Wallonie et Flandre ont précédé la Belgique

21 April, 2011

Carte de la frontière linguistique dans le Nord de la France et en Belgique

Louis Dewez auteur d'un Cours d'histoire de Belgique contenant les leçons publiques données au musée des lettres et des sciences de Bruxelles, t. 2, J.P. Méline, 1833, pp 152-153, écrivait donc, peu après l'indépendance de la Belgique les lignes suivantes qui démontrent aux yeux de Philippe Destatte 1 que, contrairement à ce qu'en a dit Jean Stengers, la Flandre et la Wallonie ont précédé la Belgique et n'ont pas été créées par elle. Voici ce passage (avec quelques entorses à l'orthographe des lieux en fonction de l'époque où le texte a été rédigé):

« La Belgique est partagée entre deux peuples, les Wallons et les Flamands. Les premiers parlent la langue française ; les seconds, la langue flamande. La ligne de démarcation est sensiblement tracée ; et si l'on veut en être convaincu, fixons les deux points dont il faut partir. Plaçons-nous à Virton et à Arlon et, d'abord, de Virton venons à Etalle, Bastogne Houffalize, Vieil-Salm, Malmédi, Eupen, Henri-Chapelle ; d'Arlon allons à Wiltz, Saint-Vith, Aubel et nous aurons à peu près les lignes de démarcation des deux langues. De Henri-Chapelle faisons un angle, et dirigeons-nous vers Viet, Waremme, Hannut, Jodogne, passons à Braine-l'Alleud, Ath, Lessines ; Tournai, Lille, Armentières, Saint-Omer et Calais. D'Aubel, portons-nous à Tongres, Looz, Saint-Trond, Tirlemont, Louvain, et après avoir traversé la partie septentrionale du bois de Soignes, venons à Halle, Grammont, Renaix, Courtrai, Menin, Ypres, Poperinghe, Cassel, Berg et Dunkerque. Toute la ligne de Virton à Henri-Chapelle est wallonne, et tout ce qui est au-delà de la ligne de Henri-Chapelle à Calais est également wallon ou français ; car ici ces deux mots doivent être considérés comme synonymes.

Toute la ligne de Luxembourg à Aubel est allemande, et tout ce qui est au-delà de la ligne d'Aubel à Dunkerque est flamand.

Ainsi les provinces qui sont en-deçà de la ligne wallonne, savoir : la province de Liège, le Brabant wallon, la province de Namur, le Hainaut sont wallonnes.

Et celles qui sont au-delà de la ligne flamande, savoir : le Limbourg, le Brabant flamand, la province d'Anvers, la Flandre orientale et occidentale, sont flamandes.

Ce n'est point ici une division arbitraire ou un plan fait d'imagination pour appuyer une opinion ou créer un système ; c'est une vérité de fait, dont tous ceux qui ont la moindre connaissance des lieux peuvent aisément reconnaître l'exactitude, ou enfin dont on peut s'assurer par la seule inspection de la carte. »

La citation ci-dessus est extraite de Critique : La Belgique va-t-elle disparaître? (M.Beyen et Ph. Destatte) pp. 33-34.

Voir aussi La Wallonie en filigrane de cartes du XVIIe siècle

[Contrairement à ce que l'on pense d'habitude, les historiens, même de tendance unitariste et en premier lieu Pirenne n'ont jamais mis en doute la division linguistique du pays, mais ont cherché à la relativiser...]

Voir aussi Insuffisances de notre historiographie (J. Stengers).

  1. 1. Le texte ci-dessous est extrait de Critique : La Belgique va-t-elle disparaître? (M.Beyen et Ph. Destatte) pp. 33-34.