Di Rupo, le vrai danger pour la démocratie

5 January, 2013

COMMENT L'OPINION PUBLIQUE EST NIEE AUJOURD'HUI

Le vrai danger pour la démocratie



« Les actions de la puissance publique [...] n'épousent plus systématiquement la forme qui permettrait de les référer à la volonté générale. Elles ne peuvent alors conserver leur légitimité, dans le cadre d'une démocratie, que [...] par des procédures concertatives admettant une participation réelle des intéressés aux processus de décision [...]

Le système démocratique [empêche] le monde vécu social [soit un concept proche de "société civile" NDLR...] d'ouvrir un espace de discussion pour une formation authentique de la volonté et de l'opinion publique. Jusqu'ici, la volonté politique est mesurée par les résultats des scrutins électoraux, lors d'élections générales ou partielles; elle n'est à ce titre, rien de plus qu'une somme arithmétique de décisions individuelles isolées. Quant à la notion d'opinion publique, elle tend à se confondre avec le concept imposé dans l'expression trompeuse par laquelle les instituts de sondage, forts de statistiques effectuées à partir d'échantillons pris dans la population, désignent des agrégats statiques d'avis privés. C'est l'apparence derrière laquelle la réalité de la volonté politique et de l'opinion publique demeure largement inconnue. Du moins échappe-t-elle aux canalisations que le système démocratique avait prévues pour elle. C'est pourquoi elle se retrouve à l'extérieur du système démocratique.»

Jean-Marc Ferry, Le complexe sociopolitique in Les puissances de l'expérience, Tome II, Chapitre II, Paris, Le Cerf, pp. 55-57.