Monarchie

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Destruction de Saint-Lambert de Liège et exécution de Louis XVI

République n°40, novembre 1996

Ce n'est pas à la destruction de la Bastille qu'il faut associer celle de la cathédrale  Saint-Lambert, mais à l'exécution de Louis XVI, roi de droit divin. Ainsi la question de l'acte de vandalisme et de la mort d'un homme est reléguée au second plan, derrière celui de l'efficacité destructrice à l'état pur et de la rigueur de l'effacement. En effet, comme nous l'avons dit, si l'on songe au sort de la cathédrale, l'on doit parler d'un démontage qui obéit à des critères rationnels. Les matériaux de la cathédrale, pierre par pierre, poutre par poutre, seront comptabilisés, enregistrés, exploités. Propre et systématique, la désacralisation s'opère au fond sans éclat, un froid calcul présidant à cet effort de rupture culturelle qui concerne pourtant la société liégeoise dans son ensemble.

Il en est de même de l'exécution de Louis XVI, puisqu'aux yeux de ses juges, et le discours de Saint-Just à la Convention le 13 novembre 1792, est déterminant, il ne s'agit pas d'exécuter un condamné, ni même, à la limite, de punir un individu coupable de crimes, mais de se débarrasser d'un principe, et de manière nette, assurée, insensible, pleine de certitudes. Le caractère immédiatement spectaculaire et punitif de la décapitation de Capet est secondaire, comme celui qui concerne un édifice superbe que l'on abat à coups de massue. Defrance [l'important révolutionnaire et peintre liégeois, responsable de la décision, NDLR], ne conduira pas de bal sur les ruines de la cathédrale, ni Saint-Just un cortège de conventionnels endimanchés au pied de l'échafaud. Tous deux poursuivront, absorbés, leur tâche écrasante, après avoir simplement rompu avec un monde.

Philippe Raxhon, La mémoire de la Révolution française. Entre Liège et Wallonie, Labor, Bruxelles, 1996.

 

Cet extrait a été publié sous le titre Un grand historien et l'identité républicaine de Liège en novembre 1996 dans le journal République.

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