Les Tsunamis du 26/12/2004, et chez nous ?
Les tsunamis du 26 décembre 2004 ont soulevé de nombreuses questions. En réaction à la catastrophe humanitaire, on évoque aujourd'hui un système coordonné d'alerte aux tsunamis. On ne peut que saluer la volonté de protéger les population, même si des doutes subsistent encore au sein de la communauté scientifique quant à la faisabilité de ce projet. Pour comprendre cette catastrophe et les enjeux qui y sont liés, un petit peu de vulgarisation s'impose. Donc, qu'est-ce qui provoque un tsunami ?
Un peu de géophysique
La Terre est un sphère d'à peu près 6370 km de rayon. Cette sphère ressemble à un oignon : elle est composée de couches. Et chacune de ces couches présente des caractéristiques propres. En simplifiant très fort, on peut ramener la structure à trois couches principales : le noyau, le manteau et l'écorce, ou croûte. Au centre de la Terre, donc, on trouve un noyau de 2885 km de rayon. Composé essentiellement de nickel et de fer, il est très chaud ( plus de 4000°C ) mais reste solide à cause de la pression. Autour de ce noyau, on trouve le manteau qui fait à peu près 2800 km d'épaisseur. On le décrit souvent comme fait de magma, c'est à dire de roche fondue. Sa température varie de 700 à 4000°C. La réalité est qu'il se comporte comme un solide ou un liquide selon les circonstances. Un adjectif pratique pour le décrire est « pâteux ». Au dessus du manteau se toruve l'écorce, ce bon vieux plancher des vaches que nous connaissons tous. Son épaisseur varie de 150km à seulement 30km sous les océans. En comparaison, si la terre avait la taille d'un œuf, l'écorce serait plus fine que la coquille !
Nous avons donc un noyau solide recouvert d'un manteau « pâteux », semi-liquide. Il se produit donc au sein du manteau le même phénomène que dans une casserole de soupe mise sur le feu : des courants de convection. De même que l'eau du fond, plus chaude, remonte à la surface par le centre pour redescendre ensuite par les côtés, le magma situé plus près du noyau est plus chaud, il s'élève donc, se refroidit au contact de l'écorce et redescend un peu plus loin. Juste sous l'écorce, le manteau présente donc des mouvements horizontaux. Voilà notre coquille d'œuf soumise à un rude traitement ! Et elle n'en sort pas indemne.
Ces mouvements du manteau provoque dans la croûte des tensions terribles qui la fracture en une dizaine de plaques dites «tectoniques ». Et ces plaques se déplacent l'une par rapport à l'autre selon les courants sous-jacents comme un radeau sur une rivière. Les plaques peuvent avoir trois comportements : se rencontrer, se séparer ou glisser l'une contre l'autre.
Lorsqu'elles se séparent on asiste à la formation d'un rift qui peut évoluer en dorsale médio-océanique. Les deux plaques s'éloignent lentement et, dans les interstices, le magma peut s'inflitrer et combler les espaces vides. La réalité est un peu plus complexe mais l'image est parlante. C'est ce qui se passe au milieu de l'Atlantique, qui s'agrandit chaque année de trois centimètres. Et l'Islande n'est rien d'autre que le sommet de cette gigantesque cordillère de volcans. C'est également ce qui se passe en Afrique, dont le Grand Rift génèrera probalement un nouvel océan.
Lorsque deux plaque glissent l'une contre l'autre, les frottements sont terrifiants. Imaginez deux plaques de roches tentant de glisser l'une contre l'autre. Le meilleur exemple est celui de la faille de San Andréas, en Californie, dont les sautes d'humeur font les cauchemards des habitants et la fortune des producteurs de films catastrophes.
Enfin, deux plaques peuvent se rencontrer. S'il s'agit de deux plaques continentales, elles se percutent et donnent naissance à des montagnes gigantesques. C'est le cas de l'Himalaya. Si la rencontre se fait entre une plaque continentale et une plaque océanique, l'océanique, plus dense, passe en dessous du continent en ce quon appelle une subduction. Les exemples de subductions sont nombreux. On peut citer le Pacifique qui passe sous l'Asie, donnant naissance au Japon, ou sous l'Amérique du Sud, provoquant la surrection des Andes. Quant à Sumatra, elle résulte de la subduction de la plaque indo-australienne sous la plaque asiatique.
Des plaques aux tsunamis
A Sumatra, donc, la plaque indo-australienne passe s'enfonce sous la plaque eurasiatique. Les îles de l'Indonésie sont le résultat de cette collision. Mais le glissement de deux plaques tectoniques ne se fait pas comme celui d'un patin à glace sur la patonoire. Cest rgueux, il y a de la pression. Il y a donc accumulation de tension dans la roche jusqu'à ce que le point de rupture soit atteint. Et à ce moment ,c'est le tremblement de terre, le séisme. Le mouvement se fait, provoquant des vibrations terribles dans la roche.
Il n'existe à ce jour pas de méthode fiable pour prédire les séismes. On peut juste définir des niveaux de risque, mais ce n'est pas la panacée. Pour comprendre, imaginons un Casino des Séismes. Chaque pays dispose de sa roulette avec des cases blanches et une case rouge. On fait un tirage tous les mois, si la bille tombe sur la case blanche, il ne se produit rien, si elle tombe sur la case rouge, il y a séisme. La proportion entre cases blanches et rouge reflète le niveau de risque. Imaginons que la Wallonie ait 1 case rouge pour 100 cases blanches et Sumatra 1 case rouge pour 10 cases blanches. Sumatra a donc 10 fois plus de (mal)chances de subir un séisme que la Wallonie. Mais il y a aussi une question de hasard. Avec de la chance, les Indonésiens peuvent tirer 20 fois de suite des cases blanches, de même que la Wallonie peut tirer 3 fois de suite la case rouge ! Sur de courtes périodes, le hasard joue pour beaucoup. Sur de longues périodes, les statistiques vont jouer et le nombre de séismes concindera avec le risque. Il y a donc des probabilités, mais pas de certitudes.
Quand un tremblement de terre se déroule sous la mer, la vibration du plancher océanique entraine une ondulation de la masse d'eau. C'est un peu comme l'eau d'un verre posé sur une table. Si vous frappez la table, l'eau vibre. C'est pareil. Cette vibration, c'est ce qu'on appelle un raz-de-marée ou, en jargon, un tsunami ( du mot japonais pour désigner le phénomène ). En mer, la vibration est ample mais faible. Elle a une très grande longueur d'onde mais la hauteur de la crête est assez petite. Les bateaux ne la ressentent même pas ! C'est à proximité des côtes que les choses se compliquent... Représentez-vous l'ondulation comme une grande roue qui roule dans la mer. Seule une faible portion de la roue émege, ce qui explique que les bateaux ne la sentent pas. Arrivé près des côtes, la profondeur diminue, la roue est « gênée » par le fond de la mer, elle se soulève et se brise. C'est le tsunami.
Et en Wallonie ?
La Wallonie n'est pas située à la frontière de plaques. Elle ne figure donc pas dans les régions les plus à risques du continent européen. Il existe toutefois deux sources de séismes dans notre pays ou à proximité immédiate.
La première source est ce qu'on appelle le Graben du Rhin. Un graben, c'est un fossé d'effondrement. Une zone longue et étroite entourée de failles. L'écorce subit des tensions d'écartement, elle se fracture et la partie du milieu descende. Regardez une carte du relief de la frontière franco-allemande, On voit une belle plaine allongée, l'Alsace, entourée de contreforts, les Vosges et la Forêt Noire. C'est le Gaben du Rhin. Celui-ci se prolonge en fait jusqu'aux Pays-Bas. C'est la principale cause de séisme dans la région de Liège.
La seconde source est plus spécifiquement wallonne. Des sondages sont révélé la présence d'évaporites sous Saint-Ghislain. Les évaporites sont des roches formées par l'évaporation de l'eau de mer dans des lagunes et par accumulation des matières qui y étaient en dissolution. Il y a donc une couche de « sels » de 700m d'épaisseur sous la région montoise. Les fuident qui circulent en profondeur dissolvent ces évaporites et créent des cavités. Quand ces cavités s'effondrent, il y a un tremblement de terre. Cette couche est profonde, aucun risque, donc, de voir la maison d'un homme politique arborant un nœud papillon disparaître dans les entrailles de la terre. Par contre, d'une manière générale, la région de Mons subit une subsidence, c'est à dire qu'elle s'enfonce par rapport aux régions avoisinantes.