Victoire travailliste, référendum gallois (1997)

Toudi mensuel n°7-8, décembre 1997

Lors du précédent numéro de Toudi, je m'étais penché sur le processus d'autonomie de l'Écosse et le résultats des élections générales britanniques. Cet article devait s'accompagner de trois tableaux, suite à diverses circonstances indépendantes de notre volonté, ceux-ci sont seulement reproduits ci-dessous. Cet oubli me permet d'évoquer brièvement le référendum gallois du 18 septembre 1997. Les Gallois ne s'étaient pas vu proposer une autonomie aussi large que celle de l'Écosse. L'Assemblée ne disposera pas du pouvoir normatif, on peut la comparer à un conseil provincial c'est à dire un simple organe de la décentralisation administrative. La seule différence étant la possibilité pour cette Assemblée de pouvoir modifier, dans certaines matières, le texte de lois existantes. Vu la division quasi parfaite de l'électorat gallois 1, il semble que le cabinet Blair ait présenté la formule qui possédait le plus de chance de remporter une majorité de suffrages. Un sondage réalisé par la BBC montra que la solution choisie par le ministre des affaires galloises Ron Davies était la seule à recueillir suffisamment de partisans au sein des 4 partis se partageant la scène politique locale. Les plus enthousiastes étaient les autonomistes de Plaid Cymru, les plus hostiles étant logiquement les conservateurs. Toutefois ce sondage suggérait que 10% de l'électorat conservateur se déclaraent prêts à soutenir l'idée d'une assemblée galloise. Vu l'étroitesse de la victoire du oui, il est probable que ce sont ces derniers qui ont fait pencher la balance en ce sens positif, infligeant par là une nouveau revers à leur parti. Le taux de participation assez peu élevé (50.1%) à ce référendum illustre bien les hésitations de la population galloise. Du point de vue de la géographie électorale, on remarque que plus on se rapproche de la frontière anglaise, plus le non a eu tendance à l'emporter. Onze des vingt-deux entités administratives ont voté non, ce qui inclut les trois grandes villes du pays (Cardiff, Newport, Wrexham). La victoire du oui repose sur les votes des campagnes de l'ouest, que la langue galloise y soit dominante ou pas, ainsi que sur les suffrages des anciennes vallées minières du centre du pays. Certains observateurs estiment que ces électeurs travaillistes depuis près d'un siècle auraient plus voté oui par fidélité au parti que par enthousiasme décentralisateur ! Le résultat de ce référendum démontre que, contrairement à l'Ecosse, il n'existe pas d'identité politique galloise consciente. Cette dernière étant plutôt et avant tout d'ordre culturel. Un autre sondage effectué par la BBC lors de ces deux référendums montrent bien la différence entre ces deux composantes de la frange celtique de la Grande-Bretagne. Alors qu'en Ecosse, sur les 2.000 personnes interrogées, 57 % se définissaient comme plus écossais que britannique, 33% autant écossais que britannique et seulement 10 % plus britannique qu'écossais. Au pays de Galles ces chiffres sont de 40% plus gallois que britannique, 40% autant gallois que britannique, 20% plus britannique que gallois. Ces deux référendums ont du probablement mis en évidence le fait que l'identité écossaise est déjà au delà du cadre régionale. L'Ecosse est clairement une Nation au même titre que par exemple la République d'Irlande, le Danemark ou la Norvège. Je rappelle, encore une fois, à ceux qui ne veulent pas comprendre ce fait que la qualité de Nation n'a pas pour conséquence automatique ou mécanique la création d'un Etat indépendant et souverain. Le Pays de Galles est quant à lui en train de se constituer progressivement une identité régionale. Il pourrait être comparé à d'autres régions telles la Lorraine, la Galice ou le Frioul. Un certain isolement géographique ou un particularité d'ordre culturelle ayant provoqué l'apparition d'une communauté de destin plus ou moins latente entre les citoyens de ces régions. Mais ce processus n'a pas débouché (provisoirement ?) sur la création d'un imaginaire commun faisant sens et référence. Il demeure toutefois certain que l'ensemble des constatations ne pourront être confirmées ou infirmées que par un examen sur la longue durée, le présent article ne représentant qu'un essai, qu'une tentative d'analyse


  1. 1.

    Le Oui a réunit 559.419 suffrages soit 50.3%, le non 552.698 suffrages soit 49.7%