10. Conclusion (*)
Le temps du refus de négocier est révolu.
Il faut se préparer à négocier avec les Flamands, avec sérénité en définissant nos revendications et en les faisant connaître.
Nous concevons le débat institutionnel sur base de 3 Régions et non plus de 2 communautés.
Nous refusons la dilution des institutions wallonnes dans une fédération Wallonie-Bruxelles, nous voulons un redéploiement des compétences de la Communauté française vers la Wallonie et Bruxelles.
Par voie de conséquence, nous adjurons les représentants flamands aux négociations de favoriser la productivité de celles-ci en se départissant désormais de l’emploi non réfléchi, entaché d’abstraction, d’inexactitude, et démobilisant, du vocable « francophone », en lieu et place des seules reconnaissance et désignation utiles pour les négociations à venir, à savoir celles de l’identité distincte de leurs deux véritables interlocuteurs, qui sont des interlocuteurs régionaux : l’interlocuteur wallon, d’une part, et l’interlocuteur bruxellois, de l’autre.
La solidarité entre la Wallonie et Bruxelles ne peut avoir pour prix la suppression ou l’occultation d’une des deux entités, mais elle doit, au contraire, respecter l’identité et les intérêts propres des deux populations.
L’institution communautaire francophone, basée seulement sur la langue et la culture, est porteuse d’enfermement et de repli identitaires ; elle constitue en elle-même un obstacle à l’harmonisation et à l’accélération du redéveloppement régional.
Nous voulons trois Régions, chacune avec son identité propre, des institutions cohérentes et la capacité de développer des coopérations efficaces, car tissées entre des partenaires égaux.
Nous sommes pour une Wallonie offensive définissant ses objectifs, mais nous ne sommes évidemment pas obsédés par l’institutionnel. Nous voulons pour les citoyens wallons une Région qui n’oublie pas les priorités de ses habitants, la lutte pour un renforcement du niveau de vie et contre le chômage. Nous souhaitons que, grâce aux réformes institutionnelles, les difficultés de nos concitoyens soient mieux prises en compte.
La maîtrise et la gestion par la Wallonie des compétences culturelles au sens large - à savoir l'enseignement, la recherche, les politiques culturelle, sportive et sociales, les médias et les relations internationales - sont un facteur indispensable à la définition d'un véritable projet de développement cohérent et intégrant les dimensions économiques, sociales, environnementales, éducatives et culturelles.
Complémentairement, nous clamons également avec force la nécessité de réformer d’urgence une série de structures et d’outils, conditionnant la qualité même de la gouvernance de la Wallonie ; au premier rang de ceux-ci, nous plaçons notamment :
· les circonscriptions provinciales, lesquelles doivent, à présent, être effectivement remplacées ;
· la politique d’aménagement du territoire, laquelle doit :
· jouer d’une manière toute nouvelle de l’atout existant - inexplicablement oublié - du Schéma de développement de l’espace régional (SDER),
· et lancer de nouveaux outils, tels, par exemple, une véritable Politique de la Ville.
En lien avec cette importante revendication, nous récusons fermement l’offensive de certains milieux, faiseurs d’opinion, cherchant patiemment et avec un certain cynisme, à faire prochainement accepter par tous l’externalisation pure et simple de la fonction de Capitale économique de la Wallonie au niveau de la Région de Bruxelles (celle-ci n’étant, en outre, dans ce contexte, territorialement définie et délimitée que par d’imprécis pointillés !).
Nous rappelons enfin que la Wallonie ne sera complète que si les Fourons bénéficient d’un statut bi-régional.
La solidarité et la complémentarité entre la Wallonie et Bruxelles peuvent se matérialiser et se renforcer de manière réellement efficace par une collaboration large de Région à Région, se traduisant dans un ensemble d’accords de coopération concertés et conclus entre elles, et qui, par définition, ne pourra impliquer la dilution de l’une ou de chacune de ces deux régions au sein d’institutions communes.
La liste des compétences fédérales devra être établie de manière restrictive (conformément à l’article 35 de la Constitution) tout en garantissant une fiscalité des entreprises identiques dans l’ensemble de la Belgique et en renforçant d’une part la solidarité interpersonnelle par une sécurité sociale forte et d’autre part l’unicité du droit du travail, appréhendés tous deux dans un sens large, et ce pour l’ensemble des travailleurs, indépendamment de leur lieu de travail ou de leur domicile.
Le transfert complet de compétences déjà largement régionalisées, comme par exemple l’environnement, l’énergie ou l’agriculture, constituerait une évolution logique dans une optique de renforcement de la cohérence donc de l’efficacité des politiques régionales.
En regroupant au sein de leurs instances respectives de pouvoir les compétences relevant des domaines tant matériels qu’immatériels, les Régions wallonne et bruxelloise seront en outre en mesure de jouer un rôle décisif dans l’évitement de la crise d’État qui aujourd’hui menace, et cela en tant que désormais reconnues comme les seuls interlocuteurs véritablement habilités et réellement efficaces des négociateurs de la Communauté-Région flamande.
Il est donc grand temps de laisser pour de bon derrière nous un État-Belgique où deux Communautés se font face, afin de permettre aux 3 Régions de s’épanouir, chacune avec son identité propre et des institutions efficaces et simplifiées, et ce dans l’optique résolue d’un renouveau durable, et en véritable bonne intelligence réciproque.
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