Révélations multiples de l'affaire Francorchamps
On oublie que l'affaire Francorchamps a débuté en 1997 par une loi fédérale interdisant la publicité pour le tabac et dont les députés wallons n'avaient pas compris l'impact négatif qu'elle aurait sur l'organisation du Grand Prix de Francorchamps. On pourrait faire un cours sur les Institutions de l'Etat belge à partir de cette seule affaire. Car les différents protagonistes de ce conflit ont mis en jeu, à partir de 1997 jusqu'à 2003, tous les rouages de l'Etat belge. Il vaut la peine de rappeler ces rétroactes : la chronologie sur le plan institutionnel fait partie des éléments d'un dossier objectif que l'on doit construire sur cette affaire révélatrice.
Chronologie de « Francorchamps » sur le plan institutionnel
La compétition automobile « Grand Prix de Belgique » à Francorchamps n'est possible que si la publicité pour le tabac y est tolérée. À peu près toutes les institutions de l'État belge sont entrées en jeu d'où l'intérêt de cette chronologie. Chaque fois que l'une d'entre elles apparaît, elle est mise en caractères gras. Nous avions commencé cette chronologie en novembre/décembre 2002...
1997
9 janvier: Vote par le Parlement fédéral (Chambre) de l'interdiction de toute forme de publicité pour le tabac (quelques exceptions mises à part), selon le schéma classique: majorité contre opposition..
9 janvier: le Premier Ministre wallon, Robert Collignon, annonce que son gouvernement qui finance des travaux importants sur le circuit tentera d'obtenir une dérogation.
février: prise en considération au Parlement wallon d'une proposition de décret autorisant la pub tabac pour certaines manifestations sportives.
27 novembre: le Parlement fédéral (Sénat) rejette un amendement à la loi sur la publicité en faveur du tabac votée par la Chambre par 33 voix contre, 27 pour et 4 abstentions, le vote a été acquis à la suite d'un scrutin Flamands contre Wallons.
4 décembre 1997: le Gouvernement wallon décide d'utiliser tous les moyens légaux pour empêcher l'application de la loi à Francorchamps. Le Gouvernement a introduit un recours devant la Cour d'arbitrage. Il « mettra tout en oeuvre pour sauver Francorchamps ».
30 décembre : Le juge en référé Claude Viellevoye (Verviers) se déclare incompétent face au recours contre la loi introduit notamment par le Gouvernement wallon.
1998
17 mars : Une Commission du Parlement fédéral (Chambre) approuve une proposition de résolution soulevant un « conflit d'intérêts » avec le Parlement wallon (dont la proposition de loi n'a pas encore été votée).
Juillet: une directive européenne antitabac est rédigée, mais elle tolère les organisations parrainées par le tabac jusqu'en 2006.
16 décembre: le Parlement wallon vote un décret « Francorchamps ». Avant même que ce décret ne soit voté, le Premier Ministre fédéral annonce que le Gouvernement fédéral va déposer un recours à la Cour d'arbitrage.
18 décembre 1998: Le ministre fédéral Colla annonce au Gouvernement qu'il dépose un recours à la Cour d'Arbitrage contre le vote du décret wallon.
1999
30 septembre: La Cour d'arbitrage rend un arrêt « à la Salomon » qui confirme la loi antitabac votée par le Parlement fédéral (confirmé dans sa compétence en ce domaine), mais permet d'organiser Francorchamps jusqu'à l'année 2002 (incluse). Le Ministre wallon de la santé Thierry Detienne déclare qu'il regrette cette décision mais s'incline.
2000
4 octobre: la Fédération Internationale de l'Automobile déclare qu'elle va interdire la publicité sur le tabac à l'échelle mondiale.
5 octobre: la Cour de justice européenne abroge la directive européenne antitabac.
2001
2002
18 juillet: le Parlement fédéral (Sénat) rejette, Flamands contre Wallons, une proposition de loi visant à modifier la loi antitabac votée par la Chambre le 9 janvier 1997.
24 juillet 2002: La secrétaire fédérale Ecolo E. Huytebroeck affirme son soulagement devant le rejet de l'amendement destiné à sauver Francorchamps et se réjouit de l'opposition flamande: « Je crois qu'au nord une partie des parlementaires voteront contre Francorchamps juste pour embêter les gens du sud et faire monter la fièvre communautaire. Particulièrement, si c'est Jean-Marie Happart qui dépose la proposition. »
21 novembre: le Parlement fédéral (Sénat) adopte de toute justesse (malgré encore une majorité de sénateurs flamands hostiles appuyés par les Écolos) une modification de la loi interdisant la publicité pour le tabac... Quelques jours plus tard la Chambre rejette cette modification de la loi.
2003
Après les élections régionales du 18 mai, le nouveau Parlement fédéral (Chambre et Sénat) adopte la fameuse modification de la loi allant dans le sens du rétablissement de Francorchamps. Le vote de la Chambre intervient le 30 juillet 2003.
Sur le plan économique et gestionnaire : la bouteille à encre
Le débat à la RTBF du dimanche 12 février a démontré toute la difficulté à établir une chronologie dans ce domaine. La seule objectivité à laquelle on soit contraint ici, c'est de mentionner les positions des uns et des autres. On a dit que les accords mis en place en 2003 étaient très favorables à Ecclestone, mais que, de plus, ils obligeaient la Wallonie à devoir payer des sommes énormes pour le maintien de Francorchamps. On a parlé de 60 millions d'€, de 100 millions d'€ voire même de 200 millions d'€ (le chiffre a été cité à la RTBF ce 12 février). Des études ont été menées aussi sur les retombées économiques du Grand Prix, parlant parfois (en anciens francs belges), soit de milliards de retombées, soit de quelques centaines de millions. Jean-Marie Happart citait aussi le 12 février le chiffre de 250 emplois liés au Grand Prix. Il faudrait sans doute plutôt lire « concernés par le Grand Prix », car ce chiffre semble trop élevé. Autant que les 200 millions d'€ évoqués. En ce qui concerne les dépenses, il faut aussi avoir l'honnêteté de dire s'il s'agit de dépenses sur une année ou sur plusieurs années. Ce à quoi le Gouvernement wallon s'engage pour le moment c'est à une dépense de 36 millions d'€ , 18 pour les infrastructures (et pour le long terme), et 18 (3 x 6), à verser à Ecclestone pour le Grand Prix lui-même, les trois années qui viennent. Il y a aussi une étude de l'université de Liège que l'on attend sur ces fameuses retombées : nous attendrons de nous prononcer avant qu'elle ne soit réalisée. Les choses ne sont pas claires en ce qui concerne les véritables obligations de la Wallonie par rapport à Ecclestone. Serge Kubla a sans doute raison de dire (ou d'estimer), que le Contrat n'obligeait en rien la Wallonie à payer des indemnités en cas de non organisation du Grand Prix. Mais il est certain que le Gouvernement wallon n'en soit pas sûr, ou ne soit pas sûr de ce qui se passerait au cas où cette affaire serait portée devant les tribunaux...
Sur le plan idéologique
Comment juger de l'opportunité de ces dépenses ? Il est clair que l'on peut soutenir raisonnablement que c'est trop, qu'autant d'argent public ne doit pas être investi dans l'organisation d'un Grand Prix automobile qui, emblématiquement, est la célébration d'une dépense anti-écologique. Pierre Gillis étendait même la critique plus loin en nous signifiant en août 2003 son refus de signer le Deuxième Manifeste wallon, par des arguments qui n'ont pas perdu de leur pertinence (même s'ils se discutent). Il écrivait, dans la mesure où ce texte se plaignait de voir que les sportifs de haut niveau ne soient jamais qualifiés que de « belges » : « Mais pour moi, le paragraphe qui signe le glissement nationaliste du Manifeste est le paragraphe consacré au sport. Contrairement aux autres secteurs d'activité que le Manifeste évoque, le sport contemporain, professionnel et marchand, n'existe que par l'exacerbation de la compétition individuelle, dont les moindres conséquences sont la destruction de la santé des pratiquants par le dopage et un entraînement démentiel, jusqu'à la mort s'il le faut, et la haine de l'autre (pour gagner, nous disent-ils tous, il faut vouloir tuer son adversaire). La récupération des sportifs par les Etats-nations a d'abord été le plus puissant des leviers en faveur des nationalismes les plus agressifs, et notamment ceux qui avaient un urgent besoin de faire oublier leurs échecs, leurs mensonges ou leurs agressions. » Et sur Francorchamps en particulier : « Enfin, pour en finir avec le sport, je n'ai pas encore digéré la gigantesque escroquerie qui nous a été servie à propos de Francorchamps. En avril, "on" a voulu nous faire croire que l'éviction de Francorchamps de la liste des étapes du grand cirque de la Formule 1 était une catastrophe économique pour la Wallonie. On y est arrivé, le score d'Ecolo en juin en étant au moins partiellement la preuve, même si leur défense d'une position fondamentalement juste au départ fut d'une indicible faiblesse. Deux mois après les élections, "on" découvre qu'Ecclestone est un bandit, ... et que, bien au contraire, les pouvoirs publics wallons sont priés d'ouvrir leur bourse pour accueillir Ecclestone et ses amis. Mais personne ne me fera oublier que c'est au nom de la Wallonie qu'on a tenté de nous expliquer qu'il fallait caner devant les truands de la Formule 1 et les cigarettiers, serial killers s'il en est. Démonstration éclatante des pouvoirs magiques du sport: c'est un extraordinaire dissolvant du sens critique. »1
On peut opposer aussi les besoins criants de l'enseignement, de l'éducation permanente, de la lutte contre la pauvreté, aux dépenses à Francorchamps. Mais ceux qui défendent ces dépenses disent que le Grand Prix joue un rôle valorisant pour toutes les activités organisées tout au long de l'année sur le circuit. Si, réellement, des emplois sont en jeu, dépenser de l'argent public là-bas n'est pas alors opposable à la lutte contre la pauvreté.
Il faut se départir de deux démagogies. La première employée par les écologistes qui disent que « tout cet argent » serait mieux utilisé dans le cadre du plan Marshall, l'enseignement, la lutte contre la pauvreté etc. Une démagogie que TOUDI a toujours refusé d'utiliser pour les dépenses liées à la monarchie, car on y sent du poujadisme. Aussi détestable que soit le système monarchique, il est un pouvoir public comme un autre et si la fonction « chef de l'Etat » devait être exercée dans un cadre républicain, il faudrait en tout ou en partie des dépenses semblables, toutes proportions gardées. La réticence qu'il y a à dépenser « notre argent » pour des événements comme Francorchamps est de même nature que celle devant les dépenses culturelles ou de prestige. Toutes les dépenses de prestige ne sont pas somptuaires ni gaspilleuses. Une partie de l'opinion namuroise ne tolère pas le moindre franc en faveur des bâtiments du Parlement wallon alors que les parlementaires qui siègent à Namur sont aussi ceux qui, en très large majorité (les députés wallons), siègent au Parlement de la Communauté Wallonie-Bruxelles, et qui contrôlent les compétences exercées par les Gouvernements des entités fédérées touchant les Wallons. Charles-Etienne Lagasse estime que d'ores et déjà, 51% des ressources publiques de tout l'Etat belge (Etat fédéral + Etats fédérés) sont affectées à l'exercice des compétences des Etats fédérés. Le Parlement wallon est donc pour les Wallons (comme le bruxellois pour Bruxelles), d'ores et déjà plus important que le Parlement fédéral2.
Sur le plan politique et médiatique
C'est peut-être surtout sur ce plan que l'affaire Francorchamps est intéressante à observer. L'une des erreurs les plus grossières qu'il nous ait été donné d'entendre, ce sont les erreurs de ceux qui disent que c'est en raison de sa moindre importance que la Wallonie est montrée du doigt. Nous venons de le rappeler avec C.E.Lagasse, la Wallonie est au contraire plus importante que la Belgique pour les citoyens wallons, du moins objectivement ou institutionnellement. On pourrait d'ailleurs dire le contraire et soutenir que c'est, justement, en raison de l'importance politique que prend la Wallonie que les médias lui accordent tant d'importance pour le meilleur ou pour le pire. Pour le meilleur, nous l'avons montré dans le numéro précédent avec le large débat fouillé, très approfondi mené par les médias francophones et wallons sur la problématique économique wallonne.
Le pire est venu avec cette affaire Francorchamps. Certes, la faute en incombe aux parlementaires wallons qu'on a vu à la télé, aux débuts de l'affaire (et même encore au moment de l'instauration de la Commission d'enquête), se disputer plus que grossièrement. Notamment le 16 novembre 2005. L'affaire Francorchamps, espérons-le, devrait avoir montré tant à l'opposition qu'à la majorité qu'elle doit se tenir. Non seulement à cause du poids politique grandissant de la Wallonie, mais aussi à cause du fait que des débats menés dans une seule langue sont plus croquignolets à filmer à la télé que les débats à Bruxelles. Là, le fait des deux langues (même par ceux qui les maîtrisent), rend les choses moins spontanées, moins populaires, moins concrètes. Cette phrase que nous avons entendue « Allez voir dehors si je n'y suis pas ! », prononcée par le président d'une Commission parlementaire namuroise a peu de chances d'être entendue à Bruxelles, parce qu'elle n'y serait pas comprise, de la même manière que mille autres expressions seulement compréhensibles dans le cadre d'une même culture partagée. Le caractère en quelque sorte compassé qu'impose le bilinguisme au Parlement de Bruxelles sert bien en l'occurrence son prestige.
Ce n'est pas secondaire comme remarque. Il est évident que Jean-Marie Happart a été piégé par les caméras de la télévision lorsqu'il a déclaré qu'il « n'avait pas lu » le Contrat avec Ecclestone. Depuis lors les adversaires de la Wallonie répètent le propos, à tout... propos. Nous allons le voir avec un éditorial qui nous a révolté le jour où il est paru.
L'éditorial révélateur de Luc Delfosse : Le banquet des amnésiques
Publié dans Le Soir du 19 novembre 2005, il met sous la loupe les dérives certes des dirigeants wallons, mais involontairement bien plus encore des médias dans cette affaire. Lisons-le d'abord
Faute d'attirer la foule et les devises, le Grand Prix de Francorchamps a au moins une vertu : il révèle l'exacte nature des élites qui gouvernent la Wallonie : un conglomérat de branquignols. Car enfin, il faut se rendre à l'évidence : la Wallonie est gouvernée par des menteurs, des amnésiques et des irresponsables. Certains ministres cumulant sans la moindre honte, sans le moindre repentir, sans le moindre sens de l'Etat ces qualités infamantes. Consternation supplémentaire : aucun des quatre partis n'échappe à ce constat triste à hurler: tous, excellences aux affaires sortantes, savaient. Tous se sont tus, tous ont pratiqué la loi du silence. Au banquet des amnésiques, seul Michel Daerden s'est levé, en temps et en heure pour mettre les convives solennellement en garde contre les appétits pantagruéliques du magnat de la F1. Avant, hélas, de se rasseoir au nom d'intérêts supérieurs qui sentent à plein nez leurs accommodements de sous-préfecture. S'il a prouvé qu'il pratiquait l'anglais (ce qui n'est manifestement pas l'usage dans les premiers cercles du pouvoir sudiste), le ministre liégeois a par contre raté l'occasion de sauver la face à défaut de sauver la mise, en démissionnant au nom de sa conscience. Dès lors quelle confiance accorder à un ministre du Budget qui dénonce un piège financier avant de s'y jeter à pieds joints ? Plus globalement quel crédit accorder encore au gouvernement de Namur ? En mobilisant les énergies et les denier publics, Elio Di Rupo, le président-ministre, avait fait belle illusion, par la Saint-Marshall ! on allait voir ce qu'on allait voir. C'est tout vu : le voilà dépouillé à l'insu de son plein gré par le premier contrat léonin venu. Désormais, la Wallonie ressemble à la caricature que ses pires ennemis font d'elle : un panier garni de gros contrats, de petites compromissions et de graves illusions. Et que ses dirigeants ne viennent surtout pas nous rabâcher la vieille rengaine selon laquelle qui les critique fait le lit de l'extrême droite. Cette équipe n'a manifestement pas de besoin de terrassiers extérieurs. Elle creuse sa propre perte à coups d'excavatrices.
Les grands traits d'un discours antiwallon
Luc Delfosse a été assez beau joueur pour répondre aimabalement à quelques critiques faites à chaud sur cet éditorial publiées sur le Forum de TOUDI. Tout en admirant son ouverture et son fair-play, je ne peux pas m'empêcher de relever que quelque chose choque dans cette charge contre les « élites qui gouvernent la Wallonie ». Cela dépasse la critique politique. C'est d'une généralisation qui serait suspecte si l'on visait un autre peuple. La fameuse « Semaine infernale », tout en ridiculisant quotidiennement les Wallons, fait preuve, entre deux traits de lourde ironie antiwallonne, d'un chauvinisme belge exacerbé. Je vois mal Luc Delfosse peut écrire de la Belgique qu'elle « ressemble à la caricature que ses pires ennemis font d'elle ». Il ne s'agit d'ailleurs pas de caricatures puisque c'est ainsi qu'on nous représente depuis 1830. Le vocabulaire de l'éditorial traduit son enracinement dans le discours antiwallon. Parler par exemple de « sous-préfecture », c'est s'aligner sur l'idée d'une Wallonie demeurée provinciale.
On ne peut pas se défaire du sentiment qu'en accablant la Wallonie et les Wallons, la RTBF et Le Soir (moins La Libre Belgique), « avaient bon » comme on dit à Namur (ou « en province » comme on continue à le dire dans les salons huppés des rues de la loi et royale). Je veux bien qu'un texte écrit dans un quotidien l'est dans l'émotion et l'urgence. Mais de là à mettre en cause tout le Plan Marshall, toute une classe dirigeante et finalement tout un peuple sous le coup d'une indignation fondée au spectacle de parlementaires branquignolesques, il y a un pas.
Il n'était plus étonnant, après, de lire dans le même journal des lettres de lecteurs expliquant que les Wallons avaient les dirigeants qu'ils méritaient ou d'autres lecteurs suppliant que la Flandre prenne la Wallonie en tutelle. Le message antiwallon est même intériorisé. Bravo !3. Ce n'est nullement sous le coup de l'émotion que l'on peut et doit s'indigner des insinuations du journal Le Soir comme dans cette autre phrase sur la langue anglaise « qui n'est manifestement pas l'usage dans les premiers cercles du pouvoir sudiste ». Il existe des Commissaires européens français qui n'en ont pas l'usage non plus et je serais curieux de connaître l'usage qui est fait de l'anglais juridique dans nos grands médias. Les écrivains auxquels Le Soir prête la plume quotidiennement ont parfois versé dans l'odieux4.
Quand on sort d'un spectacle comme Baraque Frituur d'Ivan Vrambout dont je parle aussi dans ce numéro (une pièce de théâtre flamande qui met en cause les stéréotypes qui opposent Flamands et Wallons, et que l'on lit dans la presse de langue française ce que l'on peut lire contre nous dans la presse flamande - et encore, les Flamands sont plus fair-play), on se dit qu'il faudrait imaginer autre chose. Les quolibets contre les Flamands, qu'on a sans doute trop répétés en Wallonie, n'ont pas été inventés par les Wallons, mais par la bourgeoise flamande francophone au 19e siècle. Les Wallons sont-ils condamnés, parce que en apparence « perdants », aujourd'hui, dans la même dualité belge, à en subir le retour de flamme?
Francis Van De Woestijne demandait déjà dans La Libre Belgique du 6 février que la Wallonie se redresse pour éviter le séparatisme auquel, sans ce redressement, la Flandre, serait, selon lui, condamnée à se résoudre... S'il ne faut agir que par référence aux Flamands, pourquoi se bat-on tant, par exemple, pour la périphérie bruxelloise ?
- 1. TOUDI, n° 59/60, octobre 2003, spécialement consacré au Deuxième Manifeste wallon.
- 2. Charles Etienne Lagasse, Les nouvelles institutions politiques de la Belgique et de l'Europe, Erasme, Namur, 2003, pp. 288-289.
- 3. Olivier Nyssen écrit par exemple (le 24 novembre), que « l'on a les dirigeants que l'on mérite » et Jean Dehon réclame même (ironiquement, mais...), que la Flandre prenne « la tutelle de la Wallonie » (19 décembre).
- 4. Ainsi Alain Berenboom (le 10 décembre 2005) qui imagine que si les conversations téléphoniques étaient surveillées, on aurait pu découvrir à travers des messages comme « j'comprends pas m'fi » ou « signe les yeux fermés » que l'affaire Francorchamps se tramait. La RTBF a vraiment bien réussi son coup, elle qui maintenant parle des Fourons comme étant en région flamande...