RTBF, Wallonie et Prisonniers de guerre
Publié le 13 septembre
La Wallonie est absente de la RTBF. Nous le disons depuis maintenant plus de deux décennies. Comment peut-on parler du drame des prisonniers de guerre wallons comme hier 12 septembre, à la RTBF, sans même leur donner leur nom (ils ne sont plus que des francophones), alors que les prisonniers bruxellois francophones furent moins nombreux que les prisonniers originaires du Luxembourg (où pourtant tous les Arlonnais furent libérés). Dans le collectif Les combattants de 40, Paul Delforge avait établi que, pour Bruxelles, on comptait 3.489 prisonniers de guerre (3,4 par mille habitant) et 5.764 pour la province de Luxembourg (26 par mille habitants), cinq fois moins peuplée 1. A noter d'ailleurs que, sur les 3.489 prisonniers bruxellois, plus de 1300 sont des militaires de carrière, la plupart de ceux-ci ayant été maintenus prisonniers, qu'ils soient wallons ou flamands.
Relevé des prisonniers de guerre par province 2
Provinces |
Réserve |
Active |
Total |
Population |
/1000 habitants |
Hainaut| |
22965 |
988 |
23953 |
1227400 |
18,7 |
Namur |
9105 |
882 |
9987 |
356100 |
28 |
Luxembourg |
5302 |
462 |
5764 |
221300 |
26 |
Liège |
16828 |
1418 |
18246 |
976900 |
18,6 |
Anvers |
55 |
601 |
656 |
1188400 |
0,55 |
Flandre orientale |
48 |
374 |
422 |
911700 |
0,46 |
Flandre occidentale |
174 |
275 |
449 |
1157400 |
0,38 |
Limbourg |
152 |
298 |
450 |
373200 |
1,2 |
Bruxelles (arrdt) |
2181 |
1308 |
3489 |
|
|
Louvain (arrdt) |
87 |
238 |
325 |
|
|
Nivelles (arrdt) |
2935 |
104 |
3039 |
|
|
Total Brabant |
5203 |
1650 |
6853 |
1699700 |
4,03 |
L'explication donnée du maintien des Wallons en Allemagne (le fait n'est rappelé dans cette séquence que vers la fin), se contente de parler de l'idéologie raciste nazie, alors que d'autres historiens estiment que le comportement des troupes flamandes à la bataille de la Lys surtout (nous ne les jugeons, ni ne les condamnons, mais ces faits sont avérés et il n'y a plus à les cacher), pourrait aussi expliquer l'attitude allemande. Il suffit de lire l'album de Peter Taghon et d'observer les photos des troupes de la IVe Division d'infanterie se rendant sans combattre. Les Allemands pouvaient-ils décemment maintenir en Allemagne les soldats de cette division qui leur avaient permis de franchir le front sans coup férir? Ou les 8.000 hommes de Gand qui se rendirent dans les mêmes conditions? Et les autres?
Cela ne gêne par contre nullement la RTBF de vibrer aux exploits de deux joueuses de tennis "belges" qui semblent ne s'exprimer qu'en anglais et en néerlandais. S'il suffit d'une pincée de Bruxellois dans un groupe wallon pour le transformer en francophones épurés de toute attache à la Wallonie, en revanche des joueuses de tennis flamandes entraînent la RTBF à faire des frais, à envoyer un correspondant aux USA, à prétendre que les USA découvrent la Belgique, à faire de tout cela la nouvelle du jour, bref à déployer un nationalisme belge insensé, obsédé. Cette même RTBF qui ne dit pratiquement pas un mot du fait que les seuls producteurs de lait organisés qui s'activent contre l'Europe néo-libérale sont des Wallons. C'est ce que ces mêmes agriculteurs disent quand la radio les interroge pendant la journée, mais que la RTBF censure le soir même. Sauf quand elle ne peut plus faire autrement. Mais si des agriculteurs ne le disaient pas spontanément, on n'en saurait rien.
Nous ne réagissons pas de manière épidermique. Nous n'avons cependant plus du tout envie de regarder les reportages que la RTBF veut consacrer aux fêtes de la Wallonie. Son but, c'est qu'il ne soit plus question de la Wallonie et de faire comme le système belge d'avant 1920 (et après): écarter totalement les Wallons des médias belges.
Nous essayons ici de gérer de manière dynamique des archives en les reliant au présent et nous avons découvert que notre colère d'hier soir n'est que le prolongement de colères nécessaires, d'il y a 10 ans, 20 ans, 30 ans... comme, par exemple, lors des émissions télé des 12 et 13 janvier 1998: voyez Deux émissions RTBF (12 et13/9/1998). Appel aux Bruxellois et aussi La Belgique se déchire à la bataille de la Lys (23/5/40-28/5/40) avec tous les liens vers notre histoire de Wallonie aussi évidente pour l'identité wallonne qu'elle est niée dans un média voué, il est vrai, structurellement, donc indépendamment de ses acteurs, à l'insignifiance.
- 1. Paul Delforge, Soldats de cinq ans, in Les combattants de 40, IJD, Namur, 1965, pp.149-162, p.24. Le tableau sera lisible sur cette page d'ici peu.
- 2. Statistiques OTAD (Organisation des travaux de l’armée démobilisée), publiées dans Le Gaulois, mars 1945 Reproduites dans P.Delforge, Soldats de 5 ans in Les combattants de 40, IJD, Namur, 1995 pp. 17-149.