CHAPITRE II: La Wallonie absente ou niée

Toudi mensuel n°13-14, septembre 1998

Le discours sur la Wallonie le plus difficile à traiter, par définition, est celui où elle n'est même pas nommée1. Lorsque le Rassemblement wallon (RW) était le deuxième parti de Wallonie, selon certains, cela ne reflétait pas «forcément», avec le succès de la VU et du FDF, «une augmentation notable des sentiments fédéralistes de la population belge» [P.H. Claeys, Groupes de pression en Belgique, ULB et CRISP, 1973]. Or nous verrons plus loin (avec M. Martiniello notamment) que cette même «population belge» est supposée devenue aujourd'hui fédéraliste, mais opposée au séparatisme, fédéralisme qui était assimilé en 1973 au séparatisme... Pour P.H. Claeys, la montée du RW, entre autres, s'expliquerait surtout par la déception des électeurs sur d'autres thèmes que la question nationale. Sans nier entièrement cet aspect, nous dirions que raisonner ainsi rend les choses indécidables: admettons que l'absence de sentiment exprimé d'appartenance soit un signe de non-identité wallonne, mais que, si ce sentiment s'exprime, cela ne modifie pas vraiment le constat, voilà qui rend perplexe.

Sartre a parlé du regard qui néantise ou chosifie: ce simple rappel permet de comprendre le paradoxe d'une Wallonie dont on parle pour dire qu'elle n'est pas (sur le mode du «n'être pas»). Somme toute, la meilleure manière de nier, c'est d'ignorer. C'est la raison pour laquelle, dans ce chapitre, il sera tout d'abord peu question de l'une de nos enquêtes principales, celle sur les réactions au Manifeste pour la culture wallonne. Ce texte était trop ouvertement significatif d'une Wallonie visible, identifiable pour que l'on puisse directement la nier (on la discréditera).

Une réaction lointaine au "Manifeste"

Cependant, à l'autre bout de l'Atlantique, le Professeur Marc Angenot, de l'Université MacGill de Montréal, pouvait, lui, plus facilement nier l'identité wallonne telle qu'exprimée à travers le Manifeste pour la culture wallonne. Mais rappelons qu'il est un Bruxellois francophone. Marc Angenot s'est attaqué au texte même du manifeste en ces termes: « Le discours national (...), quand il s'agit de verbaliser cette identité sur laquelle reposent toutes ses revendications, est réduit à ne trouver rien de précis à dire, à ne dire que du ressentiment, des platitudes, des assertions fallacieuses, des tautologies, à asserter des spécificités qui n'ont rien de spécifique, à faire fond sur des banalités indémontrables (...) L'identité wallonne, faute de pouvoir être décrite ou analysée ou évoquée, assertée, est réitérée en un " Nous " performatif; elle est posée, elle est dite et redite, la propagande nationaliste la fait exister en communiant avec ses partisans dans l'évidence même de l'assertion.» [L'identité wallonne: esquisse d'analyse d'un discours identitaire dans l'Europe actuelle in Discours et mythes de l'ethnicité sous la direction de Nadia Khouri, Les cahiers scientifiques, n°78, 1992, pp. 89-104]. Il parle d'absence: «Cette identité sans contenu démontrable, ni verbalisable autre que celui d'un sentiment diffus, n'a d'autre réalité que son absence même de délimitation qui la fait osciller entre les deux modes de l'indémontrable, l'évidence et la chimère.»

Marc Angenot considère que le Manifeste n'est qu'un texte antibruxellois, vivant de cette seule opposition, d'un pur rejet. Philippe Godts [Belgique 2002, la désintégration, Quorum, Bruxelles, 1994], défend la même thèse, parlant même de nihilisme et cela en supposant que Wallonie et Flandre n'existent que par leurs rejets réciproques. Par exemple (p. 66): «les conflits linguistico-communautaires (sont) plutôt de l'ordre du psychodrame que fondés dans une domination socio-économique réelle». Dans le livre d'E.C. Dayez cité dans l'introduction, on met l'accent sur cet aspect psychique pour ce qui concerne le sentiment de minorisation de la Wallonie. Le «manifeste francophone» (Choisir l'avenir) décrit de la même manière les Flamands et les Wallons en termes psychiques. Il est absurde d'expliquer par la seule «psychologie» des problèmes si durables, se transformant et perdurant dans des périodes historiques aussi différentes (avant 1914, après 1945 aujourd'hui). La psychologie renvoie à l'individuel, non au social.

Marc Angenot décrit bizarrement le livre de Pol Vandromme, Les gribouilles du repli wallon (sur lequel nous reviendrons) comme l'oeuvre d'un «bruxellois francophone», ce que P. Vandromme n'est pas (et d'un «antinationaliste» qu'il n'est peut-être pas non plus: Vandromme semble surtout s'amuser dans ce texte qui, c'est vrai, reflète bien le point de vue «bruxellois» dominant) . Marc Angenot insiste lourdement sur l'inexistence de la Wallonie: «L'idéologue wallon ne dit pas: nous partageons à l'évidence une identité et une histoire collective et c'est un grand argument que nous exigions un État souverain; il dit: nous voulons cet État wallon parce que justement " nous " sommes privés d'appartenance et d'existence communautaire.» [p. 97]. Assez étrangement, Marc Angenot range dans la même perspective le livre Quelle Wallonie? Quel socialisme? [EVO, Bruxelles, 1971] du groupe B/Y2. Or ce livre, très antérieur au Manifeste pour la culture wallonne participe d'une affirmation «wallonne» qui coïncide avec une sorte de variante de syndicalisme née dans la foulée des grèves insurrectionnelles de l'hiver 60-61. Plus encore que dans Quelle Wallonie? Quel socialisme?, c'est dans une brochure de la Commission d'étude et de pastorale ouvrière3 que s'exprime ce wallingantisme exclusivement syndical, portant en quelque sorte sur l'usine «Wallonie». Il est d'ailleurs remarquable que les évêques wallons d'alors, de culture peu autonomiste pourtant, appuyèrent ce texte de leurs signatures tout en disant ne point partager tous les points de vue exprimés (A.M. Charrue, C.M. Himmer, G.M. van Zuylen et L.J. Suenens, dans une feuille encartée dans la brochure). La bibliographie de ce document ne fait allusion qu'à de la littérature technique (sur l'économique et le social), et la question d'un pouvoir régional wallon n'est quasiment pas abordée. Nous voulions signaler la chose en passant, bien que nous nous limitions dans un premier temps à décrire le discours niant la Wallonie. On pourrait se dire que la Wallonie «syndicaliste» au sens où nous le disons pour cette brochure chrétienne est aussi une Wallonie absente. Mais cela n'est pas exact: il y a dans tout ce document une très vive sensibilité aux souffrances qui menacent une classe ouvrière de se trouver exclue du travail et des conquêtes sociales. Certes, cette classe est localisée en Wallonie, mais c'est comme si elle n'était pas wallonne. Il y a peut-être ici le sens de la Nation au sens pur du Peuple souverain, du Citoyen tel que les Révolutionnaires français l'ont pensé en 1789. Si l'on doit dire que les auteurs de Quelle Wallonie? Quel socialisme? vont déjà beaucoup plus loin, posant le problème politique et si, bien entendu, le Manifeste pour la culture wallonne est plus nationalitaire encore, on ne peut nier que l'inspiration «syndicaliste pure» telle que nous l'avons définie ait été abandonnée4, bien au contraire5.

Enfin, pour Marc Angenot, les «idéologues nationalistes wallons» ne peuvent fixer avec rigueur une mémoire collective car «celle-ci ne se développe que comme un imaginaire volontariste où le Wallon est pourvu d'un nom, d'un passé et d'une identité parce qu'il les lui faut.» [op. cit. p. 100]. Cette dernière remarque rejoint d'autres observations d'historiens sur le «volontarisme», comme C. Kesteloot avec son compte rendu d'un livre de Philippe Destatte [L'identité wallonne, IJD, Charleroi, 1997], qui s'intitule Être ou vouloir être, le difficile cheminement de l'identité wallonne [in Cahiers, Bijdragen (revue du CGES), Nationalisme, n° 3, Bruxelles, 1998]. L'idée que l'identité wallonne ne serait que «voulue», «imaginée», «construite», «inventée» sans aucun rapport à une quelconque réalité est sans cesse insinuée. Comme dans un autre texte de la même auteure: «Et si, sans doute, la nation wallonne n'a jamais existé, peut-être est-on aujourd'hui en train d'assister au phénomène connu d'un État qui crée la nation, ne serait-ce que par soustraction des autres entités.» [C. Kesteloot, Mouvement wallon et identité nationale, CRISP, 1993, n°1392]. La Wallonie obtenue comme simple soustraction joue évidemment un grand rôle dans la négation de la Wallonie ou, du moins, sa minimisation. Nous en reparlerons dans un chapitre distinct (une «nation» wallonne n'a «jamais» existé, mais ses virtualités anciennes méritent mieux que cette sèche négation: après tout «nation» signifie aussi «société»). F. Dumont, dès 1938, avait montré, de manière nuancée, que la «Wallonie» ancienne était plus cohérente que la «Belgique» ancienne6.

La Wallonie absente au regard de l'étranger

Quarante articles ont paru en juillet et août 1988 dans La Libre Belgique, sous le titre Radioscopie de la Belgique. Pour la plupart des étrangers interrogés, la Belgique c'est la Flandre et Bruxelles. Ou même seulement Bruxelles comme le déclare ouvertement José-Alain Fralon, alors correspondant du journal Le Monde en Belgique [21 juillet]. En fait, il ne sera question de la Wallonie que six ou sept fois et de manière subreptice ou négative: les Wallons sont «moins ouverts» que les Flamands pour la rédactrice en chef de The Bulletin [17 juillet]; un déménageur italien rapatrie ses compatriotes «vivant en Wallonie» [25 juillet]; on lit un éloge bref du «Brabant wallon» [14 août]; un peintre italien vivant à Bruxelles estime que, dans la mine, il n'y avait pas de différences entre Flamands et Wallons [7 août]; un Marocain de la FGTB les estime plus politisés mais «moins efficaces sur le plan du travail ou sur celui de l'activité économique» [14 août]; des vacanciers hollandais jugent les Flamands «plus travailleurs que les Wallons» [21 août]. Une seule note neutre et une note qui n'est pas négative (le peintre italien) sur six mentions des Wallons en quarante articles. Il est vrai qu'il en est une septième, la plus longue, où les anciens propriétaires anglais du château de Spontin disent ceci: «Les Flamands [sont] [...] plus sérieux, plus aventureux, plus commerçants, plus courageux [...]Les Wallons, nerveux, susceptibles, peu dynamiques et sans beaucoup d'ambition. Une région où réussir est un crime. Où l'on ne voit pas plus loin que le bout de son nez.» [ 28 juillet]: le plus long passage consacré aux Wallons sur les deux mois de la série...

Evidemment, il s'agit de remarques d'étrangers (d'étrangers peu «travailleurs immigrés» et fort «cadres supérieurs»). Mais tout le monde sait que l'interviewer le plus neutre, le plus empathique suscite en partie les réponses que lui-même souhaiterait donner aux questions posées. A cet égard, le détour par les étrangers devient édifiant, non pas par ce qu'ils disent de négatif, mais par ce fait qu'ils ne disent rien.

Et puisque nous venons de parler de l'ancien correspondant du journal Le Monde, évoquons l'un de ses successeurs, Luc Rosenzweig, très élogieux pour l'enquête réalisée par le journal Le Soir fin 1997 («Noir, jaune, blues») et qui déclare dans ce journal [14 novembre 1997] que cette enquête confirme la «persistante absence de conscience nationale», «la belgitude» qu'il a pu observer, comme il le dit lui-même «en fréquentant les bistrots, les cocktails mondains, les stades de football, le Cercle gaulois, la salle de rédaction du "Soir" ou de "La Libre Belgique"...». La «belgitude» est effectivement la revendication d'une non-identité, mais Luc Rosenzweig s'est contenté d'en vérifier l'existence à Bruxelles... Rappelons que Marc Angenot par exemple estime que le Manifeste pour la culture wallonne est en partie une réaction à cette belgitude que J. Sojcher a caractérisée de cette façon: «La Belgique est littéralement un vide, un pays en creux, un non-État, nulle part.» [in La Belgique malgré tout, Revue de l'ULB, n° spécial, 1980]. Là, dans la belgitude, l'absence est même revendiquée. On conçoit qu'elle soit étendue à la Wallonie. Il y eut plus fort: la parution d'un supplément de six pages sur la Belgique francophone [Le Monde, 20 septembre 1997], avec comme grande photo sur la première page le Palais de Justice de Bruxelles et une absence totale ou quasiment des mots «Wallons» et «Wallonie». Tel qu'il était présenté, ce supplément pouvait donner le sentiment qu'il était une initiative du journal lui-même, bien que la concentration du numéro seulement - ou à peu près - sur la Communauté française de Belgique et les réalisations culturelles de celles-ci (cinématographiques notamment) permettait tous les soupçons. Ils se vérifièrent avec la publication [La Libre Belgique, 16/10/97] de ce qui avait amené le supplément: une commande de l'institution «Communauté française» au journal parisien de 2.400.000 FB permettant de le financer en grande partie... C'est comme si la classe dominant symboliquement à Bruxelles avait dû passer par le détour de l'argent pour obtenir ce qu'elle obtient «naturellement» quand elle est dans ses pages de journaux, ses livres et ses studios.

Cas d'absence dans la littérature

On sait que la même année 1988 où paraissaient les quarante articles de La Libre Belgique qui nous semblent bien mettre en évidence la négation de la Wallonie par son absence, le problème des Fourons s'envenimait, menant même finalement à la chute du gouvernement. Ce fut l'occasion pour Jean-Luc Outers, fils du ministre Lucien Outers, figure de proue du FDF, de se livrer à une description de la Belgique et de ses débats que nous considérons comme éminemment représentative de la Wallonie mise en absence. Irrité par la permanence du problème des Fourons et la manière dont on le traitait, J-L. Outers écrivait cependant: «Et pourtant, la question des Fourons est celle du suffrage universel pour lequel il y a eu, en son temps, des morts. Ce sont les mots, leur répétition quotidienne et le petit théâtre où ils sont prononcés qui confèrent à cette situation tragique un effet comique. " Le carrousel fouronnais " n'est autre que l'espace politique dans lequel se meuvent nos dirigeants eux-mêmes. C'est le lieu exclusif du débat qu'ils offrent à leur petit pays.» [Le Soir, 6/6/87]. Sur ce thème du «petit pays», Jean-Luc Outers poursuivait: «Contrairement aux nations qui font l'histoire, les petits pays n'ont pas de destin historique. La Belgique, champ de bataille permanent, a toujours subi l'histoire. Dans les petits pays, y a-t-il place pour une quelconque grandeur? En Suisse, elle réside, paraît-il, dans les paysages grandioses, "uniques au monde ". Et en Belgique? La réponse à cette question me fut donnée lorsque, une nuit cette fois, de retour au pays, après le passage de la frontière française, je fus soudain aveuglé par la lumière qui inondait l'autoroute. J'avais entendu dire que le coût annuel de cet éclairage représentait, par exemple, plus de dix fois le budget consacré par les pouvoirs publics culturels à la production cinématographique. C'était donc à travers son réseau autoroutier que la Belgique entendait rayonner, plutôt qu'à travers ses cathédrales. C'est pourquoi elle était si fière de les éclairer (...) Après avoir déjoué les embûches de quelques échangeurs autoroutiers, j'arrivai enfin à Bruxelles. Le jour se levait sur la cité endormie. C'était le petit matin. Ému de retrouver la ville natale dont je sillonnais les tunnels, j'allumai alors la radio.» [ibidem].

Il est intéressant de noter que Jean-Luc Outers, qui a obtenu le Prix Rossel en 1992, reprend ce thème de la Belgique et de sa grandeur [La place du mort, La Différence, Paris, 1995], la réponse à la question pour la Suisse se trouvant à nouveau dans les montagnes. Mais dans ce dernier livre, J-L. Outers avance alors que, pour la Belgique et sa «grandeur», la réponse «est à inventer sans cesse, jusqu'au jour, pas si lointain, à en croire certains, où la Belgique connaisse, à son tour, le destin inéluctable qui emporte les petits pays.»[La place du mort, p. 168]7

Il n'est justement pas certain que les «petits» pays disparaissent. C'est peut-être même le contraire. Prenons la permanence du Danemark, de la Norvège, de la Suède, de la Finlande, du Portugal, de Genève (et/ou de la Suisse romande ), du Luxembourg, de la Grèce, de l'Irlande, les résurgences de la Catalogne, de l'Écosse, du Pays de Galles, du Pays Basque, d'Israël, le maintien du Québec dans la mer anglo-saxonne, le Tibet, la Corée, Taïwan, les (ré)émergences de l'Islande, des Pays baltes, de la Wallonie, de la Flandre, de la Tchéquie, de la Slovaquie, de la Croatie, de la Slovénie, chacune de ces nationalités s'inscrivant, avec des différences de dimension selon les cas, dans la «longue durée» chère à Braudel8.

La réflexion de J-L. Outers prend place au sein d'une fiction émouvante, le dernier voyage fait avec son père, paralysé par la maladie et devenu incapable de parler. Ce voyage a comme itinéraire tous les pays, villes ou provinces de langue française ou d'influence française. On retraverse Ostende, Genève, le Périgord, d'autres provinces de France et la vie de Lucien Outers. Pour celui-ci comme pour Léon Defosset, autre homme politique FDF, le journal bruxellois Pan rappelait sans cesse son origine à Barchon, dans le pays de Herve, près de Liège. S'il trouve une identité à des autoroutes éclairées et à des tunnels bruxellois, J-L. Outers, n'en trouve plus au village natal de son père, village qui n'est pas nommé à l'instar du seul pays de langue française dont le nom reste imprononcé, la Wallonie. L'évocation du village natal est l'occasion de décrire la folie d'un oncle, la petitesse de l'école, les profils indistincts de grands-parents, à travers le brouillard d'un souvenir d'enfance indistinct, dépourvu d'affection, de nostalgie, lieu d'un non-lieu. Ce que dit Guy Denis (voyez note 7).

En matière de non-lieu, Michel Quévit a rappelé que les chansons de Brel parlaient d'une Belgique assimilée à la Flandre9, mais comprenant, pour ceux qui l'écoutent, toute la Belgique, en ce compris une Wallonie par conséquent effacée (parce qu'elle est étrangère aux évocations de la chanson, même en ses caractéristiques les plus triviales). Ceci a influencé Jacques Hislaire. Dans un livre où il parodie Madame de Sévigné, ce journaliste culturel note ceci: «Avec Brel disparaît une certaine idée de la Belgique. Certes, ce " ciel si bas qu'un canal s'est perdu " et " ce vent du nord qui vient s'écarteler ", ce n'est pas le ciel wallon» [Jacques Hislaire, J'ai vu mourir la Belgique, Didier Hatier, Bruxelles, 1990]. Il acquiesce donc à la leçon du Professeur Quévit. Cependant, il revient à la même idée d'une Belgique dont la Wallonie est rendue absente comme on le lira, certes entre les lignes, mais aisément, dans les phrases qui suivent: «Ce n'est pas le ciel wallon (...) Mais c'est la Flandre du petit Bruxellois qu'il était lors de ses premières vacances à la mer du Nord. Cette Flandre-là était un pays où il faisait bon vivre, où l'on se sentait chez soi, comme on était chez soi en découvrant Liège sur les pas de Simenon, en retrouvant les amis de Courtrai au nord de la Semois, ou les cousins de Nivelles dans une ferme brabançonne (...) Cette Flandre-là, cette Belgique-là [l'assimilation Flandre-Belgique est si évidente que Liège, Nivelles et la Semois semblent en faire partie, note de J.F.] n'existent plus. Les Flamands nous ont chassés de Louvain et chassé le français de leurs églises. Les Wallons célèbrent joyeusement leurs jargons sous-régionaux et ont offert aux Bruxellois un coq à partager en guise de drapeau. La Belgique n'est plus qu'une arlequinade de deux ou trois communautés, de trois régions et d'une vingtaine de sous-régions, avec six communes à facilités, sept communes et cinq quartiers dits d'Egmont...» [ibidem, p. 62].

«Jargons sous-régionaux»: l'idée encore d'une Wallonie morcelée (thème qui sera traité dans le chapitre suivant). Puisque Jacques Hislaire se situent dans le temps, on est tenté de lui faire remarquer que les Wallons célébraient bien plus encore «leurs jargons sous-régionaux»10 quand Brel n'était pas né. Jacques Hislaire a la nostalgie d'une Belgique où domine la bourgeoisie francophone dont l'unité est celle de cette classe sociale dont les éléments se recrutent partout dans le pays, unifiée tant par l'intérêt de classe que par l'unité de langue.

Négation d'une culture spécifique

La position de François Perin, non sur la Wallonie, mais sur la culture wallonne est bien connue: «Ceux qui rêvent de créer une culture wallonne spécifique dont le centre est introuvable risquent de nous enliser dans un populisme provincial qui ne ferait que nous enfoncer dans une certaine médiocrité.» [Note manuscrite du 3 mars 1990, pour un congrès Wallonie Région d'Europe, mouvement fondé par J. Happart]. En 1987, le Professeur Perin développait l'idée que la Wallonie était écartelée entre deux choix possibles: soit accepter d'être immergée dans la Communauté française, avec le poids culturel bruxellois prépondérant, résultante du statut de capitale de cette ville et, par conséquent, empêchée d'exister autrement que comme «dilution, par le poids du quart bruxellois, dans une certaine Belgique francophone» [François Perin, Spécificité wallonne ou Wallonie française?, Colloque, La Wallonie au futur, Charleroi 1987-1988]; soit larguer son identité française «pour tenter de créer de toutes pièces une culture wallonne» [ibidem] et «verser dans une chimère gauchiste qui n'engendre en fait aucune culture, si ce n'est une médiocrité provinciale et qui stoppe la progression de la conscience wallonne dans les couches de la population où persiste le plus la nostalgie belgiciste.» [ibidem].

Yvan Ylieff, alors Ministre-Président (wallon) de la Communauté française, radicalisa cette négation en 1989, proclamant que la Wallonie n'avait «ni art ni culture ni langue» [Le Soir du 27 septembre 1989]. Les fêtes de la Communauté française, malgré leur enlisement progressif dans un impopulaire ennui, réveillent les discours aux accents de négation comme ce titre de Thierry Evens: «Un peuple sans passé à l'avenir incertain» [Le Soir, 20 septembre 1993]. Une telle vision, Pol Vandromme l'a exprimée clairement: «La Wallonie, c'est un endroit d'Europe qui, par la volonté des grandes puissances du dix-neuvième siècle et de leur diplomatie autoritaire, constitue une moitié de la Belgique. Ce qui la distingue de Bruxelles, c'est son caractère linguistiquement homogène. Et ce qui la différencie de la Flandre, c'est son homogénéité linguistique francophone.» [Les gribouilles du repli wallon, Laudelout, Bruxelles, 1983, p. 49]. Il est intéressant de rapporter cette définition («claire» selon son auteur) à ce qui est dit plus haut d'une Wallonie au développement dépendant. Ou encore à ce que suppose Marc Angenot de la «vacuité» du manifeste wallon: on peut dire que le discours anti-idéologique sur les affirmations wallonnes occulte les effets de la domination économique et symbolique qui s'exerce sur ce peuple... Bien sûr, il y a une idéologie wallonne, mais le discours critique qu'on lui oppose est encore plus idéologique.

Ainsi par exemple, on cherche, non sans habileté, à opposer une culture wallonne enfermée dans le folklorisme avec la culture savante. C'est ce que l'on a réussi à faire avec le livre de Van Cauwenberghe Oser être wallon [Le Soir du 28/8/98]. Le journal insiste uniquement là-dessus en première page comme s'il y avait volonté de la part du ministre de rejeter les éléments plus modernes ou plus savants et plus universels de la culture au seul bénéfice de formes qu'on peut juger à tort comme régressives (le dialecte wallon), mais c'est justement de cette habileté-là que relève le procédé. Le Manifeste pour la culture wallonne, qui avait, par prudence, évité de parler des dialectes, fut réduit parfois à ce seul aspect. On oublie notamment que ce mariage entre dialecte et langue de culture est courant en Italie par exemple (et J.N. Hamal s'en inspira pour les plus beaux moments de l'opéra comique liégeois au milieu du 18e siècle).

Le plus bel exemple de cette alliance est sans doute Verheggen11. Un article de F.Bradfer sur le cinéma belge (qui était présenté à ARTE) donne sans doute l'une des clés de la négation de la culture wallonne: «Le cinéma belge est-il une réalité virtuelle ou existe-t-il vraiment? La question peut se poser d'autant plus qu'il est permis de se demander déjà si la Belgique elle-même est réalité ou virtualité. Le cinéma belge c'est... Armée d'une caméra, la cinéaste Marie Mandy (" Pardon Cupidon ") a interrogé bon nombre de ses confrères du nord et du sud à ce propos. Une heure, peu d'originalités et beaucoup de déclarations plus tard, le verdict tombe: le cinéma belge existe, n'a pas de définition et est pluriel. À l'intérieur de tout cela, on trouve effectivement tout et son contraire, c'est-à-dire l'amour et la haine, la fierté et le ridicule, la fraternité et la gêne (...) dans une cohérence qui désarme peut-être parce qu'elle reflète parfaitement notre patrie où, là plus qu'ailleurs, les cinéastes ont le goût du réel qu'ils laissent exploser dans l'imaginaire. Oui, le cinéma belge existe, il a même une histoire, une histoire belge entre Flandre et Wallonie sur laquelle ont grandi le goût du réel, la tradition du documentaire, le réalisme magique. Se pencher sur cette identité peu banale car intimement liée à une terre ouverte sur les " ici et ailleurs " d'une frontière souvent linguistique, donc aux tonalités surréalistes, a mené la chaîne ARTE à programmer le documentaire " Portrait d'un groupe en l'absence du ministre " (...) La Belgique: silence, grimace ou profusion des mots. Certains cinéastes disent l'adorer, d'autres l'ignorer. Mais tous, de près ou de loin, se servent de ses blessures pour un voyage intérieur etc.» [Le Soir du 24/8/98]. On sent que, très clairement, sur la logique de l'indécidable propre à la belgitude, le cinéma belge existe et notamment - voire surtout! - s'il n'existe pas. Luc Honorez précisait (si l'on peut ainsi s'exprimer): «Même si la Belgique n'existe plus un jour, sur une carte géographique, elle aura toujours une existence sur les écrans internationaux par l'originalité de ses images et de son ton. Ce sera celle, d'abord rêvée par Ghelderode, puis zappée en une danse mêlant amour et mort, folie et philosophie, humour et dérapage volontaire de goûts hors normes, par des artistes de toutes disciplines tels les Van Dormael, les Dardenne, Alain Berliner etc.» [Le Soir du 20/1/98]. Passons sur le fait qu'un cinéma tout de même asez pauvre comme le cinéma belge soutienne une Marion Hansel enracinée par ses oeuvres en Afrique du Sud. Des films célèbres comme Toto le héros ou Le Huitième Jour qui ont affirmé bien haut leur identité «belge» sont des films dont on observe facilement que toutes les images renvoyant à des quartiers de nos villes ou à des paysages d'ici ont été systématiquement éliminées. Ces grands films - de cela nous ne discutons pas - sont belges par leur réalisateur et c'est tout, le jeu des acteurs français les ancrant dans une réalité que tout le monde croira française. D'autant plus aisément que quelqu'un comme Jaco Van Dormael, tout heureux de sa reconnaissance parisienne, s'en va cracher sur son pays d'origine sur des chaînes comme Paris-Première en août 1998. Répondant ainsi à une demande implicite des journalistes et du public français qu'il aurait pu ne pas honorer pour parler un peu plus en vérité de ce pays qui l'a tout de même placé là où il est. Ce qui lui vaudrait peut-être plus de considération des Français eux-mêmes.

Qu'on ne nous rétorque pas trop vite en parlant de la liberté de l'artiste, de son devoir d'insolence. De même qu'il y a deux anarchismes, comme l'avait bien vu Gramsci, il y a deux insolences artistiques, celle qui affronte l'Ordre et celle qui, sous couvert de le mettre en cause, ne fait que reproduire le vieux mépris de la bourgeoisie francophone pour son propre pays. Fabienne Bradfer aurait été mieux inspirée en parlant de cinéastes wallons (les Meyer, les Dardenne, les Andrien, les Poelvoorde), qui n'adoptent pas cette attitude mesquine et bourgeoise et qui ne renient pas leur enracinement, de la même manière que les grands du cinéma flamand ne le renient pas (songeons seulement ici à Hugo Claus, à un film comme Daens).

Il y a eu, de 1975 à 1980 environ, une réelle profusion d'oeuvres, d'analyses, toute une dynamique culturelle qui ne répondait à aucun mot d'ordre et qui s'est nourrie de réalité wallonne dans les analyses12, mais aussi dans le cinéma avec Jean-Jacques Andrien13, la littérature avec Thierry Haumont14 Conrad Detrez15, A.J. Dubois16, le théâtre avec Jean Louvet17, à nouveau le cinéma avec Manu Bonmariage18 ou les frères Dardenne19, la poésie et les textes avec William Cliff20, Verheggen21, la BD avec Didier Comès22, Jean-Claude Servais23. On devrait citer aussi les essais originaux sur le pluralisme de l'abbé Jacques Vallery24, les chanteurs Philippe Anciaux, J.Beaucarne, Christiane Stefanski, Jacky Goethals, le film de Thierry Michel sur les grandes grèves25. Il y eut cette extraordinaire efflorescence, probablement sans précédent d'oeuvres de qualité, très éloignées du régionalisme. Puis une formidable retombée. Nous pensons qu'il convient de formuler avec prudence l'hypothèse suivante. D'une part, toute efflorescence culturelle, quand elle est spontanée, est à la fois forte et fragile. Il est de l'essence de cette force et de cette fragilité qu'elle amène à des ruptures et des effondrements, en dépit même de sa profondeur. D'autre part, la répression sur Andrien (voir chapitre VII) exercée par certains responsables de la Communauté française, a pu jouer aussi contre cette efflorescence et sa fragilité. N'oublions quand même pas qu'au colloque Les intellectuels et la Wallonie (organisé par TOUDI et Les Cahiers Marxistes en novembre 1992), Marc Quaghebeur expliqua qu'un mot d'ordre des hautes instances du PS avait interdit - interdit! - formellement toute discussion sur le Manifeste wallon. On a constamment fait valoir aux signataires du Manifeste pour la culture wallonne qu'ils mettaient une culture au service d'un futur Pouvoir wallon qui l'instrumentaliserait. Ce que l'on a pu constater depuis quinze années, c'est que le Pouvoir culturel en place, qui n'est pas wallon, s'est efforcé de maintenir la création wallonne dans le carcan de la belgitude et, si notre hypothèse est exacte, en y parvenant assez largement.

Absence dans le vocabulaire constitutionnel

Comme le soulignait Jean-Pol Demacq, le 24 septembre 1989, à l'anniversaire de la bataille de Jemmappes: «Les Wallons sont condamnés à la "Belgique malgré tout" et peuvent continuer à se chercher de Belsud à Beaunord!» [cité dans Philippe Destate, L'identité wallonne, IJD, Charleroi, 1997, p. 378].

Cette propension à absenter les mots «Wallon» et «Wallonie» d'organismes en fait conçus principalement pour la Wallonie («Belsud» fut l'organisme chargé du tourisme et «Beaunord» le centre de la Communauté française à Paris), se retrouve dans les textes constitutionnels.

Le terme «Exécutif» désigne, selon le texte de la Constitution belge révisée dans le sens fédéral, le gouvernement wallon alors que, dans l'usage courant c'est quelque chose de plus vague, comprenant l'administration, remarque Jean-Marie Klinkenberg. La Wallonie est appelée «région», terme qui ne désigne nulle part ailleurs un État fédéré (et qui a une connotation de rapetissement: la région herbagère, hesbignonne etc.). Lorsque le gouvernement légitime de la Wallonie comme État fédéré agit, il serait normal de dire «la Wallonie», mais on s'acharne à distinguer à chaque fois la «Région wallonne» de la Wallonie comme si c'était deux choses absolument distinctes (elle le sont, mais pas à ce point: en soulignant le caractère administratif, construit de la «Région wallonne», on l'oppose même à la Wallonie). Le terme «Communauté», ambigu, renvoie à l'ethnique. Il y a une difficulté d' «agir» avec ces mots signale Jean-Marie Klinkenberg qui s'explique en linguiste: «C'est entendu, le langage n'est pas la réalité: on ne mange pas le mot " pain ". Mais le langage donne prise sur la réalité (...) On ne dira jamais assez que c'est l'intimidation langagière qui rend complexe la vente par correspondance, qui aboutit à l'endettement des ménages, qui fait de l'administration fiscale un monstre, qui rend nos institutions byzantines. Clarifier les rapports entre gens et institutions, en clarifiant le langage qui sert à les construire me paraît une urgence (...) On constate que (...) les Wallons ne disposent aujourd'hui pour parler d'eux-mêmes que d'une terminologie institutionnelle très peu faite pour les rapprocher de leur réalité.»26 Avec l'accession de Guy Spitaels à la «Présidence de l'Exécutif wallon» en 1992, les mots «gouvernement» et «parlement» vont progressivement remplacer les mots «Exécutif» et «Conseil régional» même si plusieurs journaux, dont Le Soir, continueront à stigmatiser ces appellations en parlant de «Parlement wallon autoproclamé»(alors qu'il est élu, directement, le plus démocratiquement du monde), sinistre écho au Parlement «autoproclamé» (et réellement dans ce cas), des Serbes de Bosnie pendant la guerre civile en ex-Yougoslavie... Pour le linguiste qu'est Jean-Marie Klinkenberg, il est clair que les rédacteurs du texte constitutionnel étaient opposés au fédéralisme, car l'ayant écrit dans des termes qui le rendent incompréhensible, inaccessible. Nous ajouterions à cela que la soi-disant «complexité» des institutions belges n'existe pas. Si l'on fait d'abord comprendre que les Flamands eurent avant tout une revendication culturelle et les Wallons d'abord une revendication économique, tout s'éclaire. En outre, quelles institutions ne seraient pas complexes? Peu de Français sont capables de dire la différence entre l'Assemblée Nationale et le Sénat.


  1. 1. Thibaut Hogge, Des Wallons sans histoire? in L. Courtois et J. Pirotte (directeurs), L'imaginaire wallon, Fondation Wallonne, LLN, 1994, donne des précisions frappantes sur l'absence de la Wallonie dans l'historiographie francophone belge.
  2. 2. Le nom B/Y vient des patronymes abrégés de Max Bastin (fondateur de l'ISCO, militant syndical chrétien) et Jacques Yerna (secrétaire de la FGTB liégeoise). Il regroupa chrétiens et socialistes dans l'optique d'un «rassemblement des progressistes».
  3. 3. Le rôle des chrétiens dans l'avenir économique de la Wallonie, EVO, Bruxelles, 1967.
  4. 4. Bernard Francq et Didier Lapeyronnie, Les deux morts de la Wallonie sidérurgique, Bruxelles, 1990, thèses résumées dans J. Fontaine, Socialisme et question nationale, in TOUDI (annuel), n° 4, 1990, pp. 69-90.
  5. 5. Lucy Baugnet, Notes sur le «matérialisme» du manifeste pour la culture wallonne, in TOUDI (annuel), n° 3, pp. 206-210.
  6. 6. F. Dumont, La Wallonie devant l'histoire, in H.Hasquin, Historiographie et politique, Bruxelles et Charleroi, 1996, pp. 213-218.
  7. 7. Guy Denis dans Wallonie Rapsodie (Gilson, BXL, 1996), évoque cette fascination de la mort chez les tenants de la belgitude (voyez p. 155 notamment).
  8. 8. Pierre Baise note dans TOUDI n° 9 (mensuel, 1998), que treize jeunes États naissent rien qu'en Europe occidentale, la plupart résurgences d'entités anciennes (Norvège, Irlande, Catalogne, Finlande, Écosse...), mais ayant gardé parfois un droit et un enseignement spécifiques comme l'Écosse.
  9. 9. Michel Quévit, La Wallonie, l'indispensable autonomie, Paris, Entente, 1982.
  10. 10. Arnaud Pirotte, L'apport des courants régionalistes et dialectaux au mouvement wallon naissant, Collège Érasme, Louvain, 1997, montre que cette diversité est aussi une construction scientifique. Ceux qui la connaissaient comme ceux qui l'ignoraient en 1900, étaient persuadés de l'unité du wallon, 80% des parlers romans en Wallonie.
  11. 11. J-P Verheggen, Le degré zorro de l'écriture, Bourgois, Paris, 1978, mêle langue française et dialecte wallon en un mélange saisissant. Guy Denis fit de même dans Mots'Capiches, Nord-Textes, Ottignies, 1976. L'historien Ph. Raxhon étudie les sources dialectales de notre histoire dans un but simplement scientifique. On aurait pu y penser avant
  12. 12. La Wallonie, le pays et les hommes (6 vol.), La Renaisance du Livre, Bruxelles, 1976-1984, Histoire de la Wallonie, L.Genicot (directeur), Toulouse, 1973, Les causes du déclin wallon, Michel Quévit (Bruxelles, 1978) etc.
  13. 13. Le grand paysage d'Alexis Droeven (1981) et Mémoires (sorti en 1984).
  14. 14. Les forêts tempérées, Gallimard, Paris, 1982, Le Conservateur des ombres, Gallimard, Paris, 1984, Les peupliers, Gallimard, Paris, 1991.
  15. 15. Les plumes du coq, Calmann-Lévy, Paris, 1975, L'herbe à brûler, Paris, 1978. Conrad Detrez recevra le Prix Renaudot.
  16. 16. L'oeil de la mouche, Balland, Paris, 1981.
  17. 17. L'homme qui avait le soleil dans sa poche, Didascalies, Bruxelles, 1982.
  18. 18. Par exemple, Du beurre dans les tartines (1981).
  19. 19. Regarde Jonathan (1984).
  20. 20. Écrasez-le!, Gallimard, Paris, 1976.
  21. 21. Le degré zorro de l'écriture, op. cit.
  22. 22. Silence, Casterman, Tournai, 1980.
  23. 23. La Tchalette, Lombard, Bruxelles, 1982.
  24. 24. Ma foi, oui, ma foi, non, Bruxelles, 1979.
  25. 25. Hiver 60, sorti en 1982. Ce film, malgré la critique, rencontra un vif succès à la télé lors de sa programmation au 25e anniversaire des gandes grèves en janvier 1986.
  26. 26. J-M. Klinkenberg, Citoyenneté, des mots pour la dire, in TOUDI (annuel), n° 6, 1992, pp. 34-39.