Langue, dialecte, idiome : la terminologie et le fond

Toudi mensuel n°45-46, avril-mai 2002

Les notions de mot et de langue sont parmi les plus employées dans les discours métalinguistiques, tant par les linguistes que par l'homme de la rue. Pourtant, il n'existe pas de définition scientifique consensuelle de ces deux concepts. On pourrait presque dire, par boutade, que deux des termes linguistiques les plus utilisés sont en réalité les moins linguistiques qui soient, ou du moins les plus embarrassants. Or, si les descriptions linguistiques peuvent souvent se passer de la notion de mot (au profit du monème ou du morphème), le concept de langue, par contre, reste presque universellement utilisé, souvent opposé à dialecte ou, moins fréquemment de nos jours, à patois. Ce champ sémantique étant aussi un champ de bataille idéologique ou épistémologique, il est intéressant de s'attarder sur ces mots non innocents et de préciser la terminologie utilisée ici.

L'idiome

Les notions de langue ou idiome utilisées seules ne posent théoriquement pas problème : elles renvoient à un système linguistique, au sens le plus abstrait - pour autant qu'on croie qu'un système linguistique ait des frontières naturelles, structurales, permettant de l'isoler d'un autre système de signes vocaux doublement articulé de même nature. On a alors affaire à une langue ou un idiome, et tout système de même nature doit recevoir le même nom. Le mandarin est une langue au même titre que le wallon, et le vernaculaire noir américain au même titre que l'anglais : «il semble scientifiquement préférable de donner le nom de langue à tout ensemble organisé de moyen de communication par la parole. Les différences que nous avons décrites sont des différences de fonction et non de nature (...).» (Fourquet 1968 : 581).

Il est toutefois rare que le terme langue soit utilisé sans sa contrepartie dialecte. Ainsi - c'est un exemple parmi de très nombreux autres - d'après Fourquet 1968 : 589), il existe, «en première approximation», cinq langues latines dans la Romania occidentale (italien, français, castillan, portugais, catalan) alors que Klinkenberg (1994 : 157), parlant d'une répartition «traditionnelle», en dénombre huit, ajoutant l'occitan, le sarde et le rhéto-roman aux cinq déjà citées (plus le roumain et le dalmate). La différence s'explique non par l'apparition ex nihilo de trois langues en un quart de siècle mais par tout ce qui est implicitement tiré du purgatoire des dialectes.

Étant donné la difficulté à briser le couple langue - dialecte, le terme idiome sera utilisé, dans les pages qui suivent, à chaque fois qu'il sera nécessaire de court-circuiter tout ce que peut éventuellement impliquer la dichotomie langue ~ dialecte.1

Le couple langue - dialecte

Si tous les ensembles de faits linguistiques identifiés par les linguistes ou par la conscience linguistique des locuteurs sont considérés indistinctement comme des idiomes, comment rendre compte de la différence intuitivement sentie entre, par exemple, le danois et le féroïen, entre le castillan, l'asturien et l'andalou, entre le français et le wallon? Puis entre le féroïen, l'asturien, l'andalou et le wallon eux-mêmes?

Les critères fondés sur le statut légal des idiomes nous aident peu, ces statuts étant variés, souvent peu en phase avec le sentiment des locuteurs et incohérents: ainsi, le luxembourgeois est ressenti comme un seul et même idiome au Grand-Duché de Luxembourg, en Belgique, en France et en Allemagne, mais dans un État, il est langue nationale, dans un autre langue régionale endogène et dans les deux derniers... rien du tout2. Les critères fondés sur le caractère endogène ou exogène (Bal 1994 : 7) de l'évolution de l'idiome ne recoupent pas l'opposition traditionnelle langue ~ dialecte : un idiome qualifié de langue tel le finnois n'est pas moins endogène que certains autres qualifiés de dialectes, par exemple l'aragonais. Inversement, on pourrait montrer que quelques caractéristiques du castillan sud-américain proviennent de l'andalou, un dialecte qui a donc connu une évolution exogène.

La langue comme objet social ou la langue-koinè

Sur quel critère peut-on alors fonder la distinction entre les idiomes-langues et les idiomes-dialectes ? Deux paramètres sont très couramment utilisés : le degré d'élaboration et les rapports génétiques.

Dans le premier cas, on distingue d'une part des idiomes connaissant une évolution apparemment naturelle, remplissant des fonctions simples, quotidiennes, et d'autre part des idiomes consciemment élaborés afin de remplir des fonctions plus élevées ou plus utilitaires. Ces derniers - les langues, conçues comme koinès, objets construits et toujours semi-artificiels - se superposent aux premiers, les dialectes, appartenant ou pas à la même famille linguistique. Cette superposition a souvent lieu dans le cadre d'un État, puisque les langues-koinès tendent aussi à devenir langues officielles, ou inversement. Dans certains cas, les langues-koinès officielles tendent également à se voir investies d'un rôle nationalitaire. Les dialectes, par opposition, peuvent être considérés comme non utiles, non civilisés, non officiels et non fondateurs de sentiment national (leurs éventuelles qualités sont ailleurs). S'ils le font, ils peuvent être ressentis confusément ou ouvertement comme ennemis de la langue voire, par contrecoup, de la nation et de l'État.

Le principal problème que pose ce critère est de définir ce qu'est l'élaboration par opposition à un hypothétique «naturel» linguistique. Il existe bien entendu différents degrés d'élaboration: graphisation, diffusion de dictionnaires, de grammaires descriptives, normatives, de cours, de «bons usages», d'une norme écrite, d'une norme parlée, etc.

Outre le fait que cette notion d'élaboration est peut-être proprement européenne (liée à la survalorisation de l'écrit, des langues d'État), et donc difficilement applicable comme critère distinctif dans nombre de communautés linguistiques du monde, on voit que l'élaboration s'accommoderait mal d'une terminologie dichotomique langue ~ dialecte : l'asturien est un idiome parfaitement élaboré mais n'a pas le même statut que le castillan. Le degré d'élaboration de l'occitan n'est pas le même en Val d'Aran (Catalogne), où il est d'usage officiel (Viaut 1987), et en Auvergne, où des questions graphiques sont encore débattues3. Le wallon, s'il n'a pas de standard largement répandu, n'en est pas moins codifié dans son usage littéraire et pédagogique, entre autres par des grammaires prescriptives4.

La langue comme objet linguistique diachronique

Un deuxième critère fréquemment utilisé pour fonder une dichotomie langue ~ dialecte est celui de la génétique. Le dialecte serait une variante géographique (régiolecte) ou sociale (sociolecte) d'une langue mère. Ce critère ne va pas sans poser problème, puisque la langue mère est aussi, forcément, un dialecte d'une autre langue mère. Le français tout court est langue par rapport au français de Wallonie, mais il est dialecte par rapport au latin vulgaire, lequel est lui-même un dialecte du latin...

Ce qui conduit nombre d'auteurs à identifier trois types d'idiomes: les dialectes en amont de la langue, la langue qui sert de référence, et les dialectes en aval de celle-ci. Le dialecte en amont, produit de la diversification d'une langue à un stade ancien, peut aussi s'appeler patois (Martinet 1960 : 152 ; Ducrot & Todorov 1972 : 80), dialecte2 (Martinet 1969 : 157 et sq. ; Klinkenberg 1994 ; Bal 1994), dialecte constitutif, dialecte historique, dialecte «de la langue comme diasystème» (Muljacic 1988 : 43) ou encore, tout simplement, langue (Dalby 1993 : 5; par opposition à «faisceau de langues»). Ainsi, l'asturien serait un dialecte en amont de l'espagnol et l'espagnol parlé en Asturies, un dialecte en aval, ou dialecte1. Certains linguistes occitans (par exemple Bec 1986 : 43) distinguent les dialectes originels de l'occitan (par exemple le gascon), préexistant à la koinè postérieure, et les «surévolutions» plus récentes, par exemple le provençal. Ces distinguos ne sont pas dénués d'arrière-pensées, la différence du dialecte originel étant parée d'une plus grande légitimité.

Il est souvent extrêmement difficile de faire entrer les idiomes dans cette typologie ternaire: tout idiome peut être à la fois dialecte en amont et en aval. Et si tout est dialecte, il n'y a pas de langues (sauf en faisant intervenir alors le critère élaborationnel vu plus haut, ou encore des questions de prestige ou de puissance) mais seulement des groupes linguistiques: Bal (1966) parle de «groupes», Kloss et Muljacic de «langue par distanciation» (voir plus bas), Dalby (1993) de «faisceau de langues», par exemple le faisceau d'oïl (langue signifiant ici dialecte2), ce terme étant repris par Bal (1994) et Klinkenberg (1994).

Enfin, plusieurs évolutions diachroniques peuvent cohabiter en synchronie : ainsi, en Wallonie, le wallon (dialecte2 du latin vulgaire), le français (dialecte2 du latin vulgaire - ou langue du groupe d'oïl) et le français de Wallonie (dialecte1 du français), sans compter les surévolutions (dialectes1) «du» wallon, non seulement cohabitent, mais s'interpénètrent en bien des points.

La langue comme objet linguistique synchronique ou la langue-diasystème

Malgré l'opinion émise entre autres par Fourquet (voir supra), certains linguistes, surtout américains, ont tenté d'objectiver une différence entre dialecte et langue sur la base de critères purement structuraux et synchroniques. Ainsi, Weinreich (1954) considère que deux idiomes pouvant être regroupés dans un même diasystème sont deux dialectes d'une même langue. Labov (1976 : 320 ; 1978 : 85), dans une perspective générativiste, considère que la langue est affaire de structure profonde, le dialecte étant un phénomène de surface dû au fait que les règles transformationnelles variables peuvent s'appliquer dans des ordres différents, avec une fréquence différente, etc.

Dans les deux cas, la langue ne peut jamais avoir d'existence concrète : elle ne peut se matérialiser que sous forme de dialectes. Et dans les deux cas, on peut se demander jusqu'à quel point le diasystème ou la structure profonde ne sont pas une question d'interprétation du descripteur : comment fixer a priori la limite d'étirement du diasystème ou d'approfondissement des règles transformationnelles ?

Dans les faits, on constate certaines hésitations dans la définition des langues-diasystèmes ainsi conçues : ainsi Klinkenberg (1994 : 157) distingue une langue-diasystème d'oïl d'une langue-diasystème d'oc. Ducrot &) Todorov (1972 : 80), en revanche, considèrent encore le «provençal» comme «apparenté au français». Pour compliquer le tableau, nombre d'auteurs ajoutent une langue-diasystème franco-provençale. En outre, l'appartenance du gascon au diasystème occitan est parfois discutée (Klinkenberg 1994 : 227 ; Dalby 1993 : 11 ; Lafitte 1996). Dans un autre domaine, le rhéto-roman a pu être qualifié de dialecte du diasystème italien (Muljacic?ic´ 1983 : 76) avant d'acquérir son autonomie diasystémique. On a longtemps considéré que le catalan et l'occitan avaient un diasystème commun, une structure profonde commune. Ce pourrait encore être le cas de certaines langues scandinaves. Le scots est traditionnement considéré comme appartenant au diasystème anglais, mais les promoteurs de cette langue préfèrent la considérer comme un diasystème propre (Kay 1986).

Il est dès lors difficile de déterminer à partir de quel moment deux idiomes ne doivent plus être décrits comme deux dialectes d'une langue mais comme deux langues5.

Toutefois, on observe aussi que, de manière empirique, un certain consensus existe sur certaines répartitions. Dans le cas qui nous occupe, personne ne nie que le wallon fait bel et bien partie d'une famille d'oïl. Mais il est clair qu'on peut également considérer les différents parlers wallons comme formant un diasystème proprement wallon ou que, au-delà de la langue d'oïl, on pourrait parler d'un diasystème gallo-roman. Il resterait à déterminer à quel niveau cette notion de diasystème a une pertinence synchronique et dans quelle mesure elle permet de rendre compte de certains faits linguistiques liés aux contacts entre communautés, à l'intercompréhension, aux représentations, etc.

À cet égard, sans vouloir remonter à Meyer-Lübke, qui envisageait le wallon comme un diasystème roman particulier (1923 : 8 (t. 1) et 499 (t.4)), sur le même pied que le franco-provençal ou le gascon, il existe manifestement une tradition «ambitieuse» en Wallonie cherchant à poser le wallon comme langue, à créer une représentation élaborée : qu'on songe au Dictionnaire étymologique de la langue wallonne de Ch. Grandgagnage (1845-1880), à l'intitulé Société de langue et de littérature wallonne, à l'opinion de Jules Feller, selon qui «L'ensemble des dialectes wallons forme une unité linguistique d'un ordre supérieur. On peut considérer d'appeler cette unité langue wallonne ou wallon.»6 (Feller 1912 : 8), au projet avorté de la SLLW d'un Dictionnaire général de la langue wallonne ou encore, plus près de nous, à l'opinion exprimée à ce propos par Willy Bal (1994).

Dans cette optique, le concept de «langue polynomique», proposé par Marcellesi (1954 : 314) semble bien adapté au cas du wallon : ces langues sont celles «dont l'unité est abstraite et résulte d'un mouvement dialectique et non de la simple ossification d'une norme unique».

La langue comme objet idéologique

Comme on le voit, les définitions du couple langue ~ dialecte restent souvent vagues et contradictoires. De fait, dans de nombreux cas, la dichotomie instaurée entre ces termes n'est pas scientifique mais relève des représentations, voire de l'idéologie : les gens civilisés parlent des langues, les sauvages ont des dialectes, des patois ou des parlers. La capitale parle une langue policée, la province parle des dialectes ou des patois mal dégrossis... (Calvet 1974 : 40-54)7.

Thiers (1986 : 66) fait remarquer que «le discours des linguistes ou des dialectologues n'est pas plus objectif que les autres, s'ils n'incorporent pas, comme donnée épistémologique de la définition [des concepts de langue et de dialecte], l'action spécifique de leur propre discours en tant que pratique exerçant ses effets sur l'objet décrit.» Ainsi, quand Martinet se demande «Dans quelle mesure sommes-nous autorisés à parler du breton comme d'une langue?», craignant «d'encourager les aspirations d'une poignée d'intellectuels bretons» (cité par Éloy 1997 : 126 ; voir aussi Martinet 1969 : 158), on ne peut s'empêcher de penser que sa distinction entre langue et non-langue ne fait qu'entériner, voire justifier, une politique centraliste cherchant à dévaloriser ce qui n'est pas français.

Dans le cas qui nous concerne, la question de savoir si le wallon est une langue ou non n'est pas triviale dans le cadre d'une étude sur la substitution linguistique : entre autres parce le terme utilisé pourrait avoir un retentissement sur l'évaluation de l'idiome par ses propres locuteurs. Mais aussi parce que certains n'acceptent pas de faire figurer parmi les langues menacées des idiomes qu'ils considèrent comme des dialectes. Partant, le peu d'attention ou d'aide dont pourraient bénéficier les communautés parlant des langues menacées est même refusé aux communautés parlant des dialectes.8 Compte tenu de ces ambiguïtés pas toujours innocentes et de l'utilisation purement idéologique faite du mot dialecte, Calvet (1974 : 54) et d'autres se refusent tout net à employer ce mot : tout est langue.

Conclusion

Deux types de critères sont essentiellement utilisés pour fonder une définition du couple langue ~ dialecte, du moins chez les auteurs qui croient en la pertinence d'une telle dichotomie :

  • des critères internes. Un dialecte est alors une variété d'une langue et la langue est un diasystème regroupant des dialectes apparentés (qu'il s'agisse de dialectes1 ou de dialectes2). Le diasystème n'a pas de réalisation concrète et tout idiome actualisé est, en dernière analyse, un dialecte. On pourrait parler d'une définition «linguistique» de la langue. Les pages qui suivent utiliseront le terme langue-diasystème.
  • des critères externes. Une langue est un idiome qui a été élaboré, construit en vue d'exercer certaines fonctions de prestige. Un idiome non élaboré est un dialecte. On pourrait parler d'une définition «sociale» de la langue. Les pages qui suivent utiliseront le terme langue-koinè.

Le flou terminologique que nous avons évoqué ci-dessus peut alors être imputé :

• soit à une non-distinction, une confusion entre les deux types de critères. Ainsi, par français, on entend à la fois le diasystème d'oïl et la langue standard française (telle qu'enseignée dans les écoles, décrites dans les ouvrages de référence, etc.). Les divergences d'opinions entre Fourquet et Klinkenberg quant au nombre de langues romanes (voir plus haut) s'expliquent ainsi par le fait que le premier parle des langues-koinès et le deuxième des langues-diasystèmes.9

• soit à l'utilisation d'un seul des deux critères. Ainsi, certains ne considèrent que les langues standard (élaborées) et ignorent le reste, alors que d'autres se concentrent sur la variété observable dans le discours en ignorant le rôle de la construction sociale de la langue. Nous verrons plus loin que le premier risque se fait sentir surtout chez certains structuralistes, alors que la seconde attitude est sensible chez certains dialectologues.

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  1. 1. Cf. Muljacic?ic´ (1983 : 71) : «Ceux que gêne le couple : dialecte-langue, peuvent utiliser le terme idiome (...) qui neutralise l'opposition citée
  2. 2. La France prévoyait une reconnaissance du luxembourgeois (nommé «francique mosellan») par le truchement de la Charte européenne des Langues régionales. Celle-ci a cependant été déclarée «contraire à la Constitution» et n'est donc toujours pas ratifiée par la France.
  3. 3. On trouvera un écho de ce débat dans Liethoudt (1994 : 123-125), Graphies particulières ou graphies communes ? Le point de vue d'un éditeur en langue non-officielle in Approches épistémologiques de l'écrit, Liaisons-HESO, n°23-24, octobre 1994.
  4. 4. Ainsi, les cours de wallon organisés à Namur par les Rèlîs namurwès (association littéraire) et Li walon è scole (association promouvant l'usage du wallon à l'école) se fondent explicitement sur la langue telle qu'elle est définie dans des grammaires comme celles de Léonard (1952) ou Viroux (1982), mais aussi dans le dictionnaire de Léonard (1987), sans compter certaines œuvres littéraires de référence, par exemple celles d'Auguste Laloux.
  5. 5. Par exemple J.-G. Cochrane étudie les voyelles de l'anglais d'Australie (un dialecte) comme un diasystème (Word 1959; 15 : 69-88), alors que E. Pulgram parle d'un «proto-diasystème» sous-tendant toutes les langues romanes (Word 1964; 20 : 373-384). Lors du colloque Écrire les langues d'oïl (Charleroi 27-28 septembre 1997), une partie des débats a porté sur la question de savoir s'il est possible, ou plutôt s'il est pertinent, de décrire le système vocalique de toutes les langues d'oïl comme un seul diasystème.
  6. 6. Feller précise que la différence entre le français et le wallon est accidentelle : il s'agit de l'inexistence d'une koinè pour le domaine wallon.
  7. 7. Au relevé de Calvet, on pourrait ajouter ces remarques de Martinet : « Les dialectes2 (...) ne survivent, dans leur majorité, que comme moyens de communication appauvris de groupes attardés.» (1969 : 158) et «Seul un petit nombre de vieilles paysannes, généralement simples d'esprit, ne parlent que le dialecte2, tout en comprenant le français parlé (dialecte1).» (1969 : 163) On cherche en vain dans le contexte une trace d'ironie.
  8. 8. Ainsi, la Charte européenne des Langues minoritaires et moins répandues précise qu'elle n'est pas d'application pour les «dialectes de la (des) langue(s) officielle(s) de l'État.» Voir à ce sujet Fauconnier 1992 et Viaut 1997.
  9. 9. Ce qui est d'ailleurs révélateur d'une certaine évolution de la pensée linguistique en un quart de siècle.