FDF en Wallonie?
La tendance du FDF a toujours été, après que le RW fut définitivement affaibli à la fin des années 70 de conquérir la Wallonie. Il faut dire qu'il n'y est jamais parvenu. Le RW a finalement (sa plus grande partie), refusé de se lier à lui dans un seul parti et les tentatives qu'il a réalisées, seul, de s'implanter dans le Brabant wallon ont échoué. Alors que toute la presse francophone (hier dans "Face à l'Info") considère qu'il faut s'entendre avec les Flamands sur BHV, alors que plusieurs journalistes ont dit dans la même émission que BHV n'intéressait guère les Wallons (l'un d'entre eux a surenchéri en disant que BHV n'intéressait pas non plus les Bruxellois, des sondages l'ont d'ailleurs montré), le FDF vit de tels problèmes. La seule chose qui vaille, au regard de principes qui dépassent l'intérêt des entités particulières (Flandre, Wallonie ou Bruxelles), c'est d'arriver à une scission qui permette que les droits individuels des Francophones de la périphérie soient respectés.
D'un autre côté, la politique étant un rapport de force, il est "normal" que les partis francophones souhaitent obtenir quelque chose en échange d'un accord sur BHV. Mais même cela, on se demande parfois ce que cela peut "rapporter" en termes de démocratie et d'épanouissement de Bruxelles et de la Wallonie. Nous avons intérêt à nous entendre avec la Flandre, pas à n'importe quelles conditions, bien entendu. Mais combattre la Flandre qui veut demeurer flamande, c'est un objectif que Jules Destrée avait abandonné dès avant 1914 et qui l'a amené à rompre avec l'Assemblée wallonne en 1923 et à signer avec les socialistes flamands en 1929 un "compromis des belges" qui a mené aux lois de 1932, exemple d'un accord équilibré entre Wallons, Flamands et Bruxellois.
On peut consulter sur la revue en ligne des articles qui jettent une lueur crue sur les vieilles ambitions du FDF en Wallonie. 1
Il est décevant que la seule information un peu historique sur l'impérialisme FDF en Wallonie ait été donnée par C.Kesteloot à La Libre Belgique, une historienne avec laquelle TOUDI a déjà eu maille à partir (en 1993, 1997, 2002, 2004), mais qui ne comprend pas toujours bien l'histoire de la Wallonie. Elle suppute que le FDF aurait des chances à Liège. On verra, mais cela est peu crédible. Et dire que Dehousse et les régionalistes sont sur la touche à Liège c'est prendre ses désirs pour des réalités.
N'oublions pas que le plus important ministre PS du gouvernement wallon, Marcourt, est liégeois et se définit sur son blog comme un régionaliste radical. Ceci dit, il y a quelques informations dans l'interview de C.Kesteloot (même si c'est dans un cadre d'interprétation erroné, notamment en envisageant le mouvement wallon à partir d'une Wallonie écartelée, autre façon de prendre ses désirs pour des réalités)2. Il faut dire cependant aussi (ceci est ajouté le 7 novembre), que Chantal Kesteloot oublie de dire le plus important, à savoir la rupture entre le FDF et une grande partie du RW intervenue en septembre 1981 peu avant les élections de novembre 3 En outre, il y a quelque chose d'un peu étonnant de penser que ce serait à Liège qu'on serait le moins wallon en Wallonie. Mais au total, cet avis de Chantal Kesteloot donne peut-être aussi la mesure de la sous-estimation constante des réalités wallonnes dans les cercles bruxellois qui se croient cependant les plus proches du mouvement wallon, comme au FDF. Il ne faut pas oublier en effet que toutes les tentatives de ce parti de s'implanter en Wallonie ont échoué et même de se lier à un parti en Wallonie (le RW puis le PS, puis tout seul, puis le MR...).
Il est tout à fait symptomatique que Serge Kubla soit le premier à monter au créneau contre l'impérialisme FDF 4
Pour aller plus loin
On peut aussi consulter le Manifeste inspiré du FDF Choisir l'avenir (1996) (et on trouvera sur cette page les débats que cela a suscités dans la revue TOUDI
De même qu'un retour sur cette question où est notamment mise en cause l'argumentation (juridique) selon laquelle en cas de proclamation unilatérale de son indépendance par la Flandre, celle-ci devrait refaire sa demande d'admission a sein de l'UE. Il est encore arrivé ces jours derniers que certains utilisent cet argument que la revue a réfuté depuis longtemps: Un dernier mot sur le "Manifeste francophone" / Origine historiquement FDF de cette démarche
- 1. FDF, Wallonie, Bruxelles, rattachisme I et FDF, Wallonie, Bruxelles, rattachisme II
- 2. Si le FDF réussit en Wallonie ce sera d'abord à Liège
- 3. Les dissidents du RW cherchèrent un partenaire, notamment les écologistes. Ils ne réussirent cependant pas. Certains dissidents furent élus sur les listes PS comme à Liège ou cooptés au Sénat (ou sénateurs provinciaux) pour le Brabant wallon (ainsi Jean-Emile Humblet), ou encore pour le Hainaut (Yves de Wasseige qui devint le président du RPW, liste apparentée au PS. La consultation des résultats électoraux de novembre 1981 permet de dire que là où les dissidents du RW se présentèrent (à Liège ou en Brabant wallon sous l'étiquette RPW, parti intégré au PS), de même que dans le Hainaut (sur la liste indépendante WALLON), ils obtinrent au moins autant de voix que les candidats du RW maintenu. Les dissidents parvinrent à se présenter devant 80% du corps électoral wallon (soit dans le Brabant wallon, la Province de Liège sauf Huy-Waremme, et la Province de Hainaut, mais ni dans la Province de Namur, ni dans la Province de Luxembourg).
- 4. Serge Kubla hostile à l'implantation du FDF en Wallonie