Une victoire de la revue TOUDI et du MMW

Il faut la détailler en rappelant ce que nous écrivions en décembre... Dans une revue limitée à un simple courrier envoyé à tous nos lecteurs et qui comportait un simple édito.

Ce que nous écrivions en décembre

« Le n° de TOUDI de ce mois ne paraîtra pas. La lettre ci-jointe et cet Édito le remplacent. Plusieurs des amis de la revue se sont mobilisés. Ce qui a pris leur temps disponible. Mais ce contretemps n'en est pas un ! (...) Cette revue, fondée le 7 septembre 1986 à Namur, s'est inscrite dans le sillage des grèves de 1960-1961 et du Manifeste pour la culture wallonne de 1983. Elle en a organisé le 20e anniversaire en 2003 par la remise d'un Deuxième Manifeste à notre Parlement, intitulé Manifeste pour une Wallonie maîtresse de sa culture, de son éducation et de sa recherche, accompagné d'une proposition de décret transférant les compétences de la Communauté à la Wallonie et à Bruxelles. Plusieurs faits importants se sont produits : les débats dans les médias ont duré des mois avec, en point d'orgue, ce sondage commandé par Le Soir (26/9/03) démontrant qu'une majorité de Wallons nous soutenaient. Ou la maladresse du directeur de la RTBF osant dire que, dimension importante de la Communauté française, la Wallonie avait « une place » à la RTBF (in Télémoustique du 1/10/2003), manière de s'exprimer dont on n'oserait user à l'égard de minorités (ce sont les mots de l'exclusion !), alors que les Wallons sont la majorité écrasante de la Communauté.

Le Premier Manifeste wallon fait partie de l'Histoire. La Wallonie, son histoire, d'Hervé Hasquin Bruxelles, L.Pire, BXL 1999 le cite en entier en conclusion ainsi que La Belgique depuis la Deuxième Guerre mondiale de Xavier Mabille (CRISP, BXL, 2004). La récente Histoire de la Wallonie (Privat, Toulouse, 2004), de B.Demoulin et J-L. Kupper (dir.), cite douze événements remarquables depuis 1980 parmi lesquels le Premier Manifeste Wallon et le Deuxième Manifeste wallon (celui de 2003). On a opposé à nos deux Manifestes qu'ils entraîneraient un bouleversement institutionnel qui ferait, en un premier temps, plus de mal que de bien, notamment parce qu'il apparaîtrait comme une rupture de la solidarité avec Bruxelles. Van Cauwenberghe avoua cependant que le Deuxième manifeste wallon « pose les bonnes questions sans donner les bonnes réponses ». Mais ajouta : « J'ignore la bonne réponse. » (...) Or il y a un paragraphe du CAWA terriblement significatif : « Fidèle à sa tradition, la Wallonie est une des capitales européennes de la culture. Dans tous les domaines de la création, picturale, musicale, architecturale, littéraire, cinématographique, les reconnaissances internationales sont nombreuses. Les pouvoirs publics et le mécénat unissent leurs efforts pour mettre l'art dans la vie de tous. Des traditions populaires à l'expression abstraite, en passant par la culture classique, les productions en langues régionales et l'art de la rue, les possibilités de création sont innombrables et jouissent d'un soutien qui n'entrave pas la liberté d'expression. Au sein de l'espace francophone qui transcende les frontières, la Wallonie signe de son nom sa contribution à l'universel humain. Elle s'affirme par ses succès et ses talents toujours renouvelés qui lui valent une réputation internationale solide dans de nombreux domaines de l'expression artistique. » (...) Si aucune mesure concrète ne correspond à ce paragraphe, il permet cependant de revendiquer une fonction de partenaire du Contrat d'Avenir : pour le Mouvement du Manifeste Wallon, pour TOUDI, pour toutes les associations culturelles wallonnes (comme « Cinéma Wallonie » ou la « Fondation wallonne », l'« Union Culturelle Wallonne » etc). C'est pour cela que circule un APPEL signé par le secrétaire de la FGTB wallonne Jean-Claude Vandermeeren, par le Président du Mouvement du Manifeste Wallon Jean Louvet et par moi-même. (...) Les Wallons ne sont ni frileux ni soumis, face à des Flamands qui seraient conquérants et sûrs d'eux-mêmes. La Flandre a profité de l'État belge pour bâtir sa prospérité dont ses multiples hésitations révèlent à l'observateur attentif le caractère fragile. L'hypothèse d'un éclatement prochain de l'État belge ne tient pas debout. En revanche, la sérénité de la vie politique wallonne, son ambition moins tonitruante, mais plus efficiente, permettent de grands espoirs. Le Premier Ministre wallon a déclaré publiquement au Ministre des affaires étrangères français que la Wallonie est un État à statut de sujet de droit international. Le CAWA dit de cet État wallon devenu une sorte d'État souverain : « À l'échelle de la planète, son action internationale constante et ciblée lui a valu une réputation enviable tant au niveau du commerce extérieur et donc de ses exportations qu'à celui de la coopération au développement où elle exprime son sens de la solidarité humaniste. »

Ce qui a été acquis

José Fontaine dans ce numéro de la revue tente de montrer l'importance du chapitre qui a été ajouté au Contrat d'Avenir suite à notre APPEL commun au MMW et au secrétariat de la FGTB wallonne. C'est une vraie victoire. Comme n'en remportent que rarement les revues d'idées. Nous nous battons depuis 19 ans pour l'obtenir. Voilà ! On a gagné !

Mais ne nous reposons pas sur nos lauriers. Le climat social est trop sombre en Wallonie. Avec le renouveau wallon les poches de chômage dans le sillon industriel deviennent encore plus insupportables. Le sens principal de l'action wallonne c'est de redonner de l'espoir à tous les Wallons et de bâtir une Wallonie elle-même fraternelle dans le concert des peuples. Le sens de la nôtre, c'est aussi d'instituer la République, la liberté, l'égalité, la fraternité.

Notre revue va changer, mais pas de camp !

Notre revue, de mensuelle, va devenir trimestrielle. Les conditions d'indépendance dans lesquelles nous travaillons ont fait que nous avons réussi à tenir financièrement le coup sans subsides. Et à cela, nous sommes aguerris. Mais le problème souvent le plus épineux en sus de l'argent, c'est le temps. Chaque lecteur a dû remarquer que nous tenions de moins en moins notre périodicité mensuelle. Au point que le passage à une périodicité trimestrielle ne fait qu'acter ce qui est déjà devenu un fait.

Même si nous sommes engagés aussi, maintenant, dans l'action politique concrète, nous nous rendons bien compte qu'il faut sans cesse reprendre la parole et la plume pour argumenter, défendre, redresser, lutter. Malgré la victoire qui a été remportée, l'identité wallonne, si ressentie pourtant par l'opinion wallonne, est combattue quotidiennement. Malgré cette victoire de la Wallonie progressiste, l'air du temps est au néolibéralisme et à la Pensée unique. Les services publics sont menacés. Les peuples en lutte dans le monde - comme les Kabyles, les Québécois, les Basques - n'avancent pas toujours autant qu'ils le désireraient. L'establishment belge officiel, comme le démontre le récent numéro de La Revue Nouvelle, que nous trouvons faible sur ce dossier africain, a trempé sa mémoire dans l'eau tiède pour faire croire qu'il assumait les massacres léopoldiens. La statue de Léopold II est même réapparue à Kinshasa. L'arrogance en quoi consiste le système monarchique et qui n'est que le reflet du système bourgeois, éclate partout. Elle éclate surtout dans ces résurgences à travers le temps des massacreurs, des dominants, des bourreaux qui trouvent, presque chaque année, comme Léopold II ou Léopold III, une plume qui croit se mettre au service de la vérité et de la justice, en les « réhabilitant ». Et il y a toujours des gens de gauche pour se prêter à ces infamies. On ne citera pas de noms. Mais on citera celui du Prince Philippe, cette sorte de Léopold IV, magnifique symbole d'une continuité belge et dynastique à rompre le plus vite possible !

On citera aussi le négationnisme : une négation du judéocide qui nous sidère. Il faut être vigilant en tout et partout. Les USA veulent encore faire la guerre, on ne sait trop où. Il y a parfois de sombres perspectives. Mais dès qu'une page de Résistance est écrite, elle peut devenir immortelle comme Antigone. Alors, en route ! pour de nouveaux combats !