Elections régionales en Wallonie: état des lieux, perspectives

19 May, 2009

Le Parlement wallon

Sur l'analyse des élections de 2009 en Wallonie par la revue voyez Elections régionales en Wallonie : analyse des résultats

Avant de nous pencher sur les élections wallonnes du 7 juin en essayant de discerner, sur base des derniers résultats électoraux, quelles pourraient en être les grandes tendances, les coalitions possibles... Il nous semble utile de rappeler quelques éléments plus historique, dans un paysage politique wallon qui s’éloigne sans doute définitivement de la célèbre « pilarisation » structurelle qui a régit la Belgique depuis la fin du XIXe siècle.

La fin de la pilarisation de la société wallonne

Au début des années nonante, les libéraux, essentiellement depuis la présidence de Louis Michel, se sont recentrés, ce qui a abouti à la création d’un grand pôle libéralo-conservateur plus ouvert du point de vue confessionnel et social sous la forme du Mouvement Réformateur (MR).

Le PS, quant à lui, essentiellement depuis l’arrivée à sa tête en 1999 d’Elio Di Rupo, outre la modernisation de son fonctionnement interne, a posé divers jalons en vue de la constitution d’un pôle « progressiste », ou de « convergence(s) des gauches », où il serait l’élément clé. Elio Di Rupo a imposé progressivement l’abandon d’un certain « ouvriérisme » et de la radicalité de discours au profit d’un progressisme répondant mieux à un nouvel électorat où dominent les cols blancs et non plus les cols « bleus ».

Dans ce contexte, l’alliance en 1999 au niveau wallon entre PS et PRL-FDF n’était guère surprenante, celle-ci leur permettant d’accélérer la bipolarisation en cours en marginalisant un PSC fort mal-en-point. Obligé de se repositionner « idéologiquement » entre le marteau socialiste et l’enclume libérale, le pilier « chrétien», au moyen de la transformation du PSC en CDH et sa « déconfessionnalisation » relative entama un passage du centre-centre-droit vers le centre-centre-gauche. Seul l’excellent score d’ÉCOLO en Wallonie (et à Bruxelles), réalisé lors de ces mêmes élections empêcha la réalisation totale de ce scénario de constitution de deux grands pôles politiques.

Si le pôle « libéralo-conservateur » a réussi son implantation dans la société wallonne (et bruxelloise), l’épisode Aernoudt n’étant qu’une péripétie mineure, la grande erreur d’Elio Di Rupo et du PS fut après leurs succès de 2003 et 2004 d’abandonner l’idée de la constitution d’un pôle progressiste en Wallonie, mais pas à Bruxelles sous l’influence de Philippe Moureaux. S’il a réussi à empêcher un quelconque rapprochement entre le CDH et le MR, la persistance d’un parti au centre apparaissant alors comme sa meilleure garantie contre une suprématie éventuelle du MR, le PS wallon a négligé trop longtemps ECOLO et il va, sans doute, en payer le prix dans quelques semaines.

En 2003-2004, la dominance du PS au sein de pôle « progressiste » wallon était certaine, mais la force de cette dominance apparaissait encore incertaine. Par contre le PS affaibli qui sortira des élections wallonnes de juin prochain ne pourra plus aussi facilement mener la danse, ECOLO se souvenant que les convergences de gauche furent surtout en 2003 une tactique du PS pour récupérer ses électeurs qui avaient rejoint les Verts en 1999.

Quels éléments pouvons-nous retirer des résultats électoraux wallons depuis 1999 ?

Il est difficile de comparer statistiquement les élections fédérales et régionales en Wallonie pour plusieurs raisons.

En premier lieu, le corps électoral n'est pas identique. En effet, les Belges résidant à l'étranger ne peuvent pas prendre part aux élections régionales, que ce soit par correspondance ou personnellement (ou par procuration), dans une commune de Belgique ou dans un poste diplomatique ou consulaire. Ceci est moins négligeable que l'on ne pourrait le penser: ainsi pour la Province de Hainaut, cela constitue une différence potentielle d'environ 12.000 électeurs. Pour l'ensemble de la Wallonie, on peut estimer cette différence à environ 40.000 électeurs (en moins) pour l'élection du Parlement wallon.

Ensuite, le Parlement wallon, à la différence du Parlement flamand, n'a pas instauré des circonscriptions provinciales, les 13 circonscriptions en vigueur depuis 1995 demeurent en place, ce qui peut influer sur le scrutin. Pour toutes ces raisons, il nous semble judicieux de comparer les résultats de 2004 avec ceux de 1999, tout en tentant un rapprochement avec ceux des élections fédérales de 2003 et 2007.

Lors des élections régionales de 2004, le PS avait confirmé ses bons résultats de 2003, il obtenait 36,91% soit une augmentation plus de 7,47% par rapport à 1999 qui constituait le plus mauvais résultat électoral de son histoire avant les élections fédérales de 2007.

Pour le MR avec ses 24,3%, il s’agissait d’un échec relatif, même si par rapport aux élections régionales de 1999, il ne perdait que 0,4%. L'électeur wallon avait moins automatiquement identifié le MR avec le cadre régional, l'absence de circonscriptions provinciales comme pour les élections fédérales où peuvent s'exprimer des gros «faiseurs de voix» tels Didier Reynders ou Charles Michel ayant dû aussi jouer un rôle.

Ce qu’il est intéressant de comparer est l’écart en suffrages entre le PS et le MR, alors qu’en 1999, pour les 5 circonscriptions du Hainaut qui élisent 29 députés wallons, il était tombé à environ 95.000 voix, il était remonté à plus de 160.000 voix en 2004. Même constat pour les 3 circonscriptions liégeoises qui élisent 23 députés wallons où, dans le même temps, l’écart était passé d’environ 45.000 à 85.000 voix. Contrairement à ce que l’on a souvent dit, lors des élections fédérales de 2007, le PS, dans ces deux provinces, n’est pas tombé au niveau de son score-plancher de 1999, mais le MR y avait considérablement réduit l’écart, il n’était plus que d’environ 55.000 voix dans le Hainaut et d’environ 10.000 pour Liège. Combiné à ces résultats exceptionnels en Brabant wallon et très bons à Namur, le MR put ainsi, sur l’ensemble de la Wallonie, devancer le PS d’environ 34.000 voix.

Je pense que la clé du scrutin sera là: quel sera l’écart global au soir du 7 juin dans les circonscriptions hennuyères et liégeoises entre le PS et le MR ? Si le PS n’arrive pas à maintenir un écart minimum d’environ 100.000 voix dans ces circonscriptions, il est alors fort probable qu’il perdra au bénéfice du MR sa place de premier parti de Wallonie. Le PS ne s’y est pas trompé puisque sur le Hainaut, sans oublier le cas du ministre wallon Didier Donfut sur les listes mais ne faisant plus campagne, Di Rupo mène la liste à Mons-Borinage, Demotte fait de même en Wallonie picarde, et le duo Magnette-Dupont à Charleroi, soit le président du parti et trois ministres en fonction comme locomotives électorales, c’est ce qui s’appelle sortir la grosse artillerie… Bien sûr reste l’impact éventuel des « affaires » mais à notre avis, celles-ci n’auront sans doute qu’un effet amplificateur de tendances déjà existantes, leur impact médiatique et au sein du « microcosme » politique étant, selon moi, supérieur à leur impact électoral.

Il est clair aussi que le résultat final aura des conséquences directes sur le maintien d’Elio Di Rupo à la tête du PS, si celui-ci se retrouve à un niveau équivalent à celui de 1999, la décennie de présidence du maïeur de Mons n’aurait finalement été qu’un retour à la case départ pour son parti.

On pourrait dire la même chose de la présidence de Joëlle Milquet, si le CDH retrouve un score wallon identique ou probablement inférieur à son résultat-plancher de 1999, cela ne fera que renforcer ce que j’écrivais déjà en 2004 dans Toudi, « ce parti est plus devenu spectateur qu'acteur du jeu politique wallon. En effet le CDH est devenu une force d'appoint soit pour le PS - mais ce dernier peut toujours lui préférer à l'avenir un ÉCOLO revenu aux environs de 10% - soit pour le MR. Toutefois, dans ce dernier cas, cette coalition n'est pas actuellement, et sans doute pour longtemps, majoritaire en Wallonie. » 1 En outre, le MR pâtit beaucoup plus que le PS de la persistance du CDH, ce qui explique pourquoi il était en 2004 demandeur de la poursuite avec le PS de la coalition wallonne défunte purgée de son élément vert. Le retour aux affaires inespéré de la famille centristo-chrétienne empêcha donc les intérêts qu'elle représente toujours dans la société wallonne de se tourner vers le MR. On ne peut que comprendre la rage de Louis Michel et le beau coup tactique réalisé à l’époque par Elio Di Rupo !

Le sort électoral des «verts» sera probablement lui aussi un « retour vers le futur », c'est-à-dire l’obtention d’un résultat équivalent voire même dépassant celui réalisé en 1999, ce qui serait assez remarquable après un effondrement électoral unique en l'espace d'une législature. Ecolo avait perdu entre les élections de 1999 et de 2004 près de 10% des suffrages, et connut une légère remontée en 2007. En 2004, les nombreux électeurs orientés à gauche qui avaient rejoint ce parti depuis 1995 étant alors retournés au PS. Il est probable que ceux-ci risquent, à nouveau, de faire cruellement défaut au PS le soir du 7 juin. Anne Demelenne, Secrétaire générale de la FGTB et Présidente de son Interrégionale Wallonne, n’a-t-elle pas déclaré que les militants de la FGTB pouvaient porter leur choix tout autant sur le PS que sur Ecolo, ce qui constitue une prise de position loin d’être anodine. En outre, en mettant en avant son programme au lieu de polémiques partisanes ou même ad hominem, les verts ont réussi à se (re-)créer une niche électorale face à la bipolarisation « idéologique » ou « personnelle » dans laquelle se sont enfermés le MR et le PS. Ce qui fait qu’ECOLO apparait bien comme le porteur d’une « autre » politique et de comportements différents. Reste la question de sa percée éventuelle dans le Hainaut, sous-région où son implantation durable y est « historiquement » problématique, les Verts ayant toujours recueilli des résultats inférieurs à ceux des autres provinces wallonnes. Il faut noter d’ailleurs, qu’un peu comme pour le MR, la circonscription provinciale lui a toujours été plus favorable que la compétition au sein des circonscriptions actuelles du Parlement wallon.

Terminons enfin ce tour d'horizon par la montée de l'extrême droite « populiste ». Son score, en particulier dans les circonscriptions du Hainaut est une inconnue, mais, en raison de ses divisions actuelles, il n’est pas impossible que ses 4 députés wallons disparaissent de la scène. Ce qui ne ferait que confirmer son incapacité à s’implanter durablement en Wallonie, les succès comme lors des élections de 2003 et 2004 ou 2007 étant réduits à néant quelques années plus tard.

En guise de conclusion partielle, MR et PS sont clairement en compétition et donc dans une logique d'affrontement pour obtenir la place de premier parti de Wallonie. Celle-ci déterminera par ricochet la coalition devant diriger la Communauté française. Le MR, qui contrairement aux élections régionales de 2004 serait redevenu le premier parti de la Région de Bruxelles-Capitale, sera à même de forcer les portes du gouvernement wallon dont il ne pourra toutefois écarter le PS qu'au moyen d'une tripartite avec ECOLO et le CDH, d'où l'importance pour le PS de ses relations avec ces deux derniers partis.

Les coalitions possibles, l’arc-en-ciel, le cerisier-olivier, une grande coalition ?

Si le PS demeure le premier parti wallon, le cerisier ou olivier (PS-ECOLO-CDH) sera sans doute sa première option, empêchant ainsi tout rapprochement d’ECOLO et du CDH (dans une mesure moindre), avec le MR. Ce scénario a deux inconvénients. En premier lieu, laisser le MR dans l’opposition, c’est lui laisser le champ libre pour les prochaines élections pour s’affirmer comme l’unique alternative politique possible en Wallonie. En second lieu, la cohabitation ECOLO-CDH risque d’être houleuse, le CDH, plus petit partenaire de la coalition, devra s’agiter tout azimut pour exister au sein de cette coalition, sinon il risque de passer un peu inaperçu comme ce fut le cas au sein du gouvernement régional bruxellois. Donc, pour le PS, le retour de la coalition arc-en-ciel de 1999 se révèlera peut-être la meilleure solution: après tout un CDH devenu quatrième parti de Wallonie n’est plus aussi utile pour le PS en tant que rempart anti-MR que par le passé ; même si les négociations seront sans doute plus compliquées qu'avec un CDH prêt à tous les compromis pour ne pas à avoir à se retrouver en coalition avec le MR et ECOLO.

Si le MR devient le premier parti de Wallonie, il sera tenté d’éliminer le PS mais, d’un autre coté, le PS pourrait sortir ragaillardi d’une cure d’opposition prolongée et le souvenir de l’échec de la constitution de l’orange-bleue au niveau fédéral fait que les libéraux alliés aux verts pourraient finalement , comme en 1999, préférer embarquer un PS affaibli à un CDH constituant toujours pour eux un joli réservoir électoral potentiel. Dans ses conditions, le PS sera-t-il prêt à lier son sort à celui du CDH? Nous ne le parierions pas !

ECOLO, s’il veut capitaliser sur son probable succès électoral, devra rompre son isolement et donc choisir avec qui il est prêt à gouverner. Un rapprochement avec le MR est possible, ces deux partis gouvernent ensemble l’exécutif provincial du Brabant wallon, Reynders est plus modéré dans ses critiques à l’égard des verts comparées à celles décochées au PS et au CDH, enfin la perspective de voir le PS relégué dans l’opposition recueille autant d’adeptes dans ces deux partis qui se rappellent amèrement l’attitude du PS triomphant de 2004. Toutefois, mathématiquement, un troisième partenaire sera requis, soit le PS et donc le retour de la coalition au pouvoir en 1999-2004 ou bien une solution inédite, mais idéologiquement instable, avec le CDH. Vu la posture éthique constante d’ECOLO, il est possible que le mouvement vert préfère finalement ne pas prendre à bord le PS mais uniquement, bien sûr, s’il n’est plus le premier parti de Wallonie: dans ce dernier cas évoqué précédemment, nous pensons qu’il privilégiera le MR par rapport au CDH. Tout dépendra alors, comme déjà évoqué, de l’attitude du PS.

En cas d’échec de toutes ces combinaisons, si cela s’avère possible en terme de sièges, il ne resterait plus que la possibilité d’une grande coalition PS-MR (ou inversement) sur le modèle des gouvernements allemand ou autrichien, chacun des partenaires veillant à neutraliser l’autre au sein d’un gouvernement disposant probablement d’une faible majorité au Parlement wallon.

Pour ce qui est de la coalition probable pour le gouvernement de la Communauté française, on pourrait assister à un renforcement de la satellisation de son gouvernement par le gouvernement wallon. Lors de la législature qui vient de s’achever, la présidence, la formation, le budget, la fonction publique, l’enseignement supérieur, la recherche et les relations extérieures furent confiés à des ministres wallons. Mais il fallait aussi constater l'absence de tout membre du gouvernement bruxellois au sein du gouvernement de la Communauté. Dans ce cadre là, si le cerisier est reconduit à Bruxelles, cela serait l’un des facteurs renforçant l’installation d’une coalition identique en Région wallonne et en Communauté française.

Pour terminer, deux paradoxes potentiels de ces élections régionales, le CDH qui, comme en 1999, risque de se retrouver en quatrième position, pourrait se retrouver à arbitrer le choix entre une coalition de type olivier-cerisier ou une coalition "anti-PS", son influence politique étant ainsi inversement proportionelle à son poids electoral. Enfin ces élections pourraient conduire à une accélération de la bipolarisation du paysage politique wallon; celle-ci freinée en 1999 et arrêtée en 2004, reprendrait son cours en voyant la constitution d'un pôle progressiste wallon par l'apparition d'une coalition de type cerisier-olivier.

  1. 1. Le Ps, comme nous l'avions prévu in TOUDI annuel, n° 65, septembre-octobre 2005.

Comments

Cet article a été posté avant les élections

Toudi en ligne demeure une revue et mûrit donc ses analyses (voyez la définition de la revue selon Régis Debray: dans la colonne du centre au-dessus), notamment du dernier scrutin.

Il n'est pas inintéressant

Evidemment, le refus du PS de s'allier au MR constitue un élément neuf. Il n'est pas inintéressant non plus de lire l'éditorial de Luc Van Campenhoudt dans La Revue nouvelle de mars dernier (*) A force d'être présents partout, les Présidents de partis rendent la lecture des enjeux des élections à chaque niveau de pouvoir sans cesse de plus en plus impossible. On a également le sentiment que, s'il y a trop d'élections en Belgique, c'est aussi parce qu'il y a un niveau de pouvoir de trop, à savoir l'échelon fédéral. C'est vrai que faire voter pour les Régions (et l'Europe), distinctement du fédéral, a eu comme finalité de permettre aux électeurs de bien identifier les enjeux régionaux par rapport aux enjeux fédéraux. Mais, le comportement des présidents de partis met en cause ce caractère distinctif, dans la mesure où leur figure et leur argumentation sont déjà en eux-mêmes un mélange des genres. En outre, dans la mesure où le fédéral l'emporte encore, on invite les citoyens à s'intéresser aussi à ce qui se passe en Flandre et les Wallons et les Bruxellois sont en outre invités obligatoirement à se soucier de deux espaces publics différents. Mais cela en même temps que les élections européennes qui posent des problèmes encore plus complexes de lisibilité citoyenne (**). Mettre toutes ces élections en même temps produirait encore plus de désordre encore alors que l'on a déjà besoin d'ordre dans la situation présente. On se demande par conséquent s'il ne faudrait pas au contraire distinguer toutes les élections les unes des autres, y compris les élections en Flandre, en Wallonie et à Bruxelles et en supprimant l'échelon fédéral. Au moins les électeurs de Wallonie, de Flandre et de Bruxelles pourraient mieux comprendre ce que les électeurs des autres Régions ont décidé tandis que dans la fièvre électorale qui les concerne, ils seront tentés de ne voir que ce qui s'est passé chez eux. Faire voter en même temps les Flamands, les Wallons et les Bruxellois ne les rapprochent pas nécessairement , c'est peut-être même le contraire. Il faut d'ailleurs mettre en cause l'idée que le fédéralisme est une façon d'élever des murs entre Flamands, Wallons et Bruxellois, une façon de fortifier les incompréhensions réciproques. S'il y a tant d'incompréhension entre les différentes Régions, c'est aussi parce que l'Etat unitaire a longtemps recouvert d'un manteau de Noé ces distances, ces malentendus, ces incompréhensions réciproques. On dit qu'avant le fédéralisme, Wallons et Flamands se connaissaient et se comprenaient mieux. Je pense que c'est l'inverse. Il y a des études historiques qui montrent que les deux grandes guerres européennes ont été l'objet de perceptions contradictoires, très contradictoires profondément contradictoires en Flandre et en Wallonie. La différence entre l'époque d'avant et d'après la mise en place du fédéralisme, c'est aussi peut-être que l'on ne savait pas autrefois que l'on ne se comprenait pas et que l'on avait des visioins contradictoires des mêmes événements. Aujourd'hui, on le sait. Le savoir le plus sûr c'est de savoir qu'on ne sait pas. C'est peut-être même la condition fondamentale du dialogue (aller à l'autre en se posant des questions sur ce qu'il veut et qu'on n'imagine pas savoir d'avance). Donc d'une entente entre Flamands, Wallons et Bruxellois que la Belgique unitaire et son manteau de Noé a rendu véritablement invivable. (*) http://www.revuenouvelle.be/rvn_abstract.php3?id_article=1433 (**) http://www.monde-diplomatique.fr/2009/06/HALIMI/17224