Le redressement économique wallon est à l'œuvre

Toudi mensuel n°74, février-mars-avril 2007

L'économie se porte mieux en Wallonie

Le titre de cet article est la phrase de conclusion du discours que le Ministre-Président du Gouvernement wallon a prononcé devant le Parlement wallon le 31 janvier 2007 sur « l'état de la Wallonie » comme le Gouvernement wallon s'y était engagé lorsqu'il a adopté le « plan Marshall »1 en septembre 2005. En fait, il ne s'agit pas de l'état général de la Wallonie mais plutôt de faire le point sur le redressement économique.

Dans cette perspective, l'état de la Wallonie s'articule fort logiquement en cinq thèmes principaux :

  • -créer de l'activité,
  • créer de l'emploi,
  • cultiver l'excellence,
  • valoriser notre position géographique,
  • opérer un développement durable.

Ces thèmes recoupent les cinq priorités du plan Marshall :

  • stimuler la création d'activités,
  • susciter des compétences pour l'emploi,
  • doper la recherche et l'innovation,
  • créer des pôles de compétitivité,
  • alléger la fiscalité sur l'entreprise.

Pour justifier que le redressement économique est à l'œuvre, Le Ministre-Président cite de nombreux chiffres. La plupart de ceux-ci sont reproduits tels quels dans le tableau annexé avec les comparaisons citées dans le texte. Servant d'illustrations au propos, on ne doit pas s'attendre à une analyse critique de leur pertinence ou des comparaisons avec d'autres régions. On doit, cependant, reconnaître qu'ils couvrent ce qu'on considère généralement comme utiles à un diagnostic économique.

Leur examen montre clairement que l'activité économique en Wallonie se porte mieux et continue à se porter mieux, atteignant des performances dans certains domaines.

A de nombreuses reprises, Toudi a montré que depuis 1986, le déclin wallon était stoppé et qu'un redressement, certes lent au début s'était amorcé sous l'effet conjugué des Gouvernements wallons successifs, des acteurs économiques et sociaux, des mouvements associatifs et culturels. Cela se vérifie aujourd'hui avec plus d'évidences.

Chiffres relatifs à l'économie en Wallonie

cités par le Ministre Président du Gouvernement wallon le 31 janvier 2007

Wallonie

Flandre

Belgique

UE - 12

Taux d'endettement budget en 2000

88,92 %

en 2006

72,70 %

Croissance du PIB en 2006

2,6 %

2,6 %

prévision 2007

2,2 %

2,0 %

2,1 %

Baisse du nombre de faillites en 2005

-5,25 %

-5,8

-2,54 %

Création nette d'entreprises en 2005

+ 2,3 %

+ 2,6 %

Installations d'entreprises en 2005

435

34

Exportations période 1996-2005

+ 9,4 % /an

+7,8 % /an

+ 6,6 %/an

Nombre de travailleurs occupés 2005-2004

+31.000

+ 39.000

Diplôme enseignement secondaire supérieur

dans la population âgée de 25 à 64 ans 2002

57,5 %

Idem 2006

63,5 %

Diplôme enseignement supérieur

dans la population âgée de 25 à 64 ans 2006

28,7 %

30,5 %

27,0 %

Idem, progression 2004-2005

+ 1 %

+ 0,4 %

Budget formation en 2004 (millions €)

160,8

Idem en 2007

258,0

Dépenses publiques en formation (2007)

74,60 €/hab

31,47 €/hab

Dépenses en R&D (2003)

1,99 % PIB

2,08 %PIB

1,89 %PIB

1,95 %PIB

Dépenses en recherche (2007)

75,92 €/hab

71,58 €/hab

Spin-offs issues des universités,créations

150

145

dont encore en acivté

120

98

Zones d'activités économiques: nombre

130

: superficie

12.119 ha

: entreprises

5.000

: emplois

150.000

Un angle bien particulier

Le plan Marshall lui-même ne concerne qu'une part de l'économie wallonne, à savoir : les secteurs industriels opérant à un niveau international voire mondial abordés sous leurs différents aspects. C'est, évidemment, important pour le développement de la Wallonie, même si, comme nous l'avons fait remarquer dans l'article cité ci-avant.

On se trouve dès lors en présence d'un « état partiel de la Région ». Certes, de nombreuses autres questions sont citées sans être ni réellement abordées ni chiffrées : c'est le cas du logement, de la pauvreté et de la précarité, de l'enseignement, de la culture, de la mobilité et du transport, mais surtout du développement des services privés ou publics, marchands et non marchands : tourisme, soins de santé, services aux personnes, éducation, aides à la jeunesse, etc. La seule allusion concerne le secteur des aides familiales dont le montant d'heures subsidiées sera augmenté de 18.000 heures, soit de quoi assurer en plus une heure par semaine à 3.600 ménages ou une heure par jour à 50 ménages, vraiment peu de chose en regard des besoins non encore satisfaits.

L'ensemble des secteurs d'activités non directement insérés dans la mondialisation représente environ 70 % des emplois en Wallonie et ce sont précisément des secteurs qui se développent. Il faudrait un « état de la Région » qui concernerait ces secteurs sous tous leurs aspects : sociaux, économiques, financiers, fiscaux, budgétaires et leur rentabilité financière, certes, mais aussi sociale et humaine.

Parallèlement, on ne peut plus passer sous silence la nécessité urgente de mesures d'économie d'énergie et de développement des énergies renouvelables dans une perspective climatique, certes, mais aussi de développement durable.

Une ouverture bien venue

Dans le débat au Parlement wallon qui a suivi le discours du Ministre-Président, l'intervention du chef de groupe socialiste, le député wallon Maurice Bayenet, est remarquable. Le mieux est d'en citer quelques extraits2.

« Il est plus que temps de s'interroger sur les conséquences, les dérives de la globalisation de l'économie. Il est plus que temps que les pouvoirs publics imposent une forte régulation de l'économie de marché à tous les niveaux : mondial, régional, européen et belge. Nous ne voulons pas de cette économie débridée, déshumanisée, qui démantèle les services publics. »

« Le Ministre-Président a présenté les principaux indices économiques qui caractérisent la Wallonie. Ils sont essentiellement de nature économique, comme le PIB ou le PIB par habitant. On pourrait, aussi, évaluer la valeur d'une entité économique comme une Région à l'aide d'indicateurs de développement social, éducatif, culturel et environnemental. »

« Tous les plans de redressement insistent sur la nécessité de stimuler davantage l'esprit d'entreprendre. Je dirais plutôt la nécessité de mieux stimuler l'esprit d'entreprendre. Entreprendre de manière responsable. Création de richesses, oui, mais des richesses qui profiteront, demain,à l'ensemble de la population. »

« En matière d'environnement, il y a une troisième voie. Ceux qui pensent, comme nous, que l'environnement n'est pas une fin en soi et que la préservation de l'environnement doit être liée à un bien-être social.»

« Respect de tous les hommes et de toutes les femmes. C'est aussi l'objectif du Plan « Inclusion sociale ». Il est bel et bien le complément naturel du « Plan Marshall ». Deux axes majeurs constituent la colonne vertébrale de ce plan. Un axe « un logement décent pour tous » et une société « seniors admis ».

Voilà une position clairement exprimée qui appelle le Gouvernement wallon mais aussi les Wallonnes et les Wallons à la réflexion, certes, mais aussi à l'action dans une perspective autre que celle du seul profit immédiat et à des réelles solidarités.


  1. 1. Rappelons qu'une analyse du plan Marshall a été faite dans TOUDI, n°69, octobre-décembre 2005 : Avenir économique de la Wallonie.
  2. 2. Parlement wallon. Compte rendu analytique 11 (2006-2007) - mercredi 31 janvier 2007, pages 39, 40 et 41.