanique. Au su de l'actuelle frontière linguistique, parce que parquée sur des terres plus riches (comme la Hesbaye), la population va au contraire assimiler l'envahisseur germanique et rester latine. La partie,avec son axe qui est la rencontre de la Sambre et de la Meuse, parle la même famille de dialectes, les dialectes wallons au sens strict.

Ancien diocèse de Liège calqué sur la Germania secunda



La Wallonie actuelle est au 2/3 dans cet ancien diocèse de Liège qui va s'étendre de l'embouchure du Rhin en Hollande jusqu'à Renwez dans la botte de Givet, en France. Dans toute sa partie latine les frontières du dialecte wallon coïncident avec celles de l'ancien diocèse de Liège qui sera modifié seulement en 1550 soit mille ans après sa fondation (8). Hors du diocèse de Liège,on parle le picard comme à Ath-Mons-Tournai et le gaumais entre Virton et Etalle. Ici,on peut carrément établir un lien de cause à effet entre une réalité encore tangible aujourd'hui et la lointaine organisation de l'Empire romain puis de l'Eglise. Ces circonscriptions ecclésiastiques sont en effet restées très stables, de la chute de l'Empire romain jusqu'à la Renaissance, alors que politiquement nous avons les divisions des Francs, la Lotharingie issue de l'Empire de Charlemagne passant au Saint-Empire, celui-ci domestiquant les dynastes locaux puis, devenu impuissant, les laissant à leurs querelles consécutives au morcellement féodal,les luttes entre France et Bourgogne puis entre Espagne et France... Il n'y a rien qui soit resté stable pendant ce millénaire sauf,de bout en bout, un diocèse de Liège (9) qui va d'ailleurs occuper encore, jusqu'en 1789, un territoire couvrant l'arrondissement de Dinant-Philippeville, la plus grande partie du Luxembourg, la province de Liège,une grande partie de l'arrondissement de Charleroi-Thuin des enclaves dans l'actuel Brabant wallon etc. (10)

L'Empire de Charlemagne

A la fin du 8e siècle après J-C, Charlemagne étend son empire de l'Elbe, fleuve de l'actuelle ex-RDA si l'on peut dire à l'Ebre, fleuve au nord-est de l'Espagne tout en occupant l'Italie. Il apparaît comme la résurrection de l'Empire romain. Mais son Empire est divisé en 843 entre ses trois fils : Charles le Chauve, Louis le Germanique et Lothaire.


A première vue, tout est arbitraire dans ce partage. On le voit aux lignes qui suivent la frontière de la partie « française » : l'Escaut puis un trait qui amène la frontière sur la Meuse au nord de Bouillon et ensuite jusqu'à la source de la Meuse, ensuite (grosso-modo), la verticale formée par la Saône puis le fleuve dans laquelle se jette la Saône, le Rhône, qui nous amène à l'ouest des bouches du Rhône, Marseille restant longtemps en dehors de l'influence française. On a donc quatre rivières : Escaut,Meuse (un peu plus loin que Givet),Saône, Rhône. La part de Lothaire,qui est la part du milieu,suit du côté germanique,le Rhin sur tout son parcours puis est bornée à l'est par les Alpes. Une seule exception : la région de Mayence. Les géographes au service des héritiers de Charlemagne ont tenu à réserver un bon vignoble à Louis le Germanique.

Cela semble anecdotique et pourtant tout au long de l'histoire de l'Europe, on constate, sur le plan politique, que l'espace lotharingien, l'espace central, serré du nord de l'Italie à la mer du nord entre le Rhin et les quatre rivières frontalières de la part « française » est un continuel enjeu des guerres européennes, l'aventure du Duché de Bourgogne étant même considérée au 15e siècle, soit six siècles plus tard,comme une tentative de résurrection de la Lotharingie. Mais la tentative échoue. Comme s'il ne pouvait y avoir,entre l'ouest (la France) et l'est (l'Allemagne) de l'Empire qu'une zone politiquement déshéritée (11).

Mais lorsque l'on se place alors d'un point de vue économique, on constate que cette « Lotharingie » regroupe dès le 11e ou le 12e siècles, ce qui va être l'épine dorsale de l'Europe économique. D'abord, au nord,les Villes flamandes du Moyen-Âge avec,surtout Bruges (12), puis, à la fin Anvers, au sud les grandes villes italiennes commerçantes,Venise, Gênes,la Lombardie, Florence, Turin, Milan - Milan considérée encore aujourd'hui comme la troisième ville d'Europe (après Londres et Paris). Il est remarquable que la terrible épidémie de peste noire qui fait perdre à l'Europe au 14e siècle le 1/3 de sa population, ne touche pas l'actuel Bénélux (13) (en y ajoutant le nord de la France). C'est sur cet axe lotharingien que vont se développer les banques et les capitalismes suisse, lyonnais, italien. La conquête des Amériques au 16e siècle entame quelque peu la prééminence de certaines grandes gilles italiennes. Certaines, cependant, s'érigent en préfigurations de républiques bourgeoises (14). C'est ce même siècle que la riche Hollande, capable de rivaliser avec la plus grande puissance militaire qu'est alors l'Espagne, édifie sa puissance, une puissance maritime qui va défier au 17e siècle l'Angleterre et la France, une puissance qui fonde aussi la première ligne de cet axe. C'est au 18e siècle, en Angleterre et en Wallonie, qe prend cours l'événement le plus important de toute l'histoire du monde: la révolution industrielle qui av faire de l'Allemagne rhénane, rapidement, la plus grande puissance économique d'Europe. De Londres aux villes lombardes, l'axe économique de l'Europe s'est donc constitué depuis près d'un millénaire. IL est et reste un enjeu politique et économique central. D'une certaine façon, tout, en Europe, paraît marginal par rapport à cet axe: même Paris, même Barcelone, Madrid ou Rome. C'est là qu'est sans doute la plus grande richesse de la Planète, les 100 à 200 millions d'êtres humains les plus riches du monde entier: les plus grands ports: Londres, Rotterdam, Anvers, Dunkerque, la partie riche de l'Italie, la Suisse coffre-fort du monde, la Rhénanie-Westphalie, énorme Land allemand de 17 millions d'habitants, plus puissant que presque tous les Etats européens, la Hollande formidable puissance commerciale, la Flandre, la Wallonie.

La banane bleue


On appelle parfois l'axe économique européen, la « banane » (16). Et on dit aussi que dans cette banane, il y a des « trous ». La Wallonie a toujours été, jusqu'à son déclin récent, dans les meilleurs « morceaux » de la banane. La découverte des charbonnages au 13e siècle, le sous-sol riche en divers minéraux font apparaître au Moyen-Âge la région qui va de Dinant à Liège comme une sorte de zone industrielle avant la lettre. Les villes italiennes sont au total, moins puissantes et moins peuplées que celles de Flandre (17). Les deux plus grandes , Tournai et Liège soutiennent cependant la comparaison et non celles qui apparaissent ensuite comme Mons, Namur, Dinant, Huy... Charleroi ne commencent son expansion qu'au 18e siècle, grâce à la révolution industrielle.

L'art mosan

Le centre de l'Empire de Charlemagne a été établi sur plusieurs villes dont Aix-la-Chapelle, Liège, Herstal. Liège et la Wallonie ont été au centre de l'Empire. Lorsque la grande épopée française, La Chanson de Roland évoque le sommeil tourmenté de Charlemagne à Roncevaux, les cauchemars qui peuplement le sommeil de l'Empereur sont des cauchemars habités par la forêt d'Ardenne (18).

Liège va bénéficier pendant plusieurs siècles d'un rayonnement de ses écoles suite à cette particulière implantation de l'Empire de Charlemagne. Etienne de Liège est au 10e siècle un des premiers musiciens européens (19). Liège et la Wallonie, qui vont tomber dans l'escarcelle germanique, le Saint-Empire de la Nation germanique, vont bénéficier des contacts noués par le Saint-Empire, avec l'Empire romain d'Orient dominé par Byzance. Et c'est l'efflorescence d'une nouvelle Grèce (20) surs les bords de la Meuse et de la Sambre avec l'apparition de l'art mosan, déouvert (comme ensemble de productions singulières par rapport à la Flandre, l'Allemagne ou la France), par un Français qui constate cette influence gréco-latine sur un art particulier qui se situe entre l'art français et l'art allemand ou rhénan (21).

L'art mosan ce sont les Fonts baptismaux de Rénier de Huy, la collégiale de Nivelles, les Fonts baptismaux de Furnaux (sculptés dans la pierre, humbles contemporains de ceux de Liège et inspirés par la même théologie de Rupert de Deutz) (22), enluminures, orfèvrerie, statuaire mosane des « Vierges en majesté » comme celle de l'Eglise St Jean à Liège.

Fonts baptismaux de Furnaux

Fonts baptismaux de l'église Saint-Barthélémy


Voici le vrai et tangible signe du dialogue entre deux mondes historiques : le monde grec et le monde chrétien. Particulièrement dans la statuaire où les Vierges en majesté font penser aux statues des déesses grecques. L'art mosan est l'un des chapitres les plus importants de l'histoire de l'art européenne. Ses productions s'échelonnent de 900 à 1500 environ sur la majeure partie de la Wallonie. Es productions mosanes permettraient de reconnaître la Wallonie sur une carte du monde, même si tous les autres de ses vestiges avaient disparu (de même que les noms de lieux en rapport avec la légende de Bayard, particulièrement nombreux sur la Meuse en son parcours wallon, et le long de ses affluents) (23).

L'aventure du Duché de Bourgogne et le « génocide » de Liège

C'est dans cette « banane » de l'Europe que se déroule l'un des épisodes les plus singuliers de son histoire. A partir du 14e siècle, de puissants féodaux français, les Ducs de Bourgogne se mettent à racheter les terres des Pays-Bas, soit le Bénélux actuel plus tout le nord de la France. Le rêve des Ducs c'est de reconstituer la part impériale de Lothaire, de devenir des rois (24). Jean Lejeune, écrivant d'un point de vue liégeois, ne manque cependant pas d'apercevoir le dessein des Ducs de Bourgogne. Il y a ici un fait capital qui, sans doute, confirme la pensée de Braudel mais qui, aussi, montre toute l'importance de l'historiographie. « Philippe » (entendez Philippe le Bon), écrit Jean Lejeune « ressuscite les morts,c'est-à-dire les Ducs de Brabant , « les Henri, les Jean dont il fait écrire la chronique. Le Duc qui est « de Lothier » avant d'être « de Brabant » - considérez ses titres - découvre dans l'histoire une voie toute tracée. Il s'agit non d'inventer la Belgique de 1830, mais de regrouper « entre le Rhin et le royaulme de France ...un royaulme bel et grant...que l'on nommoit le royaulme de Lothier... » (1460).Cette pensée pousse le Bourguignon vers le Luxembourg (1435-1443), l'Alsace, la Lorraine, le Rhin. Elle explique sa politique à l'égard du concile de Bâle,du pape, de l'empereur dont il espère la couronne de Lotharingie... » (25).Jean Lejeune ajoute que le Bourguignon se fait traduire les chroniques des ducs de Brabant (de Lothier!) en flamand par son secrétaire Jean Wauquelin...

Leur volonté est aussi d' établir sur les pays ainsi rassemblés une monarchie absolue. Ce rêve se heurte en premier lieu à l'attachement des Liégeois aux libertés démocratiques durement conquises depuis un siècle et demi comme le remarque Pirennne décrivant l'opposition des Villes liégeoises : « elles ne résistèrent à la maison de Bourgogne que pour sauvegarder leurs franchises et leur autonomie. Elle ne refusèrent de passer ,comme les autres territoires, sous le sceptre bourguignon,que parce que ce sceptre se trouvait entre des mains trop fortes" (...) la lutte grandiose qu'elles engagèrent contre les ducs n'est au fond que le conflit de deux systèmes gouvernementaux contradictoires,que le duel inégal de l'Etat moderne,nécessairement monarchique, et du particularisme du Moyen-Âge à tendances républicaines. » (26).Liège a connu avec l'Angleterre un des premiers régimes « parlementaires » de l'histoire. C'est réellement une des premières démocraties du monde (quoique dans les formes du Moyen-Âge) (27).L'opposition à la Bourgogne est farouche dans le pays de Liège. Il va se révolter à maintes reprises faisant guerre sur guerre aux Ducs. Excédé par les insultes des Dinantais, le Duc de Bourgogne brûle la ville en 1466 et jette ses habitants liés deux par deux dans la Meuse (une telle barbarie se répète 4 siècles plus tard perpétrées par des Allemands qui,selon le mot de Braudel, font la guerre à la France « pour la possession de la Lotharingie » : Dinant,comme le reste de la Wallonie, est bien sur cette axe lotharingien,la banane des géographes).Poursuivant vers Liège durant l'automne le Téméraire laisse cependant son armée démembrée du côté de Waremme. Selon Philippe de Commynes, les Liégeois font alors l'erreur de ne point la surprendre (28). Pirenne est de cet avis lui aussi que ne partage pas tout à fait le colonel Brusten (29). Les Suisses seront plus heureux quelques années plus tard à Granson et Morat où le Téméraire est gravement battu à deux reprises et irrémédiablement: « Cette adventure désespéra fort ledit Duc » (30).I l faut signaler la chose parce que,selon la leçon de Commynes lui-même,c ela indique bien quelle était la fragilitéde l'Etat bourguignon,déruit en une bataille (voir note 32).

La résistance de Liège est donc tenace. Finalement,malgré cette possibilité d'échec durant l'automne 1466, le Duc de Bourgogne finit par encercler Liège. Il la soumet à un incendie qui dure trois semaines, chasse les habitants dans les forêts de Franchimont où ils mourront de faim et de froid.

Henri Blès: L'incendie de Gomore

Les descriptions qu'en donne Commynes sont saisissantes : l'armée bourguignonne est même obligée de quitter le pays car le ravitaillement ne suit plus « la faim nous fit fuyr en grande haste » 31).La destruction de Liège annonce la fin du rêve bourguignon car, à partir de cette date, à cause de l'horreur quasi génocidaire de la destruction de Liège,le Duc perd tous ses amis en Europe. Ses adversaires en Allemagne d'abord au siège de Neuss, puis les Suisses, enfin les Lorrains sauront qu'il n'est pas de compromis avec cet adversaire que l'on compare à Attila, dont la croyance existe en Allemagne qu'il serait l'incarnation de Satan ou l'Antéchrist... (32) Il est étonnant que pareil personnage ait pu servir si longtemps de référence et ses projets de préfiguration de la Belgique, du Bénélux et de l'Europe...A la bataille de Nancy, l'entité politique bourguignonne s'écroule et se dégonfle comme une baudruche : « Or faut voir maintenant comment changea le monde après cette bataille..." (33).

L'expansion française

C'est au 12e siècle que la France se renforce sur le plan étatique avec le long règne de Philippe-Auguste. A partir de cette date et malgré les avatars des conflits avec l'Angleterre puis avec la Bourgogne jusqu'en 1477, la France territorialement va, à l'intérieur,se renforcer et comme s'homogénéiser autour du roi de France et commencer son expansion. Cette expansion se fait tous azimuts,sauf du cìté de l'Espagne actuelle. On doit même signaler que dès le 10e siècle la partie française de l'Empire de Charlemagne va perdre la marche catalane, la région de Barcelone (34).

En 843, ce qui correspond à la Flandre actuelle, est incorporé dans ce qui va devenir la France et, ce qui correspond à l'actuelle Wallonie est incorporé à la Lotharingie qui va être elle-même vite annexée à l'Empire germanique, mieux connu sous le nom de Saint-Empire. Or la « Flandre » de 843 est thioise et germanique, et la « Wallonie » de 843 est « latine ». par rapport aux deux parties de la Belgique actuelle, se produit un fait remarquable. La Flandre a réussi dès le départ, à être une principauté relativement excentrique par rapport au royaume de France, la Wallonie, elle, est incorporée à L'empire germanique. Du 10e au 12e siècle, l'évêque de Liège va même être une sorte de « surveillant » de l'Empereur dans les principautés wallonnes qui relèvement de l'Empereur et de l'Evêque de Liège. Si l'on considère la Flandre à travers son histoire, et surtout à partir du 1'e siècle (et son incorporations aux possessions de Bourgogne, comme seulement très théoriquement française, il y a ce fait remarquable à souligner dont in ne peut peut-être pas donner la raison, mais qui est en lui-même digne d'être remarqué. La France connaîtra, depuis Philippe-Auguste, une expansion continue. La Flandre pose un problème particulier si l'on veut étudier l'expansion française sur la longue durée. Disons que dans un premier temps, sous la domination des premiers capétiens, c'est la Flandre qui connaît son expansion en France. Le comté de Flandre annexe à peu près tout le nord de la France jusqu'à Boulogne et Cambrai. Là, la France recule d'abord comme en Espagne.

Mais sur les trois autres fronts, les trois autrs rivières qui la bornent en 843, la France va franchir les limites dans lesquelles la confine le partage. Elle va avancer à 300 kilomètres au-delà du Rhône et de la Saône en direction de régions romanes:

  • de la région de Marseille jusqu'à Toulon et Nice dans le Midi;
  • de Lyon aux Alpes, de Dijon jusqu'aux environs de Bâle, de la Meuse à sa source jusqu'au Rhin et à Strasbourg.

Notons cependant en passant que, encore au 16e siècle, lorsque le Duc d'Albe doit se rendre d'Italie aux Pays-Bas pour y réprimer les troubles religieux et la révolte nationale, ses troupes progressent sur un territoire s'étendant sur la rive gauche du Rhône et de la Saöne, soit sur des terres aujourd'hui françaises (35).

On peut dire qu'il y a cette expansion française continue d'en moyenne 2 à 300 kilomètres sur une igne qui va de Marseille jusqu'au Grand-Duché. De même, vis-à-vis de la Flandre, plus au nord, la France va s'avancer annexant l'Artois, le Cambrésis, la Flandre gallicane soit, si l'on veut de Boulogne sur l'Atlantique à Lille. Mais, curieusement, en direction de ce qui correspond à la Wallonie actuelle, à 'exception cependant de la moitié du Hainaut, la France piétine. 1

La France au Xe siècle touche à peine la Meuse wallonne, comme aujourd'hui d'une certaine façon

De 843 à 1730, l'expansion de la France le long de la vallée de la Meuse va de Renwez (au fond de la botte de Givet), à Givet soit 20 kilomètres. Une sorte de piétinement. Parmi les principautés wallonnes à l'origine de la Wallonie actuelle ou qui y sont intégrées grosso-modo, ni le Luxembourg, ni le comté de Namur, ni la Principauté de Liège ne perdent de territoires importants. Il n'y a pas d'explications plausibles à cela mais le fait sera d'une importance capitale pour l'histoire récente et pour la perception même de l'espace wallon en Europe. Il y a des explications partielles. L'expansion française,au moins dans le nord, peut être interprétée comme une volonté défensive. Il faut couvrir Paris (36) qui est toujours très proche de frontières ennemies, d'abord bourguignonnes aux 14e et 15e siècles, ensuite espagnoles puis autrichiennes puis très proches de l'Allemagne. C'est la raison pour laquelle la frontière nord de la France a été souvent décrite comme une frontière de guerre. C'est à un tel point que dans la vaste étude de F.Lentacker sur cette frontière - elle date de vingt ans et depuis plusieurs modifications ont été apportées mais, en gros, les conclusions restent fondées - il est observé que les mouvements libres de l'économie de marché, les échanges humains,les proximités linguistiques et culturelles n'ont pas altéré le caractère très séparant de cette frontière : « La frontière franco-belge sépare bien deux Etats qui obéissent à des principes d'intervention et d'action sur leur propre territoire et sur lui seul,qui n'admettent des réalisations communes qu'au prix de concessions réciproques intervenant à la suite des délais indispensables à la négociation de tout un contentieux,qui mettent en pratique des politique d'aménagement régional conçues en fonction des forces internes qui leur sont propres. Il s'agit bien là d'une frontière remplissant sa fonction dans l'esprit du siècle dernier. Sur les autres limites de la France,il en va pourtant autrement (...) La rigidité de la frontière franco-belge ne tient peut-être plus tellement aux raisons politiques d'ordre européen qui ont déterminé sa création; elle dépend davantage de nécessités ressenties au niveau gouvernemental à Paris et à Bruxelles. Pour la France comme pour la Belgique, l'autorité centrale ne peut rien céder de l'exercice de sa souveraineté sans conséquences graves dans tous les domaines de la vie nationale : cette frontière est trop proche de Paris et elle commande l'unité belge (...) La cohésion nationale ne s'acquiert et ne dure que par l'établissement de structures et de rapports qui mettent en condition l'existence de tout un peuple dans l'espace géographique circonscrit qui lui appartient. La frontière franco-belge,l'une des plus artificielles qui soit,en offre un exemple particulièrement probant : elle sépare deux territoires, deux peuples et met en présence deux consciences nationales. »(37).Cette frontière fut solidement verrouillée au 17 e siècle par Louis XIV,une des frontières au sens moderne, les plus anciennes du monde comme le rappelle Foucher (38).Dire qu'elle est artificielle n'a pas beaucoup de sens : en Europe la moitié des frontière sont tracées sans ces repères géographiques que sont les fleuves,les lignes de partage des eaux,les montagnes,les lacs etc.).

Géopolitique des deux guerres mondiales

Lorsque l'on vient du midi,par le centre de la France, on a à franchir le Massif central qui est dépassé à la hauteur de Vichy, Moulins, les collines bourguignonnes. Mais à partir de Moulins, Vichy, la Bourgogne il n'y a plus ,jusqu'à Givet très exactement, de véritables difficultés de terrain à franchir. Il y a même au bout de cette route les étendues immenses et planes de la Champagne. En dépit de la modestie de l'Ardenne comme montagne, c'est bien comme montagne qu'elle apparaît au sortir de la plaine champenoise. La France a dès lors tendu à prendre pied sur le massif ardennais pour qu'il n'y ait plus seulement que la plaine entre un envahisseur venu de l'Est et Paris.

Mais c'est vraiment à peine que la France prend pied sur le massif ardennais, à Givet ou Sedan. Les deux grandes guerres mondiales commencent toutes les deux par une bataille de France qui tourne mal pour les Français. Certes, en 1914, les Français parviennent à se rétablir sur la Marne mais c'est après la ruée des Allemands dans la plaine qui sépare la Belgique de Paris. Pendant les conversations secrètes (et anticonstitutionnelles) qu'Albert Ier a avec les Allemands en 1916,le haut Etat-Major allemand réclame en cas de paix éventuelle, l'annexion de Liège et Givet (39).Il s'agit de faire perdre pied aux Français sur cette défense naturelle qu'est l'Ardenne.

En 1940, l'état-major français se croit même à l'abri de l'Ardenne car il pense que ce pays modestement montagneux mais au relief tumultueux, hérissé de difficultés de toutes sortes est infranchissable pour une armée mécanique. Or, dès le 3e jour de l'attaque allemande,les blindés de Gudérian franchissent la Meuse à Yvoir à quelques 10 kilomètres de Dinant. A la Ferté-Sous-Jouarre,où l'état-major français suit les opérations,un général se met même à pleurer (40). Il sait,le 14 mai,que la guerre tourne au désavantage de son pays car les blindés allemands ont franchi l'Ardenne. Les armées française et anglaise qui se sont aventurées imprudemment en Belgique et en Hollande sont prises à revers par les Allemands qui filent de l'Ardenne vers l'Atlantique qu'ils atteignent le 22 mai. Cette fois,la bataille de France est perdue. C'est l'erreur de calcul sur l'Ardenne commise par l'Etat-Major français qui explique peut-être le génocide juif qu'une Allemagne victorieuse pourra perpétrer.

Etat belge, guerre, industrie et Wallonie

Le comportement de l'armée belge en 1914 comme en 1940 mérite peut-être aussi quelque attention. Face à l'invasion allemande, l'armée belge se retire en 1914 sur Anvers et sur la mer, abandonnant d'emblée le territoire wallon. En 1940,l'Ardenne est pareillement dépourvue de défense. Lorsque le roi veut que les troupes belges se replient vers la mer, ce comportement est critiqué en 1940 par les ministres comme Spaak et Pierlot. Spaak écrit : « Maintenir le contact avec la France,battre en retraite vers la France, essayer de faire passer en France au moins une partie de l'armée,c'était la stratégie à tenter si l'on voulait continuer la guerre après la défaite en Belgique »(41). Et il est vrai que si, pour un Etat, la plus terrible épreuve est la guerre, il est étonnant de remarquer qu'il n'est pas véritablement conçu à la tête de l'Etat belge que la Wallonie soit réellement défendue. Peut-être que stratégiquement,tactiquement ou techniquement en quelque sorte,cela pourrait se concevoir. Mais cela n'en est pas moins frappant. Après la guerre de 1914,des militants wallons en firent la remarque( 42).Et on sait qu'en 1940, si la Wallonie ne fut pas défendue comme espace, ce sont bien des Wallons qui,comme individus,défendirent la Belgique,la plupart des soldats blessés et tués pendant la bataille de 1940 sont des Wallons (43).

Il ne faut pas établir de lien autre que de similitude entre ce traitement stratégique et tactique de la Wallonie pendant la guerre et le fait qu'elle ait été abandonnée clairement à son sort lorsque se firent sentir les premiers signes du déclin dans les années 50. Mais il faut souligner fortement qu'en cette occasion également, l'Etat belge délaisse et comme dédaigne l'espace wallon. C'est d'autant plus frappant que l'histoire que s'est donnée l'Etat belge à travers Pirenne dédaigne pareillement les espaces wallons. Sur les tomes 2, 3, 4, et 5 de Pirenne, essentiels pour comprendre la formation du territoire belge, la Wallonie liégeoise est considérée à part (ce qui se justifie et est même à porter au crédit de Pirenne) tandis que Luxembourg, Hainaut,Namur et Brabant wallon n'ont pas cinq pages (et encore sont-elles surtout consacrées au Hainaut). Ainsi, spatialement si l'on peut dire, dans la vision de Pirenne,la Wallonie est à l'écart (Liège) ou est un vide.

La révolution industrielle

Cette révolution industrielle qui a fait véritablement la Wallonie renvoie aussi à l'espace. Si l'on considère la Wallonie dans ses frontières actuelles, on constate qu'elle est pour moitié sinon pour 60 % l'Ardenne . L'Ardenne géologique s'étend jusqu'aux bords du sillon Sambre-et-Meuse. Géologiquement parlé, l'Ardenne est un plissement hercynien (44), c'est-à-dire très ancien. Sur les bords d'un plissement hercynien (qui se prolonge vers l'Eiffel en Allemagne vers le nord du Grand-Duché),il y a généralement du charbon. On en a trouvé jusqu'à Dinant mais l'essentiel du bassin charbonnier s'étend de Liège à Mons, dès qu'on a atteint ou franchi le sillon Sambre-et-Meuse,le bassin charbonnier se prolongeant dans le département du Nord en France et en Allemagne, plus tard au Limbourg,autre région déshéritée.

Lorsque l'on examine les chiffres de la production industrielle du charbon et de l'acier,on s'aperçoit que la production par tête d'habitant est la plus élevée du monde en Belgique (alors que c'est la seule Wallonie qui assure cette production) (45). Pendant des générations, la production de charbon et d'acier, ces deux éléments principaux de la première révolution industrielle, sera en Wallonie plus importante que la production de la France dans ces domaines alors que la France est tout de même une puissance mondiale (46).C'est la première usine du continent : première chronologiquement et première par ses capacités. Un historien allemand a d'ailleurs parlé des Wallons « pionniers de l'industrie allemande »(47).

Wallonische Industrie-Pioniere in Deutschland

Au moins dans la plus grande ville wallonne,Liège, l'existence d'une certaine industrie ou,en tout cas, pré-industrie,a joué un rôle. Il est possible que ce soit l'existence de métiers très variés qui, à Liège, pousse la population à adopter des procédures finalement très démocratiques de gouvernement, à partir de début 1300 jusqu'en 1468. Il y a peut-être quelque imitation de cela dans les autres villes de la Principauté. Elie Baussart estime qu'une Wallonie s'est formée,par la rencontre, au 19e siècle,d'une tradition liégeoise non-dynastique - le Prince-Evêque était élu ce qui n'en fait pas tout à fait un monarque héréditaire même s'il était élu à vie - et de la tradition naissante de la contestation ouvrière au 19e siècle (48). La conjonction de ces deux courants donne en quelque sorte l'insurrection wallonne de 1950 contre Léopold III et la grève générale de 1960 qui constitue un essai assez unique dans l'histoire en Europe de prise en charge de la formation d'une nation par la classe ouvrière (49).

Conclusions

La Wallonie est un espace livré à l'ennemi durant deux terribles guerres mondiales et un espace livré sans défense aux appétits capitalistes sur la longue durée.

La Wallonie est aussi un espace qui permet les liaisons entre deux pôles importants de l'Europe (routes romaines et autoroute de Wallonie). Mais il y a le danger d'une Europe purement technocratique dont le pays wallon deviendrait en quelque sorte le carrefour ou, plus exactement, un désert de traversées : routes, autoroutes encombrées,TGV « survolant » la campagne, Meuse polluée... voie « royale » du capitalisme triomphant revenant sur les lieux du crime, cette Wallonie industrielle exploit »e dans tous les sens du terme au 19e siècle et au 20 e siècle.

L'art mosan figure dans notre passé comme le texte même d'un esprit européen fait du dialogue entre les cultures. Cet esprit s'oppose à l'actuelle construction de l'Europe qui est un déni de démocratie, dont les objectifs sont purement économiques avec un mépris béotien de tout ce qui, culturel, fait surtout figure d'un monde vécu méprisé par les technocrates.

La révolution industrielle sur l'espace wallon est toujours lisible avec les terrils,les friches industrielles qui sont autant de signes qui pointent les requêtes extrêmement démocratiques de ce mouvement ouvrier qui nous a - jusqu'ici! - délivré du racisme.

Notes

(1) Fernand Braudel, L'identité de la France. Les hommes et les choses, Arthaud,Paris,1986,pages 88-90.

(2) Ibidem,p.79 et suivantes.

(3) M.Fouss, La vie romaine en Wallonie, Duculot,Gembloux,1977,p.44.

(4) Ph.Bouillard et alii Espace wallon : évolution et mutations, Ciaco, Louvain,1985,p.105.

(5) R.Swennen, Belgique Requiem, Juliard,Paris,1980

(6) LÇopold Genicot, Histoire et identité culturelle, Toudi n¯ 1, Quenast,1987.

(7) Ibidem,p. 63

(8) Voir J.E. Humblet, Jalons pour une histoire religieuse de la Wallonie, EVO,BXL,1984.

(9) Félix Rousseau, La Wallonie terre romane, IJD, Charleroi,1977, p.12. Voir aussi du même auteur,sur cette permanence de Liège, L'art mosan, Duculot, Gembloux,1970.

(10) André Deblon, Le diocèse de Liège en 1789 (carte), Evêché de Liège, Liège,1980

(11) Fernand Braudel, L'identité de la France, Espace et Histoire, Arthaud, Paris,1986 pages 282-284.

(12) Léopold Genicot, Les lignes de faîte du Moyen-Âge, Casterman,Tournai,1969,p.119

(13) Fernand Braudel, L'identité de la France, Les hommes et les choses, op. cit.,p.141.

(14) Tous les historiens sont frapppés par ce phénomène italien.

(15) Pierre Fougeyrolas, La Nation, Paris,1987.

(16) Voir R.Brunet, Les villes européennes, éd. Reclus, Paris, 1989, p.79.

(17) Voir Léopold Genicot et alii, Histoire de Wallonie, Privat, Toulouse,1973.

(18) Rita Lejeune, Les légendes épiques,in La Wallonie,le pays et les hommes (Tome I,Lettres,arts,culture), La Renaissance du livre,Bruxelles,1974-1986,pages 119-136, p.125.

(19) Jean Maillard, Importance de la musique dans les régions wallonnes du VIIIe siècle à Ciconia, in La Wallonie,le pays et les hommes, op. cit. p.467.

(20) Voir à ce sujet l'article Art Mosan dans l'Encyclopaedia Universalis qui souligne cet aspect.

(21) F.Rousseau, L'art mosan, Duculot, Gembloux,1970.

(22) Voir la revue Namurcum, n°1,1953 pages 7-13. Il existe une influence des fèvres sur les sculptures et de la théologie de Godefroid de Huy en ce qui concerne Furnaux. Godefroid de Huy était un ami de Wibald de Stavelot lui-même disciple de Rupert de Deutz.

(23) Rita Ljeune, op.cit.,p.128.

(24) Jean Favier, La guerre de cent ans, Marabout Verviers,1985 revient à plusieurs reprises sur ces ambitions et leur signification continentale, notamment p.508.

(25) Jean Lejeune, La Principauté de Liège,Wahle, Liège,1980, p.110.

(26) Henri Pirenne, Histoire de Belgique,Tome II, Bruxelles,1947, p.268.

(27) F.Vercauteren, Luttes sociales à Liège, La renaissance du livre,Bruxelles,1946, pages 98-99.

(28) Philippe de Commynes, Mémoires, livre 2nd, Chapitre Ier in Historiens et chroniqueurs du Moyen-Âge, Gallimard,Paris,1952 p.1008.

(29) Charles Brusten, Les campagnes liégeoises de Charles le Téméraire, in Actes du colloque Liège et Bourgogne (octobre 1968),Université de Liège,1972,pages 81-99.

(30) Philippe de Commynes,op. Cit., p.1172.

(31) Philippe de Commynes, op.cit.p. 1054.

(32) Henri Pirenne écrit : « Le sentiment populaire lui prêtait une grandeur tragique. On le comparait à Alexandre, à l'Antéchrist. On en faisait un être surhumain et démoniauqe : sept ans après sa mort la croyance à son retour était encore répandue dans l'Empire op. cit.,pages 329-330)

(33) Philippe de Commynes,op. cit.,p.1165

(34) Jordi Moners, Sintesi d'historia dels països catalans, Edicions de La Magrana, Barcelone,1977,p.14.

(35) Henri Pirenne, Histoire de Belgique,Tome VI,Bruxelles, 1928,p.8.

(36) Braudel L'identité de la France,Tome I, Espace et Histoire, op.cit.,pages 276-299.

(37) Firmin Lentacker, La frontière franco-belge, Paris,1974,p.304.

(38) M.Foucher, Fronts et Frontières, Fayard,Paris,1988

(39) M-R Thielemans, Le Roi Albert, Carnets et correspondance de guerre,Duculot, Gembloux,1991.

(40) Les panzers passent la Meuse

(41) P-H Spaak,Combats inachevés,Tome I, Fayard, Paris,1969, p.94.

(42) Assemblée wallonne, Cahiers des griefs et des revendications de la Wallonie, Bruxelles-Liäge 1929,p.20

(43) H.Hasquin, Historiographie et Politique, IJD,Charleroi,1980.

(44) Encyclopaedia Universalis

(45) J.P Rioux, La révolution industrielle, Coll. Points,Paris,1977, tableau 10, 11 et 13.

(46)En 1960, la Wallonie produit 7 millions de tonnes d'acier et la France toute entière 17 millions (voir Eléments de géographie générale, Wesmael-Charlier, Namur, 1967, p.253.

(47) Hans Seeling, Les Wallons pionniers de l'industrie allemande, Wahle, Liège,1984.

(48) Marinette Bruwier, in La Wallonie, le pays et les hommes.

(49) Serge Deruette, La grève de l'hiver 1960-1961,moteur du fédéralisme wallon,Toudi n° 3,1989 pages 46-67.


  1. 1. Note de ce 6 janvier 2010: cela dépend évidemment de la définition que l'on peut donner à la « Wallonie » alors. Ce texte de 1992 ne tient pas compte qu'il y a eu une Provincia Walloniae intégrant effectivement des territoires linguistiquement « wallons » au sens du 17e siècle, voyez : La Wallonie en filigrane de cartes du XVIIe siècle