"Choisir la Wallonie", une sorte d'événement politique
Choisir la Wallonie de JC Van Cauwenberghe (Pire, Bruxelles, 2004), n'est pas un livre préélectoral même si - ne soyons pas naïfs ! - nous sommes à quelques mois des élections régionales wallonnes.Cependant Choisir la Wallonie se lit comme une contribution de très bonne et haute vulgarisation à la Wallonie d'aujourd'hui. Il est aussi le projet politique autonomiste que les militants wallons doivent appuyer avec réserve, critique, sans doute, mais ce sera plus utile que des combats électoraux perdus d'avance et d'ailleurs stériles même s'ils s'avéraient victorieux, ce qu'ils ne pourront être que petitement. Allant jusqu'au bout de ma pensée, je dis que le mouvement wallon sera plus efficace hors de l'arène électorale que dedans. Notamment en travaillant dans le sillage du Deuxième Manifeste wallon.
Il a donc un double intérêt : être une référence incontournable au niveau de la documentation très riche et une référence de ce que veulent les dirigeants wallons actuels qui ont passé définitivement le seuil de l'unitarisme et de l'allégeance belge.
Introduction historique et culturelle vraiment valable
L'introduction historique et culturelle est bien faite même si l'on aurait aimé qu'y soit souligné, notamment dans l'esprit des travaux de Pierre Lebrun, l'importance de la croissance industrielle wallonne dans l'Ancien régime mais aussi quand s'amorce la vraie révolution industrielle. Je souligne une erreur à la p. 24 : les actes de sabotage de la Résistance sont plus que deux fois plus nombreux en Wallonie qu'en Flandre, ils y sont six fois plus nombreux. En revanche, le nombre des collaborateurs est équivalent en Wallonie et en Flandre. Il n'est pas inintéressant que l'auteur détaille de manière chiffrée, documentée aux meilleures sources, les votes exacts sur l'annexion des Fourons à la Flandre (note 24, p. 47) : très largement, les Parlementaires wallons s'y opposèrent, tous partis confondus, alors que les parlementaires bruxellois approuvèrent majoritairement l'annexion et la frontière linguistique telle que les Flamands l'avaient voulue. Ces données ne sont pas facilement disponibles. Elles le sont maintenant par ce livre.
On aurait aimé évidemment que les quelques lignes consacrées au cinéma wallon soulignent mieux le lien de ce cinéma à notre histoire tel que Jacque Polet l'a fait magistralement établi 1. Ou que les observations maintes fois répétées de François André sur le caractère national de tous les cinémas aujourd'hui dans le monde y soient mieux prises en compte : ce caractère national ne contredisant pas mais au contraire confirmant le caractère d'intérêt mondial de cet art, malgré ses dimensions modestes et (relativement) récentes. De même Paul Meyer aurait dû être cité car cet homme apparaît de plus en plus comme le fondateur du cinéma wallon avec son extraordinaire Déjà s'envole la fleur maigre 2. Mais l'introduction culturelle satisfait malgré tout, car elle aborde tous les sujets et tend à l'exhaustivité sur le plan de l'art, du tourisme, du sport, de la musique, de la photo, de la BD (etc !) de l'inventivité wallonne au cours des siècles. On regrettera seulement le peu de mention de la créativité wallonne en matière de spiritualité et de théologie au Moyen Âge (elle fut soulignée par Robert Collignon lors de la réception du Premier Ministre du Maroc lors de notre fête nationale, en lien avec les racines musulmanes de ce grand pays), et au-delà du Moyen Âge. Voilà des critiques nécessaires même si le livre n'est pas d'abord un essai consacré à la culture wallonne.. Le point important, c'est que la perspective ici ouverte sur la Wallonie ne dédaigne pas la culture.
Une présentation inédite des atouts « objectifs » de la Wallonie
Le second chapitre est consacré à ce que l'on pourrait appeler les « atouts objectifs » de la Wallonie, ceux qu'elle hérite simplement de sa situation géographique ou du travail des générations passées. Cela vaut la peine de suivre le livre page après page : les dimensions du territoire (17.000 km2) qui l'égalent à bien des pays « régionaux » dans le monde, et le font supasser bien des États souverains, avec un bâti en expansion sur un territoire qui ne doit pas trop craindre cette expansion vu son étendue, les réserves qu'il possède (on peut même se risquer à faire l'hypothèse - simple hypothèse ! - que ne fait pas Van Cau. : la Wallonie ne pourrait-elle pas voir sa population augmenter d'une petite moitié par exemple, jusqu'à 5 millions d'habitants ? Car elle garderait erncore des « réserves » de territoire?) ; les richesses naturelles de ce pays comme le bois, l'eau et la pierre, l'effort des cartographes à la pointe de techniques modernes qu'ils ont mise au point et qui s'appliquent en Roumanie et au Maroc, notamment ; sa diversité (il aurait peut-être fallu dire que cette diversité est très grande et suscite l'intérêt des sciences géographiques vu la très grande variété des régions naturelles). L'énumération des prouesses bâtisseuses et architecturales de la Wallonie, tant du passé que du présent, est de nature à convaincre de même que celle des réseaux (autoroutiers, des chemins de fer, des fleuves et même des mers - la Meuse a quelque chose de maritime - , et évidemment, les aéroports, réalités récentes, on y reviendra). Il n'est pas non plus inintéressant de signaler que la Centrale nucélaire de Tihange (même si l'on a plus que des réticences vis-à-vis du nucléaire), est capable à elle seule d'approvisionner toute la Wallonie.
La Wallonie a les dimensions adéquates d'une Région (notons que Van Cau. propose que ce que l'on nomme « Région wallonne » dans la constitution fédérale, y devienne simplement « Wallonie »), mais même aussi d'un pays s'il échet. La population y est dense sans cependant que sa densité en fasse une quasi agglomération comme c'est le cas de la Flandre, de sorte qu'il y a un équilibre entre les régions urbaines et les régions rurales, une proportion élevée de personnes d'origines étrangères qui en font un pays multiculturel. Le livre aurait dû citer les classements européens excellents de nos universités.
Dans le bilan économique des atouts objectifs, le livre met en avant la capacité entrepreneuriale des Wallons qui est en hausse et qui la met avant la Flandre, la Suède, les Pays-Bas, la France, le Japon. Mais à une place médiocre sur le plan mondial. Il souligne aussi, comme TOUDI l'a fait, les entreprises wallonnes qui sont des leaders mondiales dans les technologies nouvelles, une vingtaine d'entreprises employant plus de 15.000 personnes. On insiste aussi sur le tourisme (ne doit-on cependant pas dire que la Wallonie et sa capitale manquent de grands hôtels ?). On signale à nouveau les grands succès récents du cinéma wallon, de la littérature, de l'architecture (Jean Barthélémy, redresseur de la Tour de Pise). « Les statistiques de l'OCDE » écrit Jean-Claude van Cauwenberghe « comparant les trente pays membres qui sont aussi les plus riches de la planète, nous situent ârmi les privilégiés en terme de dépenses de santé, de nombre de lits d'hôpitaux et de médecins par habitant et - ce qui est après tout fondamental « tant qu'on la santé » - en termes d'espérance de vie qui est aujourd'hui de 73,3 ans pour les Wallons et 80 ?4 pour les wallonnes. Près de 87% des wallons vivent dans des maisons individuelles, presque autant ont une machine à laver le linge, téléphone, télévision, les trois quarts sont équipés d'un magnétoscope et d'une chaîne hi-fi, plus ds deux tiers utilisent séchoirs et micro-ondes ou pratiquent une activité sportive de loisir. » (p.79). Il faut cependant opposer à cela cerains taux très élevés de chômage comme dans le Borinage où ils approchent les 30%, les parties misérables des banlieues des grands villes wallonnes comme le film Marchienne de vie l'a mis en évidence. Il est normal que le chef du Gouvernement d'un pays n'insiste pas sur ces aspects plus noirs de la réalité wallonne. Mais qui est le plus critique, de celui qui loue ou de celui qui flétrit ? Nous reviendrons sur cette question, dans nos conclusions. Ajoutons aussi que les chiffres de connection à Internet ne sont pas aussi brillants.
Une étude comparative des différents fédéralismes dans le monde
Les pages 83 à 124 constituent un intéressant état de la question sur les différents fédéralismes dans le monde et sur les divers degrés de régionalisation, en Europe seulement, mais ce n'est pas une mince affaire. On y insiste sur l'égalité des États aux USA ou en Suisse, sur une certaine inégalité au Canada en faveur du Québec et de l'Ontario, les deux plus grandes provinces, sur l'étendue de l'autonomie constitutive et judiciaire des États américains, sur l'étendue de l'autonomie catalane et basque. Il y a aussi un grand intérêt à voir comparées les autonomies des Régions en Europe qui va d'un système quasiment fédéraliste (qui va le devenir) en Italie à certaines Régions sans pouvoirs en Bulgarie et à Malte, tandis que l'auteur souligne par exemple que les Régions de France, à l'autonomie purement réglementaire, sont inscrites dans la Constitution française à l'égal des départements et des communes. Il me semble cependant qu'il aurait fallu mieux souligner que l'autonomie écossaise lui permet de siéger au Conseil des ministres européens aux côtés d'un ministre britannique. De même, si l'auteur souligne à juste titre le caractère centralisateur du fédéralisme canadien, il me semble que c'est tout à fait insuffisant de considérer que ce caractère très centraliste s'expliquerait seulement par la peur provoquée par la situation aux USA sortant de la guerre de sécession au moment de la constitution de la Confédération canadienne en 1867. Nos amis québécois soulignent à juste titre que le fédéralisme canadien est tout de même aussi une manière élégante de garder sous tutelle un peuple de langue française et son territoire annexé. Il ne faut pas oublier aussi que les intentions britanniques bien révélées par le rapport Durham 3était d'assimiler (angliciser) les Français canadiens, les estimant « inférieurs » aux Anglais (et aux Français de France). En outre, on ne peut pas parler aussi tranquillement de la situation au Canada alors que son centralisme a été l'occasion de l'odieuse « loi sur les mesures de guerre » en octobre 1970 pour réduire l'indépendantisme québécois, arrêter des centaines de militants qui toutes et tous furent lavés de tout soupçon et procéder à une véritable occupation militaire du Québec. On aurait pu signaler aussi que le Québec peine à obtenir l'indépendance en raison du fait que sa minorité anglophone y est monolithiquement opposée à l'indépendance (ratée de quelques voix en 1995), ce qui n'empêche pas que la Constitution canadienne ait été rejetée par le Québec. Enfin, il faut savoir que la Cour suprême du Canada considère qu'une sécession du Québec serait certes « illégale », mais « légitime ».
On aurait peut-être pu aussi faire la différence entre les fédéralismes à base purement territoriale (la plupart d'entre eux), et ceux qui introduisent de l'ethnique comme dans les fédéralismes des ex-fédérations de Yougoslavie et de l'URSS avec des nationalités reconnues et pouvant en tant que minorités - voire majorités - créer de graves problèmes à certains États fédérés. Les Communautés dans notre propre pays sont aussi quelque part à base plus ou moins ethnique.
Mais pour ce chapitre tout à fait intéressant malgré les quelques lacunes que l'on vient de citer comme pour le suivant consacré au fédéralisme wallon, il faut regretter non pas à vrai dire des oublis, mais deux réalités peu soulignées. Alors qu'un C.E.Lagasse en souligne au moins une à l'envi 4, le prolongement des compétences internes des États fédérés belges sur la scène internationale, fait unique au monde. Philippe Suinen lui-même insistait à cet égard sur le fait que cette disposition empêche ce qui se produit dans tous les autres États fédéraux où l'État fédéral remet la main, dans le domaine international, sur les compétences qui lui échappent sur le plan interne 5. De même, il nous semble anormal de ne pas souligner le fait que la capacité de faire des traités pour les États fédérés belges n'est en réalité pas du tout limitée par une possibilité de veto de l'État fédéral. Les cas se présentant sont du type : si la Belgique ne reconnaît pas l'État en question ou l'irrespect par le traité des conventions européennes sur les droits de l'homme ! Ce qui a peu de chances de se produire. Jean-Yves Autexier 6, juriste et sénateur français oppose à cet égard la contrainte qui pèse sur tous les États fédérés en Europe à la liberté extraordinaire des États fédérés belges. Dans la même ligne, il nous semble qu'il aurait fallu insister (insister : cela est dit mais comme en passant, pourquoi ?) sur la présence de ministres wallons, flamands ou bruxellois jusqu'au cœur des Conseils européens. Et même à leur présidence. On en parle mais trop discrètement à la façon des affiches le long des autoroutes wallonnes lors de la Présidence belge - et donc aussi wallonne - de l'Europe) qui avaient une surface plus « belge » que wallonne, précaution inutile.
Il nous étonne que Jean-Claude Van Cauwenberghe n'ait pas souligné ces traits d'indépendance de la Wallonie alors qu'il examine parfois avec faveur cette hypothèse de l'indépendance de l'État wallon (certes de manière conditionnelle et pour contrer notamment les rattachistes qui l'excluent pour la Wallonie mais non pour la Flandre, ce qui est effectivement très choquant et participe d'un état d'esprit un peu dédaigneux pour la Wallonie).
Le cauchemar de l'État unitaire : un rappel plus qu'urgent
Le livre décrit ce qu'ont été sur le plan essentiellement économique et social la manière dont la Wallonie a été traitée sous le régime de l'État unitaire à partir de 1950. Disons tout de suite que l'extraordinaire appétit de la Flandre sur ce plan peut être résumé par ce chiffre : à peu près dans tous les domaines la Flandre s'est octroyée de 70 voire 80% à 100%, parfois, des moyens de l'État fédéral pour bâtir son actuelle prospérité. Elle ne s'explique sans doute pas seulement par cette prise de pouvoir coïncidant comme dans le cas de Sidmar aux intérêts de l'ancienne bourgeoisie francophone. Mais on peut difficilement la concevoir sans cette prise de pouvoir préparée par l'élaboration d'un plan politico-économique flamand concocté dès les années 20 par le VEV, plan qui ne put être vraiment mis à exécution qu'après la guerre, mais somme toute, très rapidement après la guerre 7.
Tout ce pan d'histoire serait à explorer plus qu'il ne l'est depuis quelques années. Ici, le livre de Van Cau. comble une sorte de lacune. Je dirais que cette appropriation de l'État belge par la Flandre s'explique en grande partie par des raisons internes propres au dynamisme du nationalisme flamand et aussi, comme rappelé, par une certaine coïncidence des intérêts économiques de ce mouvement flamand avec la bourgeoisie francophone. C'est évident dans le cas de l'érection de l'usine sidérurgique de Sidmar qui posa d'emblée et jusqu'à aujourd'hui de graves problèmes à la Wallonie). La complicité est là aussi entre l'establishment belge et la monarchie : pour les conservateurs et la monarchie, le poids du CVP et de ses divers avatars politiques, depuis 1884 sinon même avant, a représenté l'atout-maître. Et cela jusqu'à l'année 1999 sans doute qui marque un réel tournant dans notre histoire même si cela est encore peu dit. Ces réflexions directement inspirées du livre de Van Cau. permettent d'exonérer la Flandre du reproche d'avoir préparé sa conquête de la première place économique en cherchant intentionnellement à ruiner la Wallonie.
Si certains discours flamands d'aujourd'hui font penser très clairement à une telle malveillance, il nous semble plus exact de dire que la Flandre s'est servie goulûment pour rattraper des retards réels, mais sans envisager qu'elle recevrait en prime une sorte de revanche sur une Wallonie plus prospère durant les 140 premières années du Royaume.
Entre l'ascension flamande et le déclin wallon, il n'y a effectivement pas de lien de cause à effet très évident. Mais les deux mouvements ont coïncidé, une ascension politique et économique de la bourgeoisie flamande et de l'autre un affaiblissement rapide à la fois de la puissance économique wallonne et de sa capacité de pression syndicale illustrée comme jamais en 1950. Une victoire qui, d'une certaine manière, malgré l'énorme résistance de la grève de 60 n'eut pas de lendemain.
On peut discuter aussi cette lecture en mettant en cause le concept de bourgeoise flamande qu'avance Michel Quévit tout en considérant aussi qu'il est un autre phénomène : la coïncidence des intérêts entre le bourgeoisie francophone et la Flandre
L'unitarisme de Tindemans, tout sauf anecdotique
La grève de 60 est sans doute un échec qui a eu un effet permissif sur la montée flamande sur tous les plans. Même si cet échec a eu aussi un effet vraiment mobilisateur sur le mouvement wallon. Mais après (années 60, 70 et 80), le rouleau compresseur flamand se met en marche au plus mauvais moment de l'histoire économique de la Wallonie. L'injustice des politiques d'aides de l'État belge a été soulignée par la Commission européenne notamment. La Flandre a donc conquis cette place dans l'État belge non pas vraiment pour écraser la Wallonie, mais son effort de rattrapage s'est fait dans une indifférence parfaite au sort de la Wallonie. C'est à tel point vrai - et il faut louer le livre de le rappeler - que, très longtemps, le courant dominant au CVP (non à la Volksunie mais la VU titilla surtout le CVP au plan linguistique ou culturel), était certes nationaliste flamand mais unitariste, pour l'économie. La figure emblématique de cette tendance étant Tindemans. Certes Tindemans sera finalement écarté en 1978-1979 et avec son départ la tendance plus fédéraliste (quoique toujours fort belge) de Martens va émerger. Cependant, la tendance unitariste du CVP et son chef de file Tindemans se mirent beaucoup de gens à dos : les fédéralistes du PS wallon notamment, mais aussi d'autres éléments de poids comme la monarchie elle-même. Celle-ci fut sans doute mécontente de la façon formelle dont Tindemans brisa la première tentative de fédéralisme en 1978 (il annonça sa démission au Parlement de manière spectaculaire - les caméras télé y avaient été conviées - brisant ainsi des accords entre Flamands et Wallons et mettant le roi devant le fait accompli) 8. La monarchie était aussi consciente que l'équilibre du pays nécessitait de rencontrer la volonté des fédéralistes wallons tant à la FGTB qu'au PS et au RW que dans de larges secteurs de la CSC et même de certains démocrates-chrétiens du PSC. Il est opportun de rappeler la force de cet unitarisme nationaliste flamand parce qu'il fut influent sans doute jusqu'au début des années 90. Et même en 1991, l'initiative la plus séparatrice fut prise par le PS wallon avec l'accord des autres forces politiques wallonnes devant le refus flamand d'exécuter des commandes militaires favorables à la Wallonie. Souvenons-nous en effet que même un Philippe Moureaux appuya la réunion du Parlement wallon qui avait l'intention, en toute illégalité, de décider de l'exportation mise en cause par la Flandre.
L'unitarisme nationaliste flamand ruine évidemment la thèse d'une Wallonie obtenue par soustraction, les seules forces autonomistes étant situées au nord du pays (le livre de Van Cau. aurait dû le rappeler),. Il a fallu vraiment une lecture plus qu'étroitement linguistique de type FDF pour avaliser une telle ineptie, malheureusement reprise par le « Manifeste francophone » 9. Le livre démontre que, dans tous les secteurs économiques, tant pour ce qui concerne les investisseurs étrangers que belges, tant pour la sidérurgie que pour les charbonnages, tant pour l'agriculture que pour d'autres secteurs économiques d'avenir, la Flandre réussit à empêcher une diffusion normale du développement économique de part et d'autre de la frontière linguistique. Or, cette diffusion, le déclin wallon ne l'aurait pas empêchée. Cela de 1950 à 1990. Et la Flandre empêcha toute une série de réalisations en matière de travaux publics, de politiques aéroportuaires et on a en tête l'heureuse résolution du problème de la ligne Bruxelles-Luxembourg récemment (intervenue au moment où le livre de Van Cau. était composé). La Flandre s'opposait à sa modernisation dans le cadre d'un vaste programme européen de la Commission européenne, la Wallonie reçut l'appui de la Hollande, du Grand-Duché et de la France en faveur d'un projet qui a une dimension européenne mais qui intéresse légitimement la Wallonie.
Le fédéralisme, un échec ? D'où vient la Wallonie...
Ce livre est politique au meilleur sens du terme, car il est rédigé par les conseillers politiques de Van Cau. Et notamment nos amis Philippe Hubert et Luc Vandendorpe. Machiavel distingue deux sortes de « Princes » intelligents, ceux qui le sont et ceux qui le sont assez pour choisir un entourage de gens intelligents. Je ne suis pas dans le secret de l'entourage de Van Cau. Mais son livre est manifestement intelligent et bien construit. La très bonne documentation sur la culture est en elle-même une proposition politique. Dans la mesure où la plus haute autorité wallonne avalise ainsi l'idée de culture wallonne, celle-ci se trouve confirmée. Et le livre le fait avec une érudition impressionnante, dont sans doute peu d'auteurs seraient capables (embrassant le cinéma, la littérature, l'histoire, l'art, la BD etc.).
Ce livre est aussi politiquement intelligent, car il met bien en valeur l'apport du fédéralisme en particulier depuis 1999. Et Van Cau. s'en prend aux réunionistes, juste après avoir rappelé ce qu'il en coûta à la Wallonie d'être soumise à la Flandre dans l'État unitaire. La démonstration impressionne autant que me laisse, je dois le dire, tout à fait froid l'idée que le fédéralisme serait un « échec ». Certes, une partie de l'opinion publique le pense en raison de la nostalgie d'une Belgique unitaire qui aurait constitué une sorte d'âge d'or. C'est évidemment complètement faux. Même si les plus âgés des Wallons vivants encore aujourd'hui ont pu connaître une Wallonie dont le PIB/habitant était encore supérieur à la Flandre jusqu'au début des années 70. Mais ils ont dû vivre aussi dans un régime social et économique bien moins favorable pour les travailleurs, traverser la période parfois dramatique de la crise des années 30 (il faut rappeler ici le film fondateur du cinéma wallon selon François André Misère au Borinage, certes tourné par un Hollandais et un Ostendais). Cette période a été aussi plus fortement marquée qu'on ne le pense par l'abandon de l'alliance française face à l'Allemagne nazie : quelle inquiétude traumatisante une telle politique approuvée en Flandre n'a-t-elle pas suscité en Wallonie ? Quel scepticisme aussi ? Et qu'un tel tournant ait été pris, à la faveur de l'ascension déjà sensible de la Flandre, ne plaide pas en faveur de la Wallonie « dominante » que certains identifient sans se préoccuper beaucoup de précision historique ni politique... Ensuite, ce fut la guerre, plus terrible aux Wallons qu'aux Flamands dont l'aviation hitlérienne reçut l'ordre d'épargner les villes, des Wallons maintenus en captivité contrairement aux soldats flamands, payant un tribut plus lourd aux camps de la mort et aux batailles sanglantes de mai 1940 et aux combats meurtriers de la Résistance.
Certes, après la guerre, le mouvement wallon se mobilise dans les « Congrès nationaux wallons » (de 1945 à 1950), l'industrie se relève très très vite parce que son appareil n'est pas cassé, la Wallonie et le mouvement wallon imposent à la Flandre et à la droite le retrait de Léopold III. Mais ensuite tout se délite. La Flandre entame dès le début des années 50 sa politique de favoritisme éhonté qui (on l'oublie et le livre de Van Cau. aussi), pousse toutes les régionales de la FGTB dans le camp du fédéralisme. La dimension fédéraliste du combat ouvrier de l'hiver 60 est directement lié à ce ralliement et directement lié à la révolte qui monte devant la politique déjà active d'une Flandre détournant à son profit l'essentiel des moyens nationaux belges (les lois d'expansion de G.Eyskens sont votées en 1959 et vont être finalement condamnées par l'Europe mais elles auraient généré des aides pour un montant de 500 milliards d'anciens francs). La suite écoeure encore plus. La Flandre s'octroie tous les moyens (ou presque), pour décoller au moment où la Wallonie tombe (certes, ceci n'est pas de sa responsabilité). Au début des années 80, on calcule que la sidérurgie flamande qui n'a pourtant pas aussi objectivement besoin d'aides que la sidérurgie wallonne, dont la création pose un problème en soi (créer une usine sidérurgique dans un État belge en surcapacité de production d'acier !), reçoit proportionnellement quatre fois plus d'aides que la sidérurgie wallonne ! Pourtant, dites autour de vous les mots « aide » et « sidérurgie », on vous répondra « Wallonie ». Dans d'autres domaines, c'est pire encore et notamment en agriculture, avec une politique si manifestement injuste du ministre De Keersmaecker que des paysans ardennais tentent de le tuer sur le plateau de Libramont (en juillet 1991). 10
D'où vient la Wallonie et un oubli grave sur le plan politique et prospectif
On rappelle ceci qui est d'un hier proche, pourquoi ? Parce qu'on l'avait oublié, tout simplement. Parce que, je pense, user de l'expression « échec du fédéralisme » n'a de sens que si l'on vise les années qui vont de 1960 à 1990 voire 1999, années durant lesquelles le barrage à dresser face au rouleau compresseur flamand aurait dû être le fédéralisme. C'est son absence qui est un échec. Les réunionistes qui parlent de son échec en regard de sa réalité d'aujourd'hui sont quand même sidérants et très pauvres politiquement.
Mais la « régionalisation » (autre mot pour fédéralisme), n'est obtenue (à l'arraché !) qu'en 1980. Longtemps les moyens de l'État-région wallon seront dérisoires, au moins jusqu'à 1988. Mais on peut dire que c'est seulement à partir de 1999 que le total des compétences exclusives dépasse un seuil critique.
Avec, sur le parcours, l'augmentation des compétences de 1988, l'élargissement de principe des compétences internes à tout le domaine international et pleinement (en 1993, on le répète, c'est unique au monde). Et aussi (toujours important sur le plan des principes), le transfert de certaines compétences de la Communauté à la Wallonie. Jacques Yerna nous disait, peu avant de mourir, que tout ce chantier des années 80 et 90, avaient sans doute évité le pire à la Wallonie. Même l'octroi d'une autonomie limitée a donné en 1991 des idées et des moyens à la résistance wallonne dans l'affaire des ventes d'armes de septembre 1991. Car réunir un Parlement wallon même incompétent (alors) pour les octroyer comme en septembre 1991 a réellement fait reculer la Flandre. Parce qu'un Parlement est un Parlement et que la légitimité est une arme politique de grande efficacité.
La véracité du redressement wallon
À partir de 1999, et pourtant concocté par le néo-unitariste Élio Di Rupo, le Contrat d'Avenir est lancé au moment où de nouvelles compétences sont octroyées aux États-régions dont ce qui restait d'agriculture au fédéral, la totalité du commerce extérieur, la tutelle sur les pouvoirs locaux, compétences économiquement et politiquement d'un haut intérêt stratégique. Il s'est dit que Van Cauwenberghe a parfois déclaré au bureau du PS qu'il constatait que les habitants de Charleroi aimaient entendre dire que leur maïeur était « nommé par le roi ». Mais en 2006, plus aucun bourgmestre ne le sera et le maïeur représentera dans sa commune non plus le Roi mais le Gouvernement wallon. Entre temps, la tutelle sur les pouvoirs locaux est passée à la Wallonie, autre compétence d'un intérêt stratégique supérieur. C'est sans doute aussi ce transfert qui explique que 90% des agents des services publics dans l'État belge dépendent maintenant des entités fédérées alors que, sur le plan des recettes, plus de 50% de celles-ci vont aux États-régions (ou Communautés).
TOUDI a bien dû constater la véracité du redressement wallon opéré dans le cadre du Contrat d'Avenir (baisse importante du chômage, commerce extérieur dopé, phénomènes qui ne sont pas seulement dus à une conjoncture favorable puisque certains chiffres se maintiennent malgré le vent mauvais de la période actuelle).Non seulement la situation objective s'améliore, mais ce qui est peut-être le plus important de tout, la représentation que les Wallons ont d'eux-mêmes se modifie. C'est dû au Contrat d'Avenir ne serait-ce que comme perspective offerte comme horizon à des Wallons qui n'eurent plus, en 1980-1990 et au-delà (et avant), que celle d'une faillite collective. Nous avons donné les chiffres de ce redressement en 1999, en 2002. Et encore en 2003, notamment par comparaison avec les Régions de France en général plus mal loties. On peut en discuter. Mais ce qui est moins discutable c'est qu'il s'est créé non seulement au coeur des forces politiques mais également au cœur des forces sociales (patronat, classes moyennes, syndicats d'ouvriers et employés, d'agriculteurs), un consensus sur le constat du redressement wallon. Et un consensus sur la pertinence du Contrat d'Avenir.
Tout ce que nous venons de dire au paragraphe précédent était inimaginable dans les années 80 et 90 et en tout particulier ce consensus des force sociales wallonnes sur la réalité du redressement et la pertinence des moyens utilisés. Il y a les résultats objectifs. Van Cau. ne cite pas les plaies béantes du Borinage et de certaines grandes villes. Il ne cite pas non plus cette autre plaie qui est le clientélisme. Il n'indique pas des raisons de s'inquiéter comme la part wallonne dans le PNB qui s'amenuise encore (bien qu'il y ait toute la question de la part de la Wallonie dans la prospérité, non des habitants de Bruxelles, mais de cette métropole). Il s'en prend aux réunionistes qui parlent d'échec du fédéralisme sur le plan wallon et aux néo-belgicains qui regrettent l'unitarisme d'antan. Ce n'est pas que les uns et les autres soient si forts qu'il faille s'en prendre à eux. C'est que leurs deux thèses flottent encore dans la tête de nombreux Wallons qui, infiniment plus nombreux que les néobelgicains ou que les réunionistes ne croient pas à la chance de la patrie wallonne. On comprend que, plutôt que de s'en prendre à ce doute diffus, mal explicité et thématisé, Choisir la Wallonie, s'en prenne plutôt à des positions politiques minoritaires (voire marginales), qui recoupent ces deux thèses. Il nous semble en effet que les Wallons ne sont pas réunionistes et ne sont plus belgicains, mais qu'il faut encore les secouer dans cette sorte étrange de scepticisme (en grande partie non critique), qui caractérise tant d'opinions publiques et en particulier la nôtre dont le chauvinisme n'est pas le fort (et tant mieux !).
Le Deuxième Manifeste wallon, les perspectives de l'indépendance
Ce n'est pas prêcher pour notre chapelle que de souligner enfin que Choisir la Wallonie, sans aller jusqu'aux positions dures du Deuxième Manifeste wallon (la suppression de la Communauté), tente de trouver une solution pour connecter l'enseignement au Contrat d'Avenir. Peut-on y arriver par les moyens que prônent Van Cauwenberghe ? Ceux-ci permettraient-ils d'éviter les confusions encore actuelles (et si anciennes), entre « Wallons » et « francophones » (un terme qui ne désigne pas nécessairement les Bruxellois que nous incluons toujours dans notre solidarité, mais une dimension belge stérile) ? Ce n'est pas impossible. Les hommes politiques aiment à procéder pragmatiquement et de passer du de facto au de jure. Nous, citoyens sommes bien forcés de partir des principes, soit du de jure espéré, que ce soit pour la suppression de la Communauté (en maintenant le lien avec Bruxelles), ou que ce soit aussi pour l'indépendance.
Et ici, voici ce qui nous amène à dire notre confiance conditionnelle à la politique de Van Cauwenberghe. La connexion pragmatique de l'enseignement au Contrat d'Avenir va considérablement augmenter la visibilité étatique, politique et nationale de la Wallonie. D'indépendance, Van Cau. ne parle guère sauf pour contrer - encore une fois à très juste titre d'un point de vue wallon - les réunionistes qui, bizarrement - cela avalise le discours flamand arrogant, on n'y peut rien - considèrent que l'indépendance pour la Flandre est faisable mais infaisable pour la Wallonie. Qui ne se révolterait ? Nous reprocherions plus durement à Van Cau. de même taire l'indépendance déjà acquise, soit cette disposition unique qui rend les États-régions belges aussi compétents au plan interne que sur la scène internationale. Mais si Van Cau. n'en parle pas, il en use. Comme il compte en user plus massivement lors de la prochaine législature, notamment en répondant autant que faire se peu aux réquisits du Deuxième Manifeste wallon, comme nous sommes persuadés depuis vingt ans que cette dimension scolaire et culturelle va pousser la Wallonie dans la voie d'une autonomie plus substantielle que jamais, nous gardons nos réserves mais nous pensons qu'il faut accepter d'agir dans ce cadre d'une Wallonie déjà en grande partie indépendante. I
Il faut y agir et y pousser les feux de nos exigences dans le sillage du Deuxième Manifeste. Bien des compétences restées fédérales - comme la Justice - sont transférables facilement aux États-régions. Il n'y a pas d'échec du fédéralisme, globalement. Il peut y avoir des échecs dans la politique de l'État wallon déjà à 50% indépendant, comme il y en a dans tout État. Que ne prévoyait-on comme cataclysme à la Wallonie le jour où elle serait dans un État fédéral ? Nous avons oublié qu'aux pires moments de la domination flamande dans l'État unitaire, de puissantes voix prévoyaient pire encore pour les Wallons s'ils devenaient ne serait-ce que petitement autonomes. Fin des années 70, un Fernand Herman estimait que même sur le plan culturel, la Wallonie était incapable, d'indépendance, l'indépendance culturelle étant à ses yeux la moins risquée. Or nous sommes bien plus loin que cela dans le domaine qui faisait peur (ou dont il faisait semblant d'avoir peur) à Fernand Herman. Où est le cataclysme ? Il n'a pas eu lieu. Peut-on même parler de recul grave, de pertes agrandies ? Le recul n'a pas eu lieu et, loin de perdre, nous avons progressé, au moins de 1999 à 2002. L'opinion l'enregistre peu à peu. La Wallonie remonte la pente sur laquelle elle avait roulé. Elle va mieux. À cause de l'indépendance entendue au sens large (autonomie dans le cadre fédéral, mais un cadre fédéral permettant cent fois plus de liberté qu'ailleurs).
Oui mais à Van Cauwenberghe
Elle ira mieux grâce à l'indépendance au sens strict. La politique de Van Cauwenberghe n'y conduit pas, mais elle n'empêche pas non plus d'y parvenir. Au lieu de s'investir dans des combats électoraux perdus d'avance - pour eux, ce qui est grave, mais surtout pour la Wallonie, ce qui l'est plus - les militants wallons feraient bien d'accompagner l'effort de redressement et d'émancipation de la société wallonne toute entière, opposition politique, syndicats de combat et Gouvernement compris. Ces militants qui s'engagent dans des voies sans issues sont des soldats perdus dont la Wallonie a besoin de récupérer l'énergie pour contrer ce qui est encore bien trop timide dans le consensus wallon et le Gouvernement wallon.
Il nous manque à l'heure actuelle, ces militants qui se trompent et qui pourraient songer que leur entreprise stérile gâche les chances de la patrie commune.
Tant pis, je l'écris avec encore plus de conviction qu'il y a deux ans. La Wallonie est en train de gagner.
C'est surtout vrai sur le plan international où, n'ayant pas lu le livre de P.Dewael Le respect mutuel, j'apprends par ce livre-ci que Dewael y cite une étude discrète commandée par le Gouvernement flamand sur l'image de la Flandre auprès de leaders politiques européens et mondiaux. Les résultats en sont catastrophiques pour la Flandre assimilée au racisme, à l'extrême droite, à la haine. Or la Wallonie a dans son jeu l'atout non pas de la France mais de la société civile française. Le fait que la plus importante revue touristique internationale, Muséart, ait consacré tout un numéro au pays wallon, la venue du Tour de France en Wallonie pour un séjour hors de l'hexagone plus long que cette épreuve ait jamais consacré à un autre pays, voilà des indices sûrs d'une sympathie. On pourrait y ajouter les nombreux contacts organisés au Sénat français avec des personnalités wallonnes comme Yves de Wasseige. Un Sénat français dont les membres ont pu être éclairés par quelqu'un comme Jean Gandois, qui connaît évidemment très bien la Wallonie, notamment le 8 décembre dernier. Les Wallons peuvent douter d'eux-mêmes, la presse flamande nous accuser des pires incapacités gestionnaires et cela contre les chiffres les plus sûrs, ce capital de sympathie que nous avons dans le plus important pays d'Europe, la France, un pays qui reste central au niveau planétaire, cela nous permet de remettre à sa place la presse flamande et la société civile en Flandre. Et cet atout-là, on peut aussi en parler sans sacrifier aux fièvres hexagonales et obsidionales de certains.
La Wallonie est enfin repartie. On ne peut pas dire non à Van Cauwenberghe.
PS : Ajoutons la part importante faite au travail de prospective de l'Institut Destrée sur lequel nous nous promettons de revenir.
- 1. Jacques Polet, Un enracinement porteur d'universalité, in Sur l'identité francophone en Belgique, n° spécial de la revue des Alumni de l'UCL, Louvain, n° 133, 2003, pp. 23-25, p. 23. Il écrit aussi qu'il s'agit « d'un cinéma bien enraciné, qui témoigne activement d'un espace, d'un temps et qui a la préoccupation de la durée historique » (Ibidem, p.25). Et cela à propos du film du réalisateur de C'est arrivé près de chez vous (1992), comme à propos d'Andrien et d'autres que nous ne citons pas ici (Benoit Mariage notamment).
- 2. François André, Cinéma wallon et réalité particulière, in TOUDI n° 49-50 La Wallonie en avance sur son image, pp 13-14.
- 3. Françoise Épinette, La question nationale au Québec PUF (Que sais-je?, n° 3313), Paris, 1998 Stéphane Kelly, La petite loterie, Boréal, Montréal, 1997 dont le sous-titre est: «Comment la Couronne a obtenu la collaboration du Canada français après 1837».
- 4. Charles-Étienne Lagasse, Les nouvelles institutions politiques de la Belgique et de l'Europe, Érasme, Bruxelles, 2003, p.143. Bizarrement l'auteur considère que la chose est « cohérante » (donc normale si l'on veut ?), alors que, à l'émission « Arguments » du 7 septembre 2003, C.E. Lagasse insista sur ce caractère « unique au monde » du fédéralisme belge.
- 5. Philippe Suinen, L'apport de la Wallonie et de la Communauté française au fédéralisme - les relations internationales, in L'idée fédéraliste dans les États-nations, IJD, Chaleroi, 1999, pp 369-378. À la p. 371, Philippe Suinen estime que « le système belge évite le piège de la recentralisation par le bias international ». Dans le chapitre suivant Michaêl Van Cutsem (« L'apport des wallons au fédéralisme »), pp. 379-403 estime que cette disposition juridique belge serait en train de percer dans d'autres États fédéraux.
- 6. Jean-Yves Autexier in L'Europe et les Régions, ULB, Bruxelles, en 1967.
- 7. Pour tout ceci voir Michel Quévit, Les causes du déclin wallon, EVO, Bruxelles, 1978.
- 8. Jacques Brassinne et Xavier Mabille, La crise politique d'octobre 1978, in Courier Hebdomadaire du CRISP n° 817 et 819, Bruxelles, CRISP, 24 novembre-8 décembre 1978.
- 9. C. Franck, AP Frognier, B. Remiche, V.Vagman, Choisir l'avenir, in Revue Générale Belge, n° 1, janvier 1997.
- 10. G.A. Terrien en présente une version réaliste et impresionnante dans son roman La Glèbe, Memory Press, Érezée, 1999.