Emergence d'une nouvelle Wallonie, économique et sociale
On ne répète jamais assez que, sur le plan institutionnel, la Wallonie est l'État fédéré dans le monde (avec la Flandre - et Bruxelles aussi d'une certaine façon), dont de la marge de manoeuvre est la plus considérable dans le monde. Ces changements sont plus difficiles à percevoir que si l'autonomie de la Wallonie s'était conquise dans le sang, la violence et les ruptures. Pourtant la rupture est bien là, profonde, très profonde. La Wallonie prend déjà le visage d'un État semi-indépendant. Même si ce visage d'indépendance progressive apparaît encore très mal à la majorité des gens en Wallonie. Sur le plan économique et social, la Wallonie se transforme aussi très radicalement. Qui aurait imaginé par exemple qu'elle aurait été le lieu de deux aéroports en pleine expansion ? L'un consacré au fret à Bierset et créateur de milliers d'emplois et l'autre à Charleroi plutôt consacré au transport de passagers, qui génère aussi des emplois, mais en nombre moins important. Ce qui frappe à Charleroi c'est l'aéropôle mais qui lui est l'indice de bien autre chose que la création d'aéroports, qui est en fait un zoning industriel de hautes technologies avec Mobistar, de l'informatique, de la biotechnologie etc. Cet aéroport est un zoning de l'IGRETEC (Intercommunale carolo). C'est toute l'économie wallonne qui se transforme, c'est tout le visage économique et social de la Wallonie qui connaît des mutations profondes. Là aussi on ne le perçoit pas toujours bien car la Wallonie n'a pas subi une opération de chirurgie esthétique. Elle a été brutalement balafrée par la violence des mutations industrielles des années 60 et surtout 70. À cette violence s'est ajoutée la difficulté de vivre dans un État belge peu soucieux de procéder à sa reconversion et dont, de plus, la Flandre avait pris le contrôle. Sur la face de son pays le Wallon d'aujourd'hui aurait tendance à ne voir que les vielles blessures, la vieille balafre, alors que du fond d'un drame qui aurait pu l'effacer émerge peu à peu la nouvelle face du pays wallon.
Une « révolution tranquille » dans l'économie wallonne
L'économie wallonne n'est plus du tout celle qu'elle était il y a vingt-cinq ans. Certes, l'image de ce qu'était la Wallonie il y a vingt-cinq ans perdure dans les esprits et cela peut-être parce que la reconversion des zones de première industrialisation demande beaucoup de temps. En fait, il y faut plus d'une génération. C'est vrai dans les autres régions du même type : Lorraine, Nord-Pas-de-Calais, Pays de Galles. Cette reconversion exige toute une révolution du regard ou encore de la manière de penser les choses. Et cette révolution, aussi, prend du temps.
Mais cela ne veut pas dire, puisque cela prend du temps, qu'il faudrait attendre 25 ans pour la mettre en œuvre. Ou qu'il faudrait encore attendre 25 ans pour s'en apercevoir. La revue TOUDI a déjà publié il y a plus d'une année un numéro spécial. La Wallonie en avance sur son image (septembre 2002). Mais aussi en février 1999 La Wallonie économique où nous insistions déjà sur plusieurs éléments visibles de redressement. Et, en juin 1997 déjà, lors d'une réunion de lecteurs à Louvain-la-neuve, Yves de Wasseige récusait le concept de « déclin wallon » estimant qu'il n'était plus du tout pertinent.
Nous sommes effectivement entrés dans une tout autre période. Beaucoup ne le voient pas parce qu'ils restent dépendants des images du passé. Si nous faisons la part belle à l'histoire dans cette revue, ce n'est pas parce que nous nous complairions dans l'image du passé wallon, mais, bien au contraire, parce que ces plongées dans le passé éclairent le présent.
En Wallonie, on a subi d'abord toutes les restructurations des anciennes industries. Mais il reste du chômage structurel. Les emplois nouveaux ne compensent pas les départs massifs dans l'industrie traditionnelle. Or c'est normal, car, il ne faut pas l'oublier, la sidérurgie, entre autres, - et ce n'est pas la seule activité bien entendu ! - occupait des milliers et même des dizaines de milliers d'emplois. Par rapport à cela, dans les nouveaux domaines, dans les nouvelles industries, les emplois se créent par dizaines seulement et il faut donc attendre que ces nouveaux emplois épongent lentement les poches de chômage.
Mais en même temps tout cela est en marche et progresse de manière spectaculaire avec des bonds parfois de 40% d'emplois par an. Évidemment, ces taux sont possibles parce que l'on part d'un très petit nombre d'emplois. Si ces emplois sont peu nombreux (quoique en progrès spectaculaires), ils sont de bons emplois, bien rémunérés, stables. Nous ne donnerons ici, dans ce bref exposé en quelque sorte transitoire, que l'exemple de la biotechnologie :
Évolution de la biotechnologie en Wallonie en 2001
|
|
1997 |
2000 |
2001 |
|
Accroissement |
1997-2001 |
|
|
|
|
|
|
|
|
Nombre de sociétés |
25 |
51 |
55 |
|
|
120% |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Revenus en millions d'€ |
1034 |
1247 |
1844 |
|
|
78% |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Nombre d'employés |
3034 |
4915 |
5348 |
|
|
76% |
Part de la Wallonie dans les activités de biotechnologie en 2000
|
Nombre de |
Revenus en |
% de revenu |
Nombre |
|
% du nombre |
|
|
sociétés |
millions d'€ |
total |
total employés |
employés |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
TOTAL |
101 |
1602 |
100 |
6773 |
|
100 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Bruxelles |
17 |
61 |
3,81 |
336 |
|
4,96 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Flandre |
32 |
294 |
18,35% |
1522 |
|
22,47 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Wallonie |
51 |
1247 |
77,84% |
4915 |
|
72,57 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Il faut toujours revenir à l'idée qu'en Wallonie jusqu'en 1975, les choses ont marché très fort, mais sous la houlette de sociétés holdings qui n'ont rien prévu pour remplacer les anciennes activités. Les holdings n'ont prévu ni reconversion ni même revalorisation des produits finis vers l'aval. Ils n'ont rien fait.
Les holdings ont seulement négocié leur désengagement pour en pas en subir de trop graves conséquences et ont fini par être absorbées par le capitalisme international. Il n'y a plus de Société Générale de Belgique depuis quelques semaines.
Il y a en Wallonie 75% des emplois dans les services.
On en a un peu plus dans les administrations et les services sociaux qu'ailleurs, mais cela se comprend par la lenteur de la reconversion industrielle. Comme on a trop peu d'emplois industriels, cela fait fatalement monter la proportion des emplois dans l'administration et les services sociaux.
Pourquoi l'image de Wallons pauvres ?
Un autre image de la Wallonie, c'est que c'est un pays pauvre ou de gens pauvres. Il y a quelques années une enquête de l'université de Liège démontrait que si l'on supprimait toute la Sécurité sociale, plus de 40 % de Wallons tomberaient au-dessous du seuil de pauvreté. Mais l'université de Liège n'avait fait le calcul que pour la Wallonie. En réalité les chiffres sont à peu près les mêmes en Flandre ou dans d'autres pays d'Europe. Il est vrai que des menaces flamandes pèsent sur la Sécurité sociale, mais nous avons dit et redit que les fameux transferts flamands ne sont calculables que dans le chômage avec une différence qui tend à s'aggraver au détriment de la Flandre. En outre, les Flamands ne veulent régionaliser que ce qui leur convient comme les allocations familiales et les soins de santé. Or, dans les soins de santé, une récente étude des Mutualités chrétiennes tend à montrer que les seules dépenses plus grandes en Wallonie qu'en Flandre s'expliquent par des différences objectives qui tiennent précisément au passé industriel de la Wallonie et à ce que ce pays a vécu.
La pauvreté n'est pas une situation (ou pas seulement) qui dépend de causes actuelles, immédiates, mais de causes accumulées, lointaines. Il y a un enchaînement qu'on ne voit d'habitude pas ou mal.
Les enfants héritent moins. Leurs parents, à cause de la crise conjoncturelle et structurelle subie par la Wallonie ont dû soit revendre la maison ou soit ne l'ont pas entretenue. Il ne faut pas chercher ailleurs la dégradation de l'habitat dans les zones industrielles wallonnes.
Dans la prospérité, chaque travailleur entretenait très bien sa maison, cherchant même à en acquérir une autre. Avec le chômage massif, toute une population n'a plus de patrimoine parce qu'elle l'a perdu. Il a fallu par exemple vendre la maison pour continuer à pouvoir vivre malgré une perte importante de revenus. Ou alors on mal entretenu la maison, ou on l'a moins bien entretenue, vu la perte d'un ou de deux revenus réguliers. Une population qui vit au jour le jour n'a plus la possibilité de refaire son patrimoine. Même si elle retrouve un emploi, le temps de se refaire une santé d'un point de vue financier, il faut plusieurs années et on ne peut pas encore investir dans son patrimoine (il y a des dépenses plus urgentes à consentir comme les études des enfants, les soins de santé etc.).
Une économie à la fois internationalisée et locale
En ce qui concerne la répartition de l'emploi entre le secteur primaire (extraction de la houille et agriculture), secondaire (la transformation, l'industrie), et le tertiaire (les services), la Wallonie a bien réussi son évolution parce qu'elle partait d'une proportion de 70 % dans l'industrie (plus la construction) et de 30% dans les services mais maintenant c'est 75/25. Soit ce qui est la proportion des sociétés contemporaines.
Toute son industrie traditionnelle qui relevait de capitaux belges s'est internationalisée, et là aussi c'est un phénomène général. L'évolution en cours n'est pas nécessairement défavorable. Car on garde des noyaux d'exploitation ici. L'industrie cimentière s'est intégrée à de grands groupes internationaux, mais elle est liée à des sites ici même. Elle ne peut pas être délocalisée.
Cette industrie cimentière, industrie traditionnelle, certes, fait des progrès, à deux égards : du point de vue de la qualité des produits et du point de vue de l'environnement. Car elle est consommatrice de tous les déchets combustibles et parce qu'elle veille à l'épuration des fumées. C'est une évolution technologique très très importante même si elle est peu visible.
De nombreux pans de l'économie wallonne ont réussi cette intégration dans les groupes financiers internationaux et en particulier les groupes français. Comme par exemple les ACEC vers Alston ou Alcatel, la sidérurgie vers ARCELOR. Ou bien avec les Italiens de DUFERCO qui ont pris Clabecq et La Louvière et le groupe Riva qui possède la fabrique de ronds à béton de Thy-le-château. Petrofina est intégré dans le groupe Total, mais son centre de recherches demeure installé à Seneffe.
Dans l'industrie du médicament, il y a une grande multinationale et deux unités de production importantes dont l'une à Rixensart qui développe les produits et les fabrique : Glaxos-Smithline Biologicals.
Cette unité reste sur place et l'intérêt du groupe international est que cela reste là sinon l'équipe est détruite. La gestion de ces grands groupes internationaux est centrée sur la constitution d'équipes qui doivent être dotés d'une réelle autonomie. Dans les plus performantes des multinationales, chaque comité a une autonomie et doit faire chaque année ses projets et annoncer ses perspectives commerciales Et en fonction de cela l'unité locale poursuit sa vie dans le groupe international. Chaque usine est d'une certaine manière dans une sorte de compétition (pas de concurrence) avec d'autres usines. C'est l'unité qui est la plus dynamique, elle tient comme VW à Forest, comme à Rixensart. On donnera pour terminer l'exemple de Caterpillar...
On développe des secteurs entièrement nouveaux comme les biotechnologies dont on a donné plus haut la progression spectaculaire. Mais il y a aussi l'espace. On construit chez nous les appareillages de satellites ou des navettes spatiales. On construit aussi des éléments importants de la fusée Ariane qui sont montés à blanc ici à Charleroi et ensuite remontés en Guyane par des Wallons qui se déplacent en Guyane. C'est eux aussi qui développent les dispositifs de destruction de la fusée Ariane. L'an passé d'ailleurs, on a pu entendre un ingénieur carolo opérer le décompte avant l'envol d'une fusée Ariane.
On est aussi dans l'aéronautique avec la SONACA et le programme Airbus, mais aussi le programme brésilien EMBRAER. Au départ, SONACA c'était militaire mais ce n'est plus du tout le cas et on ne fait plus que des bricoles comme l'entretien des F16. Dans les deux cas de développement de programmes internationaux - Airbus et EMBRAER - tous les éléments montés à Charleroi équipent tous les avions du programme Airbus et c'est la même chose pour EMBRAER.
Le creux conjoncturel actuel
Il y a eu un creux conjoncturel international, mais, malgré cela, les exportations wallonnes hors Union Européenne s'accroissent et le taux de croissance des exportations est deux fois plus important que celui de la Flandre. C'était déjà le cas en 2001 et 2002 et cela se confirme dans les premiers mois de 2003. Le taux de chômage s'accroît deux fois moins vite que le taux de chômage flamand. Il est intéressant de faire cette comparaison avec la Flandre car la Flandre a une économie qui va bien mais l'économie wallonne en regard va mieux.
Il est aussi intéressant de prendre la Flandre, car la Flandre est, du point de vue par exemple de lois comme celles de la sécurité sociale, soumise aux même contraintes que la Wallonie
Si l'économie wallonne va mieux que celle de la Flandre c'est d'une part parce que la Wallonie est dans des secteurs en croissance et dans des services moins sujets aux aléas de la conjoncture. Il y a en Flandre des secteurs vieillis comme les automobiles, le textile, la chimie lourde les métaux non ferreux. La Flandre a aussi des secteurs menacés comme l'industrie du diamant qui est occupée à partir soit en Israël soit en Inde
La reconversion va continuer et l'élimination des poches de chômage, mais cela prendra du temps.
Il y a aussi le fait que les industries de type nouveau dans l'agroalimentaire et les nouvelles technologies ne sont pas nécessairement dans les régions où il y a un problème de reconversion économique. Les nouvelles technologies ne s'installent pas nécessairement dans les zonings de vieille industrialisation. Elles s'installent relativement loin des villes importantes sans cependant s'en éloigner trop pour bénéficier des services divers offerts par ces villes. Ainsi les zonings avec les croissances d'emploi les plus fortes se situent dans le Brabant wallon et la région de Marche. La localisation des nouvelles industries est aussi déterminée par les progrès de la communication notamment par Internet qui dispense de certains longs déplacements et qui permet donc de situer l'activité économique ailleurs que dans les villes.
Il y a mobilité par du déplacement définitif pas par des navettes : le Borinage se dépeuple car c'est la région industrielle qui a été la plus touchée par le déclin des industries anciennes, aujourd'hui disparues mais à quel prix pour cette sous-région wallonne !
Les arrondissements luxembourgeois qui connaissaient une forte émigration de leur population voit ce phénomène baisser voire même disparaître. Les jeunes une fois leurs études terminées choisissent d'habiter tout près de l'endroit où ils ont leur emploi
Les villes continuent à concentrer les demandeurs d'emploi, même venant d'ailleurs que de ces villes, car les possibilités de travail au noir y sont plus importantes. Souvent les chômeurs vont essayer d'habiter la ville à tout prix. Ce qui explique que les villes ont des fortes densité de population et aussi de forts aux de chômage et de précarité.
Et le fait de voir s'occuper de ce genre de personnes est problématique ; c'est une charge qui pèse sur le développement de la Wallonie. Car des gens très dynamiques trouvent leur emploi là-dedans, s'investissent dans ce type d'activités alors qu'ils pourraient faire autre chose que parer aux déficiences sociales.
Les nouvelles technologies aussi sur le plan social
Il faut dire que la Wallonie a aussi très fort développé les moyens de réinsertion sociale. Par exemple les EFT (Entreprises de Formation au Travail), ont été inventées à Charleroi. Elles fonctionnent bien pour le public visé qui est celui des jeunes qui n'ont aucune qualification. Les EFT peuvent aussi travailler avec des jeunes qui sont en prison. L'idée étant que cette initiative est une manière aussi de lutter contre la délinquance, car l'un des motifs des délits c'est el fait que l'on soit sans emploi.
On a inventé aussi en Wallonie les missions régionales pour l'emploi où tous les partenaires sociaux se mettent autour de la table. On prospecte d'abord les entreprises pour voir leurs besoins insatisfaits. Puis une formation en alternance est organisée par les employeurs et les écoles de promotion sociale. La formation a lieu en partie sur le terrain, dans l'entreprise où un employeur forme en vue d'un emploi qu'ils s'est engagé à créer. Cela donne des résultats tout à fait probants : en dix ans, à Charleroi, 6.000 emplois ont été créés de cette façon, et toujours au départ de personnes dont la formation est inférieure au secondaire inférieur. On fait les formations de français et de calcul directement liées aux métiers que les candidats vont faire. Cela existe aussi à Nivelles, Namur, la Louvière, le Hainaut occidental mais il en existe d'autres encore en Wallonie Et cela lui est tout à fait spécifique. Il y a quelque chose d'analogue en France mais sans lien direct avec l'entreprise.
Il y a aussi les régies de quartier. Dans les habitations sociales, on occupe les jeunes sans emploi en vue de leur fournir une formation faite avec des professionnels, par exemple pour l'entretien de la Cité sociale en question. Il y a aussi des animations. Lorsqu'il y a rénovation de quartiers d'habitations sociales les entreprises qui emportent l'adjudication sont tenues de donner ces formations. Il existe aussi des systèmes spéciaux de ventes de meubles à bas prix.
Passé, présent, avenir de la Wallonie. Danger du néolibéralisme
On ne casse jamais un passé. Il faut faire évoluer les choses et ce passé apporte un certain nombre de valeurs, de savoir-faire qui se transmettent et se transportent dans les nouvelles activités. Cela c'est typiquement wallon, le souci du travail bien fait. Caterpillar est dans le groupe l'entreprise qui a le coût salarial le plus élevé mais c'est l'usine du groupe qui la moins de rebuts en fin de chaîne et cette rareté des produits défectueux au bout de la chaîne de fabrication fait que l'entreprise est rentable
La politique économique en Europe reste marquée par la volonté de libéralisation des services publics, de libéralisation de l'électricité. Or, elle ne va pas nécessairement faire baisser les prix pour les consommateurs. En plus, cela peut aboutir à des sous-investissements qui font qu'on va arriver à des pannes généralisées comme il y en a eu aux USA ou en Italie Le gouvernement qui veut scinder l'exploitation et l'infrastructure pour la SNCB et c'est aussi une mesure en vue d'une certaine privatisation des chemins de fer
La Convention européenne reprend tout ce qui va dans le sens de la libéralisation au sein de son projet de Constitution. Le poids de la droite libérale, avec Giscard d'Estaing mais aussi Jean-Luc Dehaene (qui est un néo-libéral en fait) va dans le mauvais sens. On veut faire avant tout confiance aux marchés. Il y a une telle imprégnation de cette idéologie qu'une proposition récente en faveur du logement en général a été rejetée : on trouvait la mesure trop keynésienne.
Ce qui domine dans la législature actuelle c'est l'État social proactif et du côté flamand on estime normal qu'on oblige les chômeurs à travailler et on trouve aussi normal de remplacer le minimex par le revenu minimum d'insertion. Cela veut dire qu'on est obligé de suivre une formation, de travailler, on est obligé de faire quelque chose On veut obliger les chômeurs à faire la preuve qu'ils cherchent des emplois. Mais cela ,c'est les obliger à faire des démarches coûteuses et ces démarches coûteuses mais inutiles ont tendance à grever un budget déjà fort maigre.
Le Prix Nobel d'économie 2001, Joseph Stiglitz écrit : « D'autres questions qui sont au cœur du drame américain sont apparues à l'identique sur d'autres scènes. La déférence témoignée à la finance et à sa puissance y a souvent encore été plus prononcée qu'aux Etats-Unis. Les points de vue des marchés financiers dictent des politiques, voire déterminent l'issue des élections. Le thème de la réduction du déficit, associé à une ardeur irrépressible pour combattre les problèmes d'inflation d'il y a vingt ans, a lié les mains de l'Europe face au retournement de conjoncture de 2001. À l'heure où ce livre est mis sous presse, les économies européennes vivent dans la peur de la déflation et de la montée du chômage, alors qu'en agissant tôt les pouvoirs publics auraient pu les empêcher de glisser dans la récession. »*
- *. Joseph Stiglitz, Quand le capitalisme perd la tête, Fayard, Paris, 2003, p.16