Une indispensable mise au point. Par Jules Gheude, Président du Comité d'organisation des Etats généraux de Wallonie

6 June, 2009

[A la demande de Jules Gheude, nous publions la rectification suivante à des échos publiés dans cette revue Etats-Généraux de Wallonie et Livre Blanc du MMW: en guise de préfaces et réflexion (nouvelle édition). C'est en quelque sorte un droit de réponse sans la forme juridique. Comme la revue TOUDI en ligne ne peut instaurer de débats comme sur un Forum, je publierai volontiers les demandes qui me parviendront éventuellement de répondre à cette mise au point en "ajouter un commentaire". Faculté qui est ouverte, rappelons-le, pour tout article publié sur le site, même si des "ajouter un commentaire" ne figurent pas en bas de tous les articles. Rome ne s'est pas faite en un jour. JF, directeur de la publication.]

Une indispensable mise au point.

Par Jules Gheude, Président du Comité d'organisation des Etats généraux de Wallonie

Il me faut rectifier un certain de nombre de contre-vérités en ce qui concerne les Etats généraux de Wallonie.

Lancé, le 15 février 2008, à l'initiative de Didier Melin, Thierry Ollevier, Claude Thayse et moi-même, le « Manifeste pour la convocation des Etats généraux de Wallonie » s'adressait à tous.

Le texte parlait, en effet, d'une assemblée, largement représentative des forces vives de la Région et de la société civile au travers de ses divers courants politiques et idéologiques.

L'initiative s'inscrivait également, de manière non ambiguë, dans un contexte « post-Belgique ». Dans une « carte blanche » parue, le 29 février 2008, dans « Le Soir », sous le titre « Wallons, exigez la convocation d'Etats généraux », les quatre initiateurs du Manifeste précisaient : Nous nous distinguons de l'initiative des mouvements wallons qui invitent, ce vendredi, le public à débattre d'un « projet politique de société wallonne pour son avenir ». Car la réflexion porte ici sur l'évolution institutionnelle de la Wallonie dans le cadre belge. Notre perspective, il faut le rappeler, s'inscrit, elle, dans un schéma post-Belgique.

Dès le départ, l'option d'un vote sur les diverses options d'avenir de la Wallonie a été retenue. Le Manifeste précise, en effet, que les Etats généraux auront à se prononcer, sur base de dossiers présentant les avantages, conditions et inconvénients de ces formules.

Je suis, en ce qui me concerne, resté fidèle aux objectifs fixés.

Bien qu'ayant leur opinion personnelle, les organisateurs ont tenu à ce que les trois commissions d'études, mises en place, en août 2008, travaillent avec la plus grande objectivité, en exploitant arguments à charge et à décharge.

Les travaux de ces commissions ont abouti à la présentation, le 15 janvier 2009, de rapports fouillés, qui ont été adressés aux milieux politiques, académiques, judiciaires, patronaux, syndicaux et culturels, ainsi qu'aux divers mouvements associatifs.

Alors que la date du 9 mai avait été fixée par le Comité d'organisation pour la tenue des Etats généraux, d'aucuns, tels Claude Dejaie, coordinateur de la commission d'études « Un Etat wallon indépendant », et Alex Remacle, membre de la commission d'études « Un Etat Wallonie-Bruxelles », ont remis en cause le principe du vote, estimant que celui-ci entraînerait une division préjudiciable.

Claude Dejaie et Alex Remacle ont ensuite remis leur démission, après avoir accusé les organisateurs de lobbying rattachiste.

A Pierre Bouillon du « Soir » (voir l'édition du 27 avril 2009), Claude Dejaie expliqua : Tout de suite, j'ai vu la mainmise des rattachistes sur l'opération. Ils ont une histoire, une intendance, une organisation, une discipline. Ils sont en nombre. Et les autres tendances ont été tout de suite minorisées.

Et d'ajouter : Oui, je suis pour le maintien du pays - sur base d'un fédéralisme égalitaire et d'union. Comme disait Charles Plisnier, il faut essayer le fédéralisme. Et si ça ne vas pas, alors, je suis partisan d'un Etat wallon indépendant. Quant au rattachisme, je n'y adhère pas - notre pays est souverain et une souveraineté, ça ne se vend pas. (...) Les rattachistes bénéficient d'une structure politique forte de plusieurs années. Le 9 mai, ils seront en mesure d'avoir une majorité de votants favorables à leur cause.

Claude Dejaie a manifestement signé le « Manifeste pour la convocation des Etats généraux de Wallonie » sans le lire. Le document explique, en effet, pourquoi le fédéralisme belge s'est soldé par un échec irréversible : la Flandre ne se comporte plus comme une entité fédérée, mais comme un véritable Etat-Nation.

Pour ce qui est de la manipulation rattachiste, il faut savoir que les responsables du Rassemblement Wallonie-France ont, dès le départ, exhorté leurs membres à ne pas signer le Manifeste. Ceux qui se sont engagés, l'ont donc fait à titre strictement personnel.

A la suite de la parution de l'article de Pierre Bouillon, intitulé, Une manipulation rattachiste ? , le Rassemblement Wallonie France a publié, le 27 avril 2009, le communiqué suivant : le RWF fait savoir qu'il n'a aucune responsabilité dans la préparation ou l'organisation de cette rencontre, à laquelle il n'a été nullement associé. Il renvoie à cet égard à la déclaration du 27 juin 2008, de Paul-Henry Gendebien, Président du RWF, où il mettait très clairement en garde l'opinion wallonne à l'égard d'une manifestation qui part, certes, d'un bon sentiment, mais qui n'est pas dénuée d'ambiguïté. Par conséquent, le RWF récuse les allégations de manipulation reprises dans l'article de Pierre Bouillon. Elles sont absolument non fondées. Le 27 juin 2008, Paul-Henry Gendebien déclarait : « Etats généraux ? Oui, bien sûr, mais à la condition de les réussir, c'est-à-dire de sortir de l'Etat belge et d'aller vers la France. Et à condition d'être convoqués par une autorité légitime et représentative, à savoir le Parlement wallon, éventuellement élargi aux élus fédéraux wallons.

Je confirme, une fois de plus, que les trois commissions d'études ont travaillé en toute indépendance, en dehors de toute structure de parti.

Lorsque Claude Dejaie a accepté de piloter la commission d'études « Un Etat wallon indépendant », je lui ai communiqué une liste de personnalités susceptibles de l'aider dans sa tâche. J'ai personnellement tenu à assister aux travaux des trois commissions d'études. J'ai dû malheureusement constater que Claude Dejaie n'a pas brillé par son assiduité et son dynamisme. Il n'a pas rédigé le moindre procès-verbal ni pris part à la rédaction du rapport.

En ce qui concerne la légitimité, nous avons adressé une invitation officielle à l'ensemble des élus wallons, ainsi qu'aux responsables du monde patronal et syndical. Chaque président de parti a été invité à constituer une délégation de sa formation. Le milieu académique, ainsi que les divers mouvements associatifs (agriculteurs, étudiants, médecins,...) ont également été approchés.

Le « Mouvement du Manifeste Wallon » a prétexté l'absence d'invitation formelle pour s'abstenir de venir débattre à Liège.

J'ai personnellement contacté José Fontaine pour lui demander de sensibiliser au maximum les membres du MMW. Une invitation personnelle a également été adressée à Jean Louvet, en date du 2 avril 2009.

Sur le site de « La Revue Toudi », on trouve d'ailleurs, à la date du 15 février 2009, un texte intitulé « Les initiateurs des Etats généraux de Wallonie ont abattu un travail considérable » : c'est un document unique. Rares sont les Wallons qui ont fait à cette vaste échelle l'effort de réfléchir en vue de permettre un vrai débat. (...) Aucun Wallon soucieux du sort de la Wallonie n'y peut rester indifférent.

Les auteurs du Livre blanc pour la Wallonie auraient incontestablement enrichi le débat en venant exposer et défendre leur point de vue, le 9 mai, à Liège. Il est des occasions perdues qui ne se représentent plus.

PS. Alex Remacle a reproché à Joseph Dôme d'avoir piloté la commission d'études Un Etat Wallonie-Bruxelles, tout en étant membre du RWF (et candidat aux élections régionales du 7 juin). Il n'y a là aucune contradiction. On peut fort bien être pour la réunion à terme de la Wallonie à la France, en estimant qu'une étape transitoire sera nécessaire via la mise sur pied d'un Etat Wallonie-Bruxelles. Je certifie en tout cas que Joseph Dôme s'est acquitté de sa tâche de coordinateur avec le plus grand sérieux.