Scène 26

Toudi mensuel n°18-19, mai 1999

Président Merlot - Mesdames, Messieurs, nous allons entendre d'autres thèses qui ne plairont pas toujours, mais qui sont apportées ici en toute bonne volonté et en toute bonne foi.

Je vous demande d'y être attentifs et de manifester le moins possible.

Nous abordons la défense de la thèse‑: "Réunion à la France" pour laquelle l'orateur inscrit est Monsieur Simon. Je lui accorde immédiatement la parole.

François Simon - Mesdames, Messieurs, il y a cinq ans qui nous attendons cette journée.

Cette journée, nous l'avons conçue dans les heures les plus graves, les plus douloureuses, dans la clandestinité.

Nous ne sommes pas venus ici avec le souci de gémir devant un mur de lamentations.

Nous n'avons aucune leçon de civisme à recevoir de personne ‑!

Il n'y a pas, dans cette salle, ni parmi nous un seul homme qui ait trahi la cause de la liberté.

Il y a bien des choses que l'on a dites à cette tribune, mais beaucoup d'autres aussi que l'on n'a pas dites.

Je félicite le cher Secrétaire général Schreurs, pour l'admirable rapport qu'il a fourni mais je dirai cependant que je regrette qu'il y ait une partie des griefs qu'il dissimule.

Ce sont surtout des griefs d'ordre sentimental.

On a beaucoup parlé d'économie, à juste titre. On a parlé de questions sociales.

Mais savez-vous d'où est née cette volonté qui nous anime d'en finir une fois pour toutes avec une situation que nous considérons comme étant absolument insupportable ‑?

Elle est née des choses effroyables que nous avons vécues en 1940.

Elle est née des trahisons de la Lys et du canal Albert ‑!

Ces trahisons n'ont jamais été le fait des régiments wallons, mais partout où notre jeunesse combattait en avant, en arrière, à gauche et à droite, elle voyait d'autres régiments qui étaient appelés à la soutenir, abandonner la bataille, et certains même à accueillir Hitler en libérateur‑!

Il est né aussi, ce sentiment, de l'abandon de nos camarades dans les camps de prisonniers.

Suite de la pièce : Le Coup de semonce