100 WALLONNES ET WALLONS RÉPONDENT au NOUS EXISTONS BRUXELLOIS (2007)

Mouvement du manifeste wallon
Dans un manifeste portant le titre « Nous existons », des Bruxellois de toutes langues et de toutes provenances revendiquent aujourd’hui pour leur Cité la place qui doit être la sienne sur la scène belge et européenne. Bruxelles refuse d’être encore plus longtemps une capitale instrumentalisée et d’être réduite à jouer le seul rôle de petit commun dénominateur. Creuset multiculturel, elle entend être une communauté de destin.

La Wallonie ne peut que se réjouir de cette affirmation. Et par la voix des signataires de la présente, elle s’offre comme partenaire en ce moment historique, de même qu’elle tend loyalement la main à une Flandre elle aussi maîtresse d’elle-même.

Dans le mouvement de réappropriation que vivent les Régions fédérées et la Communauté germanophone, la culture doit jouer un rôle capital. L’histoire ne connaît pas d’exemple de société qui se soit affirmée sans disposer d’un langage propre.

Dans le travail de redressement auquel la Wallonie est appelée, la culture sera un des leviers les plus puissants. La parole qu’elle élabore pour se dire se fait déjà entendre. On l’entend dans des textes, des pièces de théâtre, des chansons, des films, des émissions télévisées. Mais on l’entend aussi dans ces lieux où des citoyens se forment, ou dans des groupes qui luttent pour la justice et la démocratie.

Cette culture, en effet, ne parle pas de la Wallonie comme d’une essence, mais bien comme d’une société dotée d’une histoire, vivant un présent, et se projetant dans l’avenir. Une société où vivent et travaillent des hommes et des femmes ne se définissant pas par leur seule mémoire, mais aussi par leurs projets.

Cette culture ne peut être qu’ouverte. Comment pourrait-il en aller autrement ? De tous temps, des femmes et des hommes sont venus d’ailleurs — du Nord d’abord, puis du Sud méditerranéen, d’autres continents enfin — pour partager les peines et les joies des Wallonnes et des Wallons. Cet apport a fructifié. Et a donné une tradition de multiculturalisme, si bien vécue au quotidien qu’elle omet parfois de se dire.

La prise de parole bruxelloise offre l’occasion nouvelle d’une discussion franche sur tous ces thèmes.

Le fédéralisme belge, pensé depuis un siècle et mis en oeuvre depuis 35 ans, produit très élaboré issu de la rencontre des aspirations culturelles flamandes et des revendications socio-économiques wallonnes, est assurément aujourd’hui un système mûr. Pour la Wallonie, l’institution régionale a atteint une dimension critique qui lui a permis et permettra d’absorber tout transfert de compétences sans difficultés majeures. (C'est par exemple le gouvernement wallon qui a réformé le plus profondément les pouvoirs locaux, provinces et communes. Dans un pays où de toute éternité l'autonomie locale est sacralisée, cette avancée démocratique est révolutionnaire).

Mais ce fédéralisme-là, dans son expression bicommunataire, a étouffé Bruxelles dans un carcan, et a donné à l’identité linguistique un rôle peu compatible avec le caractère cosmopolite de nos sociétés ; surtout, il a fait que les flux culturels ont été orientés par des forces qui n’ont servi ni Bruxelles ni la Wallonie. Ces forces néfastes ont en effet largement empêché que l’on perçoive l’identité du lieu de création vivante et puissante qu’est la première et interdit à la seconde de se doter des instruments devant lui permettre de prendre la parole (quand elles ne lui ont pas arraché les quelques outils dont elle disposait encore ; le démembrement de la RTBF est à cet égard une tragédie). Le résultat est connu : en Wallonie, Bruxelles est souvent perçue non comme le cœur d’une société en mouvement, mais comme le siège d’une administration lointaine et hautaine, et la Wallonie est vue à Bruxelles comme une province aux mœurs archaïques.

Ce déficit symbolique est dommageable à la Wallonie, et, partant, porte atteinte au dynamisme de ses partenaires. Le projet wallon continue à être centré sur le socio-économique. C’est certes à bon droit. Mais le Gouvernement wallon pourra imaginer tous les plans de redressement qu’il veut : sans référents culturels et moraux, il ne pourra qu’échouer.

Rendre leur dignité à ceux qui vivent et travaillent en Wallonie suppose en effet une politique culturelle responsable, s’exerçant notamment dans le domaine des médias et de l'enseignement. Les intellectuels de Wallonie en appellent d’ailleurs à une telle politique depuis de nombreuses années.

Comme les signataires bruxellois du Manifeste « Nous existons », nous pensons « qu’il est grand temps de laisser pour de bon derrière nous une Belgique où deux Communautés se font face, pour permettre que les trois Régions du pays s'épanouissent côte à côte, chacune avec une identité propre et des institutions efficaces ». A l’heure où des négociations se préparent, qui vont engager l'avenir de ces trois Régions (ou quatre avec la Communauté germanophone), nous en appelons à l’imagination, de façon à ce qu’elles puissent pleinement exister. En effet, la solidarité des Wallons et des Bruxellois ne doit pas obligatoirement prendre la forme d’institutions communes qui les nient les uns et les autres. Nous en appelons à tous les mandataires responsables : qu’ils soient conscients qu’il est de l’intérêt des Wallons comme des Bruxellois de se donner les instruments qui garantiront leur avenir.



Nicolas ANCION, écrivain, LIEGE
Edgard ANDRE, Professeur honoraire à l’Université de Mons-Hainaut, HAVRE
François ANDRE, politologue, délégué CGSP , AUTREPPE
Danielle BAJOMEE, professeure à l’Ulg, LIÈGE
Willy BAL, Professeur émérite UCL, académicien, écrivain wallon, JAMIOULX
Yannick BAUTHIERE enseignant, GEMBLOUX
Jean-Pierre BERTRAND, Professeur à l’Université de Liège, THEUX
Francis BISMANS, Professeur à l’Université de Nancy, secrétaire général du mouvement socialiste, FLEMALLE
Guibert BODART, directeur honoraire du SPF Finances, LA HULPE
Christine BOMBOIR, NAMUR
Marie-Guy BOUTIER, professeur à l'Université de Liège, LIEGE
Jacques BRASSINNE de LA BUISSIERE, docteur en sciences politiques, GEMBLOUX
François BROUYAUX, enseignant, BRUXELLES
Marinette BRUWIER, Professeur honoraire à l’Université de Mons-Hainaut, MAISIERES
Jean CAPIAU, Scénographe, LA LOUVIÈRE
Michel CIPARISSE, artiste, NAMUR
Maurice CHEZA, Professeur émérite à l’UCL, NAMUR
Willy COLETTE, Prisonnier politique 1940-1945, SAINT-MARC
Luc COURTOIS, Professeur à l’UCL , dir. des trav. Fondation wallonne PM et JF Humblet, LOUVAIN-La-NEUVE
Jean-Paul D’HAEYER, enseignant et militant syndical, GELBRESSEE
Eulalia DAMASO, Professeur, FLEMALLE
Marie-Anne DELAHAUT, administratrice réseaux, HOUR
Armand DELCAMPE directeur du théâtre Jean Vilar et du Festival de Spa, BOUSVAL
Jean-Pierre DELHAYE, historien
Francis DELMOTTE, Cercle Républicain, MONS
Benoît DENIS, chef de travaux à l'ULg, ESNEUX
Guy DENIS, écrivain et galeriste, LOUFTEMONT
Philippe DESTATTE, historien, HOUR
Anne DEVLEESHOUWER, Formatrice en alphabétisation, LA LOUVIÈRE
Julien DOHET, historien, LIEGE
Christian DRAGUET, Délégué CGSP, ALLEUR
Daniel DROIXHE, Chargé de cours à l'Université de Liège, académicien, OUPEYE
Jacques DUBOIS, Professeur émérite à l’ULg, LIEGE
Isabelle DUCULOT, formatrice en entreprise, LIEGE
Pierre DUFAUX, ancien journaliste RTBF, NAMUR
Jean-Pierre DUMONT, écrivain wallon, CLAVIER
André DUMOULIN, Professeur à l’université, CIUDAD PANAMA
Patrick DUPUIS, écrivain et éditeur, OTTIGNIES
Pascal DURAND, Professeur à l’Université de Liège, ESNEUX
José FONTAINE, Docteur en philosophie de l’UCL, Directeur de Toudi, GRATY
Michel FOURGON, compositeur, LA GLEIZE
Michel GIGOT, vice-président du Mouvement du Manifeste Wallon, syndicaliste CNE LOUVAIN-LA-NEUVE
Pierre GILLIS, Professeur à l’Université de Mons-Hainaut, MONS
Ernest GLINNE, Ancien Ministre et Député européen honoraire, COURCELLES
Anne-Catherine GUIO, économiste, GESVES
Chantal HARTMAN, Réalisatrice Télé, TAVIERS
Thierry HAUMONT, écrivain, Prix Rossel, CHARLEROI
Arnold HAUWAERT, Vivre en Wallonie, SAMBREVILLE
Jean-Pierre HIERNAUX, Professeur à l'Université, FLEURUS
Jean-Pol HIERNAUX, fonctionnaire wallon, NAMUR
Jean-Charles JACQUEMIN, professeur FUNDP, GELBRESSEE
Jacques JOSET, Professeur ordinaire émérite, Université de Liège, LIEGE
Ivonne JOYEUX, régente en arts plastiques, WATERLOO
Guy JUCQUOIS, professeur émérite de l’Université de Louvain, CORTIL-WODON
Georges KELLENS, professeur émérite de l'ULg, NEUPRÉ
Jean-Marie KLINKENBERG, Professeur à l’ULg, LIEGE
Caroline LAMARCHE, écrivain, LIÈGE
Janine LARUELLE, céramiste, LA LOUVIERE
Jean-Pierre LEBRUN, psychanalyste, NAMUR
Edmond LEGROS Professeur émérite de l'UCL, LIEGE
Jean-Pierre LEMAITRE Département des sciences économiques UCL, LOUVAIN-LA-NEUVE
Jean LEROY, Enseignant, LA LOUVIÈRE
Micheline LIBON, historienne. Professeur émérite de l'UCL, NANINNE
Gabriel LIEGEOIS, économiste, OUFFET
Emmanuel LORETELLI, Professeur, LA LOUVIERE
Jean LOUVET, dramaturge, président du Mouvement du Manifeste Wallon, LA LOUVIERE
Lucien MAHIN, écrivain et chercheur en langue wallonne, vétérinaire privé à l’étranger, ancien enseignant-chercheur à l'Institut Agronomique et Vétérinaire de RABAT
Christine MAHY, Directrice du Miroir Vagabond, DURBUY
Paul MALHERBE, Prêtre, NAMUR
Nicole MALINCONI, écrivain, NAMUR
Pierre MANIL, Psychologue, Formateur dans le secteur socio-éducatif, FLOREFFE
Paul MEYER, cinéaste, VISE
Laurent MINGUET, Manager de l’année 2004, LIEGE
Thibaud NANIOT, historien, NAMUR
Jean NOËL, Directeur hon. de Ministère, LA BOUVERIE
Françoise ORBAN, professeure FUNDP, NAMUR
Marcel OTTE Professeur à l’Université de Liège, LIEGE
Jules PIRLOT, Professeur d’histoire, LIEGE
Jean PIROTTE, Professeur émérite à l’UCL, JAMBES
Jacques QUIVY, Dr.Sc.Ingénieur Spécialiste secteur industriel « Biotechnologie et Sciences de la vie » LOUVAIN-LA-NEUVE
Alex REMACLE Consultant en informatique et Stratégie Internet, ORBAIX
Philippe RENAULT, Forestier, IVOZ-RAMET
Daniel RICHARD, syndicaliste wallon, HERSTAL
Emile RIKIR, archiviste, HUY
Caroline SAPPIA, assistante de recherche à l’UCL, chargée de projet à la Fondation wallonne P.-M. et J.-F. Humblet BRUXELLES
Jean-Louis SBILLE , Comédien et auteur, BRUXELLES
Daniel SERET, Artiste-peintre-animateur, DURBUY
Emile SERVAIS, Ancien Président MOC fédé. de Namur, Prof.Hon. UCL, MALONNE
Claude SNAPS, Vétérinaire, conseiller communal républicain, BEAUVECHAIN
Annick THYRE, secrétaire générale adjointe de la FGTB wallonne, NAMUR
Anne TIRIFAHY, Fonctionnaire, FLEURUS
Lise THIRY, Virologue, BRAINE-LE-CHATEAU
Florence TONDEUR, urbaniste, WATERLOO
Vincent VAGMAN, historien, JAMBES
Denise VAN DAM, Maître de conférence FUNDP, DINANT
Guy VANDELOISE, Docteur en histoire de l’art, Professeur, peintre et sculpteur, LIEGE
Jean-Claude VANDERMEREN, secrétaire FGTB wallonne, JAMBES
José VERDIN, Directeur de la Form'action André Renard, ESNEUX
Carmelo VIRONE, écrivain, LIEGE
Yves WEZEL, économiste, CHARLEROI
Yves WINKIN, anthropologue, professeur à l'Ecole Normale Supérieure, LYON
Evence YANCENNE à MORLANWELZ
Marie-Denise ZACHARY, économiste, BRUXELLES