Manifeste du groupe du Lundi (extrait)

Toudi mensuel n°17, mars-avril 1999

L'éducation générale, l'atmosphère spirituelle, les moyens d'inforlmation et de formation, le mode de constitution et d'expression des idées, le goût esthétique, le sentiment artistique à l'égard des oeuvres anciennes et nouvelles - la culture en un mot - sont, pour un écrivain de langue française écrivant en Belgique, du même ordre que pour son confère parisien, breton, canadien ou suisse. Non seulement la communauté de langue crée entre notre littérature française et celle des Français un rapport de ressemblance bien plus important que celui des dissemblances nées de la géographie physique et politique, mais les hasards de l'histoire, le voisinage, les relations spirituelles, le caractère éminemment universel et attractif de la culture française ont réduit au minimum, entre les littératures des deux pays, les nuances de la sensibilité. À meilleur titre encore que la Suisse de Ramuz ou le Canada de Louis Hémon, la Belgique de Maeterlinck et de Baillon fait partie intégrante de cette entité, indépendante de toutes les frontières, qu'est la France littéraire.

Ceci est un extrait du Manifeste du lundi de 1937 cité par son principal promoteur, Franz Hellens dans son «Introduction» à État présent des lettres françaises de Belgique, Tome I, Éditions du plomb qui fond, Dison, 1949.

Franz Hellens concède qu'il peut y avoir une originalité de la littérature française de Belgique (de la «province linguistique belge» pour reprendre son expression), mais celle-ci vient surtout des Flamands. L'argumentaire est purement ethnique, d'un bout à l'autre du lundisme.

Celui-ci établit une identité parfaite entre toutes les composantes de la littérature française, de la culture française, chaque composante de cet ensemble ne pouvant être que «province». Même si les signataires citent Ramuz, celui-ci récuserait une telle vision des choses.