EDITO: Grandeur belge et socialisme wallon (1961-2011)

3 January, 2011


Empire colonial belge (1908-1960)

Il existe une émission à la RTBF Tout ça ne nous rendra pas le Congo qui, sur le mode de la dérision, exprime quelque chose de beaucoup plus fondamental qu'on ne le pense. A savoir que, à travers la création d'un Empire colonial, la Belgique s'est perçue (à certains égards à juste titre), comme une grande puissance.

Il y a aussi une énigme historique.

L'étrange, passionnée et douloureuse attention de l'opinion belge, toutes classes confondues, aux événements du Congo de l'été 1960.

Qui n'empêche pas la Wallonie - trois mois plus tard seulement! - de mener une grève insurrectionnelle qui la mena un temps hors du champ national belge.

Il est possible de résoudre cette énigme à laquelle s'est intéressée d'ailleurs l'une des thèses les plus intéressantes sur la grande grève, celle de Francine Kinet.

Un sentiment belge « ontologique » de grande puissance

C'est ce qu'explique Guy Van Themsche dans un livre passionnant La Belgique et le Congo (Le Cri, Bruxelles, novembre 2010), plein de révélations. Notamment sur les massacres léopoldiens (Hochschild y est critiqué mais l'essentiel de sa thèse tient le coup : à notre connaissance, c'est la première fois - avec Jean Stengers - qu'un historien belge résidant dans le pays (il y a aussi Vansina), ose regarder en face les massacres léopoldiens). Sur la manière dont le Congo a été décolonisé : le rôle de la monarchie a été beaucoup plus important qu'on ne le pense et cette monarchie n'a pas toujours été mal éclairée d'ailleurs. Sauf que ce rôle aurait pu être aussi une revanche pour Léopold III qui rêva d'une souveraineté personnelle sur le Congo ! Nous reviendrons sur ce livre et sur ces prétentions incroyables de nos dynastes belges qui n'empêchent toujours pas les belgicains de prétendre que la Belgique est notre seul horizon...

Il éclaire aussi cette question que l'on peut se poser en tant que belge, mais qui n'est pas souvent formulée. Quelles ont été les conséquences du fait que la Belgique se soit parfois quasiment considérée comme une grande puissance ? On ne sait pas assez que Brent J.Steele notamment, dans Ontological security in international relations, Routledge, 2008, s'est posé la question de l'attitude de la Belgique face à l'ultimatum allemand de 1914. Le refus du gouvernement belge de laisser le passage libre aux armées allemandes a, selon lui, mis en échec le plan Von Schlieffen et si pas influencé l'issue de la Grande guerre (il soulève quand même cette hypothèse à travers cette façon d'en parler), du moins aidé grandement la France et l'Angleterre en leur faisant gagner du temps, comme il le remarque dans l'introduction du livre, p. 14. Pour Brent J.Steele, cette attitude belge fait songer au sentiment qu'éprouvent les grandes puissances de leur « honneur », un concept qu'on lie souvent à la réalité de leurs capacités politiques, économiques et militaires de peser sur le cours de l'histoire. Or, dans le cas belge, cette capacité n'existait pas (ou du moins pas à ce niveau), et on a pourtant vu ce pays sacrifier en réalité ses intérêts matériels à ce que Steele appelle sa « sécurité ontologique », soit sa capacité de sauver son honneur.

On pourrait se demander d'ailleurs si le contentieux en quelque sorte affectif qui « oppose » la Belgique à la France ne pourrait s'expliquer comme cela. Dans la mesure, où, par exemple, le rôle militaire de la Belgique en août 1914 n'est pratiquement reconnu nulle part dans la littérature historique française (le Dieu de l'Ancien Testament était jaloux, mais la France l'est un peu aussi de cette façon). Alors qu'il l'est dans la littérature historique anglo-saxonne. Et notamment dans l'ouvrage d'Horne et Kramer sur les atrocités allemandes de 1914. On sait qu'Horne et Kramer ont été frappés par le fait que les quatre brigades engagées le 4 août 1914 pour prendre Liège non seulement ne progressèrent pas comme prévu, mais au contraire refluèrent en deçà de leur point de départ 1 Alors que la condition impérative de la réussite du plan Von Schlieffen était la rapidité de son exécution. L'Empire allemand fut obligé de masser une armée quasiment trois fois plus nombreuses, à quelques kilomètres de sa frontière avec la Belgique, pour prendre la position fortifiée de Liège dont le dernier fort ne fut détruit que le 15 août 1914, (et les Allemands furent sur la Marne, qui est tout de même beaucoup plus loin, début septembre). On en a eu récemment encore un exemple avec le contrat signé par le Bureau liégeois Greisch sur le viaduc de Millau qui exigeait que la participation si essentielle des ingénieurs wallons à la réussite de l'entreprise ne soit jamais rendue publique.

Les racines du sentiment wallon : la faiblesse (et la grandeur) du nationalisme belge

On a souvent tendance à dire que le sentiment régional wallon est une réaction au nationalisme flamand sans voir que d'autres raisons le fondent comme la faiblesse du nationalisme belge et l'incapacité dans laquelle la Belgique s'est trouvée à plusieurs reprises d'être à la hauteur de ce qu'elle avait pu prouver en août 1914.

On sait que l'opposition violente du sillon industriel wallon en 1950 avait déjà été considérée comme la conséquence évidente du retour de Léopold III en 1945 par les principaux leaders politiques qui lui en firent d'ailleurs part dès sa libération en mai-juin 1945 2 Et on sait à quel point -même si ce n'est pas la seule raison évidemment - l'opposition à Léopold III en Wallonie et à Bruxelles a pu reposer aussi sur le contraste entre l'image (vraie ou fausse peu importe ici), du Roi chevalier Albert I et celle, profondément cassée par rapport à celle de son père, de Léopold III. 3 Bien entendu, on met l'accent en 1950 sur le fait que le sillon industriel wallon ne pouvait pas accepter que se restaure en Belgique une monarchie compromise avec l'Occupant et son idéologie tandis que la Flandre soutenait au contraire le roi à travers des manifestations très conservatrices et d'un culte de la personnalité ayant de quoi troubler, la photo de Léopold III étant promenée au cours d'interminables processions religieuses. Mais il faut aussi se rappeler que, pour Laurence van Ypersele, le mythe du roi Albert n'a pas fonctionné en Flandre ou, ce qui revient au même, que sa légende « n'a pas été écrite en français » 4 On sait aussi que dans les mois qui ont précédé la guerre, Léopold III fut acclamé dans les banlieues liégeoises rouges, mais mal reçu, par exemple, lors de sa visite à la IVe Division d'infanterie flamande, celle qui devait se distinguer le plus clairement face à l'ennemi par le caractère massif et organisé de sa reddition à l'ennemi. 5

Francine Kinet dans sa thèse Mouvement ouvrier et question nationale. La grève générale de l'hiver 1960-1961 en Belgique (défendue à l'Université de Liège durant l'année académique 1985-1986, mais demeurée inédite), estime que la grève de 1960-961 correspond à une crise d'hégémonie de la formation sociale belge, le gouvernement Eyskens perdant sa crédibilité dans l'affaire du Congo et ne parvenant pas à vraiment la recouvrir avec son plan d'austérité (la Loi unique), puisqu'il est contradictoire (il propose la relance mais diminue les dépenses de l'Etat) 6. A un tel point que cette Loi est rejetée tant dans les milieux syndicaux que patronaux ainsi que par les classes moyennes. Et dans les partis politiques, y compris ceux associés à la coalition gouvernementale, il n'est plus défendu que par les membres du gouvernement. L'hégémonie étant la domination acquise par consensus, si elle entre en crise, elle peut se retrouver à nu devant la société au point de ne plus avoir comme planche de salut que le recours à la force. Ce qui s'est passé en 1960 et 1961. L'auteure de cette thèse montre aussi que dès avant la grève et certainement au cours de celle-ci, vu les contradictions à l'intérieur de la FGTB, les dirigeants wallons de ce syndicat belge se sont séparés de fait de sa direction nationale, sans toutefois parvenir à entraîner dans la même démarche les parlementaires socialistes wallons, ce qui aurait pu entraîner la défaite du gouvernement face à la grève. Guy Van Themsche écrit à ce propos : « D'après le Gouvernement, la perte du Congo est à l origine de graves difficultés économiques et financières (ou du moins elle y contribue) ; en fait, ces problèmes sont d'une nature plus générale. Les autorités veulent y remédier grâce à une loi d'austérité, la fameuse « Loi unique », présentée au Parlement en novembre 1960. Celle-ci suscite une des plus grandes grèves générales dans l'histoire de la Belgique,en décembre 1960 et en janvier 1961. » 7 Il ajoute cependant que le Congo est « indirectement à l'origine de ce grand mouvement de protestation ». Or à notre sens, le Congo est bien plus qu' « indirectement » à l'origine d'un des épisodes les plus âpres de la lutte des classes en Belgique.

L'indépendance du Congo et la Grande grève

On peut simplement se rappeler pour le montrer de ce que dit Francine Kinet de la crise d'hégémonie. Peut-être la crise du nationalisme belge en 1960 n'a-t-elle pas la gravité de celle qu'il subit à travers la figure du roi Léopold en 1945-1950 ( il n'y a tout de même pas derrière les populations cinq années de souffrances aussi profondes que celles d'une guerre et d'une longue occupation). Cependant, le recours pour sortir de la crise n'est pas aussi évident ou à portée de la main qu'en 1950, à savoir le gouvernement Duvieusart voulant bien s'associer aux autres forces politiques pour se débarrasser de Léopold III. Il est vrai que l'on pourrait dire que si, en 1950, le recours était le gouvernement, en 1960 et 1961,le recours pouvait être le roi Baudouin comme le bruit en a couru alors ce qui se vérifie aujourd'hui (les pages en italiques ci-dessous renvoient à Critique: ''La Couronne et la Rose, Baudouin et le monde socialiste 1950-1974'' (Vincent Delcorps). Editions Le Cri):

Le mariage du roi coïncide avec son émancipation à l'égard de son père et le déclenchement des grèves de 60. Marié le 15, le roi revient de son voyage de noces, le 29 décembre . Pendant le voyage de noces, Léopold III et Lilian ont quitté Laeken pour s'installer à Argenteuil en emportant une partie des meubles, addition burlesque aux tragiques événements de 1950, dont ce déménagement constitue en quelque sorte l'épilogue ou l'accomplissement. Les socialistes si souvent critiques de la monarchie les dix années précédentes, souhaitent voir le roi jouer un rôle, ne serait-ce que le rôle de récepteur de la démission d'Eyskens. Mais aussi, pense V.Delcorps (en ne se refusant pas ce plaisir), parce que le « roi conserve un statut supérieur »(p.160). Pour l'hebdomadaire Pan, « André Renard sait que le Palais est tellement inquiet des tendances fédéralistes, que le Roi en est à craindre une victoire des modérés qui serait celle de la Flandre sur la Wallonie (...) Pour réussir, il lui fallait le chaos. Il l'a. » (Pan du 4/1/1961). De fait, à plusieurs reprises, Vincent Delcorps signale que, depuis cette grève, Baudouin considère que « Gouverner sans les socalistes devient un pari risqué » (p. 165). Une Wallonie rouge et puisssante est apparue et elle fait peur. Cette thèse réapparaît à d'autres endroits dans le livre de Delcorps. L'auteur a interrogé Ernest Glinne à ce propos qui lui a déclaré à propos des socialistes: « La réalité c'est que tant qu'ils étaient au pouvoir, ils étaient moins contrariants (...) S'ils ne sont pas au gouvernement, les socialistes wallons risquaient d'être repris en main par le radicalisme de grosses franges de leurs syndicats (...) Donc, il vaut mieux les avoir au pouvoir parce que leur présence atténue les exubérances (...) Je suis certain que ceux qui favorisaient le maintien des socialistes au gouvernement, à Bruxelles, se disaient : s'ils n'y sont pas, leur aile wallonne est imprévisible. » (pp. 236-237). Cela n'empêche pas le roi, toujours selon Glinne de redouter « la mise en place d'institutions exclusivement wallonnes » et de craindre « l'implosion de l'édifice "Belgique".» Baudouin « serait (...) réfractaire à toute autre forme d'autonomie » que l'autonomie culturelle voulue par les Flamands (p. 242).

Quoi qu'il en soit, en refusant de suivre André Renard jusqu'au bout, les socialistes wallons de 1961 faisaient le jeu du nationalisme belge et de la monarchie belge. Il faut relire à cet égard ce qu'en dit Francine Kinet. C'est bien cela qui explique l'enlisement de la crise belge actuelle. On ne peut pas se contenter de souligner, comme Vincent Vagman, le fait que, même au moment des pics d'affirmation du régionalisme wallon centripète , « jamais la Wallonie n'a pu représenter aux yeux de sa population un horizon commun de lendemains prometteurs » 8. Il est possible que ce soit vrai, mais il est encore plus certain, comme le démonte de manière écrasante Michel Quévit dans Wallonie-Flandre. Quelle solidarité ? 9que ce régionalisme wallon qui, selon le même auteur, « induit la recherche d'un Etat protecteur » 10, a toujours été une illusion épouvantable et le devient encore plus gravement avec l'enlisement des négociations actuelles pour un gouvernement belge. Au lieu de faire simplement le constat des limites du sentiment wallon, les socialistes (et pas seulement eux), devraient prendre conscience à quels dangers leur impéritie (illustrée depuis 1999 par leur refus de négocier plus d'autonomie wallonne), expose la Wallonie.

La protection de l'Etat belge n'est plus qu'une illusion

Depuis 1950 peut-être, depuis 1960 certainement, le recours à l'Etat belge (illusoirement) protecteur, outre le fait qu'il a démobilisé gravement le mouvement wallon, non pas seulement décrié, mais véritablement patiemment combattu par l'appareil socialiste - recours à l'Etat belge illusoire, il faut le redire -, n'a fait qu'aggraver les difficultés de l'économie régionale, les seuls succès de celle-ci n'étant obtenus justement qu'à l'extérieur du périmètre illusoire de protection de l'Etat belge. Le tropisme malgré tout belge(icain) de Vincent Vagman et des médias doit être réfuté. Il nous semble que nous venons de le faire. Mais à cela il faut ajouter que la crainte de la non-Belgique ou en tout cas de beaucoup moins de Belgique est très ancienne. Il ne faudrait quand même pas oublier que le fédéralisme lui-même a souvent été assimilé au séparatisme. Ce n'est pas de la séparation dont avaient peur les socialistes de 1961, c'est du fédéralisme. Et, à chaque étape de la construction de celui-ci, il y a eu des gens pour dire qu'il ne fallait pas aller « plus loin ». Ne prenons comme exemple que le Manifeste de septembre 1989 La langue est le ciment des francophones de Belgique, lancé à grands frais par les médias bruxellois qui déclarait « La deuxième phase de la réforme de l'Etat belge a pris cours en 1989. Elle a enfin octroyé à Bruxelles le statut que la Flandre lui a obstinément refusé des années durant. Elle accorde aussi aux communautés culturelles la responsabilité de l'enseignement qui est à la base de tout Etat fédéral. Ces deux décisions sont essentielles pour le devenir des francophones de Belgique. Elles leur permettent aujourd'hui de prendre en main leur destin (...) Cela rend plus que jamais indispensable l'existence et le renforcement des moyens de la Communauté française de Belgique, seule instance capable de permettre à la Wallonie de sortir du repli auquel l'a poussée la Flandre et à Bruxelles de demeurer la pointe avancée du monde francophone en Europe.Les signataires du présent appel affirment la nécessité pour les mandataires politiques francophones de tout mettre en œuvre (...) pour épargner à la Belgique une quatrième phase de la réforme de l'Etat qui la rendrait exsangue... » 11. Faut-il aussi rappeler que Pierre Harmel pensait déjà devoir souligner, à la fin des années 40, que le sentiment wallon ne lui semblait pas assez fort face au mouvement flamand, non pas pour le regretter, mais pour que la Belgique s'en tienne à une réforme purement culturelle et linguistique et refuser le fédéralisme. La suite aurait-elle fait changer ce grand homme d'Etat ? On en doute quand on entend l'un de ses jeunes amis politiques des années qui suivirent, encore vivant aujourd'hui, Charles Ferdinand Nothomb réduire toute la question belge (c'était avant les élections de juin 2010), à la question linguistique, notamment et surtout quand il parle d'Harmel 12

C'est ce que les belgicains oublient quand, quoique wallons, ils se réjouissent en fait que « jamais la Wallonie n'a pu représenter aux yeux de sa population un horizon commun de lendemains prometteurs ». La manière dont les partis wallons et francophones se comportent face à la NVA avalise bien entendu le manque d'espoir en eux-mêmes des Wallons. Mais cela contre l'effectivité de la nuisance catastrophique de l'Etat belge pour la Wallonie et l'effectivité de réussites wallonnes que seule l'autonomie a pu rendre possibles. Y compris sur le plan culturel d'ailleurs.Imagine-t-on un cinéma wallon engendré par Liège dans un Etat belge demeuré unitaire avec un centre bruxellois capable d'un perpétuel rejet de la culture wallonne ? 13

La situation actuelle oblige plus que jamais à faire le pari inverse de ce que l'on peut supposer du scepticisme de l'opinion publique à l'égard de la Wallonie. Mais les dirigeants wallons et francophones en sont-ils capables ? Il ne semble pas et c'est la raison pour laquelle il faut continuer à demander leur démission à des gens dont toute la politique depuis 1999 est fausse. Mais qui convaincra Di Rupo d'oublier Léopold II ?


  1. 1. Les atrocités allemandes, Tallandier, Paris, 2005.
  2. 2. Robert Gillon, président du Sénat, fait valoir au roi que sa situation deviendra impossible si les forces de l'ordre sont obligées de tirer dans la foule et que tombent dix, vingt, trente victimes. Francs Van Cauwelaert lui représente que la gendarmerie manque des armes nécessaires et qu'il appréhende une révolution à Liège : voyez Velaers en Van Goethem, Leopold III, Lannoo, Tielt, 1994, pp. 968-969.
  3. 3. Laurence van Ypersele, Le roi Albert, Histoire d'un mythe, Quorum, Ottignies, 1995, pp. 70 et 332.
  4. 4. Voir aussi "Foules" et mythes monarchiques : esquisse historique (1918 - 2000)
  5. 5. Régiments flamands et wallons en mai 1940
  6. 6. Voyez La crise d'hégémonie du Gouvernement national in Une thèse inédite sur 60-61
  7. 7. Guy Van Temsche, La Belgique et le Congo, Le Cri, Bruxelles, 2010, p. 137.
  8. 8. Voir Pour Conclure in Victoire de 1950 et défaite de 1960-61 : la matrice d'un régionalisme wallon centripète ?
  9. 9. Critique : Flandre-Wallonie. Quelle solidarité ? Michel Quévit (Couleurs livres)
  10. 10. à savoir l'Etat belge : également dans Victoire de 1950 et défaite de 1960-61 : la matrice d'un régionalisme wallon centripète ?
  11. 11. La langue est le ciment des francophones de Belgique (Manifeste pro-Communauté française) (1989)
  12. 12. 17 novembre 2009 à la RTBF: Nothomb croit enterrer la Wallonie en même temps que Pierre Harmel
  13. 13. Voir Le cinéma l'art et le peuple dans Critique : Le tournant des années 1970. Liège en effervescence (Nancy Delhalle, Jacques Dubois, Jean-Marie Klinkenberg)

Comments

Réaction à l'édito d'Emile Delferrière

J'ai lu avec beaucoup d'intérêt cet édito interpellant. Vous me permettrez toutefois de relever courtoisement une manière subjective de citer une communication que j'ai fournie à Toudi. Emile Delferrière semble en effet pratiquer un amalgame entre les constats posés dans mon article à travers une problématique clairement définie et mes opinions ou appartenances politiques. Il ne m'est de ce fait plus possible d'établir un constat effectivement pas toujours encourageant quant à l'affirmation wallonne sans être injustement considéré comme un belgicain qui s'en réjouirait. Ceux qui me connaissent auront d'eux-mêmes dissipé cet amalgame, mais je souhaitais cependant me distancier de ce jeu d'étiquetage. Ce qui ne m'empêche pas d'apprécier pour son contenu bon nombre d'éléments indiqués dans cet édito. Notamment la références aux travaux de Quinet injustement trop passés sous silence ces derniers temps. Meilleurs voeux à tous pour 2011 ! Par vincent vagman, le 3 janvier, 2011 - 23:37. ///////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////// Une erreur (technique) a été commise dans la publication du commentaire de Vincent Vagman que je commence par réinscrire sur la page avant qu'il y soit répondu éventuellement

Voir la logique de cet Edito

Il est frappant de voir que plus d'un demi-siècle (on a envie même d'écrire "un petit siècle"), après les propos de Pierre Harmel sur la faiblesse du sentiment wallon fin des années 40, Vincent Vagman exprime autrement la même chose en parlant, cette fois, de "faiblesse de l'affirmation wallonne" (sans d'ailleurs peut-être assez tenir compte du fait que les contextes sont différents), au début des années 2010. Certes, c'est un constat d'historien. Et le constat plus politique d'Harmel il y a ce "petit siècle", a justifié la politique effectivement belgicaine - comment qualifier cela autrement? - que l'on sait du côté PSC (mais finalement aussi dans les autres partis, y compris les socialistes wallons en 1961, on va y revenir). Il semble important à cet égard de signaler à tous l'extraordinaire démonstration du livre de Michel Quévit "Flandre-Wallonie. Quelle solidarité?" http://www.larevuetoudi.org/fr/story/critique-flandre-wallonie-quelle-solidarité-michel-quévit-couleurs-livres Extraordinaire parce que, 30 ans après son livre de 1978 ("Les causes du déclin wallon"), l'auteur ne fait que reprendre une démonstration oubliée - mal comprise aussi ou mal intériorisée, disons justement par l'opinion wallonne, mais pourquoi? - et qui établit que le sentiment wallon d'un Etat belge "protecteur" est une pure illusion puisque cet Etat est en fait "destructeur". L'historien, le journaliste, l'intellectuel n'a-t-il pas comme tâche de lutter contre les illusions? Même si les dirigeants politiques, dans la logique qui est la leur (électoraliste), ne se sentent pas de taille à le faire (car il n'est pas simple d'aller à contre-courant de l'opinion dont on espère les suffrages quelques semaines plus tard, et cela a été l'une des raisons qui ont amené les socialistes wallons à lâcher Renard en janvier 61), ce qui mériterait à mon sens d'être plus souvent dénoncé par ceux qui peuvent le faire et se faire entendre, notamment sur la base d'un travail historique.