L'enfant et l'éducation aujourd'hui

1 juillet, 2012

Extraits de Sur l'affaire humaine. Voyez Critique : SUR L'AFFAIRE HUMAINE (de Luc Dardenne)

« L'enfant qui vient au monde trouble parce qu'il a le visage de Janus : il est à la fois annonce de la mort de l'adulte demande d'amour pour lui qui va mourir. La réponse à cette demande d'amour continue aujourd'hui d'être majoritaire, mais des faits divers semblent dire que l'enfant apparaît de plus en plus comme le rival, qu'il est de plus en plus perçu par l'adulte comme celui qui annonce sa mort. » (p. 172) Cette perception ne se produit pas dans des sociétés surpeuplées mais dans nos sociétés de consommation « qui produisent des individus adultes qui ne s'acceptent plus comme mortels, qui s'imaginent éternels (...) Ces adultes devenus puissants se prennent pour des rois redoutant la venue de celui qui pourrait les renverser. Seul l'amour de l'adulte qui fait le sacrifice de sa puissance permet d'aimer cet enfant au point d'accepter la mort que celui-ci annonce, au point de mourir pour lui, de donner sa vie pour lui. Et cela ne se fait pas dans la douleur, sauf pour celui ou celle qui n'arrive pas à se reconnaître mortel, qui doit perdre une trop grande puissance. Amour infini, inconditionné, qui concerne autant les hommes que les femmes. » (pp. 172-173)

Il y a une peur de mourir aujourd'hui correspondant à une vie « hyper-stressée », une « sur-vie » qui selon l'auteur est « à mettre en rapport avec notre nouveau savoir de l'ultime et radicale vérité qui, pour nous, Européens, apparaît à la fin de la longue agonie de Dieu. Il n'y a qu'une seule et unique vie : celle du corps. Il n'y a de vie que celle de notre corps désormais seul, simple, sans double, sans ailes, sans « âme », sans au-delà, sans rêve, sans l'ombre d'une consolation ». » (p.175) de sorte que « Encore héritiers malheureux de la mort de Dieu, nous ne pouvons nous penser que comme solitudes en désir d'éternité, incapables de sortir de ce deuil pour entrer dans une relation aux autres, entre mortels. » (p.177)