L’État social actif en Belgique

Vous avez dit « social » ?
Toudi mensuel n°63-64, mai-juin 2004
2 janvier, 2009

Depuis la fin des années 1990, un concept, présenté comme « original » et tout à fait « révolutionnaire », semble faire l’unanimité des élites mondialisées. Il s’agit de l’« activation des politiques d’emploi ». Si le concept alimente d’innombrables discours, des instances politiques de l’Union européenne1 aux organismes économiques internationaux2, en passant par les ténors de la « troisième voie » social-libérale3, il est aussi devenu la formule incontournable du discours journalistique socio-économique. Toutefois, afin d’échapper à « l’image trop courante du complot et en suggérant une plus grande complexité des mécanismes à l’œuvre », nous serons amené « à mettre à distance le présupposé d’une pensée unique homogène »4 pour retracer, dans un premier temps, les grandes lignes structurant le système de relais ayant abouti à l’émergence sur la scène publique d’une problématique controversée : celle de la pénalisation de la misère ­– « activation des allocations sociales » dans le jargon technocratique –, dont l’« État social actif » n’est qu’une formulation parmi d’autres. Il conviendra, dans un second temps, de dépasser les fondements politiques et doctrinaux les plus directs de l’« Etat social actif » pour remonter jusqu’à sa genèse, très souvent masquée par le discours de la presse belge, et terminer par l’analyse du rôle des médias dans la prise en charge du nouveau sens commun économique. Un moyen parmi d’autres d’étudier la spécificité des médias dans le dispositif d’encadrement idéologique.

Si, comme le rappelle Frédéric Lebaron, c’est dans l’analyse de « leur mode de production, de reproduction et de diffusion que l’on peut comprendre comment les croyances économiques deviennent des forces collectives agissantes, des faits sociaux »5, force est de constater qu’il est très souvent délicat de procéder au repérage systématique des influences exercées par l’un ou l’autre think tank dans le processus de construction, d’imposition et de légitimation d’une « nouvelle » doctrine appelée à devenir dominante. Les choses sont rendues d’autant plus complexes et malaisées que les dirigeants politiques sont portés, parce qu’il y va de leur intérêt et parfois même de leur survie, à minorer l’influence qu’ils ont subie et parallèlement, à majorer, par médias interposés, leur responsabilité dans l’émergence de nouveaux concepts.

L’« État social actif », on le verra, n’échappe pas à la règle. Ainsi, en Belgique, la déclaration de politique générale du gouvernement de Guy Verhofstadt faisait-elle mention d’un « État social actif » présenté comme l’« invention » de Frank Vandenbroucke, alors Ministre des Affaires sociales du gouvernement « arc-en-ciel ». Celui-ci est, en effet, à l’origine de l’inscription du concept au cœur de la déclaration de politique générale. Son livre, À la recherche d’une utopie raisonnable. L’État social actif en perspective6, se présente d’ailleurs comme une première théorisation de la notion.

Pourtant, ici aussi, seule l’hypothèse d’un « essaimage intellectuel », se traduisant par la mise en « relais » d’idées ayant acquis, à un moment de leur développement historique, une résonance commune, est à même de rendre compte de l’enthousiasme des médias belges sur lequel nous reviendrons ultérieurement. Comme le suggèrent, très judicieusement, les penseurs réunis dans le Club Merleau-Ponty, ce que l’on a coutume d’appeler « idéologie dominante » doit, avant tout, être vue comme « l’effet de la rencontre de logiques diverses, en partie autonomes, travaillant différentes sphères de la société et tout particulièrement le champ politique, la haute technocratie, le monde patronal, l’univers des médias et le petit groupe des intellectuels médiatiques »7

Ainsi, dans ce qui va suivre, nous tenterons de relier entre elles des réflexions similaires, sans que ces croisements ne postulent une stricte identité et n’imposent l’idée d’une « idéologie dominante » parfaitement cohérente. Il s’agira alors d’analyser ce « travail multiforme » comme « une entreprise collective menée par des agents situés dans des champs différents, à la fois concurrents et coordonnés, voire intégrés »8 et de revenir sur le contexte ayant présidé à l’émergence du concept d’« État social actif » dans le champ intellectuel et politique belge.

REPRODUCTION

Issu d’un milieu chrétien petit-bourgeois, diplômé en Sciences économiques (1978 : KULeuven, 1982 : Cambridge) et Sciences sociales (1999 : Oxford), Frank Vandenbroucke entame sa carrière politique dans les années 80. Membre du bureau politique du SAP (organisation flamande trotskiste), il passe, très rapidement, au SP (Parti Socialiste flamand, social-démocrate). Membre de la Chambre des Représentants (1985-1996) et Président du SP (1989-1994), Vandenbroucke est rattrapé par une affaire de corruption touchant son parti, après avoir occupé le poste de Vice-Premier Ministre et Ministre des Affaires étrangères (1994-1995). C’est le moment qu’il choisit alors pour partir en Angleterre.

Une double rencontre, capitale pour l’avenir, a lieu : d’un côté, sur le plan intellectuel, rencontre avec le « libéralisme solidariste » de John Rawls ; de l’autre, sur un plan politique, rencontre avec le travaillisme britannique, alors en pleine « modernisation » sous la direction d’Anthony Blair. À peine arrivé en Angleterre, Vandenbroucke entreprend une thèse à l’Université d’Oxford. Portant sur la justice sociale et l’éthique individuelle, intitulée Social Justice and Individual Ethics in a Open Society. Equality, Responsability and Incentives9, celle-ci condense les acquis les plus récents de ce haut-lieu de la philosophie contemporaine.

Parmi les spécialistes de cette pensée anglo-saxonne, on retrouve alors Philippe Van Parijs, appelé à devenir l’un des idéologues de l’État social actif et du social-libéralisme « à la belge ». Docteur en philosophie (Oxford), Docteur en sociologie (Université Catholique de Louvain-UCL), diplômé en économie politique (Berkeley) et Président de la Chaire Hoover d’éthique économique et sociale (UCL), Philippe Van Parijs est connu pour ses travaux sur l’allocation universelle10, la justice distributive, l’éthique économique et sociale ou encore la philosophie de John Rawls11 dont il est l’un des héritiers.

Auteur de nombreux ouvrages12, Van Parijs rédigea, entre autres, en 2000, un article préparatif au projet PAI P4/32 « The New Social Question » des services du Premier ministre du gouvernement belge. Une étude qui devait, sans nul doute, intéresser le Ministre des Pensions et des Affaires sociales d’alors, à savoir Frank Vandenbroucke lui-même. Une première version de cet article est parue dans la revue française Mouvements13. Rejetant l’égalitarisme, qu’il juge « simpliste », Van Parijs en appelle, reprenant le lexique rawlsien, à un « maximin soutenable » divergeant « notablement de l’égalité, du fait qu’il doit tenir compte, dans l’intérêt même des plus démunis, de l’effet positif que des inégalités peuvent avoir sur l’incitation à travailler, à se former, à épargner, à investir et, par là, sur la taille du gâteau ». À l’égard des théories les plus conservatrices, définissant l’assistance publique comme un dispositif « d’inculcation de la vertu à ceux qui s’en sont écartés par la fainéantise, l’intempérance, la prodigalité, l’imprévoyance », Van Parijs prend soin de ne pas trop prendre distance. Au contraire, il y aperçoit un élément précieux : « il ne peut y avoir de redistribution équitable qui ne fasse place à la responsabilité individuelle ». Et lui de préciser : « N’a-t-on pas ici quelque chose de plus satisfaisant que le moralisme de la vertu et l’extrémisme de l’égalité ? »14.

Mais derrière la rhétorique rawlsienne et l’apparente générosité du libéralisme solidariste, on retrouve le vieux thème du moralisme chrétien, largement présent dans l’œuvre de Van Parijs. C’est ainsi, par exemple, qu’il se réfère aussi régulièrement à l’ouvrage de Jean-Louis Vives, ancien professeur à Louvain et Oxford, De l’Assistance des pauvres (1526) dont Van Parijs cite volontiers dans ses articles l’extrait suivant : « À nul pauvre, qui, par son âge et sa santé peut travailler, on ne doit permettre de rester oisif. Ainsi l’écrit l’apôtre saint Paul aux Thessaloniciens : « vous devez vous souvenir que lorsque j’étais parmi vous, je vous commandais et intimais que celui qui ne voudra pas travailler ne mange pas » […] Que les questeurs et vérificateurs examinent avec humanité et bienveillance les besoins des pauvres ; qu’ils ne fassent nul cas des insinuations malveillantes ; qu’ils n’usent point de sévérité sauf dans les cas où ils jugeront nécessaire quelque rigueur contre les obstinés, qui méprisent le pouvoir public et lui résistent ». Commentant ces propos, Van Parijs précise : « Généreuse et radicale sous de nombreux aspects, la proposition de Vives peut sembler d’un autre âge lorsqu’elle touche à la contrepartie en travail exigée des bénéficiaires. Mais l’est-elle vraiment ? ».

Si avec l’œuvre de Van Parijs nous tenons là l’un des maillons essentiels dans la chaîne des relais intellectuels ayant présidé à l’imposition sur la scène publique de l’idée de « pénalisation » de la misère sociale, il faut également préciser les retombées politiques immédiates de son travail et, plus généralement, de la pensée rawlsienne.

À l’heure où Vandenbroucke entre probablement en contact avec cette philosophie sociale d’inspiration anglo-saxonne, d’autres, en effet, ont déjà décidé de l’instrumentaliser à des fins politiques. Anthony Blair, devenu président des travaillistes en 1995, a entrepris la modernisation de son parti15. Le renouvellement idéologique, placé sous la houlette d’Anthony Giddens16, s’appuie sur les travaux du philosophe thatchérien ultra-conservateur, passé au radical-blairisme, John Gray (pour le versant relatif aux politiques policières), mais également sur les thèses de Rawls concernant la justice sociale et, plus particulièrement, la théorie des inégalités bienfaitrices.

A cette même époque, Vandenbroucke adhère au Labour Party. Lorsqu’il revient en Belgique, il travaille alors activement, en coulisse, au rapprochement du « socialiste libéral » Anthony Blair avec le « libéral social » Guy Verhofstadt. Dans son dernier livre d’ailleurs, Vandenbroucke remercie différentes personnalités pour leurs commentaires critiques de son chapitre consacré à la « nouvelle voie de la social-démocratie européenne ». On retrouve ainsi, sans grande surprise, David Miliband que Vandenbroucke a rencontré lors de son séjour à Oxford. Ex-Directeur du « Policy Unit » du 10 Downing Street, David Miliband est député travailliste de Grande-Bretagne. Réputé fidèle à Anthony Blair, il a été envoyé au Premier Ministre belge, Guy Verhofstadt, afin de compléter son « Groupe de Laeken » et de le conseiller dans la préparation du sommet du même nom consacré à l’avenir de l’Europe.

Mais si Frank Vandenbroucke continue à présenter publiquement le concept comme « son » invention, il ne masque pas pour autant systématiquement ses influences. Son dernier livre se veut, en effet, une invitation au dialogue avec les pères de la troisième voie britannique que sont Anthony Giddens et John Gray mais également avec les œuvres de John Rawls et Philippe Van Parijs. Dans cet ouvrage, Vandenbroucke définit l’« État social actif » comme suit : selon l’expression convenue de « crise » de l’État-Providence17 (la « pédagogie de la crise », on le sait, justifie et légitime toutes les démissions) « il convient autant que possible de supprimer ou de corriger les mécanismes de l’actuel système de sécurité sociale qui découragent les gens au lieu de les encourager à être actifs, de façon à ce que le filet de protection sociale ne constitue plus un piège à l’emploi ».

Si l’« État social actif » apparaît donc bien comme l’un des points de convergence de la « nouvelle » droite avec la gauche « moderne » flamande (laquelle s’alimente largement au blairisme), on doit aussi souligner l’apport des formations francophones belges dans l’émergence du concept sur la scène politique. Les années 80, caractérisées par l’avènement du néo-libéralisme triomphant, furent pour la social-démocratie francophone des années de « cure d’opposition ». Devant l’accroissement de la misère et le développement des inégalités sociales, le Parti Socialiste, à l’instar de son homologue français, mais pour des raisons différentes, tentera alors « de construire une doctrine social-libérale susceptible de fonder une nouvelle spécificité de la gauche gouvernementale par rapport à la droite en attirant l’attention sur une manière « de gauche » d’assurer la compatibilité entre le néo-libéralisme et la justice sociale »18. En France, ce fut, selon l’expression de Bruno Théret, le « rawlsisme à la française »19 de la deuxième gauche et du rocardisme ; en Belgique, le « retour du coeur » des socialistes.

Mais dans un cas comme dans l’autre, la « crise » économique des années 90 mit un terme à ce projet « progressiste » de refondation et l’on vit la social-démocratie européenne redécouvrir, une fois encore, « la vieille doctrine sociale du libéralisme selon laquelle les inégalités seraient justes car elles bénéficient aussi aux plus pauvres du fait que ceux-ci reçoivent plus de ressources dans le cas du maintien d’une structure sociale inégalitaire que dans celui où prédomine un égalitarisme niveleur, destructeur des incitations à produire »20. On assista alors à l’alignement idéologique plus marqué encore qu’auparavant du Parti socialiste sur le libéralisme « social » du PRL et à la convocation d’une thèse commune : celle de la « passivité » supposée de l’ « État-Providence » classique.

Deux ouvrages, parus à un an d’intervalle, sont à cet égard emblématiques. Aujourd’hui le futur21, sorti en 1997, est l’œuvre du Président du Parti Socialiste d’alors, Philippe Busquin. Dans le chapitre consacré à « la question sociale », il affirme : « Il nous appartient de prendre en main les rênes de cette transformation par laquelle, selon l’expression retenue par Fitoussi et Rosanvallon, un État passif providence deviendra un État actif providence, capable encore de remplir, mais autrement, ses missions essentielles d’assurance et de solidarité ». Et Philippe Busquin de préciser son absolue adhésion « à la responsabilité contre la lâcheté, contre la victimisation affectée, contre l’innocence radicale et contre l’inclination mentale de l’assisté22 »23. Une rhétorique, à coup sûr, que ne renieraient pas les conservateurs européens, ceux-là même qui, aux dires des dirigeants sociaux-démocrates, seraient leurs principaux adversaires…

De son côté, le PRL soulignera, lui aussi, la nécessité de substituer « au système passif de l’État-providence fondé sur l’indemnisation », « une dynamique d’insertion sur le marché du travail qui considère les individus comme des citoyens actifs et pas comme des assistés à secourir »24. Pour le parti, s’imposait alors l’idée d’un passage de « l’Etat passif-providence » à un « Etat actif-providence », précisant qu’il n’était « pas contre l’Etat, mais pour un Etat qui assume pleinement, avec justice et équité, ses missions démocratiques et politiques », bref « un juste Etat », selon une expression teintée de rawlsisme.

Trois ans plus tard, le « Sommet pour l’Emploi de Lisbonne » devait sacrifier, officiellement, l’« État-Providence » à l’« État social actif ». À la recherche d’une caution intellectuelle, les principaux dirigeants de l’Union invitèrent pour l’occasion Anthony Giddens et Jean-Paul Fitoussi à venir réfléchir sur l’avenir du modèle social européen.

GENÈSE

Les différents agents décrits ci-dessus, dont les réflexions entrèrent en résonance, constituent bien les principaux maillons d’une chaîne de relais ayant abouti, à la fin des années 90, à l’émergence sur la scène publique belge du concept d’« État social actif ». Ils ne constituent pas, pour autant, les véritables fondements idéologiques du concept. Une autre genèse, masquée aussi bien par le discours de la presse belge que par les principaux protagonistes, fait remonter la pénalisation de la misère sociale au conservatisme américain des années 80 et, bien plus loin encore, à la pensée pré-démocratique réactionnaire.

Depuis 1997, la Grande-Bretagne vit, on le sait, sous le régime du « New Deal » d’Anthony Blair. Ce programme socio-économique, officialisant la remise au travail forcé et s’inspirant, comme l’a montré Keith Dixon, du concept de « culture de la dépendance », emprunté aux conservateurs américains et britanniques25, insiste sur « le devoir moral des pauvres de sortir eux-mêmes de leur état de dépendance envers les institutions de l’État social, devenues dans la problématique néo-travailliste l’objet de tous les soupçons, à l’instar de la pensée néo-conservatrice américaine »26. Frank Field, ancien conseiller d’Anthony Blair n’affirma-t-il pas : « Le mensonge, la tricherie, la tromperie sont tous récompensés par un système de protection sociale qui coûte en moyenne 15 livres sterling par jour en impôts prélevés auprès de tous les salariés. […] il est difficile de surestimer les conséquences destructrices que notre système de protection sociale a aujourd’hui dans notre société »27.

Au centre des réflexions travaillistes, se trouve le livre de Charles Murray, Losing Ground28. Dans cet ouvrage le plus marquant des années 80 dans le domaine de la dénonciation morale de l’Etat-Providence aux Etats-Unis, Murray avancait l’idée selon laquelle les allocations sociales encourageraient les pauvres à la paresse. Version soft de la théorie du « salarié paresseux » ou encore du « modèle du tire-au-flanc » décortiqué par Laurent Cordonnier29. Ici aussi, comme le montra Albert Hirschman, la thèse dominante du propos était celle « de l’effet pervers » que Charles Murray définissait alors comme suit : « En essayant de faire plus pour les pauvres, nous avons réussi à faire plus de pauvres. En essayant de faire tomber les barrières qui interdisaient aux pauvres d’échapper à leur sort, nous leur avons par mégarde dressé un piège »30. Cet axiome, cher à la troisième voie social-libérale, en appelle deux autres : l’abolition du droit d’assistance et l’institution du salariat sous-payé en obligation civique.

C’est ainsi que naquit le programme Welfare to Work dont « les néo-travaillistes se défendent de copier le modèle américain, Workfare, même si les ressemblances, jusque dans le vocabulaire utilisé, n’ont échappé à aucun commentateur »31. Un « Workfare » instauré par William Clinton en 1996 et qui, selon Theodor Lowi, s’inspire largement du « Welfare state conservateur : la stigmatisation comme moyen de transformer l’aide sociale en un instrument national d’éducation morale »32. L’équation d’alors était simple : celui qui ne trouvait pas d’emploi après deux ans de « secours » social se voyait contraint d’accepter n’importe quelle « occupation » au risque de perdre ses allocations sociales.

A l’époque, la doctrine utilitariste connut auprès des élites américaines un succès certain ainsi que « la certitude qu’on n’a rien sans rien et donc, réciproquement, celle qu’on n’a que ce qu’on mérite »33. Le « On » dénonçant ici, selon l’expression de Bourdieu, celui qui « se dérobe aux responsabilités, se décharge de sa liberté, s’abandonne à la frivolité et à la facilité, bref, se conduit en assisté qui vit, irresponsable, à la charge de la société »34.

Ce « Welfare state » conservateur, ancêtre de l’« Etat social actif », n’avait pourtant, lui non plus, rien d’original. Dès le milieu des années 70 et le début des années 80, les organismes internationaux, parmi lesquels l’OCDE35, ne cesseront, en réponse à la « crise » du keynésianisme36, d’exiger la mise en place de « politiques actives » remplaçant des « politiques passives » (essentiellement l’indemnisation du chômage et les retraites anticipées) jugées inefficaces. Au niveau belge, le sociologue Mateo Alaluf repère même, dès les années 3037, des mesures « actives » en matière d’emploi, ne différant des pratiques actuelles que par le fait qu’elles ne sont pas nommées telles quelles. Par exemple, les techniques de réquisition des chômeurs, les mesures de réadaptation professionnelles ou encore les dispositifs contre l’ « inaction » des jeunes chômeurs comme les centres de travail pour jeunes chômeurs. Quant à l’affirmation selon laquelle « l’aide aux pauvres ne sert qu’à aggraver la pauvreté – autrement dit, la thèse de l’effet pervers»38, décrite par Albert Hirschman, elle s’inscrit dans le cadre de la « philosophie libérale pré-démocratique des droits naturels et renoue avec le vieux thème des inégalités créatrices et le darwinisme social »39. Et tout ceci, comme le dit Bourdieu, « au nom de la vieille tradition libérale de self help (héritée de la croyance calviniste que Dieu aide ceux qui s’aident eux-mêmes) et de l’exaltation conservatrice de la responsabilité individuelle (qui porte par exemple à imputer le chômage ou l’échec économique d’abord aux individus eux-mêmes, et non à l’ordre social, et qui encourage à déléguer à des niveaux inférieurs d’autorité, région, ville, etc., les fonctions d’assistance sociale »)40.

DIFFUSION

Revenons à présent sur notre interrogation de départ. Quel rôle la presse belge joue-t-elle dans la prise en charge de ce nouveau sens commun socio-économique ? Cette nouvelle pensée « forte », consensuelle et dominante, les médias belges, on va le voir, l’expriment, la relayent et, dans le meilleur des cas, la popularisent pour l’opinion publique. Comment pourrait-il en être autrement ? L’élite médiatique n’est-elle pas, selon l’expression d’Alain Accardo, « l’un des vecteurs les plus puissants de la vulgate économiste aujourd’hui triomphante » et « le chaînon vivant qui assure l’imbrication et la connivence indispensables entre les sphères de la finance et de la politique et la sphère du journalisme »41 ? Encore faut-il discerner les mécanismes argumentatifs, discursifs et rhétoriques à l’œuvre. Ces différents aspects, s’épaulant les uns les autres, on s’attachera moins à les analyser chacun indépendamment qu’à discerner les enchaînements des principales lignes de force se dégageant du discours journalistique.

Pour que l’imposition d’une nouvelle croyance soit efficiente, une condition essentielle est d’abord que celle-ci puisse apparaître comme relevant du « bon sens ». Pour ce faire, les médias belges concrétisent ou, plus exactement, donnent corps au consensus virtuel des partenaires sociaux, Etat, organisations patronales et appareils syndicaux. Ainsi, lorsque la presse belge n’affirme pas que les syndicats souscrivent à l’idée de développer l’Etat social actif (Le Soir, 28 février 2000), ouvre-t-elle ses colonnes à l’Administrateur-délégué de la FEB, lequel confirme que si l’Etat social actif est « intéressant », encore faut-il mettre plus de gens au travail mais mettre moins l’accent sur les allocations et plus sur les responsabilités des gens (Le Matin, 14 septembre 2000). L’argument du « bon sens » peut aussi se traduire par l’apparence de neutralité qu’incarne le discours de l’expertise, de l’institution et du technocrate. C’est ainsi que lorsqu’elle évoque le Ministre Vandenbroucke, la presse belge passe souvent par un titre : « Professeur », « Docteur » ou, mieux encore, « diplômé d’Oxford». De la même façon, la presse interviewera à plusieurs reprises Philippe Van Parijs. Au mois de juin 2001, il devait, à nouveau, intervenir dans les colonnes du quotidien national de référence pour y préciser qu’égaliser complètement pouvait nuire à terme à ceux-là mêmes à qui cette égalisation était supposée bénéficier (Le Soir, 29 juin 2001).

Mais le discours journalistique sur l’« Etat social actif » s’appuie également sur une rhétorique déterminée, celle qui oppose, bloc à bloc, comme le souligne Mateo Alaluf, « les termes d’actif, d’activation et d’activité », connotés positivement, à « leurs antonymes de passif et passivité, connotés négativement »42. L’« Etat social actif » devient ainsi l’antidote de l’Etat providence dont les allocations auraient, dit-on, entraîné à la passivité et à l’oisiveté (Le Soir, 18 mars 2000). Destinés à être activés, les chômeurs de longue durée deviennent alors en toute logique des exclus dont la situation, selon les termes mêmes de Luc Boltanski et Eve Chiapello, « demeure toujours en résonance avec les propriétés négatives attachées à ceux qui en sont les victimes »43. Ils sont alors accusés, par médias interposés, de trouver plus d’intérêt dans le chômage que dans le travail. C’est le retour de l’utilitarisme néo-classique, de cet économisme qui consiste à « considérer que les lois de fonctionnement d’un des champs sociaux parmi d’autres, à savoir le champ économique, valent pour tous les champs » (R.P., p.158) ou encore, selon l’expression de Pierre Bourdieu, « à appliquer à tous les univers le nomos caractéristique du champ économique »44. Indice peut-être de cet inconscient mathématique et marchand, de cet esprit de calcul partagé par l’élite médiatique et qui la pousse à « suspecter » les plus pauvres de mettre consciemment en péril la sécurité sociale.

En présentant le Ministre des Affaires sociales du gouvernement belge comme l’inventeur de l’« Etat social actif », la presse fait l’impasse sur les conditions réelles de production de la doctrine. Si les médias belges reconnaissent publiquement que la nouvelle vulgate est la traduction, façon SP, de la théorie de Tony Blair, mais revue et corrigée (Le Soir, avril 2000), que la formule correspond au slogan lancé par Tony Blair (Le Soir, 18 mars 2000) ou encore, que la troisième voie blairiste correspond à la notion d’Etat social actif (Le Matin, 1er décembre 1999), il n’est jamais fait mention de la genèse réactionnaire de la notion. Au contraire, on disserte volontiers sur une nouvelle synthèse qui se dessine, celle de l’Etat social actif (Le Soir, 24 février 2000).

L’« Etat social actif » est présenté dans la presse belge comme un double « compromis ». Tout d’abord entre libéraux sociaux et socialistes « modernes », comme l’idée majeure d’une « troisième voie » dépassant le clivage gauche-droite, alors même que cette pensée condense en son sein les apports conservateurs du réalisme libéral et du moralisme chrétien. Ensuite, comme la tentative, née d’une volonté politique, de combiner deux éléments considérés comme irréductibles, la solidarité et la propriété, fussent-ils historiquement et organiquement liés.

L’« Etat social actif » s’inscrit parfaitement dans cette représentation médiatique d’un « capitalisme responsable » s’appuyant sur « une croyance dans les bienfaits du marché et la capacité des entrepreneurs à susciter la prospérité générale […] L’Etat pouvant pallier les inégalités que le marché ne résorbe pas, mais en aidant les pauvres méritants et non les profiteurs des politiques sociales »45.

Mais, in fine, ce qui fait l’essentiel de la force du discours médiatique sur l’Etat social actif, c’est bien sa capacité à se présenter comme « un langage politique non marqué politiquement », se caractérisant, dirait Bourdieu, « par une rhétorique de l’impartialité, marquée par les effets de symétrie, d’équilibre, de juste milieu (…) travaillant à annuler la politique dans un discours politique dépolitisé, produit d’un travail de neutralisation ou, mieux, de dénégation, qui vise à restaurer l’état d’innocence originaire de la doxa »46.

Sens commun oblige, le plus grand quotidien belge n’a-t-il pas affirmé, sur le ton de l’évidence, qu’il n’y a pas de droits sans devoirs, de chances d’insertion sans responsabilités à assumer (Le Soir, 23 février 2000). Au-delà même du contenu de la phrase, on retrouve, comme disait Roland Barthes, « le balancement de la syntaxe, l’affirmation d’une loi selon laquelle rien ne s’accomplit sans une conséquence égale, où tout acte humain est rigoureusement contré, récupéré, bref toute une mathématique de l’équation rassure le petit-bourgeois, lui fait un monde à la mesure de son commerce »47. Traduction s’il en est du « On n’a rien sans rien », de ce « règne de l’équivalence »48 qui sied si bien à l’habitus de cette classe moyenne centriste, de cette petite-bourgeoisie niniste avec laquelle tend à se confondre, comme ailleurs, de larges fractions du corps journalistique belge.

CONCLUSION

La description qui vient d’être faite de ce « processus de civilisation », selon la formule de Frédéric Lebaron, par laquelle une philosophie déterminée s’est étendue à différents champs sociaux, apporte un éclairage nouveau sur la problématique de l’« Etat social actif ». Que ce soit, en effet, sur le plan de la théorie ou de la praxis politique, la pénalisation de la misère sociale49, réalité masquée derrière le concept d’Etat social actif, n’a rien de « progressiste » et ne peut, sauf à manquer cruellement de discernement, être marqué du sceau de l’originalité. Il s’agit, bien au contraire, d’une énième tentative de réhabilitation de la social-démocratie où, pour reprendre les termes du sociologue Alain Accardo, « l’humanitarisme moral fait pendant au réformisme politique » dans lequel certains persistent à s’enliser « toujours d’avantage »50. Si l’« Etat social actif » semble donc, à première vue, être avant toute chose l’œuvre d’un SP fortement teinté de blairisme, il est aussi, à mieux y regarder, la doctrine sur laquelle se retrouve, flamandes comme francophones, des formations politiques dont l’adhésion quasi-inconditionnelle au système capitaliste est aujourd’hui évidente.

Si cet article s’est avant tout donné pour objectif celui d’étudier les facteurs idéologiques et strictement politiques ayant présidé à l’imposition de cette doctrine dans l’espace public national belge, il convient toujours de garder à l’esprit que cet « Etat social actif » n’est rien d’autre, in fine, que la réponse apportée par le politique aux exigences d’un patronat belge entretenant des relations étroites avec le bloc au pouvoir51. Ainsi, contre tous les modes de pensée dominants disposés à analyser la réalité contemporaine sous le spectre idéologique de la « nouveauté » politique, l’ « Etat social actif » ne s’inscrit pas en rupture avec une tradition « progressiste » de la social-démocratie. Il est ainsi parfaitement illusoire d’en appeler au retour d’une gauche réformiste et « sociale » qui, sous la seule pression de lobbies citoyens et altermondialistes, pourrait, comme par magie, se libérer de ses « accents libéraux ». L’adhésion de la social-démocratie au marché, sa responsabilité écrasante dans les privatisations52 et sa participation croissante à la criminalisation des résistances sociales, de Clabecq aux TEC en passant par Cockerill, n’est pas le résultat d’un « complot » orchestré par les forces conjointes des multinationales, des ogres financiers et de la « droite », comme l’affirme, à longueur de pages, Claude Demelenne dans son dernier ouvrage53, véritable hagiographie du PS à l’ère Di Rupo. En ce sens, la social-démocratie n’est pas la solution, elle fait au contraire partie du problème.

  1. 1. Lire la revue de L’Observatoire européen de l’emploi (SYSDEM Tendances, n°28, 1997), éditée par la Commission européenne et consacrée à l’activation des politiques « passives » de l’emploi ; le rapport du « Conseil supérieur de l’emploi », s’inscrivant dans la foulée de la résolution du « Conseil européen extraordinaire sur l’emploi » de Luxembourg (1998), où l’on retrouve, entre autres, un intérêt tout particulier pour « l’amélioration de la capacité d’insertion professionnelle » ou encore les rapports faisant suite au « Sommet européen de Lisbonne » de 2000 sacrifiant, officiellement, ledit « Etat-providence » à l’Etat social actif. Au cours du « Sommet de Lisbonne », Anthony Blair et Guy Verhofstadt ont précisé leur souci de « transformer nos sociétés en Etats actifs sociaux ».
  2. 2. OCDE, Cohésion sociale et mondialisation de l’économie, Paris, 1997 ; Famille, marché et collectivité. Equité et efficience de la politique sociale, Etudes de politique sociale, n°21, Paris.
  3. 3. Lire le programme électoral du New Labour Party Ambitions for Britain. Labour’s manifesto 2001. Le Premier ministre travailliste, Anthony Blair, évoque sa vision de l’ « active welfare state ». On pourra également se rapporter au programme social-libéral d’Anthony Blair et Gerhard Schröder, The third way/Die neue Mitte, 1999.
  4. 4. CLUB MERLEAU-PONTY, La Pensée confisquée. Quinze Idées reçues qui bloquent le débat public, Paris, La Découverte, 1998, p.7.
  5. 5. LEBARON Frédéric, La Croyance économique. Les Economistes entre science et politique, Paris, Seuil, 2000, p.7.
  6. 6. VANDENBROUCKE Frank, Op Zoek naar een redelijke utopie. De actieve welvaartsstaat in perspectief, Leuven-Apeldoorn, Garant, 2000.
  7. 7. CLUB MERLEAU-PONTY, op.cit., p.6.
  8. 8. Idem, p.154.
  9. 9. VANDENBROUCKE Frank, Social Justice and Individual Ethics in a Open Society. Equality, Responsibility and Incentives, édité dans Studies in Economic Ethics and Philosophy, Springer Verlag, Berlin.
  10. 10. Philippe Van Parijs est l’un des fondateurs du Basic Income European Network (BIEN). Réseau européen d’intellectuels et associations intéressés par l’idée d’allocation universelle, le BIEN a été créé en 1986 à l’Université de Louvain-la-Neuve.
  11. 11. RAWLS John, A Theory of Justice, Oxford, Oxford University Press, 1972.
  12. 12. VAN PARIJS Philippe, Qu’est-ce qu’une société juste ?, Paris, Seuil, 1991 ; Real Freedom for All What (if anything) Can justify Capitalism ?, Oxford, Oxford University Press, 1995 ; Sauver la solidarité, Paris, Editions du Cerf, 1996 ; avec ARNSPERGER Christian, Ethique économique et sociale, Paris, La Découverte, 2000.
  13. 13. VAN PARIJS Philippe, « Philosophie de la fiscalité pour une économie mondialisée », dans Mouvements, 9/10, mai-juin-juillet-août 2000, pp. 90-99. Une version plus développée est parue dans le Bulletin de documentation du ministère des Finances, Bruxelles, 60 (2), 2000.
  14. 14. Idem.
  15. 15. DIXON Keith, Un digne héritier. Blair et le thatchérisme, Paris, Liber- Raisons d’agir, 2000.
  16. 16. GIDDENS Anthony, Beyond Left and Right. The Future of Radical Politics, Cambridge, Polity Press, 1994 ; The Third Way. The Renewal of Social Democracy, Cambridge, Polity Press, 1998.
  17. 17. Dans son livre, Frank Vandenbroucke, parle de « malaise van de welvaartsstaat », d’« Etats sociaux en danger d’asphyxie » ou encore d’« Etats providence surmenés ». Il revient longuement sur la crise des Etats sociaux décrite par Pierre Rosanvallon et, plus particulièrement, sur son ouvrage consacré à La nouvelle question sociale, Paris, Seuil, 1995.
  18. 18. THERET Bruno, « Rhétorique économique et action politique. Le néo- libéralisme comme fracture entre la finance et le social », dans PERRINEAU Pascal (sous la direction de), L’Engagement politique. Déclin ou mutation ?, Paris, Presses de la Fondation Nationale des Sciences Politiques, 1994, pp. 313-334.
  19. 19. THERET Bruno, « Le rawlsisme à la française. Le marché contre l’égalité démocratique ? », Futur antérieur, 8, 1991b, pp. 39-75.
  20. 20. THERET Bruno, « Rhétorique économique et action politique. Le néo- libéralisme comme fracture entre la finance et le social », dans PERRINEAU Pascal (sous la direction de), L’Engagement politique. Déclin ou mutation ?, Paris, Presses de la Fondation Nationale des Sciences Politiques, 1994, pp. 313-334.
  21. 21. BUSQUIN Philippe, Aujourd’hui le futur, Bruxelles, Quorum, 1997.
  22. 22. C’est nous qui soulignons.
  23. 23. Idem, p.105.
  24. 24. Parti Réformateur Libéral, Rendre confiance. Le Manifeste libéral, Bruxelles, Luc Pire, 1996, p.XXI.
  25. 25. Sur le rôle des think tanks dans l’avènement du thatchérisme et la redécouverte des théories réactionnaires, voir DIXON Keith, Les Evangélistes du marché. Les Intellectuels britanniques et le néo- libéralisme,Paris, Liber-Raisons d’agir, 1998.
  26. 26. DIXON Keith, op.cit., p.91.
  27. 27. FIELD Frank, Making Welfare Work, Institute of Community Studies, 1995, pp. 1-2.
  28. 28. MURRAY Charles, Losing Ground : American Social Policy, 1950-1980, New York, Basic Books, 1984.
  29. 29. CORDONNIER Laurent, Pas de pitié pour les gueux. Sur les théories économiques du chômage, Paris, Liber-Raisons d’agir, 2000.
  30. 30. HIRSCHMAN Albert, Deux Siècles de rhétorique réactionnaire, Paris, Fayard, 1991, p.54.
  31. 31. DIXON Keith, op.cit., p.96.
  32. 32. LOWI Theodor J., « Avant le conservatisme et au-delà. Les idéologies et la vie politique américaine dans les années 1990 », dans Revue française de science politique, n°5, vol.40, 1990, pp. 669-697.
  33. 33. CAILLE Alain, « On n’a rien sans rien. Au-delà du règne de l’équivalence », dans CLUB MERLEAU-PONTY, La Pensée confisquée. Quinze Idées reçues qui bloquent le débat public, Paris, La Découverte, 1998, pp. 17-31.
  34. 34. BOURDIEU Pierre, Ce que parler veut dire, Paris, Fayard, 1982, p.177.
  35. 35. Lire PISCART Eric, L’OCDE face à son discours social. Sens et évolution, Université de Liège, Faculté de Droit-Département de Sciences Politiques, 2000.
  36. 36. OCDE, The Welfare State in Crisis, Paris, 1981.
  37. 37. ALALUF Mateo, Dictionnaire du prêt-à-penser. Emploi, protection sociale et immigration : les mots du pouvoir, Bruxelles, EVO, 2000.
  38. 38. HIRSCHMAN Albert, op.cit., p.221.
  39. 39. THERET Bruno, « Rhétorique économique et action politique. Le néo- libéralisme comme fracture entre la finance et le social », dans PERRINEAU Pascal (sous la direction de), L’Engagement politique. Déclin ou mutation ?, Paris, Presses de la Fondation Nationale des Sciences Politiques, 1994, pp. 313-334.
  40. 40. BOURDIEU Pierre, Les structures sociales de l’économie, Paris, Seuil, 2000, p.23.
  41. 41. ACCARDO Alain, ABOU Georges, BALBASTRE Gilles et MARINE Dominique, Journalistes au quotidien. Outils pour une socioanalyse des pratiques journalistiques, Bordeaux, Le Mascaret, 1995, p.30.
  42. 42. ALALUF Mateo, op.cit., p.10.
  43. 43. BOLTANSKI Luc et CHIAPELLO Eve, Le nouvel esprit du capitalisme, Paris, Gallimard, 2000, p.435.
  44. 44. BOURDIEU Pierre, Raisons pratiques, Paris, Seuil, 1994, p.157.
  45. 45. NEVEU Erik, Sociologie du journalisme, Paris, La Découverte, 2001, p.67.
  46. 46. BOURDIEU Pierre, Ce que parler veut dire, Paris, Fayard, 1982, p.155.
  47. 47. BARTHES Roland, Mythologies, Paris, Seuil, 1957, p.85.
  48. 48. CAILLE Alain, op.cit.
  49. 49. WACQUANT Loïc, Les Prisons de la misère, Paris, Liber-Raisons d’agir, 1999.
  50. 50. ACCARDO Alain, Le petit-bourgeois gentilhomme, Bruxelles, Labor/Espace de libertés, 2003, p.71.
  51. 51. On lira à ce sujet GEUENS Geoffrey, Tous pouvoirs confondus. Etat, Capital et médias à l’ère de la mondialisation, Anvers, EPO, 2003.
  52. 52. Au pouvoir, les socialistes ont participé à la privatisation de la CGER, Belgacom, la Société nationale d’Investissement, la Société nationale du Crédit à l’Industrie, la Régie des Voies maritimes, etc. On lira sur ce sujet, DE SELYS Gérard, Privé de public. A qui profitent les privatisations ?, Bruxelles, EPO, 1996.
  53. 53. DEMELENNE Claude, Pour un socialisme rebelle, Bruxelles, Editions Vista, 2002.