Réchauffement climatique : trois types de questions
Le sommet de Copenhague de décembre dernier a-t-il tenu ses promesses ?
Des promesses, certes, les annonces en étaient pleines. Les journaux l'affirmaient à qui mieux mieux : l'humanité a rendez-vous avec l'histoire, sa maturité sera jaugée sur les résultats de ce sommet, le Yalta de l'environnement, la dernière chance pour sauver la planète....
Derrière ces formules spectaculaires reprises des titres des journaux belges parmi les moins « tabloïds », au moins trois types de problèmes différents s'entremêlent et parfois... s'embrouillent.
Plusieurs questions soulevées par le risque climatique restent, contrairement à ce que l'on a souvent dit ou écrit, controversées dans le monde très spécialisé des « climatologues ». Il faut s'entendre sur le terme de « climatologue » ; bien qu'ayant été parfois cité comme tel par des journalistes pressés et contre mon gré, je ne m'estime ni climatologue ni expert du climat. Je réserverais ce titre à ceux qui publient dans les revues spécialisées à « comités de lecture » où de nombreuses questions soulevées par le risque climatique et par notre capacité à l'anticiper sont toujours débattues.
En revanche, je suis un citoyen ayant eu la chance d'avoir une certaine formation scientifique et je me suis senti depuis longtemps interpellé par les questions politiques relatives à l'environnement, ainsi qu'à celles relatives à la justice sociale, à la démocratie économique, à la liberté de pensée etc...
De plus, comme ma carrière professionnelle m'a conduit à fréquenter depuis plus de 15 ans le monde de la recherche et de la science appliquée en matière de météo et climat, oserais-je dire que j'y ai acquis une certaine, quoique limitée, qualification ? Sans être « expert » je me sens en droit de tenter de comprendre les limites de ce qui est souvent avancé dans le « débat public ». Ce « débat public » est en général beaucoup trop mis en scène et beaucoup trop manichéen à mes yeux pour être tout à fait honnête. La barque de Copenhague sur ce plan-là était sans doute trop chargée. Pour ceux qui s'illusionnaient en pensant que le sommet allait sauver la planète (et l'humanité), la déception, en effet, doit être abyssale. Ce n'est pas mon cas ; je n'attendais pas grand-chose de ce sommet. 45.000 personnes (représentants politiques, observateurs, journalistes, activistes et scientifiques) avaient fait le déplacement suffisamment motivés pour en attendre quelque chose de consistant... mais quoi ?
Contrairement à une idée très répandue dans « la presse » qui formate l'opinion de ce côté-ci de la Manche en tout cas, le débat « purement » scientifique à propos du risque climatique n'est pas du tout clos : (pour autant qu'on s'accorde avec l'idée qu'un débat « purement scientifique » ait jamais lieu d'être ailleurs que dans les revues spécialisées). Un journaliste de la RTBF évoquait dernièrement l'impossibilité de trouver en Belgique un représentant des climato-sceptiques. La chaîne publique subventionnée ayant présenté systématiquement pendant des années, face à de nécessairement généreux scientifiques véritables et soucieux de l'avenir de l'humanité, les autres émettant quelques réserves sur la consensuelle vulgate climatique comme de véritables dinosaures, sceptiques par principe, voire de méchants serviteurs des lobbies pétroliers, ce journaliste ne devait pas s'attendre à ce qu'un volontaire se soit pressé au portillon de la Rtbf. Or, il se fait qu'il y a sceptiques et sceptiques 1 et que les présentations très schématiques qui ont souvent cours dans une certaine presse ne suscitent en général pas facilement des vocations ni pour se faire lyncher ni même pour servir de repoussoir-faire-valoir.
Précisons les différentes questions.
Premières questions d'ordre « purement » scientifique
1. Le climat de la terre dont l'équilibre, au delà de ses fluctuations naturelles, peut avoir été remis en question récemment sous l'effet de facteurs anthropiques (ou d'origine humaine). Voilà le problème des bases physiques posé.
Cependant, il n'est pas absolument certain que cet équilibre ait été remis en question, il n'est pas absolument certain non plus que les facteurs dominants déterminant le réchauffement planétaire actuel dont il avait été question à Copenhague soient anthropiques. Pourtant, c'est très probable. Très probable ni plus, ni moins ; postulons-le en tout cas pour... (Selon les rapports les plus autorisés en la matière) 2 ... les 50 dernières années ...
2. La prévisibilité des basculements (ou d'un emballement) du système climatique comme de n'importe quel système complexe (c'est à dire d'un système qui connaît des relations non linéaires entre ses éléments constitutifs) est très limitée sachant que l'on ne connaît jamais parfaitement toutes les rétroactions positives ou négatives... Ce qui est possible, en revanche, c'est d'évaluer la sensibilité à un de ces paramètres qui le caractérise en utilisant des modèles qui tentent de le simuler. Même si presque tout le monde s'accorde sur les propriétés « effet de serre » du CO2, il y a controverse scientifique encore aujourd'hui sur la sensibilité du système climatique à l'augmentation dans l'atmosphère de la concentration de CO2. Cela ne remet pas en cause la prise en compte de ce paramètre qui a certainement augmenté de façon spectaculaire depuis la révolution industrielle mais cela peut nuancer son importance dans les événements climatiques récents et futurs.
Même si l'on a progressé dans le domaine, on est loin de connaître toutes les rétroactions positives ou négatives du système climatique aujourd'hui. C'est la surveillance du système (monitoring) dans son entièreté qui pourrait nous faire progresser pas à pas dans cette connaissance. Et à ce propos, il devrait y avoir un grand intérêt pour tout le monde (pas seulement pour les passionnés des problèmes académiques), que l'on poursuive et que l'on combine les observations spatiales et celles de surface sur l'ensemble du globe et que les résultats de ces observations soient disponibles pour tous ceux qui en feraient la demande. La transparence dans l'élaboration des séries de données de référence est une exigence tout à fait légitime. (La transparence et l'accessibilité pour les scientifiques quelles que soient leurs appartenances idéologiques) 3 . Plus de sciences, plus d'ouvertures devrait être un mot d'ordre fédérateur de tous les scientifiques dans ce domaine comme dans d'autres.
3. L'hypothèse relativement « robuste » (dans le jargon, robuste signifie bien établi) de la poursuite du réchauffement global 4 (au point que bien souvent on ne parle plus d'hypothèse mais de certitude) n'implique pas que soient aussi robustes tous les impacts locaux 5. La résolution spatiale des modèles et la confirmation de leur pertinence est trop peu avancée pour d'ores et déjà s'appuyer sur ces modèles pour décider d'aménagements du territoire à l'échelle locale en toute connaissance de cause et sur base des scénarios qu'annonceraient les modèles climatiques. Si, par exemple, ce n'est pas absurde de renforcer les plages à la côte, il faut s'assurer que la décision ne s'appuie pas seulement sur les prédictions basées sur la théorie du RCA (réchauffement climatique anthropique) qui conduirait à une élévation du niveau des mers.
Second type de questions d'ordre clairement politique à mes yeux
Il est évidemment prudent de tenir compte de ce qui précède dans les décisions que l'on veut et que l'on peut prendre à quelque niveau que ce soit, malgré les nombreuses incertitudes scientifiques que l'on peut relever, puisque le temps d'une hypothétique vérification plus indiscutable pourrait être trop long pour permettre une adaptation douce, soutenable ou acceptable par la (ou les) société(s) humaine(s). C'est là tout le fondement du principe de précaution (à propos de la perturbation anthropique du CO2 principalement mais qui n'est pas la seule !) qui cherche à anticiper l'éventualité d'un risque mal connu mais potentiellement très sérieux. Par ailleurs encourager les économies d'énergie ou chercher à diminuer la dépendance aux énergies fossiles sont des objectifs souhaitables pour bien d'autres raisons que celles liées au risque climatique.
1. La sécurité des personnes et des biens est une des missions principales de l'Etat et singulièrement, pour ce qui concerne les phénomènes météorologiques dangereux et les risques climatiques, la mission des services météorologiques nationaux (en Belgique jusqu'à présent, l'IRM). Court terme, moyen terme, longue échéance ... modestement faisons au mieux (le moins mal possible) ce que l'on peut faire aujourd'hui grâce aux avancées de la recherche dans le domaine pour se préparer aux crises de demain.
Mais les crises d'aujourd'hui ne peuvent pas être négligées au nom des crises de demain que l'on prétendrait prioritaires. Les événements météorologiques dangereux contemporains révèlent parfois la négligence avec laquelle les autorités traitent, même dans certains pays développés, les victimes de ces événements pourtant de mieux en mieux prévisibles. S'il y a une leçon à retenir par exemple du cyclone « Katrina », c'est évidemment celle-ci : le pays le plus riche et le plus « nobélisé » de la planète a été à l'époque, c'est le moins que l'on puisse dire, coupable de négligence à l'égard d'une partie de sa population confrontée à ce cataclysme. Y voir, comme certains le prétendent, un symbole d'une négligence congénitale des Etats en général est certainement abusif. Voir dans Katrina une preuve du réchauffement global est, plus simplement, une absurdité !
2. Le développement ou la réorientation du développement moins dépendant aux énergies fossiles fait consensus politique presque mondialement et c'est tant mieux mais avec des convictions différentes selon l'urgence qu'on y voit ou selon le degré de préparation qu'on a atteint pour un développement plus économe en énergie fossile. L'idée d'encourager un développement économique « moins émetteur de CO2 » n'est applicable dans la réalité que si on accepte de sanctionner réellement les contrevenants à des règles acceptées par tous. Le marché sans une certaine régulation n'y arrivera pas tout seul mais on peut se poser la question de savoir si cette régulation est seulement possible dans une économie mondialisée. Jusqu'ici, la mise en place d'un marché Carbonne a surtout ouvert de nouvelles voies à la spéculation financière. Si le but poursuivi est de diminuer les émissions mondiales de gaz à effet de serre, l'accord de principe minimal conclu au cours du sommet mondial de Copenhague et ceux qui suivront (à Mexico prochainement par exemple) ne suffiront pas. Peut-être même aboutiront-ils à l'effet inverse en décourageant sur le marché mondial ceux qui auraient voulu aller plus loin en matière de restriction d'énergie fossile ? (C'était cette crainte-là précisément qui avait amené le scientifique américain, conseiller technique d'Al Gore, James Hansen, à préférer qu'échoue le sommet de Copenhague. Le journal Libération, toujours « bien » informé (!), l'avait d'abord présenté comme un climato-sceptique 6 avant de rectifier malgré tout cette bourde).
3. A quelle échelle et comment le marché peut-il et devrait-il être régulé ? L'échelle mondiale des décisions n'est sans doute pas la plus pertinente alors que domine à ce niveau l'idée que seul le profit financier est le moteur d'une économie saine. Y a-t-il aujourd'hui vraiment une autre mondialisation que financière? L'effet de mode climatique a conduit plus de 150 chefs d'état à Copenhague mais 3 chefs d'état seulement à la dernière conférence de la FAO où étaient discutées les questions relatives à la faim dans le monde.
4. La question des dépenses prioritaires doit être posée : Frais de représentation et de négociation ? (4 ministres belges en déplacement à Copenhague), investissement en temps et en argent dans la sécurité des biens, des personnes et environnementale à l'échelle locale ? (La saga des eaux de la Senne fut révélatrice des conflits interrégionaux entre autres). La sécurité « globale » est-elle vraiment pour un pays comme la Belgique, une question réellement prioritaire ou ne s'agit-il pas plutôt d'une posture à prétention universelle, dans les faits parfaitement stérile ? Faut-il réellement investir autant qu'on l'a fait dans la représentation lors de négociations qui, sous l'apparence d'une négociation à propos du climat mondial, a consisté surtout à établir des alliances commerciales entre les différentes parties du monde ? Des négociations bilatérales n'auraient-elles pas été plus payantes pour encourager les accords entre certains pays développés d'Europe et certains pays dits émergeants d'Asie et d'Amérique latine? A Copenhague et dans les multiples réunions qui ont précédé le sommet, l'Europe a surtout, me semble-t-il, démontré son impuissance à peser dans une régulation mondiale tout en se parant de bonnes intentions environnementales.
La limite des 2°c qu'il s'agirait de ne pas dépasser et sur laquelle il y a eu unanimité politique à Copenhague (ce qui me semble un peu bizarre pour ne pas dire plus) impliquerait logiquement que le climat mondial soit surveillé en permanence et de manière « transparente ». Si cet engagement présenté comme une des rares bonnes nouvelles du sommet était suivi par la mise en œuvre de moyens réalisant cette vigilance climatique, j'en serais très heureux mais je doute qu'il puisse s'agir d'autre chose que de bonnes intentions pour que personne ne perde complètement la face.
5. L'Europe qui se construit depuis des décennies a-t-elle rapproché les peuples de ses élites ? Une des rares questions où l'Europe s'était profilée à l'avant poste est précisément la question climatique (la liant de manière très univoque aux questions environnementales en général). Son échec à Copenhague est patent. Aucune de ses exigences n'a été reprise par d'autres grandes puissances. Les rapprochements tentés entre autres avec l'Amérique Latine, par exemple (Sarkozy et le président Lula), n'ont pas pesé bien lourd tant il est vrai que l'orientation « environnementale » affichée de l'Europe, difficilement compatible avec une option libre-échangiste mondiale, ne la distingue en général pas beaucoup de son grand « protecteur »- partenaire nord-américain. Si les entreprises européennes ont fait des efforts pour diminuer leur production de gaz à effet de serre en Europe, sont elles disposées à se faire concurrencer sur le marché mondial par des producteurs moins scrupuleux ? Evidemment non. Elles risquent d'investir et de produire des biens désormais ailleurs que sur le sol européen.
A moins que : Il me semblerait en tout cas logique que l'Europe s'offre une dose de protectionnisme : en effet à quoi bon s'imposer des règles strictes (et discutables) sur le plan environnemental en Europe si c'est pour consommer des biens issus de régions qui ne s'embarrassent pas de telles limites ? N'étant pas économiste, je suis incapable de juger si cette dose de protectionnisme, même minimale, ne comporterait pas d'autres risques mal maîtrisés. Il n'empêche que la Commission Européenne m'a donné l'impression jusqu'ici, d'être un instrument davantage libre-échangiste que soucieuse de l'avenir de la planète ou de ... l'avis des citoyens européens.
6. A la protection de « la planète », ne convient-il pas plutôt de préférer la protection des mers, des terres et ... des terroirs ? « Ma terre », ce n'est pas « la planète » qui est une entité bien trop générale et trop abstraite au nom de laquelle une autorité mondiale demanderait aux peuples de tout sacrifier. Plutôt que l'écologie des sommets mondiaux médiatisés mais qui n'accouchent que d'accords d'autant plus décevants qu'on y a mis de faux espoirs, l'écologie de proximité ne serait-elle pas plus efficace aux yeux des populations concernées par des problèmes environnementaux qui n'ont que très peu ou pas du tout à voir avec le risque climatique planétaire ?
7. Si par l'expression « dette climatique » on veut signifier que les pays du nord devraient contribuer au financement des pays du sud pour qu'ils s'équipent et se développent en évitant certains effets dommageables de l'orientation que les pays du nord ont suivie pendant leur révolution industrielle, alors que l'on destine réellement les sommes dégagées à la résolution de problèmes environnementaux et sociaux bien réels que certains pays du sud connaissent. Que l'on commence par exemple à annuler les dettes qui les entravent lourdement dans leur développement.
Troisième type de questions : philosophie politique, éthique, à l'heure de la mondialisation
1. La liberté académique, la liberté de pensée, la rationalité, le doute même devraient être mis ... au service de l'homme. (Le vrai « humanisme » dont en Belgique on se dispute aujourd'hui le label, ne serait-il pas le souci de tous les hommes, de tout l'homme, rien que de l'homme).
Si depuis une vingtaine d'années, on a vu des scientifiques sortir de leur tour d'ivoire pour alerter l'opinion sur le risque climatique, si l'on a vu dans la foulée des citoyens s'inscrire avec conviction dans la nécessaire promotion d'un développement plus soucieux de l'environnement, on a vu aussi, hélas pas mal d'opportunistes surfer sur une vague verte devenant au fil du temps une nouvelle dogmatique. A côté d'occasions fructueuses saisies et menées sous le thème du « changement de climat » pour entamer ou poursuivre des recherches ô combien nécessaires sur l'environnement, à côté d'initiatives éducatives sur le rôle des consommateurs, combien de plans de carrières ont ils été élaborés sur cette vague permettant à des célébrités éphémères d'adopter la posture du moment ? Combien de programmes de recherche abandonnés ou tout au moins négligés au motif qu'ils ne s'inscrivaient pas dans le bon paradigme ?
On me dira que c'est toujours comme ça ! L'histoire des sciences est remplie de moments grandioses et d'ombres. De fait, l'aventure scientifique s'inscrivant dans un contexte historique est une aventure tellement (« trop » aurait dit Nietzsche) humaine. Pourvu que l'on reste libre de la penser et qu'elle ne s'enseigne pas comme on enseignerait les catéchismes de quelque chapelle que ce soit.
2. La décision et la gestion des risques : hiérarchie des risques, évaluation ... La conscience que des problèmes peuvent se poser et se résoudre à l'échelle planétaire est à l'origine entre autres de l'adoption du principe fondateur dès le milieu du 19e siècle qui allait régir les échanges entre les services météorologiques nationaux. Quotidiennement, les échanges de données à l'échelle mondiale permettent à tous les pays qui disposent d'un service national d'anticiper certains risques et ce en principe de mieux en mieux. Depuis plus d'un siècle, ces services font également appel à des volontaires (bénévoles ou presque), qui contribuent à la surveillance du climat à l'échelle de leur territoire national. Sans aucun doute, si l'on connaît aujourd'hui un peu plus qu'hier des éléments du système climatique, ces contributions basées sur la coopération ont été et sont toujours importantes. Le climat ou plutôt la connaissance que nous en avons est un patrimoine commun à l'ensemble de l'humanité. Pourtant, ces dernières années, les données climatiques n'ont pas échappé à la logique marchande. Cette « marchandisation » du climat me semble au moins aussi préoccupante que le risque climatique.
François Brouyaux
Sur des thèmes proches voir aussi sur le site de la revue :
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Régulation de la finance folle dans une confédération Wallonie-Bruxelles et Le retour des nationalismes en opposition à la mondialisation
- 1. Sceptiques et sceptiques : on peut se qualifier soi-même de sceptique, encore faudrait-il préciser sur quoi on porte son scepticisme. D'une façon générale, toute démarche scientifique repose sur le scepticisme organisé grâce au contrôle de ses pairs. Un scepticisme raisonnable en quelque sorte. Plus spécifiquement à propos de la climatologie, certains scientifiques (qui ne sont pas toujours encouragés par des lobbies même si dans certains cas cela est avéré) avancent des arguments qui portent sur plusieurs points d'ordre physique méritant examen. En toute honnêteté, il y a de quoi être sceptique par exemple sur la capacité des modèles climatologiques à reproduire les variations climatiques du passé et à plus forte raison de prédire les variations futures. On peut aussi être sceptiques sur d'autres aspects de la question climatique que celui des bases physiques, par exemple sur l'efficacité du marché Carbonne quand-bien même on souscrirait à la nécessité de diminuer les émissions de gaz à effet de serre ... (lire entre autres à ce sujet le livre d'Aurélien Bernier : "le climat otage de la finance").
- 2. Ces 50 dernières années où l'origine humaine serait perceptible, c'est ce à quoi se limite le dernier rapport du Giec ; créé en 1988, avec le mandat, je cite : "d'évaluer en toute objectivité les risques de changement climatique d'origine humaine", le Giec publie régulièrement de volumineux rapports (2000 pages environs sur les bases physiques du problème en 2007, résumés en une quinzaine de pages "à l'attention des décideurs".) où l'état de la science climatique mondiale est exposé.
Même si en principe tous les scientifiques qui le souhaitent peuvent contribuer au rapport, ces résumés en tout cas sont très loin de faire consensus au sein de la communauté scientifique.
- 3. On n'a que très peu parlé de ce côté-ci de la Manche d'une affaire qui a éclaté précisément à la veille du sommet de Copenhague. Connue sous le nom de "Climategate" cette affaire (le piratage du courrier électronique de certains scientifiques importants du Giec) a révélé en tout cas un manque de transparence dans la diffusion au sein de la communauté scientifique des données sur lesquelles s'appuie la théorie du RCA. En Belgique, la presse y a fait à peine allusion et c'était immédiatement pour prendre le parti d'en minimiser la portée. Je crois, au contraire, sans pourtant rejoindre les tenants d'une théorie d'un immense complot planétaire, que l'affaire pourrait avoir des conséquences sérieuses dans le monde académique et au-delà dans la perception et la confiance que le public aura dans les discours des scientifiques. (C'est malheureusement déjà le cas si j'en juge par certaines déclarations à l'emporte pièce de ceux qui, saisissant cette affaire, tentent de remettre en question tout le travail du Giec).
- 4. Certains spécialistes du soleil prédisent que l'humanité sera confrontée à brève échéance à un net refroidissement global. Pour ma part, j'ose espérer que si c'était le cas, nous aurions trouvé d'ici-là d'autres sources d'énergie que les ressources fossiles pour nous chauffer !
- 5. Parmi les impacts locaux, le cas des glaciers est important. La vitesse de leur fonte dépend beaucoup de la latitude où ils se trouvent. Le problème est suffisamment complexe pour qu'il entraîne très régulièrement des erreurs grossières dans sa vulgarisation (la deuxième partie du rapport du Giec 2007 sur les impacts du RCA a laissé passer une grossière énorme erreur que l'organisme vient d'ailleurs de reconnaître. !!! (voir aussi sur la question des glaciers : la dernière leçon du regretté Robert Vivian accessible sur le net : Glaciers et climats. "Ne faisons pas dire aux glaciers ce qu'ils ne disent pas" )
- 6. James Hansen est le contraire d'un climato sceptique ; on pourrait le qualifier à propos du réchauffement climatique d'origine humaine de "fanatiquement croyant" : Il appelle à la désobéissance civile et soutient des écologistes condamnés pour avoir vandalisé une centrale électrique britannique. Il lui arrive de comparer les trains de charbon aux trains de la mort et les centrales à charbon à des fours crématoires.