Notes sur le Centenaire de la Lettre au Roi de Destrée

3 May, 2012

Voici le compte rendu (un peu « en vrac »), de la journée organisée le 24 avril dernier à l'université de Liège, par cette université, celle de Louvain, la province de Liège, l'Institut Destrée, le Musée de la vie wallonne, le Fonds d'histoire du mouvement wallon : Le long été de 1912. Même si les Actes en seront rapidement publiés, la rédaction pense que c'est faire œuvre utile d'en publier les grandes lignes. Ne serait-ce que pour que ce texte réintroduise aux très nombreuses informations déjà présentes dans les 3 à 4000 articles de cette revue en ligne.

D'entrée de jeu, Philippe Destatte, directeur des travaux de l'Institut Destrée, rappelle son idée de faire du 20 octobre 1912 la fête de la Wallonie fixée en 1913 par l'Assemblée wallonne le 4e dimanche du mois de septembre. Il y a peu de place pour l'Assemblée wallonne dans notre imaginaire. Destrée n'est pas entré dans le mouvement wallon en 1912, il y est déjà solidement implanté. Il évoque le Namurois Jules Wilmart auteur d'un poème sur la Wallonie dont le sentiment n'est pas antiflamingant et qui, à la veille de 1894 évoque la séparation des provinces wallonnes et des provinces flamandes qui se fera au Parlement. Aux élections de 1894 - les premières au suffrage universel tempéré par le vote plural - les libéraux sont complètement éliminés de la Flandre et il y a une prise de conscience wallonne très forte à Liège de 1894 à 1912. Le long été de 1912 se présente avec le premier acte des élections de 1912 et le second acte, le Congrès wallon du 7 juillet 1912, la Lettre au Roi publiée le 15 août 1912, la première réunion de l'Assemblée wallonne le 20 octobre 1912 et son premier Président élu est Jules Destrée. L'enjeu des élections de 1912 était pour les socialistes et les libéraux, mais aussi pour la Wallonie, à la fois de parvenir au pouvoir et d'y faire progresser la question du suffrage universel pur et simple (SU), les programmes de ces partis respectifs, mais aussi de briser la minorisation de la Wallonie. 1

Un texte est fondateur quand il est cité par ceux qui ne l'ont pas lu

Philippe Raxhon considère 1912, date levier du mouvement wallon avec un avant et un après, comme l'année où le mouvement se donne une visibilité avec l'adoption par l'Assemblée wallonne en 1913 d'un drapeau de la Wallonie et d'une fête nationale. Tout mouvement identitaire rêve d'un document fondateur dont l'importance peut se révéler au fait que le citent des gens qui ne l'ont pas lu. D'une certaine façon la lettre de Destrée est l'épicentre du mouvement en quelque sorte sismique de l'été 1912. Le mouvement wallon wallon est postérieur au mouvement flamand, il est défensif et il se constitue sur un autre argumentaire que celui de la langue, ce qui est typique de la Wallonie bien qu'il y ait toujours en arrière-fond la défense des francophones, la crainte de voir se répandre le bilinguisme dans les services de l'Etat, ce qui menacerait les positions et la vie des élites francophones. Il y a aussi une tendance à défendre la Belgique de 1830 (où seul le français était langue officielle), mais aussi dès 1898 un rapport de Julien Delaite en faveur de la séparation administrative et là c'est une mise en cause claire de l'unitarisme, avec l'idée de Conseils régionaux à créer dans un cadre fédéral (mais on dit « séparation administrative »).

On pourrait dire que tout comme le mouvement flamand, le mouvement wallon est divisé en maximalistes et minimalistes, les uns simples défenseurs de la francophonie belge et les autres défenseurs de la Wallonie. Les textes les plus récents font alterner ces deux tendances avec le fait nouveau de voir se profiler en quelque sorte un mouvement bruxellois maximaliste, à l'image en un sens du mouvement wallon 2

On parle de l'âme wallonne contrepoint à l'âme belge. Il y a une évolution au Congrès de 1905 qui a lieu en même temps que le 75e anniversaire de la Belgique, car sept ans plus tard, au lieu de se contenter de Congrès se réunissant à plusieurs reprises, on va aller vers la réunion d'une assemblée permanente le 20 octobre 1912, l'Assemblée wallonne. Cependant cette Assemblée permanente commence par déclarer qu'elle ne met pas en cause la nationalité belge. Il faut dire aussi que cet événement de 1912 n'est pas un coup de tonnerre dans un ciel bleu car il y a eu l'énorme manifestation wallonne de Jemappes, avec une certaine connotation républicaine qu'a notée un jour Jean Pirotte 3. L'Assemblée wallonne discute beaucoup de la fête à donner à la Wallonie pour finir par donner sa préférence au quatrième dimanche de septembre en commémoration des journées de septembre 1830 qui vit affluer les Wallons de Liège, Charleroi, Namur, Tournai vers Bruxelles où cela sera surtout du sang wallon qui mouillera les barricades (chose que l'on dément depuis, mais, à notre sens sur la seule base des chiffres des combattants à Bruxelles, alors que l'on sait que l'endroit où se place un événement est aussi celui du plus grand nombre de ses participants, par exemple les Congrès ). On peut parler modérément d'un « printemps wallon », car il y a attachement des Wallons à une cause et qui s'inventent des instruments pour la faire avancer.

Les calculs du POB

Linda Musin, députée fédérale PS et historienne étude l'attitude du POB dans le cadre des élections de juin 1912. Des socialistes wallons ont marqué le mouvement wallon de leur empreinte. La conquête du Suffrage universel est la revendication de fond du POB qui a pu mettre fin au vote censitaire et qui veut supprimer cette sorte d'antibiotique de la démocratie qu'est le vote plural (plusieurs voix aux propriétaires, détenteurs d'un diplôme, chefs de famille etc.). Les émeutes de 1886 posent la question ouvrière en Belgique, ce sont des grèves spontanées, parfois appelées la Jacquerie wallonne 4 , on pourra aussi avoir quelque réticence devant l'idée implicite de cet exposé selon laquelle c'est toujours quand le Parti socialiste organise les grèves qu'elles réussissent 5 Par la suite, le POB va tenter d'organiser ces secousses ouvrières et les organiser autour de la revendication du SU. Le POB a choisi la voie réformiste, c'est-à-dire changer la société par la voie pacifique et légale. Il y a les socialistes gantois, bruxellois, le cas de Léon Defuisseaux 6, trois grandes grèves en Wallonie avant 1914 : 1894, 1902, 1913. En 1893, le POB obtient une première victoire par l'obtention du SU masculin avec le vote plural, puisque le nombre d'électeurs passe de 137.000 à plus d'un million. Les électeurs libéraux et socialistes ont la possibilité d'avoir plusieurs voix (mais moins les électeurs socialistes), mais les socialistes ont plus de sièges que les libéraux et peuvent enfin participer à la vie parlementaire. Les parlementaires socialistes n'ont été élus que dans les circonscriptions wallonnes. Anseele, leader gantois, est élu à Liège, Vandervelde, leader bruxellois, est élu à Charleroi, l'unité du mouvement ouvrier permet que les leaders ouvriers flamands soient élus en Wallonie. La grève générale en 1902 se veut à la base une sorte de répétition du mouvement de 1893, le POB est obligé par la base de décréter la grève générale, mais la grève prend des aspects violents, est très désorganisée, les libéraux se dissocient de la grève, le POB est obligé de l'interrompre et lorsque la reprise du travail est complète, les grévistes n'ont strictement rien obtenu.

Pour les élections de 1912, il y a une agitation cléricale qui réunifie libéraux et socialistes qui font un cartel pour tout le pays avec l'espoir de renverser la majorité catholique qui n'était plus que de six voix, mais si les sièges parlementaires passent de 166 à 186 voix le cartel ne parvient pas à renverser la majorité catholique qui se renforce. La déception est grande en Wallonie où le cartel l'emporte dans tous les arrondissements. Mais c'est l'échec au plan national. La colère ouvrière éclate en Wallonie, au Centre, au Borinage, à Charleroi et à Liège où il y a trois morts 7. Le Conseil général du POB arrête cependant les frais, car les leçons de la grève désorganisée de 1902 a porté ses fruits et c'est un appel au calme qui est lancé. Il importe au POB que soit instauré le SU à la suite d'une proposition de révision de la Constitution qui serait soutenue par une grève générale mais une grève générale organisée. Dans les mois qui précèdent 1913, le POB se discipline. Il s'organise en vue d'une mobilisation complète et organisée. Il a en vue une organisation du mouvement qui serait quasi parfaite et démontrerait par là-même la force du mouvement ouvrier. Pendant 10 mois cette préparation de la grève générale sera selon les mots d'alors de la Commission des finances et des vivres, « organisée, générale et pacifique ». La proposition de révision de la constitution est rejetée le 7 février 1913. Le POB propose d'organiser une grève générale à partir du 14 avril. Elle dure jusqu'au 24 avril et la grève ne s'éteint qu'avec la promesse formelle d'obtenir le SU. La victoire est mitigée. Le POB a montré la force de son organisation et montré que les leaders ouvriers étaient capables de diriger le monde du travail dans ses luttes. Quand on analyse l'attitude de la bourgeoisie, on se rend compte qu'elle a très peur des grèves, même si le POB organise le mouvement 8. De fait, la grève de 1913 est très organisée et les mots d'ordre sont observés à la lettre. L'impératif c'est d'obtenir le SU avant toutes. Cet objectif rassemble le Wallon Destrée et le Flamand Anseele.

Le gouvernement Broqueville

Le premier historien flamand à intervenir est Lode Wils. Il va insister tout au long de son exposé sur le rôle du roi, un peu comme l'avait fait déjà Luc Schepens 9 Un gouvernement il y a 100 ans n'était pas organisé comme aujourd'hui par les présidents de chacun des partis. D'abord, en 1912, il s'agit d'un gouvernement homogène et le parti n'a pas de président ni d'organisation nationale. En choisissant le chef de cabinet, le roi nomme en quelque sorte le président du parti et des partis éventuellement inclus dans la coalition. Le roi choisit évidemment un homme qui va gouverner dans le sens qu'il souhaite. Il joue vraiment le rôle des présidents de partis. Le parti lui-même suit alors le gouvernement du roi, quoique pas toujours. Par exemple Woeste qui a beaucoup d'influence chez les catholiques est capable de lancer une coalition contre Léopold II qui a choisi Beernaert comme chef de cabinet. Les soucis du roi, ce sont la défense nationale, l'unité nationale, les intérêts de la dynastie dont les sympathies vont vers les libéraux modérés qui défendent l'unité nationale et sont à même de maintenir un certain calme dans les villes anticléricales.

En 1911, Albert provoque la démission de François Schollaert qui voulait obliger toutes les communes et toutes les provinces à subsidier les écoles libres. Il démissionne le 8 juin 1911 et est remplacé le 18 juin 1911 par Charles de Broqueville qui, notamment soutient aussi la politique coloniale, autre souci d'Albert I. De Broqueville retire le projet de loi scolaire. Le Parlement est dissous quelques mois plus tard avec les élections prévues pour le 2 juin 1912, élections dont le roi attend l'affaiblissement des catholiques et même la perte de leur majorité. Bien sûr, le maintien de cette majorité ne plaît pas au roi. De Broqueville, contrairement au roi, sort renforcé de celles-ci. Les deux hommes ne sont pas d'accord mais ne peuvent rien l'un sans l'autre. Il y a des échauffourées anticléricales et ouvrières dans les grandes villes dans le Hainaut et à Liège. Le mouvement est stimulé aussi par le wallingantisme qui était au départ à 90% libéral en Wallonie. Mais dès 1900, le wallingantisme s'infiltre dans le POB, surtout après 1912 à cause du sentiment qui y grandit que la domination en Belgique est à la fois catholique et flamande. Le meilleur constat qui ait été fait à ce sujet est celui de M. Van Ginderachter 10

Destrée exige la grève générale. Albert discute avec de Broqueville de réformes militaires (plus d'un fils par famille à la circonscription), mais comme les catholiques sont opposés à cette mesure, de Broqueville lui répond que son parti n'est pas d'accord. Le roi veut mettre également à l'agenda la situation politique intérieure. Le roi est inquiet devant l'agitation ouvrière et est également inquiet devant le fait que cela peut diviser la Flandre et la Wallonie. De sorte que le désir du SU trouve écho au Palais. Il est possible que le roi voulait au plus vite l'unification de la loi électorale (au plan national, communal et provincial), de même qu'une révision de la Constitution dans le sens du SU pur et simple. L'opinion cléricale n'est pas chaude pour l'éventualité d'une révision constitutionnelle. Le Palais entretient des conversations avec des membres de l'opposition. On vote les premières pensions ouvrières. La nouvelle loi militaire est votée. Le droit de SU est promis seulement pour 1916, car la droite doit s'y préparer. Broqueville se plaint de l'entourage du roi car on voit la main du souverain derrière les satisfactions données aux exigences du SU. En fait, le roi voudrait détacher les libéraux des socialistes et envisage la formation d'un gouvernement mixte, catholiques-libéraux car il n'aime ni les catholiques ni les socialistes. Les réactions du pays wallon après les élections de 1912 contrarient le roi : la fédération boraine du POB vote à la fois pour le SU et la séparation administrative le 30 juin, le 7 juillet le Congrès wallon émet le vœu « que la Wallonie soit séparée de la Flandre », le 15 août la Lettre au Roi de Destrée est publiée. La réponse du roi n'est pas publique mais il dit que Destrée a absolument raison. 11

Il a « absolument raison » parce que l'on est dans une situation qui, ne plaît pas au roi : 1) une Wallonie anticléricale face à une Flandre catholique et 2) un mouvement flamand qui menace la Wallonie et qui prépare l'extinction définitive de la culture française en Flandre. Le roi considère qu'en Wallonie la lutte des classes et la lutte des races (le mot « race » étant à mi-chemin d'ethnie et de nation à l'époque) sont imbriquées. Il considère que ce que va donner le mouvement wallon et flamand c'est lié à des politiques et de populations différentes ou qui le seront. 12

Lode Wils pense que le mouvement flamand est né de la révolution de 1830, la nation belge régénérée devait cultiver sa langue et le mouvement flamand est né dans l'enthousiasme de 1830 13. Les mouvements conservateurs et cléricaux appuyaient les petites langues et les marxistes les grandes langues. Le mouvement flamand devient l'appui le plus fort au parti catholique. Les libéraux deviennent de plus en plus hostiles au mouvement flamand également Flandre, car ils y voient un mouvement anticlérical. Le mouvement politique wallon est né essentiellement dans les rangs libéraux en Wallonie. Le Roi voit bien la différence et les oppositions entre la Flandre cléricale et la Wallonie socialiste. Il voit aussi les menaces extérieures à la Belgique qui menacent aussi l'existence du pays, mais de l'extérieur. Il essaye de ménager les deux en tentant de briser le cléricalisme et par le refus des réformes linguistiques en Flandre notamment dans l'armée. En avril 1913, il fait la promesse du SU mais refuse la flamandisation de l'armée et la flamandisation de l'université de Gand.

Le Congrès wallon de juillet 1912

Le Congrès wallon qui va se réunir le 7 juillet 1912 et dont la tenue était déjà prévue depuis le début de l'année doit aborder la question de la séparation administrative. Sur d'autres questions comme la défense de la langue française, le développement de l'histoire de la Wallonie les votes sont unanimes et ne posent pas problème. La question de la séparation administrative divise. Il y a plusieurs projets différents. Mais Destrée veut que l'on ne se divise pas et qu'un vote accepte le seul principe de la séparation administrative. De Miomandre pense que la Wallonie n'aurait pas intérêt sur le plan économique à la séparation administrative. D'autres vont s'interroger sur la représentativité de l'assemblée. Finalement le Congrès se rallie à la position de Destrée et vote le texte célèbre : « Le congrès, toutes réserves faites au sujet des formes à donner à l'idée séparatiste, émet le vœu de voir la Wallonie séparée de la Flandre en vue de l'extension de son indépendance vis-à-vis du pouvoir central et de la libre expansion de son activité propre. » Comment cette résolution est-elle acceptée ? L'avenir du Borinage et le Journal de Charleroi sont pour, comme les journaux liégeois La Meuse et L'Express... Il y a peu de comptes rendus dans la presse socialiste. Les journaux de droite minimisent la participation au Congrès et parfois réduisent même les participants au nombre des délégués qui avaient le droit de vote. On met vivement en cause la représentativité de l'assemblée. Le Matin, journal libéral francophone en Flandre parle d' « illuminés fanatiques ». Maurice Wilmotte met aussi en cause la représentativité du Congrès. Maurice de Miomandre est une personnalité mise en évidence chez ceux qui critiquent le Congrès. Il y a une réelle inquiétude à gauche, car, en cas de séparation, les libéraux et les socialistes seraient fort isolés en Flandre. Les partisans de la séparation sont accusés de négliger la Flandre de même que la Wallonie rurale. On met aussi en cause l'abandon des 900.000 Wallons de Flandre. Le Pourquoi Pas ? met en évidence que la centralisation est mauvaise pour la Wallonie. L'anticléricalisme du Congrès est également mise en évidence. Le Rappel met en valeur le mélange des populations flamandes et wallonnes. La race flamande se sera bientôt substituée à la race wallonne. Le Rappel pense que les seuls vrais Wallons se situent dans les campagnes wallonnes (du fait de l'immigration flamande)14. Le Congrès wallon aura contribué à nourrir le débat médiatique. Il assure aussi le succès de l'expression « séparation administrative », concept flou qui peut tout aussi bien désigner l'autonomie des provinces wallonnes ou l'autonomie régionale.

La Lettre au Roi sur la séparation de la Wallonie et de la Flandre

Il y a trois parties à l'exposé de Philippe Destatte sur ce point : 1) Destrée a déjà tout dit avant La Lettre au Roi 2) Analyse de La Lettre au Roi 3) Quelques remarques.

Il y a des visions différentes de La Lettre au Roi entre Wallons et Flamands, mais aussi entre Wallons. On manque d'archives sur Destrée et sa production est par ailleurs abondante avec 1100 articles dans le seul Journal de Charleroi. Destrée n'est pas qu'un militant wallon et socialiste, il est aussi critique d'art et critique littéraire. Mais aussi un de ceux qui pensent la doctrine socialiste en Belgique. Il a joué un grand rôle dans l'organe de coopération intellectuelle internationale de la SDN après 1918.

Destrée avait tout dit avant

Ce n'est pas La Lettre au Roi qui a fait connaître Destrée mais l'inverse, c'est son prestige qui a fait que La Lettre au Roi a été si célèbre. Destrée a évoqué le dualisme belge dès 1898. Destrée fait partie de toutes sortes d'associations wallonnes et il faut citer à son sujet la conférence faite au Barreau d'Anvers en 1906, la conférence faite au Palais de Justice de Bruxelles en mars 1911, et son discours de Jemappes en 1911 (inauguration du coq de Jemappes qui salue la victoire républicaine du 6 novembre 1792) où il lie la défense du SU et celle de la Wallonie. Le 5 juin 1912 il déclare à un journaliste de La Gazette de Charleroi que le combat continue pour le SU contre la tutelle des Flandres et il, revient sur la division de la Belgique dans un article du Journal de Charleroi du 10 juin 1911. Il est décrit par Barrès dans une grande revue française comme l'homme fort du mouvement wallon. IL y a un climat insurrectionnel très fort comme on l'a connu en 1950 et Jules Destrée décode toujours cela en tant que personnalité s'engageant sur le plan wallon. Il multiplie les prises de parole parfois il parle de l'indépendance dans la suite du Congrès du 7/7/12 La Lettre au Roi puise dans tous ses discours.

La Lettre

L'internationalisme implique des nations organisées, le centralisme mondial est le contrepied de la démocratie. Destrée est contre le nationalisme belliqueux et pour le nationalisme amoureux, il parle de la patrie, de sa famille, de perte de son frère qui était entré en religion, de la beauté du Borinage, use de quelques mots wallons et il parle aussi de la Flandre. Cette longe introduction a été recyclée à partir du discours d'Anvers en 196 (Une idée qui meurt, la patrie). Pour Destrée, à l'instar de Renan, la patrie c'est tous ceux qui y vivent. Et puis vient le « il n'y a pas de Belges, vous régnez sur deux peuples districts ». En Flandre la majorité est catholique, en Wallonie, la majorité est socialiste mais il indique que sa typologie est à relativiser. Il attaque aussi les officiels belges, les Bruxellois qui additionnent les défauts des deux races. Il fera plus tard l'éloge du métissage mais dans le cas de Bruxelles, les métis sont pour Destrée des gens qui hésitent entre deux choix possibles. « Qu'est-ce qu'un Bruxellois en 1912 lorsque Jules Destrée évoque la cité des métis ? Qu'est-ce qu'un Bruxellois en 1923 lorsque, habitant depuis la fin de la guerre rue des Minimes à Bruxelles, Jules Destrée écrit dans Wallons et Flamands (1923) que la Cité des métis devient l'ardent foyer d'une civilisation européenne c'est un rôle assez beau pour que nous puissions beaucoup lui pardonner? Qu'est-ce qu'un Bruxellois le 12 février 1930 lorsque, à la Chambre, le Premier Ministre Henri Jaspar, catholique bruxellois mais élu à Liège, lance à Jules Destrée : Mais vous êtes Bruxellois ! Et que celui-ci répond : Allons donc, monsieur Jaspar ! Je suis Bruxellois comme vous êtes Liégeois (58) ! » 15

Le mouvement flamand est légitime, mais Destrée regrette sa volonté antifrançaise. Il a voté pour la loi Cooremans-Devriendt (sur l'égalité des langues). Le mouvement flamand a pris une puissance telle qu'elle menace la Wallonie et il parle dans la troisième partie de La Lettre au Roi de tout ce que la Flandre a pris à la Wallonie. Il pense aussi que les dépenses publiques sont mal équilibrées entre les deux parties du pays. Les Flamands nous ont surtout pris notre liberté, dira Destrée, et il commente les chiffres des élections de 1912 : le parallélisme entre la Flandre et la Wallonie révèle l'opposition des idéaux et il n'est pas dit qu'un gouvernement de gauche pourrait s'affranchir de la tutelle de la Flandre. Ou bien le gouvernement ménage la Wallonie, ou bien il les méconnaît et alors il faut aller très loin dans le sens des solutions radicales, mais la séparation complète n'implique pas la disparition de la Belgique et on peut opter soit pour une solution suisse soit pour une solution américaine (USA). Ou le Home Rule de l'Irlande, avec deux Etats sous une même couronne : une Belgique faite de l'union de ses deux peuples sera une Belgique plus robuste que la Belgique unitaire, l'union fait plus la force que l'unité. Destrée est pessimiste sur le fait que le monde politique règle les problèmes il n'aura pas d'appuis chez les partis ni chez les conseillers du roi mais seulement chez les esprits livres les préparateurs de l'avenir au rang desquels Destrée met le roi.

Remarques

La lettre de Destrée a un retentissement considérable même si la guerre dans les Balkans venant d'éclater certains analystes pense que c'est surtout cela qui a impressionné l'opinion et la presse. La Lettre au Roi de Destrée sera publiée in extenso dans les deux premières pages de deux quotidiens wallons très importants L'Express à Liège et le Journal de Charleroi à Charleroi. En outre la brochure de Destrée suscitera quatre réponses qualitativement et quantitativement égales, chose dont beaucoup d'hommes politiques et de chercheurs rêveraient quand ils déposent une étude ou prennent une initiative. Le texte fait couler beaucoup d'encre et on retrouve toutes ses idées dans les autres textes qu'il a publiés. Destrée est un juriste, un parlementaire et un homme d'action. Il va sortir de la logique des militants du dimanche. Il sait aussi que sa Lettre au Roi est une perche qu'il tend au Parlement et il va en parler au parlement belge

La Lettre au Roi est un passage, une transition, le mouvement wallon change d'aspect et affirme une volonté. La question des langues n'est plus que secondaire. Dans La Gazette de Liège Joseph Demarteau appelle Jules Destrée le président de la République wallonne. D'ores et déjà, Jules Destrée laisse tomber les francophones de Flandre. Son positionnement est plus politique que linguistique. En 1923 dans Wallons et Flamands, il ne renie rien vraiment de sa lettre et le « compromis des Belges en 1929 » où il joue un rôle central est une étape vers le fédéralisme dans la mesure où cet accord entre socialistes est une première façon de fixer le territoire de la Flandre, de la Wallonie et de Bruxelles. Peu après la mort de Destrée, Georges Truffaut déclarera : « Destrée nous a tendu la main ».

L'Assemblée wallonne

Il a fallu les années 1970, pense Paul Delforge, le nouvel intervenant, pour que le monde politique redécouvre l'importance historique de l'Assemblée wallonne. Aucune monographie ne lui a été consacrée. L'Assemblée wallonne a été créée en 1912 et elle vivra jusqu'à l'année 1946. L'Assemblée wallonne a-t-elle été un Parlement wallon officieux ou un think tank ? Les archives sont peu nombreuses pour pouvoir l'établir et en décider. Le Congrès de juillet 1912 crée une Commission chargée d'examiner la question de la séparation administrative et cette Commission devra se réunir tous les mois à Namur. L'Assemblée wallonne tient à Charleroi sa réunion constitutive le 20 octobre 1912. Somme toute, on sort d'un cadre discret voire secret pour déboucher dans l'espace public avec la Lettre au Roi. Si peut-être le programme accepté par l'Assemblée wallonne n'est pas la séparation administrative, on peut voir que les Commissions qui travaillent en son sein étudient des questions comme les compétences à transférer à la Wallonie, le territoire de celle-ci. Si L'Assemblée wallonne tait le mot de « séparation administrative » elle étudie la chose concrètement. Cette assemblée est somme toute la partie visible de la séparation administrative en train de s'accomplir. Des libéraux et des socialistes y jouent un rôle important. L'Assemblée wallonne calque sur la Constitution belge le nombre de ses représentants et adopte également le règlement des séances plénières du Parlement de Bruxelles. Y siègent 16 libéraux et 23 socialistes et pas d'élus catholiques. Cela lui assure une certaine représentativité, mais tous les parlementaires de l'opposition ne sont pas là, ils devraient être 72. On peut se demander s'il s'agit d'un parlement francophone ou d'un front wallon. En 1912, il y a peu de chances que les catholiques rallient l'Assemblée wallonne, mais la définition qu'on vient de donner et qui peut séduire fait honneur à l'intelligence politique de Jules Destrée.

On pourrait comparer l'Assemblée wallonne à un front wallon d'opposition, une sorte de gouvernement parallèle au gouvernement belge dont le spécialiste de la défense nationale par exemple est également un extra-parlementaire (comme le ministre dans le gouvernement belge). On peut avoir l'impression que c'est un mouvement d'opposition au gouvernement. S'il y avait eu des catholiques ils se seraient retrouvés dans les organes dirigeants de l'Assemblée wallonne, mais il n'y a pas de catholiques. Souvenons-nous que Destrée ne peut pas accepter que le système politique belge soit bloqué tant par le poids flamand que par la discipline des partis. Dans l'affaire des conseils de prud'homme, Jules Destrée a entrepris une démarche auprès des catholiques wallons en début 1911. Destrée est frappé par le front flamand au Parlement belge avec les trois « coq chantants » (Huysmans, Van Cauwelaert et le libéral). On peut faire aussi l'hypothèse qu'il a saisi l'occasion de la formation du gouvernement belge pour réunir le Congrès wallon du 7 juillet 1912. Destrée multiplie les démarches auprès de catholiques et de notables. Soucieux que l'assemblée wallonne soit représentative, il s'emploie à ce que celle-ci adopte une attitude en quelque sorte neutre et que l'examen des problèmes dont elle a à traiter se fasse sans a priori partisans. Ceci renvoie au dernier paragraphe de la Lettre au Roi où Destrée compte sur les esprits libres capables de se dresser au-dessus des intérêts électoraux des partis. Ceci renvoie également à une déclaration de Destrée le 5 juillet 1914 où il pense que la politique des partis vit ses derniers jours et qu'une vraie politique nationale doit se déterminer en vue de traiter de la question de la dualité nationale. Car une nation rassemblée autour d'un projet commun sera plus forte.

La politique de l'Assemblée wallonne se comprend aussi à travers le fait qu'il n'existe pas de représentants de la Flandre et que les dix délégués de Bruxelles ont un statut particulier. Tout cela fait qu'elle garde son caractère de représentation de la Wallonie. L'Assemblée wallonne représente cette singularité d'être la première assemblée wallonne à caractère politique. Mais est-ce aussi un think tank ? On sait que ceux-ci sont des entreprises citoyennes destinées à faire évoluer la démocratie américaine et à l'améliorer. En 1913, les questions posées à la Belgique du fait de sa dualité sont de fait complexes et il faut absolument des études. L'Assemblée wallonne apparaît comme le laboratoire qualifié de ces investigations.

Le retentissement de la lettre de Destrée en Flandre

Vincent Scheltiens est le deuxième historien flamand à intervenir comme il est de coutume dans le mouvement wallon intellectuel ce qui est d'ailleurs aussi le cas du mouvement flamand. Il va parler de l'impact des événements de 1912 sur la représentation de la Wallonie dans le mouvement flamand. Les élections de 1912 en pays flamand ont satisfait certaines personnes comme Frans Van Cauwelaert qui y voit une victoire catholique et une victoire flamande, il pense que le peuple est plus conservateur que les élites. A partir de là, il établit les différences entre Wallonie et Flandre et il essentialise les différences. Il pense que le pays a échappé à un désastre national et de ce point de vue l'Autre menaçant (à partir duquel on peut se forger une identité), c'est la Wallonie. Pour lui les Wallons sont des frères et la Belgique est notre patrie. Ils pensent que les Wallons se sont égarés, ce qui est d'une certaine façon les poser comme « autres ». Mais les ennemis de la Flandre ne sont pas les Wallons mais les fransquillons (francophones de Flandre) vus comme des traîtres. Les événements wallons de l'été 1912 sont interrogés de manière fort critique comme la manifestation contre le détournement des grands express allemands qui vont éviter Liège, ou le Congrès wallon dans la même ville en juillet 1912. On insiste sur le fait que les participants n'étaient qu'une trentaine (visant en réalité le nombre de délégués qui ont le droit de vote). Par contre on prend plus au sérieux La Lettre au Roi de Destrée car il se réfère au roi. H.Meert répond à Jules Destrée et il tient à publier cette réponse dans les deux langues pour toucher également un public wallon. Mais Hippoliet Meert est un partisan de la séparation administrative alors que la majorité du mouvement flamand estime que la Flandre est capable de réaliser ses objectifs dans le cadre belge. A partir de 1914 paraît un journal qui va défendre cette idée et qui s'intitule Bestuurlijke Scheiding. Maurits Josson y considère que la France est l'ennemie de la Flandre et de la Wallonie, mais il tend à présenter aussi les Wallons comme habitant la Patagonie, manière, en évoquant un lieu lointain, de rendre les Wallons plus exotiques encore. Si les Wallons choisissent la France, les Flamands doivent se défendre et l'auteur de dire que les Flamands ne peuvent accepter d'être les Lamme Goedzak de la Belgique. L'orateur montre alors à l'écran une des marches flamandes sur Bruxelles avec des manifestants arborant sur un grand panneau la phrase de Destrée « Sire il n'y a pas de Belges » D'une manière générale, les Flamands ont beaucoup utilisé Destrée. Pour B.S., les frères sont au nord et à l'est, on y constate que cela bouge en Wallonie et que Destrée a provoqué les radicaux en Flandre et rendu possible leur existence. 16

Deux fédéralismes différents, complexités

Pierre Verjans insiste sur la façon dont les volontés wallonnes en 1912 butent sur la minorisation des Wallons qui sont « jacobins » en ce sens qu'ils veulent créer des règles pour organiser le vivre-ensemble. Il rappelle aussi que la première séparation administrative, celle qui avait été réclamée face à la Hollande, avait été acquise après la proclamation de l'indépendance belge, le 29 septembre 1830 par les Etats-Généraux réunis à La Haye. 1912 est une sorte de balise entre séparation administrative et le séparatisme pur et simple, on veut obtenir le plus possible à l'intérieur du cadre belge : le programme de la NVA en 2010 n'est pas séparatiste, mais confédéraliste c'est-à-dire que l'on revient dans des balises acceptables. Les projets fédéralistes tant wallons que flamands vont varier en fonction de la capacité de mobiliser les gens et du rapport de force. Wilfried Martens fait des conférences au Mouvement Populaire Wallon et vice-versa. On utilise la force de l'autre. Les partis régionalistes en 1974 n'ont que 23% des suffrages, mais ils ont une dynamique qui va engendrer deux fédéralismes différents que la Belgique a assumé. L'un basé l'un sur deux langues et l'autre sur 3 régions et cela se reproduit à chaque fois qu'un projet est mis sur la table, ou bien on est dans un rêve de 3 régions, ou bien de deux communautés linguistiques. On a créé quelque chose qui est un amalgame et on ne s'en sort qu'en ajoutant chaque fois un peu plus de complexité. Destrée a été le catalyseur d'une idée qui va s'introduire dans le débat en Flandre. Si les élections de 1912 sont une victoire flamande, c'est aussi une victoire un peu vide parce que dans le gouvernement belge, seuls deux ministres sont réellement des néerlandophones. Mais c'est aussi quand même une victoire flamande car dans la question linguistique un gouvernement libéral/socialiste n'aurait pas fait avancer les choses. En Flandre, le cléricalisme était intellectuellement si pauvre que les gens qui n'étaient pas de ce bord et qui entraient dans le mouvement flamand avaient une grande influence. L'idée de séparation administrative va être mal vue quand elle sera mise en œuvre par les Allemands en 1914-1918. Emile de Laveleye considère que le fédéralisme est une bonne manière de gouverner (un bon gouvernement), mais craint qu'il ne soit pas applicable en Belgique.

Conclusions

Les conclusions de la journée sont tirées par Catherine Lanneau. On peut retenir trois dates : 1884 1894 1899. En 1899, c'est la proportionnelle (au lieu du scrutin uninominal à un tour comme en Grande-Bretagne) : les catholiques ont eu peur que l'on se retrouve en face d'un clivage socialistes et Wallonie /// Flandre et catholiques, soit l'horreur. Du côté POB il y a la peur que la grève ait un relent séparatiste à Liège et dans le Hainaut. A cette époque, l'influence du roi n'est pas négligeable et celui-ci est inquiet devant les tendances séparatistes. La victoire flamande n'est pas nécessairement antiwallonne ni antibelge. Il existe aussi un dédain certain à l'égard du mouvement wallon chez ceux qui privilégient le cadre belge. Mais il y a un groupe minoritaire qui est fortement concerné par les appels de Destrée dans la Lettre au Roi. On peut évidemment reprocher à Destrée plusieurs choses. Il y a une sorte de contradiction à plaider pour le SU et à lutter parallèlement contre la mise en minorité de la Wallonie. De même qu'il existe aussi une contradiction entre la focalisation chez Destrée sur la question wallonne et l'internationalisme ouvrier ou la solidarité ouvrière qui est la doctrine officielle du POB . Il existe aussi deux possibilités de lire la lettre de Destrée ou deux façons de comprendre l'unité du pays car Destrée, s'il se sent wallon, se sent également belge et européen. Au-delà, il y a comme Paul Delforge l'a souligné, l'émergence de l'Assemblée wallonne et donc aussi d'une structure plus pérenne du mouvement wallon et de l'opposition wallonne en même temps que l'érection d'une sorte de parlement wallon qui permettrait selon le vœu de Destrée que l'on sorte de la logique exclusive des partis.


  1. 1. Un avis peu connu (de Claude Renard) sur la Lettre de Destrée en 1912
  2. 2. Mouvement du Manifeste Wallon
  3. 3. L'idée républicaine, cheminements souterrains et résurgences dans les imaginaires wallons
  4. 4. Walloon Jacquerie
  5. 5. Grèves générales en Wallonie
  6. 6. Flamands/Wallons, une différence permanente dans le mouvement ouvrier
  7. 7. Yves Quairiaux a bien situé ce climat dans Critique : L'image du Flamand en Wallonie (Yves Quairiaux)
  8. 8. Mais on pourrait dire (note de la rédaction), que cette peur est aussi la peur que le POB perde le contrôle des événements
  9. 9. Il n'existe pas de compte rendu suffisant du livre de L.Schepens mais on consultera Albert Ier à l'origine de la question royale de 1940-1950
  10. 10. Wallons /Flamands: le mot
  11. 11. Lettre reproduite dans le n° 2 de la revue TOUDI, p. 182 qui permet de comprendre quel est le point de vue d'Albert à la suite de cette Lettre : « J'ai lu la lettre de Destrée qui, sans conteste, est un littérateur de grand talent. Tout ce qu'il dit est absolument vrai, mais il est non moins vrai que la séparation administrative serait un mal entraînant plus d'inconvénients et de dangers de tout genre que la situation actuelle. »
  12. 12. Il faut à nouveau citer la page de TOUDI sur ce point parce qu'elle reproduit aussi le rapport d'un fonctionnaire du 3 mai 1918 dans une analyse qui est faite quelques années plus tard mais qui colle ici à l'exposé de Lode Wils sur les sentiments du roi Wallons /Flamands: le mot
  13. 13. Il faut voir que cela peut être aussi à certains égards le fait des Wallons Qu'est-ce que l'identité wallonne?
  14. 14.
  15. 15. Jules Destrée et l'antisémitisme en Belgique
  16. 16. On pourra consulter à cet égard Introduction au moins partiellement car on y constate que le président du PLP met en cause aussi dans les difficultés communautaires, les initiatives de Jules Destrée : voir le paragraphe Etat des esprits