Conclusion : Éduquer le Citoyen, sauver l'Homme
Ce n'est pas seulement de l'identité nationale ou culturelle que tout ceci relève, mais, beaucoup plus profondément, de l'identité citoyenne, donc de la simple identité humaine. Car, nous voudrions le montrer aussi, si l'identité individuelle est plus large que l'identité citoyenne (de la même manière que Mounier disait que la «personne est plus profonde que le sexe»), il n'y a pas d'identité individuelle aujourd'hui sans identité politique.
Jean Louvet déclarait à un colloque de l'Interrégionale wallonne de la FGTB intitulé Enseignement et Région: «Que dire dans l'enseignement, d'une absence totale des idées du 19e et du 20e siècles en Wallonie? Qui est Vandervelde, qui est Destrée? Plus près de nous, quelle a été l'originalité du syndicalisme à la André Renard dont l'action a été déterminante pour l'avènement d'une Wallonie en voie de libération? Existe-t-il une région en Europe où tant d'artistes aient produit leur oeuvre, je dirais à partir du point de vue prolétarien? Meunier, Paulus, Lemonnier, Krains, Malva, Plisnier, Chavée, Tousseul, les noms affluent dans le désordre (...) Les jeunes traversent six années d'humanités, sans connaître leur histoire sociale, politique, culturelle: cela nous concerne tout de même en tant qu'enseignants socialistes. Quel est le jeune qui, à dix-huit ans, peut vous expliquer plus ou moins sérieusement la question nationale belge? Notre jeunesse est une des moins identifiées du monde. Certes, elle est bien équipée sur le plan scientifique, sur le plan littéraire, mais elle ne sait pas qui elle est. Un jeune Allemand sait qui il est, un jeune Américain, un jeune Hollandais, un Breton: un jeune Wallon ne sait pas qui il est. Son identité navigue du localisme le plus étroit au mondialisme le plus vague: " J'habite Tournai et le monde. " Ou: " Je suis Borain, moi, et Européen." Que je sache, on ne va pas construire l'Europe des sous-régions. Ou encore le jeune défend mollement un patriotisme belgicain des plus incertains. Un peuple ne se fraie pas un chemin dans l'Histoire, nanti de structures aussi peu délimitées: il faut un sens de la nation, un État, une culture, sinon il meurt (...) Je suis curieux de savoir ce que demain va dire un jeune Wallon à un Catalan, un Lombard, un Bavarois, alors qu'il ne sait rien de lui et ignore tout des autres.»1
Ces observations, toujours actuelles, renvoient, écrasammment, non pas seulement au discours «antiwallon» ou à la domination dont le discours anti-wallon n'est que l'écume (celle de la bourgeoisie francophone belge), mais à la négation de l'idée même de Cité. Ici. Pour nous.
J'ai tenté, dans Le Citoyen déclassé, de montrer en quoi les conditions de naissance de la Belgique avaient forcé sa bourgeoisie à la doter d'une souveraineté amputée. La Belgique n'a été admise dans le concert des Nations européennes (notamment parce qu'elle défaisait une partie de l'oeuvre du Congrès de Vienne inspirée par le rejet de la France conquérante mais aussi de la France républicaine), qu'à deux conditions restrictives importantes: l'interdiction de faire la guerre (sauf pour se défendre: neutralité active, mais tout de même neutralité) et de nouer des alliances (traité des XXIV articles). L'historien Philippe Raxhon, aux Jardins de Wallonie en 1997 a parlé éloquemment du «stress idéologique» qui s'en est suivi: entrant dans la famille des Etats souverains en Europe, avec les signes qui les désignent normalement, la Belgique savait cependant qu'elle ne pouvait y commencer une guerre ou y mener une politique étrangère véritablement indépendante. À première vue, l'interdiction de la guerre semble positive. Mais elle fait échapper aussi à ce qui structure réellement les nations et qui continuera à les structurer: le conflit. Pour prendre une comparaison, la Belgique rentrait certes «dans la cour des grands» (comme on le dit d'un petit d'homme accédant à l'école primaire), mais sous la condition, répandue en certains milieux petits-bourgeois (pour poursuivre la comparaison), de marquer ses distances vis-à-vis de ses condisciples (ni jeux ni querelles). Il y a là quelque chose de meurtrier pour l'identité.
À un point tel que Trotsky a pu écrire: «Les Belges sont l'archétype d'un peuple totalement commercialisé, d'un peuple digne, industrieux, stable certes, mais d'un peuple qui a renoncé à toutes les visions, à tous les rêves, à tous les idéaux nationaux; d'un peuple dont l'ambition presque universelle est devenue la richesse et le confort individuels. Dans ces conditions, ce peuple, en quelque sorte, a renoncé. Il a renoncé parce qu'il a subi trop de désastres, d'humiliations, de défaites, d'occupations ennemies, d'armées étrangères foulant son territoire. Dans ces conditions, ce peuple est définitivement marqué par sa propre impuissance à forger son destin. Ses esprits les plus hardis et les plus énergiques eux-mêmes ont tendance à choisir le confort personnel et la sécurité à tout prix. En politique, ils ne sont plus ni de droite ni de gauche, ni progressistes ni réactionnaires, ni nationalistes ni internationalistes: ils sont belgifiés.»2
Le refus de l'identité citoyenne dans le concert des Nations, c'est la monarchie qui en a sacralisé la démarche. Par une démarche double dont les deux dimensions semblent contradictoires: elle comble fictivement par un pompeux théâtre le manque de souveraineté, elle souligne par son symbolisme (la monarchie ne peut émaner de la société), le déclassement de la Belgique citoyenne. Dans le contexte de cette belgification dont parle si judicieusement Trotsky, il est clair que les meilleures institutions démocratiques - la Belgique bourgeoise a été et demeure un vrai système parlementaire avec un suffrage s'étendant peu à peu à l'ensemble de la population, avec un maintien des libertés fondamentales plus continu qu'en France par exemple et sans dérives autoritaires - ne confèrent pas à leurs ressortissants ce qu'Hannah Arendt appelle la dignité, l'autre mot pour «identité».
L'identité humaine a formidablement progressé depuis qu'elle se construit sur le principe que l'avenir des hommes dépend d'eux-mêmes, depuis l'avènement de la démocratie, avènement qui s'est produit dans la Nation et par la Nation au sens de Sieyès. Il n'y a pas de doute que c'est dans ce cadre qu'est née la forme d'oppression humaine spécifique de la bourgeoisie. Mais il est évident aussi que le principe de la Nation souveraine, le cadre national sont les éléments qui rendent la lutte des classes la plus lisible. E.Todd a pu écrire dans L'illusion économique que «La lutte des classes est un élément nécessaire de la réémergence de l'idée nationale.»3, ce qui dément moins Marx qu'on ne le croit puisque celui-ci disait que «Le prolétariat doit s'ériger en classe dirigeante de la nation.» (Karl Marx Manifeste du Parti Communiste).
J-C Eslin a montré dans son livre sur Hannah Arendt L'obligée du monde4 que c'est non pas la Nation, mais le déclin de la Nation qui explique la montée du fascisme et des totalitarismes: «Jamais», écrit J.C. Eslin, «Hannah Arendt ne perd la perception vive de la valeur de la protection nationale, qui donne des droits non abstraits. Perception qui, aujourd'hui, manque tant aux moralistes qu'à l'économiste, souvent les deux faces du même personnage!».
Dépassement et maintien de la Nation
La plus terrible menace qui pèse sur le genre humain, c'est la mort de la Cité, la mort de la Nation, car sans cette représentation citoyenne de l'avenir comme dépendant de nous-mêmes, née par et dans la Nation, l'humanité cessera d'être.
Il est profondément inquiétant de constater que les enfants d'un peuple comme le peuple wallon, pourtant parvenu à l'extrême des performances de la modernité, soient si souvent incapables de se dire eux-mêmes et de dire d'eux-mêmes ce qui pourrait intéresser les autres et toucher l'Universel. Alors que de la peinture à la musique, de la littérature au théâtre, de la technologie aux grands courants politiques, les éléments d'universalité présents sur notre sol abondent: art mosan, étrange et surprenant rejaillissement créatif du monde grec et romain au nord de l'Europe; prodigieuse aventure industrielle, minière, technologique des Wallons depuis le moyen âge; humanisme chrétien de Sainte Julienne, fervente de l'Incarnation du Christ dans l'Eucharistie séduisant François et l'Église universelle; Froissart, Lebel, Lemaire, Cathédrale de Tournai, Jacques Du Broeucq, Ciconia, de Lassus, Grétry; Wallons de Suède au dix-septième siècle devenus figure de contemporannéité au programme des socialistes suédois des années 30; revendication de la «Publicité» (au sens d'Habermas) au fronton de l'Hôtel de Ville de Verviers en un Pays de Liège, lui-même contemporain actif, conscient, intelligent de 1789; utopie du Grand-Hornu; révolution industrielle; inventions de la dynamo, du moteur à explosion, du saxophone; pays au plus grand nombre d'affiliés à la social-démocratie d'avant 1914 inventant la grève générale; deuxième puissance industrielle du monde au 19e siècle; surréalisme si singulier du Hainaut; Plisnier affronté au stalinisme et le dénonçant le premier dans une fiction; renardisme des années 60 proposant avec souplesse et intelligence la démocratie économique par le contrôle ouvrier; Magritte, Simenon, Delvaux, Pousseur, Ladrière, Lemaître, Grooteclaes, Grevisse [et injustice de ces listes incomplètes]; étrange destin de Liège, noyée dans le sang répandu par la Bourgogne et brûlée au 15e siècle (1468) avec Dinant (1466) qui subit à nouveau ce martyre en 1914; surprenantes naissances de Charleroi ou La Louvière à la manière de pionnières d'Amérique du Nord; rayonnement de Louvain-la-neuve; prestige populaire du dialecte en un pays francophone; forêt d'Ardenne bruissante de hautes légendes et d'horreurs (cauchemars de Charlemagne à la veille de Roncevaux, légende des Quatre Fils Aymon, bataille sanglante, à peine cicatrisée, de Bastogne) et de paris industriels étranges (comme celui de la sidérurgie de Saint-Hubert); figures poignantes de la Résistance comme Marguerite Bervoets décapitée à trente ans dans une geôle allemande; paysages d'Henri Blès; pays de noms communs devenant propres (Borinage)5 et de noms propres devenant communs (dinanderie); travaux des Congrès wallons des années 40 sur le fédéralisme belge et l'État mondial; fastes des carnavals (Binche, Malmedy) et des marches (Gerpinnes, Fosses); hommes et femmes, enfin, venus d'Italie, Pologne, Maroc, Espagne, Turquie, Flandre, France... et grâce à qui nous en vaudrons mieux.
«Qui pourrait avec sang-froid préconiser le sacrifice du dernier élément "communautaire" que représente l'imaginaire de la Nation pour l'individu moderne déjà victime des impacts désocialisants, d'un monde social jugé hyper-individualiste?»6 s'interroge le philosophe français Jean-Marc Ferry. Pour lui, il n'est pas possible qu'une identité politique puisse se stabiliser sur un patriotisme juridique - le patriotisme constitutionnel cher à Habermas7 - dissocié du patriotisme géographique, culturel et historique. Notamment parce qu'alors on ne voit pas très bien comment étendre l'identité jusqu'aux limites de la Planète, ce qui entraînerait aussi la disparition de la diversité des civilisations humaines.
Ferry considère que l'Europe peut être une médiation vers un «État» universel qui ne ferait pas disparaître les États-Nations en tant que tels. Pour lui, elle doit devenir une Communauté politique supérieure aux États-Nations sans devenir elle-même un État-Nation. C'est l'identité postnationale. Si l'«État» européen peut se développer (sans être un État classique), il doit permettre à chaque État-Nation de conserver nombre de compétences, notamment l'essentielle compétence de formation de l'identité individuelle par l'éducation «nationale» qui ouvre à l'existence professionnelle, citoyenne, humaine.
La Nation resterait, dans ce cadre (à élargir progressivement au monde entier), le pivot de la vie sociale sans en demeurer la référence ultime, celle-ci étant l' «État», européen puis mondial. L'identité postnationale s'inspire de Kant pour qui le conflit est positif: des arbres proches les uns des autres, doivent sans cesse, s'ils veulent survivre, se battre pour s'élever en vue de trouver l'air et la lumière que les autres peuvent leur ravir. La lutte rend tout le monde plus grand, la civilisation en sort grandie. Au contraire, un arbre seul dans la plaine, n'ayant pas à se mesurer aux autres, s'étale tout rabougri. Il faut donc que les Nations puissent continuer à s'affronter, mais sans violence, sous la gouverne d'une Loi établie par une Communauté politique supérieure, en un conflit sublimé qui sera dialogue et confrontation. Dans ce cadre universaliste, il y a nécessité de maintenir les Nations. Les abolir, ce serait aller vers un État unique où se rabougriraient civilisation et démocratie et où la guerre renaîtrait probablement...
Un multiculturalisme interne (un peu comme l'imagine M.Martiniello) serait une nouvelle identité belge, mais sans dépasser la Nation belge. La Nation ne peut être dépassée que par une instance extérieure, et par la confrontation avec des identités affirmées. La confrontation communautaire belge est, en ce sens, une chance, une chance pour la Fraternité.
Nous avons été confrontés longuement à la Flandre, non sans agressivité, mais presque toujours sans violence et dans un cadre démocratique. On peut dire en ce sens que la Flandre fait partie de l'identité wallonne. Il y a de la Flandre dans la Wallonie comme il y a du masculin en toute femme et du féminin en tout homme, mais tout le monde n'est pas hermaphrodite ce qui supprimerait la différence des sexes et le sel de l'existence. La Paix et la Fraternité humaines ne sont de même possibles que par le maintien de Nations.
Culture wallonne, socialisme, République
La culture wallonne doit être hissée à sa dignité républicaine et universaliste. Les philosophes remarquent qu'en dépit des principes généraux qui régissent la morale, il reste des choix à faire qui nous singularisent: d'un métier ou d'une profession par exemple. Ce n'est pas que tel ou tel choix s'impose: il est impératif d'en faire un. C'est par ces choix singuliers, que ne régit aucune règle que nous entrons dans la famille humaine. Rien en effet ne m'oblige à devenir médecin, agriculteur, métallurgiste, docker, ou professeur, rien ne m'oblige à aimer telle ou telle femme, rien ne me contraint à en avoir des enfants, personne ne peut m'imposer telle ou telle amitié. Mais c'est par ces actes éminemment singuliers, particularistes que je deviens un être humain. De même, collectivement, le choix, assumé ou délibéré, d'être wallon, japonais ou congolais est un type obligé d'entrée dans la famille humaine universelle. Par là, l'exclusivisme de l'appartenance et du choix s'allie à l'universalisme de l'ouverture et des principes.
Un soir, un jeune philosophe, François Crispeels, proposa la réflexion suivante dans le cadre du séminaire Philosophie du patriotisme de l'Institut Supérieur de Philosophie à Louvain-la-neuve durant l'année académique 1993-1994. C'est parce qu'ils sont intégrés dans des nations, proposait-il, c'est parce que l'enseignement national leur donne une identité dès leur plus jeune âge que les petits d'homme acquièrent une identité véritablement humaine. En effet, face à cette école qui leur dit qu'ils sont français, allemands, italiens, japonais... les enfants réagissent, un jour ou l'autre, en opposant à la tradition, à l'identité qui les caractérisent et les marquent, leur propre singularité d'êtres humains individuels au-delà de toutes les caractéristiques. Ils le feront, comme le rappelait Jean Louvet, par exemple à l'occasion d'un voyage à l'étranger, par exemple à l'occasion de l'étude d'une civilisation ancienne ou lointaine. Par le fait même (s'ils sont des Français, des Wallons, des Américains...) de se découvrir parents - par exemple - des anciens Grecs ou des conteurs africains ou de la sagesse chinoise ou de la philosophie allemande ou de la verve italienne ou du cinéma de Kurosawa ou de l'Irlande héroïque... ils se découvriront comme étant infiniment plus que français, wallons, américains. Et prolongeant cette découverte jusqu'à l'intime d'eux-mêmes, ils prendront surtout conscience, en même temps que de leur humanité, du caractère irréductible de leur personne.
C'est justement le caractère limité, partiel, subordonné de l'identité culturelle et de l'identité nationale qui permet d'aller au-delà, qui permet de prendre ses distances, qui permet de transcender les appartenances pour, soit les quitter pour d'autres, soit les retrouver d'une manière non naïve, non ethnique, non particulariste. Or, poursuivait François Crispeels, si l'éducation qui leur était donnée était absolument abstraite de tout contexte géographique, culturel, historique c'est-à-dire de tout contexte national, si l'éducation entendait les marquer seulement par leur identité d'êtres humains, en général, abstraitement, au sens le plus général de la généralité et le plus abstrait de l'abstraction, l'identité individuelle n'aurait plus d'élément à quoi s'opposer ou se confronter, noyée qu'elle serait en l'abîme d'une vacuité sans repères ni frontières.
Il faut pourtant construire cette individualité ce moi qui n'est pas «haïssable», qui est vital, qui rend possible l'agir éthique. Mais, sans la Nation et l'initiation à la Nation, à une culture particulière il n'y a pas de «moi» au sens moderne, individualiste, critique, libéral.
Il faut donc, pour sauver l'Homme et le Citoyen en Wallonie, enseigner notre histoire, notre littérature, les mille et un éléments de notre patrimoine qui touchent naturellement l'Universel sans oublier ce qui relève d'une culture dialectale aussi massivement répandue qu'ignorée par tout ce qui pourrait la rendre plus largement diffusée et comprise en Wallonie et hors de Wallonie (notamment par confrontation à des types parents de diglossies en Flandre et ailleurs). La Wallonie ne doit pas seulement entrer dans notre système éducatif par le biais d'une initiation à la culture wallonne étroitement comprise. La Wallonie toute entière, le sens de la Nation inséparable de celui de l'Homme de la Démocratie et de la République, doit devenir le but même de l'École comme c'est le cas partout ou devrait l'être.
L'identité humaine contemporaine est en péril, parce que, le néolibéralisme, à la loi sacrée qui fit naître la Cité - la volonté de ne se plier qu'aux lois à propos desquelles se noue, entre les êtres, un accord sans cesse à parfaire à travers le débat - oppose des impératifs extérieurs à l'agir rationnel en vue de l'entente: des impératifs de rendement, de performance, de rentabilité. Si les Nations continuent à se plier à ces impératifs économiques qui leur sont néfastes, en profondeur, malgré l'éclat trompeur de quelques réussites illusoires, elles finiront par disparaître et, avec elles, disparaîtra aussi tout agir humain, toute identité humaine individuelle.
La Wallonie niée, suspectée, stigmatisée, contrainte de se plier à une non-identité belge qui se glorifie (belgitude) d'être de «nulle part», «non-État», «médiocrité», est un des lieux où se joue la survie des Nations, des cultures humaines en leurs infinies et imprévisibles diversités.
Elle a une dette d'honneur à l'égard de la classe ouvrière et des idéaux anticapitalistes qui restent l'avenir.
Elle se justifie de ce que sauver la Cité et l'Homme, ici, comme n'importe où, importe universellement.
Graty, août 1998, «Fructidor» pour la Révolution, mois de Marie dont le nom signifie «impatience de l'émancipation».8
- 1. Jean Louvet, Colloque Enseignement et région, Pont-à-Lesse, mai 1988, texte repris dans La Wallonie et ses intellectuels in TOUDI n° 7, 1992 n° commun avec Les Cahiers Marxistes n° 187, pp. 221-227. Voir aussi le colloque Jardins de Wallonie septembre 1997 (RTBF et Institut Jules Destrée) et Le Matin du 3 septembre 1998.
- 2. Cette citation de Trotsky est résumée par John Stratchey, dans La fin de l'impérialisme, Laffont, Paris, 1961, pp. 155-156.
- 3. Emmanuel Todd, L'illusion économique, Paris, Gallimard, 1998, p. 292. Todd ajoute finement, tant du point de vue de la logique que du point de vue de l'histoire: «La division du corps social accompagne la prise de conscience de son unité.»
- 4. J-C Eslin, Hannah Arendt, L'obligée du monde, Michalon, Paris, 1996, pages 36-37 notamment.
- 5. Larousse, 1930: «Borinage, quartier d'ouvriers mineurs».
- 6. Jean-Marc Ferry, Les puissances de l'expérience, Cerf, Paris, 1991, Tome II, pp.176-177.
- 7. Sur ce point voyez aussi l'interview de Jean-Marc Ferry sur Habermas in TOUDI (annuel), n° 3, 1989.
- 8. Brigitte Kaquet, Canté Jondo, Liège, Pâques 1990.